Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
Mathieu Bock-Côté reçoit le journaliste et historien Éric Branca, auteur du livre «L'aigle et le léopard» (partie 1)
CNEWS
Suivre
03/06/2023
Mathieu Bock-Côté reçoit le journaliste et historien Éric Branca, auteur du livre «L'aigle et le léopard» (partie 1)
Catégorie
🗞
News
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
- Alors, je lancais avec une question très particulière, votre livre, sur les liens
00:03
entre de complicité, de sympathie, entre globalement l'Allemagne nazie et la Grande
00:08
Bretagne, l'Angleterre, avec une question toute simple et brutale. On a l'habitude
00:13
de présenter, lorsqu'on parle de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, la France
00:16
aurait eu une forme de complicité avec le Troisième Reich, avec la collaboration, et
00:20
les Britanniques y auraient résisté admirablement. Mais quand on vous dit finalement, au-delà
00:25
de la figure de Churchill qui est héroïque, la plus grande complicité idéologique, culturelle
00:30
et presque symbolique était davantage entre la Grande Bretagne et l'Allemagne nazie que
00:36
la France et l'Allemagne nazie. Est-ce que je résume bien votre propos?
00:38
- Ah, vous résumez parfaitement bien. C'est la conclusion du livre, donc on va recommencer
00:42
par la fin. Mais de fait, la Vichy est le résultat direct de l'effondrement de la France,
00:50
spectaculaire, en trois semaines, quatre semaines, avec une classe politique qui s'engouffre
00:55
dans la brèche, une classe politique qui était exclue de la République, qui avait
00:59
des comptes à régler et qui profite de la défaite pour prendre le pouvoir. Alors qu'en
01:04
Angleterre, les choses se préparaient depuis extrêmement longtemps. Une complicité, comme
01:08
vous l'avez dit. On est un peu victime chez nous d'une espèce de fatalisme rétrospectif.
01:13
C'est-à-dire qu'on juge la collaboration à l'aune de la défaite française et on
01:19
ne voit pas tout ce qui, en Grande-Bretagne, préparait une complicité très proche entre
01:25
non seulement les élites, mais également une partie de la classe politique de gauche,
01:32
une partie des syndicats, une partie des intellectuels, etc. Et ce qui camoufle cette complicité
01:39
ancienne, qui remonte même avant Hitler, qui remonte aux années 1920, à l'époque
01:44
du traité de Versailles, c'est la résistance, vous l'avez dit, héroïque des Britanniques
01:50
en 1940 qui camoufle tout ça et qui fait qu'effectivement ils ont été formidables,
01:55
incontestables, et que grâce à Churchill, les choses n'ont pas basculé. Mais ce que
01:59
j'explique longuement, c'est que ça a été vraiment à deux doigts et qu'entre
02:04
mai et juin 1940, il y a eu des moments où Churchill aurait pu être parfaitement renversé.
02:08
Une paix séparée était conclue entre Hitler et les Anglais. Et là, je vous laisse imaginer
02:14
la suite.
02:15
Alors, les raisons de cette complicité sont nombreuses. On va en explorer quelques-unes.
02:19
Vous évoquez notamment le rapport à la France, la tentation racialiste des Britanniques,
02:22
pour multiplier les raisons. Mais allons-y d'abord avec le rapport à la France. Au
02:26
lendemain de la Première Guerre mondiale, le souci des Britanniques, c'est d'une
02:29
certaine manière, si je vous comprends bien, de s'assurer que la France ne profite pas
02:33
exagérément de sa victoire pour s'assurer elle-même de son hégémonie, de sa domination,
02:38
pour éviter que la France ne soit première à sa place.
02:41
C'est un vieux système de pouvoir britannique qu'on appelle le "balance of power",
02:47
qui fait qu'il faut toujours aider le plus faible contre le plus fort, c'est-à-dire
02:50
celui qui peut restructurer le continent. Or, qui peut restructurer le continent européen
02:54
en 1918 ? C'est la France, qui a gagné sur les champs de bataille.
02:58
Et dès 1918, dès la conclusion du traité de Versailles, alors il ne faut pas oublier
03:04
que les Américains refusent de ratifier le traité de Versailles, les Anglais refusent
03:08
eux de garantir le principal gage de paix que nous avons conquis avec le traité de
03:14
Versailles, c'est la rive gauche du Rhin.
03:16
Et donc, la France se retrouve seule face à une Allemagne qui, non seulement ne va
03:20
pas payer ses réparations, mais va être poussée par les Britanniques à ne pas les
03:25
payer parce que les Anglais, et notamment la Banque d'Angleterre, qui a un rôle essentiel
03:30
à ce moment-là, je parle beaucoup d'ailleurs des liens entre le gouverneur de la Banque
03:34
d'Angleterre, qui s'appelait Montague Norman, et le futur ministre de l'économie du Reich
03:39
d'Hitler, qui s'appelait Hjalmar Schart.
03:43
Les Britanniques préfèrent une Allemagne qui devient un bon client, qui achète des
03:49
produits britanniques, qui intègre les deux capitalismes, qui s'intègrent l'un l'autre,
03:54
plutôt qu'une Allemagne dont la capacité contributive consiste à payer les réparations
03:58
aux Français.
03:59
Diriez-vous, alors j'arriverai tout de suite à la question du racialisme, mais je me pose
04:02
une question vous lisant, diriez-vous qu'au lendemain de la guerre, les Britanniques
04:07
et les Américains trahissent la France ?
04:09
Oui, on peut le dire.
04:11
Ce n'est pas un terme exagéré ?
04:12
On peut le dire.
04:13
Lloyd George, la veille de la signature du traité de Versailles, explique à Clemenceau
04:19
qu'on va pressurer l'Allemagne jusqu'à ce que les pépins craquent.
04:23
Et puis trois jours après, il dit « ben non, on ne va pas garantir l'arrivée de la gauche
04:27
du Rhin et vous allez très très loin dans ce que vous demandez aux Allemands ».
04:31
Or les destructions de la France étaient tout de même considérables et quand Wilson,
04:35
le président Wilson, vient en France pour le traité de Versailles, il refuse même
04:40
d'aller visiter les champs de bataille de l'Est et du Nord de la France.
04:43
Et personne ne va les visiter.
04:45
Alors que les Français voudraient quand même montrer l'ampleur des destructions,
04:49
les deux millions de morts.
04:50
Alors on parle des raisons géopolitiques, le rapport à la France chez les Britanniques
04:54
et chez les Américains, mais vous nous parlez d'une raison plus profonde, peut-être à
04:58
tout moins plus psychologique ou idéologique, c'est une forme de racialisme partagé entre
05:04
les Allemands, et donc pas seulement Hitler, mais les Allemands peut-être, mais ça culmine
05:08
avec Hitler, et les Britanniques qui ont peut-être aussi la même psychologie racialiste et qui
05:12
les deux se défient de la France qui a un réflexe universaliste.
05:15
Pourriez-vous nous en dire plus ?
05:16
Bien sûr.
05:17
D'abord, il faut savoir que l'un des principaux inspirateurs d'Hitler, il le considère d'ailleurs
05:22
comme l'un de ses évangélistes, dit-il, un évangéliste qui vient après le Messie,
05:28
et c'est Houston Chamberlain, qui n'a rien à voir avec le premier ministre, ils étaient
05:33
vaguement cousins, mais ils ne se sont jamais rencontrés, et qui a écrit un livre absolument
05:37
fondamental qui s'appelle "Les racines du XIXe siècle" et qui était le livre de
05:42
chevet d'Hitler.
05:44
Chamberlain s'est fait naturaliser allemand, a épousé la fille de Wagner et a parrainé
05:54
Hitler pendant tous les débuts de son ascension, dans les années 1920, il est mort en 1927,
06:00
Hitler a été à son enterrement.
06:01
Et il a vraiment été un des grands inspirateurs idéologiques d'Hitler.
06:07
Il y a une autre raison.
06:08
Hitler était fasciné par les Britanniques, par la manière dont ils concevaient l'Empire
06:13
et la manière dont ils dirigeaient les peuples "sous-développés".
06:16
Et Hitler, et c'est pour ça que les propositions qu'Hitler va faire aux Anglais vont très
06:21
bien avoir un écho considérable, c'est qu'il est le premier homme politique allemand
06:27
qui ne leur conteste pas l'hégémonie sur les terres émergées d'Afrique et d'Asie.
06:32
Hitler veut son empire en Europe, il veut aller même jusqu'en Russie, il le dit,
06:37
il le dit dans Mein Kampf, il le dit aussi à des journalistes britanniques qu'il rencontre
06:41
avant même sa prise du pouvoir, il dit que l'espèce vitale doit s'étendre extrêmement
06:45
loin à l'Est, donc il ne cache rien de ses intentions, et en même temps il dit
06:50
"mais vous, Britannique, vous avez vocation à dominer le reste des terres émergées".
06:54
Il est évident que ça c'est un langage qui est très doux aux oreilles des Anglais,
07:01
et c'est la première fois qu'un homme politique allemand leur dit ça parce que
07:04
Guillaume II ne voulait pas du tout ça, Guillaume II voulait les concurrencer en matière commerciale,
07:09
en matière économique, et ça a été une des causes de la guerre de 1914.
07:14
Et dans Mein Kampf, et dans un autre livre peu connu qu'on appelle le second livre,
07:18
qui n'a jamais été publié, et où Hitler, qu'il écrit en 1930, qui a été publié
07:23
que bien après, il va même plus loin puisqu'il dit que les Allemands sont sans doute, ont
07:29
une part de responsabilité dans la guerre de 1914 parce qu'ils ont voulu contester
07:33
aux Anglais cette capacité à dominer le reste du monde.
07:37
Ça va très très loin, alors les Anglais évidemment ils sont ravis d'entendre ça.
07:40
[Musique]
07:43
[Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]
Recommandations
8:39
|
À suivre
Mathieu Bock-Côté reçoit le journaliste et historien Éric Branca, auteur du livre «L'aigle et le léopard» (partie 2)
CNEWS
03/06/2023
18:42
Mathieu Bock-Côté reçoit l'écrivain Arthur Chevallier
CNEWS
08/06/2024
24:42
Mathieu Bock-Côté et "l'empire du politiquement correct" - Bercoff dans tous ses états
Sud Radio
04/06/2019
5:01
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Union européenne : La censure gagne du terrain»
CNEWS
24/01/2024
5:37
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Matignon : le RN est-il un faiseur de rois ?» (Partie 1)
CNEWS
03/09/2024
6:08
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Ce sont les Français qui sont piégés» (Partie 1)
CNEWS
27/08/2024
6:03
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Immigration : le grand tournant européen ?» - partie 1
CNEWS
17/09/2024
5:17
L'édito de Mathieu Bock-Côté (Partie 2) : «L'obsolescence du cordon sanitaire ?»
CNEWS
17/06/2024
6:31
L'édito de Mathieu Bock-Côté (partie 1): «Pourquoi la gauche n’aime-t-elle pas la famille ?»
CNEWS
29/05/2024
2:30
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «La droite la plus à gauche du monde»
CNEWS
11/06/2024
11:01
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Donald Trump, Volodymyr Zelensky et l'avenir du monde»
CNEWS
01/03/2025
7:57
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Matignon : à quoi joue Emmanuel Macron ?» (Partie 2)
CNEWS
02/09/2024
15:22
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Promotion du livre de Jordan Bardella : gare à la censure ?»
CNEWS
22/10/2024
6:13
Mathieu Bock-Côté : L'Heure des Livres (Émission du 30/11/2023)
CNEWS
24/11/2023
6:15
L'édito de Mathieu Bock-Côté (Partie 1) : «Peur du RN : les électeurs manipulés ?»
CNEWS
18/06/2024
1:53
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «La liberté d'expression est-elle en danger ?»
CNEWS
13/02/2024
5:20
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «L'illusion européenne d'Emmanuel Macron» (Partie 2)
CNEWS
09/05/2023
11:43
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Climat de tension sur la France»
CNEWS
23/11/2023
10:56
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Qu'est-ce que le «matraquage fiscal» ?»
CNEWS
12/10/2024
6:14
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Matignon : le RN est-il un faiseur de rois ?» (Partie 2)
CNEWS
03/09/2024
7:14
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «L'islamisme dans le sport et la conquête de la France»
CNEWS
20/02/2025
7:19
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Le retour du piège de Mitterrand»
CNEWS
11/06/2024
10:26
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «L'anti-colonialisme de retour sur le pavé»
CNEWS
22/04/2024
9:39
L'édito de Mathieu Bock-Côté : «JO 2024 : les libertés restreintes pour la sécurité»
CNEWS
08/02/2024
8:00
L'édito de Mathieu Bock-Côté (partie 1) : «Faits divers et récupération : à gauche, le vocabulaire du déni»
CNEWS
27/09/2024