François-Xavier Bellamy, vice-président exécutif des Républicains, député européen déclare à propos de son parti que "nous ne devons pas refuser notre rôle d’opposants pour représenter une alternative demain. Il me paraît absurde de se contredire en refusant une réforme que nous demandons depuis longtemps, mais je reste un opposant à Emmanuel Macron".
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TVTranscription
00:00 Notre invité politique ce matin, c'est François-Xavier Bellamy.
00:02 Bonjour.
00:02 – Bonjour.
00:03 – Merci beaucoup d'être avec nous, député européen,
00:05 vice-président exécutif des Républicains.
00:06 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat
00:09 avec la presse régionale,
00:10 représentée par Stéphane Vernet de West France.
00:12 Bonjour Stéphane.
00:13 – Bonjour, bonjour.
00:14 – La réforme des retraites est donc désormais adoptée.
00:17 François-Xavier Bellamy, l'Assemblée nationale n'a pas voté la motion de censure.
00:20 Ça s'est joué à 9 voix près.
00:21 Est-on ce matin dans une crise politique ?
00:23 – Bien sûr, une crise politique majeure.
00:26 Parce que ce que nous voyons aujourd'hui,
00:27 c'est qu'en réalité, il n'y a pas de majorité réelle pour gouverner ce pays.
00:33 Et cette crise, elle concerne tout le paysage politique.
00:36 Elle concerne bien sûr le gouvernement et sa majorité,
00:39 mais elle concerne aussi toutes les oppositions.
00:42 Et je crois qu'il est temps de réaliser l'ampleur de la défiance démocratique
00:46 qui s'exprime dans ce pays.
00:47 Et moi, j'en veux terriblement à celui qui est le grand responsable de cette situation.
00:52 J'en veux à Emmanuel Macron.
00:54 Parce que ce qu'on vit aujourd'hui, c'est la catastrophe absolue
00:59 qui résulte du « en même temps », d'une politique de la confusion permanente,
01:03 d'une politique qui a tout vendu à tout le monde
01:06 pour à la fin ne rien permettre au pays de construire,
01:09 comme cas politique clair.
01:11 En fait, cette réforme des retraites, elle est d'abord le symptôme de cette faute originaire.
01:18 Et le président de la République lui-même, pendant tout son premier quinquennat,
01:20 avait été le principal détracteur de la réforme qu'il porte aujourd'hui.
01:23 Comment est-ce que dans cette absence totale de clarté,
01:26 dans cette absence de transparence, dans cette absence de responsabilité démocratique,
01:30 comment est-ce qu'on peut imaginer produire autre chose
01:33 que la crise politique que nous connaissons aujourd'hui ?
01:35 – Vous évoquez une crise politique majeure.
01:36 Est-ce qu'on peut parler de crise de régime, comme le font certains insoumis ?
01:40 – C'est une crise politique parce que, au fond, la chance que nous avons aujourd'hui,
01:44 c'est que nos institutions sont solides.
01:47 Si ça n'était pas le cas, nous serions sans doute bien loin
01:50 de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
01:52 – Est-ce que le gouvernement, à l'avenir, pourra encore utiliser un 49-3 ?
01:57 – Je crois que le gouvernement ne peut pas espérer plus longtemps
02:00 s'appuyer sur cette solidité de nos institutions
02:03 pour pouvoir se reposer de son absence de responsabilité politique.
02:08 Et je crois que c'est cette situation qui appelle aujourd'hui un sursaut.
02:13 – Mais ça veut dire quoi ? Est-ce que, clairement, il faut une dissolution ?
02:17 – En tous les cas, mon sentiment, c'est que si Elisabeth Borne
02:22 était vraiment responsable, et si, par ailleurs, elle avait un peu de panache,
02:27 ce qui compte aussi en politique, je crois qu'elle partirait.
02:29 Parce qu'on voit très bien aujourd'hui que le gouvernement,
02:32 je le redis, n'a pas de véritable majorité.
02:35 Je ne dis pas qu'elle le doit au sens des institutions.
02:38 Le 49-3 lui permet de l'éviter.
02:41 Mais avec 9 voix de majorité, encore une fois,
02:43 on ne peut pas s'appuyer sur la robustesse
02:47 de notre système constitutionnel pour s'exonérer de sa responsabilité politique.
02:52 – Pour vous, elle doit partir. Est-ce que ça changerait quelque chose ?
02:54 Est-ce que c'est vraiment Elisabeth Borne le problème ?
02:56 – Le problème, c'est que cette réforme des retraites a cristallisé
03:01 la défiance profonde de la société.
03:03 Et encore une fois, je le dis en ayant assumé depuis le début
03:07 que je suis favorable à cette réforme des retraites.
03:09 Comme la plupart de mes collègues parlementaires des Républicains
03:12 qui ont soutenu cette réforme parce que nous demandons depuis très longtemps
03:15 une réforme qui permettrait enfin de redonner aux Français
03:19 un peu de lisibilité sur la vie, qui redonnerait du salaire aux plus jeunes,
03:22 qui leur redonnerait une assurance sur leur futur.
03:25 Une réforme qui permettrait aussi que la France retrouve sa compétitivité.
03:28 Mais il aurait fallu la mener, cette réforme,
03:30 en l'ayant assumée depuis le début comme un engagement clair,
03:34 ce n'était pas le cas, en l'ayant pour que l'effort ne repose pas toujours
03:37 sur les mêmes, entouré de tout ce qui est nécessaire
03:39 pour que la France se remette à travailler mieux,
03:41 en ayant fait une vraie réforme de l'éducation
03:43 pour récupérer les 150 000 jeunes qu'on perd chaque année,
03:45 en ayant fait une vraie réforme de l'assurance chômage
03:47 pour que notre système social cesse de désinciter au travail,
03:50 en ayant fait une vraie réforme de la fin des carrières
03:53 pour pouvoir faire en sorte que les carrières pénibles
03:56 soient conclues par des années qui soient l'occasion d'un travail différent.
04:00 – Mais ça fait beaucoup de conditions, François-Xavier Bellamy.
04:02 Est-ce que si hier vous aviez été au sein des mythiques de l'Assemblée nationale,
04:07 la semaine dernière, est-ce que vous auriez voté la réforme,
04:09 hier, est-ce que vous auriez voté la censure ?
04:11 – Oui, je le dis très clairement, j'aurais voté la réforme
04:13 mais je n'aurais pas voté la censure.
04:14 Je comprends mes collègues qui ont eu un avis différent
04:17 parce qu'encore une fois, je vois bien à quel point
04:19 cette réforme cristallise tant de tensions aujourd'hui.
04:21 Je vois aussi à quel point le véhicule qui a été employé pour la porter
04:24 était déloyal, ce véhicule qui consistait à utiliser
04:27 un projet de financement de la sécurité sociale
04:29 au lieu d'assumer une vraie réforme des retraites et de la mettre en débat.
04:31 Je vois aussi à quel point ceux qui aujourd'hui se plaignent
04:35 d'un viol démocratique sont les premiers à l'avoir provoqué.
04:37 Je pense à la France Insoumise qui a tout fait pour qu'il n'y ait pas de débat,
04:41 qui a tout fait pour faire obstruction à un vote
04:44 et qui aujourd'hui se plaint, quelle ironie scandaleuse,
04:46 se plaint qu'il n'y ait pas eu de vote.
04:48 Mais à qui le devons-nous qu'il n'y ait pas eu de vote ?
04:50 Si ce n'est d'abord à ces parlementaires d'opposition
04:52 qui ont été indignes de leur mission en criant dans l'Assemblée Nationale
04:55 au lieu de répondre à des arguments raisonnables.
04:57 Et donc il fallait engager un vrai débat,
04:59 le gouvernement est le premier coupable de cet échec
05:02 parce qu'encore une fois, ce sujet il est majeur pour notre avenir
05:05 parmi bien d'autres.
05:06 La vérité c'est qu'aujourd'hui, d'une certaine façon,
05:10 le gouvernement a réussi à rendre profondément impopulaire
05:14 une réforme qui était pourtant nécessaire
05:16 et qu'il était possible d'expliquer comme telle.
05:18 Et même la gauche avait réussi à faire une réforme des retraites.
05:20 Et on voit où nous conduit, encore une fois je le redis,
05:23 cette politique de la confusion permanente.
05:24 On voit où nous a conduit cette majorité
05:26 dont Emmanuel Macron disait qu'elle devait être fière
05:29 d'être composée d'amateurs.
05:30 Eh bien je suis désolé, mais quand on dit à sa majorité
05:32 "soyez fiers d'être des amateurs",
05:34 on envoie le pays dans le mur
05:35 et c'est ce qui est en train de se produire aujourd'hui
05:37 et c'est ce qui est révoltant et inquiétant pour l'avenir.
05:39 – Moi je rembobine un tout petit peu
05:40 parce que vous n'avez pas répondu à la question d'Oriane tout à l'heure.
05:41 Vous faites le constat qu'il n'y a plus de majorité.
05:43 La question c'était, est-ce qu'il faut dissoudre l'Assemblée nationale ?
05:45 Est-ce qu'il faut prononcer sa dissolution ?
05:47 Oui ou non ? Et à quoi ça servirait aujourd'hui ?
05:50 – Je ne crois pas qu'il faille dissoudre l'Assemblée nationale.
05:52 Je pense que, moi, il me semble, encore une fois…
05:55 – Pour vous ça ne sert à rien ?
05:55 Ce n'est pas ça qui peut rétablir une majorité ?
05:58 – Tout le monde voit très bien que cette équation politique
06:03 ne tiendra pas pendant quatre ans.
06:04 – Du coup on fait quoi ?
06:05 – Je n'imagine pas, d'une certaine manière, qu'il n'y ait pas un moment
06:07 dans le quinquennat où il faille revenir aux urnes.
06:10 – Mais pas maintenant.
06:11 – Est-ce que c'est maintenant ? Je n'en suis pas sûr.
06:13 Il y a eu une motion de censure, elle a été écartée.
06:15 Soyons raisonnables, prenons au sérieux nos institutions.
06:17 Ce que je dis simplement c'est que, constatant la réalité
06:20 de cette situation extrêmement ténue qui lui a permis de survivre
06:27 à une motion de censure, je crois qu'Elisabeth Borne
06:30 gagnerait, encore une fois, à prendre un peu de hauteur.
06:32 – Ça, ça ne suffira pas. Ça ne calmera pas les esprits.
06:34 – Certainement pas sur les quatre ans qui viennent.
06:36 Mais dans l'immédiat aujourd'hui, si on veut sortir de la crise actuelle…
06:38 – Comment on apaise aujourd'hui ?
06:40 Le président de la République prendra la parole à la télévision
06:42 demain à 13h.
06:44 Qu'est-ce qu'il doit dire ou qu'est-ce qu'il peut dire aux Français
06:46 pour apaiser la situation ?
06:48 – J'espère qu'il présentera ses excuses.
06:50 D'abord, parce qu'encore une fois, je le redis,
06:52 le grand responsable de cette crise démocratique, c'est lui.
06:55 La politique du "en même temps", de la confusion permanente,
06:57 la politique qui nous a conduit aussi à perdre le sens des réalités.
07:00 Pourquoi les Français ne mesurent-ils plus aujourd'hui
07:03 la nécessité d'une réforme des retraites ?
07:04 Parce que nous avons tellement vécu dans l'illusion
07:07 de ce que le président lui-même appelait "l'argent magique".
07:09 Nous avons tellement vécu dans la facilité du "quoi qu'il en coûte".
07:12 Nous avons tellement vécu dans le déni de réalité.
07:14 Vous m'avez entendu dire ça avec nos collègues des Républicains.
07:17 Nous l'avons dit pendant des années.
07:18 Nous avons tiré la sonnette d'alarme.
07:19 Et aujourd'hui, nous constatons les dégâts.
07:21 – C'est ce que vous dit le gouvernement.
07:22 Le gouvernement, notamment Bruno Le Maire, dit
07:25 "mais une partie des Républicains ont perdu leur cohérence".
07:27 Ceux qui n'ont pas voté cette réforme ont perdu leur cohérence.
07:29 – Ceux qui ont créé l'incohérence continuelle
07:31 dont nous vivons aujourd'hui les conséquences directes,
07:35 c'est le gouvernement auquel appartient Bruno Le Maire
07:37 et Bruno Le Maire lui-même, qui a endetté la France
07:39 plus qu'aucun de ses prédécesseurs, sans aucune espèce de sérieux,
07:43 sans aucune espèce d'exigence de vérité.
07:45 Et nous l'avons dit pendant des années encore une fois.
07:48 Et aujourd'hui, comment voudrait-on que les Français ne comprennent pas
07:50 qu'on leur demande de faire des efforts
07:52 quand on les a habitués à cette fiction dangereuse ?
07:54 Quand c'était la période électorale où il s'agissait d'être réélu,
07:58 quand il fallait seulement se maintenir au pouvoir.
08:00 Là, pour le coup, il n'y avait pas de problème avec la dépense publique.
08:03 Et là, pour le coup, on a dépensé des dizaines de milliards d'euros
08:06 pour faire en sorte que les Français vivent dans ce déni de réalité
08:09 qui a permis à Emmanuel Macron d'être reconduit au pouvoir.
08:12 Et d'un seul coup, maintenant qu'il est réélu,
08:14 on vous explique qu'en fait, il y avait en réalité une difficulté à gérer.
08:18 Comment voulez-vous que les Français ne soient pas dans l'incompréhension ?
08:21 Nous le disons avec Les Républicains,
08:22 nous avons expliqué très clairement depuis le début,
08:24 c'est notre ligne ultra-majoritaire,
08:26 que nous devons faire avec le sérieux nécessaire
08:29 pour que la France retrouve confiance en son avenir.
08:32 Mais ce que je constate aujourd'hui,
08:33 c'est que faute d'avoir tenu ce discours cohérent et clair depuis le début,
08:36 le gouvernement s'est privé de la majorité politique nécessaire
08:39 pour mener cette réforme-là.
08:40 – Vous parlez de ligne ultra-majoritaire,
08:42 mais vous avez quand même 19 députés républicains
08:45 qui ont voté pour la motion de censure,
08:47 à l'encontre des consignes qui avaient été données très clairement
08:49 par Éric Chottier, président du parti.
08:52 – Et 3 qui ont voté celle du Rassemblement national.
08:55 – Ça n'enlève rien.
08:56 – Il y a encore une ligne claire dans votre parti ?
08:58 – Bien sûr, ça n'enlève rien au fait que le bureau politique
09:00 s'était prononcé dans son écrasante majorité
09:02 en faveur de cette réforme des retraites.
09:04 Ça n'enlève rien au fait que le Sénat a fait un travail extraordinaire
09:08 pour faire en sorte que la réforme puisse être corrigée
09:10 dans tous les travers qu'elle créait.
09:12 Je pense notamment à l'injustice sociale
09:14 qu'elle faisait peser sur les plus vulnérables,
09:15 sur les femmes en particulier,
09:17 qui aujourd'hui étaient les grandes perdantes de cette réforme.
09:19 Et le Sénat a travaillé sur ce sujet,
09:21 et le groupe LR au Sénat a été très uni pour mener ce travail.
09:23 – Oui mais sauf que ce n'était pas la ligne d'Éric Ciotti.
09:26 Éric Ciotti demandait à ce que les motions de censure ne soient pas votées.
09:30 Là vous avez 19 majorités qui ont voté,
09:32 3 qui ont voté celle du Rassemblement national.
09:33 Est-ce qu'ils ont encore leur place au sein des Républicains ?
09:36 Est-ce que vous souhaitez qu'ils soient exclus ?
09:38 – Une grande majorité du groupe à l'Assemblée nationale
09:40 a refusé de voter ces réformes, ces motions de censure.
09:43 Aucun signataire des Républicains ne s'est associé à ces motions de censure.
09:47 Maintenant qu'on a dit ça, deux choses.
09:49 La première, je ne crois pas qu'on puisse effectivement
09:53 regarder la situation comme s'il ne s'était rien passé pour nous non plus.
09:56 Je le disais tout à l'heure, c'est une crise pour le gouvernement,
09:58 c'est aussi une crise pour les oppositions,
10:00 et pour les Républicains, il faut évidemment voir dans cet épisode le signe,
10:05 et là encore je le dis depuis très longtemps,
10:06 donc je n'ai pas l'impression de découvrir la lune,
10:08 mais le signe qu'il y a tout à reconstruire, tout à refonder.
10:11 Et il faut d'abord reconstruire une doctrine, une vision,
10:13 une ligne de pensée qui nous réunisse.
10:15 Et c'est évidemment dans cette direction que je m'étais engagé
10:18 dans la campagne interne pour la présidence du parti,
10:20 c'est évidemment ce travail-là que nous avons à faire aujourd'hui
10:22 autour d'Éric Ciotti, avec tous ceux qui dirigent ce parti,
10:26 avec tous ceux qui le font vivre, nous avons tout à reconstruire.
10:29 C'est une certitude.
10:30 Mais y compris avec ceux qui ont voté contre la réforme,
10:32 enfin qui ont voté la motion de censure.
10:33 Je crois qu'on ne s'en sortira pas par des exclusions,
10:36 on n'est pas dans une situation telle qu'on puisse se permettre
10:38 de résoudre nos désaccords en faisant sortir ceux qui témoignent une divergence.
10:43 Je pense par ailleurs que beaucoup de députés sont aujourd'hui
10:46 au contact de la réalité, de la crise sociale que traverse la France.
10:49 Parce que la vraie catastrophe…
10:50 – Mais vous voulez dire que vous les comprenez ?
10:51 Est-ce que vous comprenez Aurélien Pradié ?
10:53 – Moi je n'aurais pas voté cette motion de censure, je le redis.
10:55 – Mais est-ce que vous comprenez qu'il est voté ?
10:56 – Mais je comprends, aujourd'hui je crois que c'est très important
10:58 de faire en sorte que nous puissions répondre aux inquiétudes d'une France
11:02 qui a le sentiment d'être directement victime du décrochage du pays.
11:06 Parce que le grand drame dans la situation actuelle,
11:08 c'est que pendant qu'on discute de la question de savoir
11:11 si on va travailler de 62 à 64 ans,
11:14 il se passe des choses qui d'une certaine manière
11:15 sont d'une gravité bien plus grande pour notre avenir.
11:18 La France connaît un gigantesque déclassement,
11:21 nos services publics sont en train de s'effondrer,
11:23 le déficit structurel du pays rend son avenir incertain.
11:27 La dette de la France est aujourd'hui une épée de Damoclès
11:29 qui pèse sur notre tête au moment où les taux d'intérêt remontent partout.
11:33 La situation géopolitique globale fait que nous sommes aujourd'hui
11:36 dans un moment de telle instabilité que le fait d'avoir à ce point perdu
11:39 les leviers pour maîtriser notre avenir devrait être la source
11:42 de notre première inquiétude.
11:43 – Mais vous le dites François-Xavier Bellamy,
11:44 il faut qu'on reconstruise, il faut qu'on ait une ligne,
11:47 il faut qu'on ait une ligne claire, il faut qu'on ait une parole crédible.
11:50 Est-ce que c'est possible avec des députés comme Aurélien Pradié
11:53 qui font entendre des voix si dissonantes ?
11:55 Est-ce que c'est possible d'avoir une ligne claire
11:56 et une parole crédible avec des gens comme ça au sein de votre parti ?
12:00 – Une chose qui est certaine et je le dis très librement,
12:02 c'est que je crois que dans la période que nous vivons aujourd'hui,
12:04 aussi bien pour notre parti, mais les partis ne sont pas très importants,
12:07 ce qui compte c'est notre pays, aussi bien pour notre parti
12:10 que pour la vie démocratique de notre pays,
12:13 personne n'a le droit de jouer des aventures personnelles
12:16 contre la clarté du débat public.
12:18 Je crois que c'est fondamental parce que nous sommes dans un moment
12:21 où chacun doit avoir vraiment conscience de sa responsabilité.
12:24 Une fois que j'ai dit cela, je ne juge pas des collègues
12:28 qui sont parlementaires, qui sont libres de leur mandat,
12:31 et cela Éric Ciotti l'a lui-même rappelé avec force,
12:33 nous croyons à la démocratie, nous ne croyons pas à la caserne
12:37 et il est fondamental que tout le monde puisse être entendu
12:40 pour que nous reconstruisions demain une famille politique
12:42 qui oui aura retrouvé un discours clair et qui aura, oui c'est vrai,
12:45 rompu avec toute forme de démagogie, nous devons écouter
12:49 ce que disent les Français qui souffrent,
12:50 cela ne veut pas dire pour autant que nous devons leur mentir.
12:53 Et quand j'entends le Rassemblement National
12:55 qui nous explique que s'il revient au pouvoir,
12:58 il abrogera cette réforme,
13:00 je dis que le Rassemblement National ment,
13:02 comme toutes les forces politiques qui ont fait ces promesses-là
13:05 dans tous les autres pays européens.
13:06 Non, cette réforme ne sera pas abrogée, pourquoi ?
13:09 Pour une raison très simple, c'est que nous avons besoin
13:12 d'équilibrer notre système de retraite,
13:14 que nous avons besoin de faire en sorte que la part des retraites
13:17 ne devienne pas prépondérante dans le produit intérieur brut,
13:21 dans la richesse produite par la France.
13:23 On ne peut pas s'acheter pour longtemps
13:25 une richesse qu'on ne produit plus.
13:26 Et quand le Rassemblement National prétend qu'il abrogera cette réforme,
13:29 je dis qu'en réalité il montre par là qu'il cède à la facilité de la démagogie
13:34 et qu'il dévoile en réalité le fait qu'il ne respecte pas les Français.
13:38 – Chez les Républicains, il va y avoir un bureau politique aujourd'hui,
13:41 est-ce que ça va changer quelque chose au sein du parti ?
13:43 Est-ce qu'Éric Ciotti a encore l'autorité nécessaire ?
13:46 Qu'est-ce qu'il faut changer au sein de votre parti ?
13:49 – Eh bien, je le redis et peut-être ce que nous disions depuis très longtemps,
13:53 ce que nous avons dit dans cette campagne interne avec Bruno Retailleau,
13:55 ce que nous avons partagé avec Éric Ciotti depuis son élection,
13:58 se matérialise aujourd'hui.
14:00 Il faut repartir du fond, il faut repartir des idées,
14:03 il faut reconstruire une doctrine.
14:04 Moi ce que j'observe, c'est que ceux qui, même dans nos rangs,
14:08 se sont hier opposés à cette réforme à travers la motion de censure,
14:13 ceux-là même d'ailleurs, qui en dehors de notre famille politique
14:16 ont déposé cette motion de censure,
14:18 avaient eux-mêmes, il y a quelques mois, il y a quelques années,
14:21 dit la nécessité d'augmenter l'âge de départ à la retraite.
14:26 Et donc il y a quelque chose comme une espèce d'incohérence généralisée
14:29 qui, je le disais tout à l'heure, touche le gouvernement,
14:32 mais qui touche aussi les oppositions.
14:33 Et nous n'avons pas le droit, nous, de céder à la facilité du en même temps.
14:36 Nous n'avons pas le droit de céder à cette confusion
14:39 qui abîme si profondément la vie démocratique française.
14:41 – Sur la ligne justement, parce que certaines personnalités,
14:43 et non des moindres, je pense à Rachida Dati,
14:46 prônent un accord de gouvernement entre les républicains et Emmanuel Macron.
14:49 Qu'est-ce que vous dites de ça ? Est-ce que vous y êtes favorable ?
14:51 – Jamais de la vie.
14:52 En tous les cas, pour ce qui est de ma réponse,
14:54 et nous allons effectivement en parler aujourd'hui,
14:55 je vous quitterai dans un instant pour aller au comité stratégique du parti,
14:59 je crois qu'aujourd'hui, moins que jamais, nous devons refuser notre rôle,
15:05 notre responsabilité, c'est d'être des opposants à Emmanuel Macron
15:08 pour proposer une alternative demain.
15:10 En disant que je n'aurais pas voté la motion de censure,
15:12 je ne dis pas que je ne veux pas faire tomber le gouvernement,
15:14 je voudrais faire tomber le gouvernement sur tout ce qui fait du mal aux Français,
15:17 je voudrais faire tomber le gouvernement sur sa politique migratoire
15:20 totalement irresponsable,
15:21 je voudrais faire tomber le gouvernement sur son incurie en matière éducative,
15:24 je voudrais faire tomber le gouvernement sur son incapacité
15:27 à redonner de la valeur au travail, tout cela est clé.
15:31 Mais par pitié, je crois encore une fois, ne confondons pas tout,
15:35 lorsque le gouvernement est contraint par des raisons extérieures,
15:38 et notamment par ses engagements européens,
15:40 est contraint de faire une réforme des retraites que nous demandons depuis très longtemps,
15:43 il me paraissait absurde d'être incohérent au point
15:46 de contredire ce que nous avions demandé nous-mêmes depuis si longtemps.
15:48 Ça ne veut pas dire que je ne suis pas un opposant,
15:50 je suis et je reste un opposant à la politique d'Emmanuel Macron
15:53 qui fait tant de mal à la France.
15:54 Une dernière chose peut-être, simplement,
15:57 pour dire que j'entends certains aujourd'hui se plaindre
16:00 que des élus des Républicains n'ont pas voté la motion de censure,
16:03 mais je crois qu'on a le devoir de respecter la cohérence qu'ils ont montrée.
16:07 Voter une motion de censure sur ce texte,
16:09 je comprends que certains l'aient fait,
16:10 mais voter une motion de censure sur ce texte,
16:12 c'était quand même prendre le risque de se contredire à un point tel que
16:15 on fasse tomber un gouvernement sur la mesure même que nous demandions depuis des années.
16:20 Aujourd'hui, certains élus qui ont reçu un mandat des Français
16:25 il y a quelques mois, il y a quelques années pour les sénateurs,
16:28 ont décidé d'être cohérents,
16:30 et cette cohérence-là mérite d'être respectée.
16:32 Et personne n'a le droit, personne, de chercher à intimider des élus,
16:36 à faire pression sur eux, à les menacer de quelque violence que ce soit.
16:39 Je pense à tous nos collègues, sénateurs, députés,
16:42 qui sont aujourd'hui ciblés par des menaces d'une incroyable gravité,
16:45 parfois par des gestes, par des actes d'une incroyable violence,
16:49 contre leur permanence, contre leur domicile personnel.
16:51 Je pense à Bruno Retailleau, auquel je voudrais redire mon soutien,
16:54 à qui la CGT a coupé le courant.
16:55 C'est la démocratie et le cœur de la démocratie,
16:58 c'est pas seulement de crier quand il y a un 49.3 qui arrive,
17:00 le cœur de la démocratie, c'est de respecter le fait que des élus
17:03 qui défendent depuis longtemps des convictions
17:05 puissent avoir le droit de les tenir avec cohérence au moment où elles sont discutées.
17:08 – Pour terminer sur les Républicains,
17:09 il y en a un chez vous qu'on n'a pas du tout entendu, ou très très peu,
17:11 c'est Laurent Wauquiez.
17:12 Alors il a pris sa retraite ou il attend son heure ?
17:15 – Laurent Wauquiez, ça ne vous aura pas échappé, il n'est pas parlementaire,
17:17 il est président de région, il fait son travail de président de région,
17:21 et là encore je crois que chacun a droit de se considérer…
17:23 – Mais risque de divulgue, il veut en faire son candidat à la présidentielle,
17:26 est-ce que dans un tel moment pour le pays et pour les LR,
17:28 il peut rester silencieux ? Est-ce qu'il ne sait pas décrédibiliser ?
17:31 – Non, bien sûr que non, il fait les choix qu'il souhaite
17:34 pour pouvoir chercher les bons moments pour s'exprimer,
17:38 on n'est pas encore, ça ne vous aura pas échappé,
17:40 dans un débat présidentiel, l'élection présidentielle c'était il y a quelques mois seulement,
17:44 je crois surtout le plus important c'est si on pouvait cesser de parler
17:47 des tactiques personnelles, des stratégies individuelles,
17:49 le vrai sujet c'est la France, le vrai sujet c'est la crise que nous traversons,
17:53 et ce sujet-là c'est celui qui devrait tous nous concerner
17:56 plus que la situation des individus qui animent le débat politique français.
17:59 – Comment vous voyez les choses évoluer sur la situation du pays notamment ?
18:02 Est-ce qu'on va vers des blocages, quelque chose qui dégénère, des violences,
18:06 ou est-ce que ça peut encore s'apaiser naturellement ?
18:10 – Ça ne s'apaisera pas tout seul, et encore une fois je le redis,
18:12 il faudra que le gouvernement montre, il faudra que le président de la République
18:15 montre qu'il a pris la mesure du malaise démocratique profond…
18:18 – Comment, en présentant des excuses demain, c'est quoi les leviers en fait ?
18:21 – Ce ne sera pas en recréant d'énième gadget le Conseil national de la refondation
18:26 qui a disparu, à peine créé, souvenez-vous quand même…
18:29 – Mais non mais c'est pas assez important de ne pas l'oublier,
18:32 parce que moi c'est pour ça que j'en veux à Emmanuel Macron,
18:34 la veille de l'élection législative il était en train d'expliquer pourquoi
18:37 il allait créer une institution parallèle qui allait court-circuiter l'Assemblée,
18:40 quand on joue avec le feu on finit par récolter ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui,
18:43 cette défiance qui s'exprime dans le pays,
18:45 il faudra tirer les leçons politiques de ce qui est en train de se passer,
18:48 et moi c'est pour ça que j'espère que le gouvernement va d'une certaine manière
18:52 être marqué par l'expérience de cette motion de censure exclue à une si faible majorité,
18:58 je crois qu'il faut qu'Elisabeth Borne en tire toutes les conséquences.
19:00 Pour la suite, j'espère aussi que les Français sauront comprendre la situation,
19:04 je crois que dans les enquêtes d'opinion,
19:07 beaucoup de Français disent qu'au fond ils savent que cette réforme va être appliquée,
19:12 je crois en tous les cas que ceux qui disent qu'elle ne le sera pas,
19:14 ceux qui disent qu'elle sera abrogée leur menthe aujourd'hui,
19:17 et moi je le dis en venant du Parlement européen,
19:19 où beaucoup de nos collègues au plan européen regardent avec un peu de sidération
19:22 ce qui se passe à la France aujourd'hui,
19:23 nous sommes en train de nous enliser dans un déficit structurel,
19:27 dans une dette abyssale, nous ne produisons plus que nous consommons,
19:30 nous n'avons jamais importé autant des produits dont nous avons le plus besoin,
19:34 il est temps de se remettre au travail,
19:36 ça suppose de réviser notre système de retraite,
19:38 ça suppose aussi beaucoup de travail sur beaucoup d'autres sujets qui vont falloir mener devant.
19:42 – Est-ce que vous pensez que redonner la parole aux Français sur ce sujet par voie référendaire,
19:45 il y a un référendum d'initiative partagée qui va être déposé par la gauche,
19:50 est-ce que vous pensez que ça aurait du sens, que ça peut aboutir,
19:52 et que ça pourrait être un moyen aussi de remettre tout sur la table,
19:56 de se redonner un peu de temps pour repenser la question ?
19:59 – Vous savez, mon sentiment c'est que le sujet ce n'est pas la réforme des retraites,
20:03 ou ce n'est pas seulement la réforme des retraites,
20:05 mon sentiment c'est que le malaise que les Français vivent,
20:08 il vient de la manière dont Emmanuel Macron gouverne depuis des années.
20:10 – Donc un référendum n'aurait pas d'utilité ?
20:12 – Donc le vrai sujet ce n'est pas seulement cette question-là,
20:14 on se tromperait si on pensait,
20:16 d'ailleurs ceux qui pensent que la réforme est adoptée
20:18 et que maintenant c'est fini, qu'on va pouvoir tourner la page sans rien faire de plus,
20:22 se trompent, ceux qui pensent que le sujet est seulement lié à cette réforme des retraites,
20:25 à mon avis se trompent aussi.
20:27 La question c'est de retrouver un cap clair qui permette au pays
20:31 de retrouver confiance en son avenir et dans la vie démocratique.
20:35 – Merci François-Xavier Bellamy, on doit vous libérer
20:37 puisque vous devez retourner au sein de votre parti.
20:40 Merci beaucoup d'avoir été notre invité.