Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Dans le Berry résonnent les cornemuses C'est une histoire que l'on pourrait presque raconter au coin du feu, telle une légende : celle de l'arrivée des Ecossais sur les plaines verdoyantes du Berry. Au coeur de la guerre de Cent Ans, une troupe de guerriers venus de ces terres du Nord s'installe et marque de son empreinte ce territoire en plein coeur de la France. Quelques centaines d'années après leur départ, arborant le kilt distinctif, le Berry vibre encore au son des cornemuses
Dans le Quartier Haut de Sète, les bâtisses biscornues et colorées racontent le
passé populaire de ce port de pêche. Au XIXe siècle, des marins italiens sans-le-sou, attirés par les eaux poissonneuses, viennent s'installer dans cette cité portuaire du sud de la France. D'abord rejetés et cantonnés dans leur quartier, ils se fondent peu à peu parmi la population locale et contribuent à façonner la culture sétoise.
.
Année de Production :

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Musique
00:30Il était une fois un petit morceau de terre bérichonne qui, un beau matin, a vu arriver des chevaliers venus d'Ecosse.
00:48De braves archers aussi.
00:50Oh, mais c'est le roi de France lui-même et en personne qui les avait fait mender.
00:55Un bout de terre bérichonne qui était devenue écossaise.
01:00Avec un cœur français.
01:03Les légendes n'ont parfois rien à envier à l'histoire.
01:07Elles lui doivent même bien des intrigues.
01:15Dans les vertes terres du Berry, en pleine guerre de cent ans, une troupe de guerriers écossais s'installe,
01:24construit des demeures et des châteaux, épouse des bérichonnes
01:28et guerrois auprès des rois de France pendant quelques centaines d'années.
01:34Une présence incongrue sur des terres fort lointaines et fort différentes des Highlands rugueux et sauvages.
01:41Et pourtant, ces soldats marquent de leur empreinte et de leurs usages ce territoire en plein cœur de la France.
01:46Quelques centaines d'années après leur départ, tapis sous les plis d'un jupon distinctif,
01:56le Berry vibre encore au son des cornemuses.
01:59Dans le Cher, cerné par les pâturages, au milieu d'une terre qu'on appelle le Pays-Fort,
02:20Aubigny-sur-Ner est une ancienne cité fortifiée.
02:25On la surnomme souvent la cité des Stuarts.
02:28Un patronyme à l'inflexion plus écossaise que française.
02:31Pour le comprendre, il faut remonter au XIIIe siècle.
02:36Alors cette petite histoire, qui est devenue une grande histoire, date de 1295.
02:421295, il y a un traité entre la France et l'Écosse qui s'appelle l'Aude d'Alliance, la Vieille Alliance.
02:47Et ce traité disait tout simplement que l'un et l'autre devaient céder mutuellement contre un ennemi commun qui était l'Angleterre.
02:53Alors ça, c'est le début de l'histoire.
02:58L'Angleterre, adversaire juré des deux parties, entre en guerre contre la France en 1337.
03:06C'est la guerre de Cent Ans.
03:10Les batailles s'enchaînent, le vainqueur tarde à se dessiner.
03:13Alors, en 1421, au nom de l'Old Alliance, Charles VII appelle ses alliés écossais en renfort.
03:24John Stuart de Darnley débarque à La Rochelle et offre une victoire à la France à la bataille de Boger.
03:32Le dauphin devenu roi se doit de remercier son co-belligérant.
03:40Et à partir de 1423, il va donner Aubigny à John Stuart de Darnley pour lui et tous ses descendants mâles.
03:48Donc, avec le droit de battre monnaie et le droit de justice.
03:53Donc, on peut dire qu'Aubigny devient un petit Monaco en premier milieu de la France.
03:57Voilà.
03:57Aubigny devient une terre indépendante, une terre écossaise en premier milieu de la France.
04:00Et c'est là que commence l'histoire écossaise d'Aubigny.
04:04Les nouveaux seigneurs imposent leur marque.
04:09Les descendants de John Stuart de Darnley bâtissent ce château massif,
04:14flanqué de ses deux tourelles, au début du XVIe siècle.
04:18Ils transforment la petite cité en centre industriel, en exploitant notamment la laine des moutons.
04:24Aubigny prospère.
04:27Mais en 1512, un gigantesque incendie l'a détruit quasi totalement.
04:32Le seigneur d'Aubigny, qui est en Italie, qui guerre roi,
04:38eh bien, va décider de donner trois de ses forêts, sur les cinq forêts dont il a la propriété,
04:43pour reconstruire Aubigny tout en chêne.
04:46Donc, les chênes sont abattues et Aubigny est reconstruite.
04:51Reconstruite à la mode écossaise.
04:54Les seigneurs d'Aubigny font tailler et sculpter le bois de nombreuses façades.
04:59Les demeures les plus cossues se distinguent par des ornements richement travaillés
05:03à la gloire des suzerains et de leurs proches.
05:09Voilà, cette maison, c'est la maison du Bailly.
05:11Elle me tient à cœur parce que c'est la maison dans laquelle je suis né il y a un certain nombre d'années.
05:15Et cette maison est vraiment très curieuse parce qu'il y a plein de sculptures et des choses très intéressantes.
05:21Il y a un A qui représente le A de Hannes Stouart qui est marié avec Robert Stouart et le R de Robert Stouart.
05:27Également, on a donc l'emblème de François Ier, qui est la salamande,
05:33Robert Stouart étant le compagnon de François Ier.
05:35Et vous avez son visage.
05:37Cette maison est une des plus belles maisons d'Aubigny dans sa conservation.
05:41Et ça représente vraiment la venue de ces Écossais dans ce territoire du Berry.
05:48Les Stouart ne se contentent pas d'un seul château.
05:54Ils s'en font construire un autre, à quelques lieux au sud d'Aubigny.
05:59Une demeure d'agrément prévue pour la chasse et la plaisance.
06:04Le château de la Verrerie.
06:05On a l'impression que le temps s'est arrêté ici, depuis des siècles.
06:19Cette cour d'honneur n'a pas bougé depuis 500 ans,
06:24depuis l'époque où les Stuarts l'ont construite.
06:27Et dans un cadre qui n'a pas bougé non plus,
06:30en pleine nature, à des kilomètres du village le plus proche.
06:34C'est une maison à laquelle on s'attache forcément,
06:38parce que c'est d'abord une maison qui vit toujours aujourd'hui.
06:41C'est une maison de famille,
06:42une maison riche de souvenirs depuis plusieurs générations.
06:48Ce château a été construit très librement,
06:52sans aucune enceinte, sans mur de protection.
06:58Et il l'est resté jusqu'à aujourd'hui.
07:00Béros-Stewart pose les premières pierres de l'édifice
07:06et son gendre, Robert, se charge de l'embellir.
07:12S'il persiste aujourd'hui quelques énigmes dans les ornements,
07:15comme cette frise de visage féminin non identifié,
07:19les Écossais, en revanche,
07:21ne font aucun mystère de leur foi catholique.
07:23En témoigne la petite chapelle familiale
07:27qui sert aussi aux populations environnantes.
07:30Comme pour les façades d'Aubigny,
07:33un soin tout particulier est apporté à la décoration des murs.
07:37Nous avons sur la voûte un décor
07:45qui a été réalisé à la demande de Robert Stuart
07:49pour rendre hommage à tous les membres de sa famille.
07:54Les médaillons représentent les ancêtres
07:59et les contemporains de Robert Stuart
08:01qu'il a voulu rassembler en mémoire et en honneur de cette famille.
08:05qui a toujours joué un rôle de premier plan
08:10auprès des rois de France,
08:13au point que jusqu'à la mort du roi Louis XVI,
08:16les rois de France avaient toujours une garde écossaise à leur côté
08:20pour assurer leur protection rapprochée.
08:27Les Stuarts sont en effet des membres émérites de la garde écossaise,
08:31officiellement créés par Charles VII
08:33et servant tous les rois de France depuis.
08:37Les hommes de la famille sont donc rarement sur leur terre bérichonne,
08:41occupés à combattre sur les champs de bataille d'Europe.
08:46Ils reviennent rarement les mains vides de leur périple militaire.
08:50C'est d'ailleurs au cours de la campagne d'Italie
08:52que Robert Stuart découvre la Renaissance italienne
08:55et s'en inspire pour remanier le château.
08:59Il a donné à cette galerie
09:01toutes les apparences d'un palais italien,
09:05avec cette colonnade ouverte sur la cour d'honneur
09:09et également avec un décor intérieur
09:12qui exprime la puissance et le prestige
09:18que les Stuarts avaient acquis au sein de la couronne de France.
09:28Malheureusement, en 1672,
09:31le dernier descendant des Stuarts
09:34est mort prématurément à l'âge de 30 ans,
09:38sans postérité.
09:39À ce moment-là, Louis XIV a repris possession
09:42de la seigneurie royale.
09:46La seigneurie redevient française,
09:49mais garde ses liens avec l'Écosse.
09:52Le roi Soleil l'offre en effet
09:54à Louise René de Pénanquette de Keroual,
09:57espionne à la cour d'Angleterre
09:59pour le compte du royaume de France
10:00et qui donnera même un fils au roi d'Angleterre,
10:04Charles II,
10:05lui-même descendant d'une autre branche
10:07de la famille Stuart.
10:08Les siècles passent,
10:12la présence écossaise demeure donc.
10:15Elle ne s'épanouit plus vraiment dans la pierre,
10:18mais dans le tissu et la mode.
10:22Christelle Amiau est couturière
10:24à Vahis-sur-Sauldre,
10:25à une quinzaine de kilomètres
10:26à l'est du château de la Vérerie.
10:29Sa maison est aussi son atelier.
10:31Ici, elle taille, découpe,
10:33patronne, ourle et reprise
10:35un seul et même vêtement,
10:38le kilt.
10:40J'ai fait des études de haute couture,
10:42donc j'étais persuadée que j'allais y arriver
10:44du premier coup,
10:45puis en fait, pas du tout.
10:46C'est une autre technique,
10:48c'est un savoir-faire,
10:50des choses qu'il faut sentir
10:52avec un peu de géométrie.
10:54Non, j'y suis pas arrivée du premier coup.
10:55Par exemple, il y a un pli
10:57qu'il faut remonter légèrement,
10:59sinon le kilt tombe pas parfaitement bien.
11:02Il y a le tablier
11:03qui doit remonter aussi légèrement,
11:04sinon il dépasse.
11:06C'est des 5 mm par-ci,
11:085 mm par-là,
11:09mais qui font toute la différence.
11:10Robert, son mari,
11:21est d'origine écossaise
11:22et représentant du clan McKinnon en France.
11:26Un amoureux du kilt
11:27et collectionneur effréné.
11:29Le couple a choisi
11:31de s'installer en Béry
11:33pour mieux profiter
11:34de ce lien d'amitié
11:35entre les deux peuples
11:36et le transmettre à son tour
11:38via l'amour qu'il partage
11:39pour le tartan,
11:41l'étoffe de laine quadrillée
11:42à partir de laquelle
11:43les kilts sont confectionnés.
11:47Alors, j'aimerais que tu regardes
11:51mon tour de taille
11:52parce que j'ai un peu perdu.
11:59T'as grossi.
12:02Un kilte doit arriver
12:04au milieu du genou,
12:06pile poil au milieu du genou,
12:07comme ça.
12:08Si c'est plus court,
12:10on dit que c'est une mini-jupe,
12:11c'est pour les fillettes.
12:12Et si c'est plus lent,
12:12c'est qu'on est prétentieux.
12:17Sa passion du kilte
12:19a même conduit le couple
12:20à déposer un nouveau modèle
12:22au très prestigieux registre officiel
12:24des tartans d'Edimbourg
12:25qui répertorie
12:27tous les motifs du monde.
12:29Donc, ce kilte est fabriqué
12:32dans le tartan Berry Tribute,
12:34c'est-à-dire que c'est un hommage
12:35au Berry.
12:36Ça, c'est mon Berry à moi.
12:38C'est comme ça que je vois le Berry.
12:40C'est-à-dire les forêts
12:41verts sombres de la Sologne.
12:43Parlant de la Sologne,
12:45il y a des petites couleurs
12:46qui évoquent la bruyère
12:47de la Sologne,
12:48mais il y a aussi le sable
12:49des Bordelois,
12:51entre les raisins de Sancerre,
12:53les vignes de Pouilly,
12:55de Quincy, de Reuilly,
12:57santé et conservation,
12:58il y aura toujours un tartan du Berry.
13:01C'est celui-là.
13:02S'il est donc commun
13:06de croiser des hommes
13:07portant le kilte en terre bérichonne,
13:09c'est à la guerre de cent ans
13:11qu'on le doit.
13:12Le destin romanesque
13:13de ce petit fief franco-gaélique
13:15n'a pas fini d'écrire son histoire.
13:18L'avenir lui tend les bras.
13:20L'histoire ne s'arrête pas là.
13:23Il ne faut pas oublier
13:24que quand William va monter
13:25sur le trône d'Angleterre,
13:27de par sa mère,
13:28Lady Diana,
13:29elle-même est une descendante
13:30de Louise de Carroil
13:31et une descendante
13:33d'histoire de Darnley,
13:35d'Aubigny.
13:36Donc quand William va monter
13:37sur le trône,
13:38c'est un petit peu Aubigny
13:39qui va monter sur le trône
13:40d'Angleterre.
13:40Et si le futur souverain
13:47décidait un jour
13:48de parcourir les terres
13:49de ses illustres ancêtres,
13:52le Berry saurait le recevoir,
13:55tout anglais soit-il.
14:10Chaque année,
14:24au début de l'été,
14:25les rues de Sète,
14:27cette ville tournée vers la mer,
14:29vibrent d'une ferveur particulière.
14:34En ce jour de grand pardon
14:36de Saint-Pierre,
14:37on rend hommage
14:38au fil d'une procession
14:40au patron des pêcheurs
14:41et à travers lui
14:43aux gens de la mer.
14:45Car ce sont eux
14:46qui font de Sète
14:47le premier port de pêche français
14:49de la côte méditerranéenne.
14:52Or,
14:53ces pêcheurs sont
14:54pour la grande majorité
14:55les descendants de villageois
14:57nés au XIXe siècle,
15:00à plus de 1000 km de là,
15:02au sud de l'Italie.
15:10Dans les années 1950,
15:12ces descendants d'immigrés
15:14ont introduit dans le port
15:15de Sète,
15:16en ce jour de célébration,
15:18une tradition venue d'Italie.
15:25La sortie en mer,
15:26en mémoire des marins disparus.
15:28C'est une fête
15:35qui se fait
15:35depuis des années
15:36dans le petit village
15:38là où ils sont
15:38la plupart originaires
15:39les pêcheurs de Sète.
15:42Il y a autant de ferveur
15:43sur l'Italie à Sète
15:44parce que c'est un peu
15:46le sang qui parle
15:47et les origines qui parlent.
15:48En rassemblant tous les habitants
15:57dans cet élan solennel
15:58et joyeux à la fois,
16:00ce moment d'apothéose
16:01de la fête de la Saint-Pierre
16:03raconte à quel point
16:04une communauté de marins
16:06dépenaillés,
16:07parlant un dialecte napolitain,
16:09a su se couler,
16:10envers et contre
16:11toutes les adversités
16:12au plus profond
16:13de la culture cétoise.
16:18À l'abri du Mont-Saint-Clair,
16:26Sète s'ouvre
16:27sur le golfe du Lyon
16:28et ses eaux poissonneuses
16:29depuis qu'a été posée ici
16:31au XVIIe siècle
16:32la première pierre
16:34d'une cité portuaire
16:35destinée à offrir
16:36une rade
16:37pour les galères royales
16:38et un débouché
16:39à l'ouest de Marseille.
16:43Ce sont les rois de France
16:45qui ont décidé
16:46la création de ce port.
16:48dans cette partie
16:49du Languedoc,
16:50la première construction
16:51du futur port de Sète
16:52c'est le Môle Saint-Louis
16:54qui date de 1666.
16:58Le Môle Saint-Louis,
16:59cette longue jetée
17:00qui accueille le phare de Sète,
17:02protège l'entrée du vieux port
17:04et offre un refuge
17:05pour les navires.
17:08Née de rien,
17:09la cité devient bientôt
17:11une ville métisse,
17:12nourrie d'ouvriers,
17:13d'artisans
17:14et de marchands
17:15venus des provinces
17:16méditerranéennes françaises
17:17et de plus loin encore.
17:25À partir des années 1870,
17:28d'autres immigrés
17:29venus du sud de l'Italie
17:30cette fois
17:31sont prêts à parcourir
17:32plus de 1500 milles nautiques
17:34dans l'espoir
17:35de gonfler leurs filets.
17:36Des pêcheurs
17:39qui venaient pêcher
17:40le long des cols du Lyon
17:42quittaient des régions
17:43la Calabre,
17:44le Basilicat.
17:45Ce sont des Italiens
17:46qui ont été chassés
17:48par une pénurie de sel
17:50qui était évidemment
17:51une denrée essentielle
17:52pour conserver le poisson.
17:53C'est une immigration
17:54de la misère,
17:55en quelque sorte.
17:57Et donc,
17:58ils vont trouver ici
17:58du travail.
17:59Ainsi se dessine
18:05une route
18:05de migration
18:06à partir du
18:07Mezzo Giorno italien
18:08et de deux villages
18:10proches de Naples,
18:11Gaeta
18:11et Tchétara
18:13en particulier.
18:14Entre la mer
18:15gorgée d'Anchois,
18:16la côte
18:17et le quai
18:17de la consigne
18:18où l'on sale
18:19le poisson,
18:20le port de Cède
18:21fait figure
18:21pour ces indigents
18:22de véritables
18:23eldorados.
18:24Il est certain
18:26qu'il y avait
18:27de la place
18:28pour tout le monde,
18:29à savoir pour les autochtones
18:30et aussi pour
18:31cette immigration italienne.
18:33Ça, c'est évident
18:34que ça a facilité les choses.
18:36Leur arrivée,
18:37bien sûr,
18:37se fait par bateau.
18:38Ce sont de bons navigateurs.
18:39D'ailleurs,
18:40ils ont apporté
18:40quelque chose
18:41que n'avaient pas
18:42les pêcheurs occitans
18:44de la région,
18:45c'est-à-dire
18:45une certaine hardiesse.
18:48Les pêcheurs
18:49de la région
18:50ne dépassaient pas
18:51les 4 ou 5 mails
18:53après la côte.
18:54Alors que les Italiens
18:55sont un petit peu
18:56plus hardis.
18:57D'ailleurs,
18:58on n'a pas été mécontents
18:59du côté de Cède
19:00de voir arriver
19:01cette main d'œuvre
19:02parce que ça permettait
19:03à la ville
19:05de se développer.
19:09De fait,
19:11les pêcheurs italiens
19:12apportent une innovation.
19:14Ils charpentent
19:14des navires plus gros
19:15et les font naviguer
19:17ensemble au large,
19:18tractant un filet
19:19comme une paire de bœufs
19:21tirant une charrue.
19:23Puis ils chargent
19:24une petite barque
19:25de poissons
19:25pour arriver
19:26les premiers au port
19:27et vendre plus cher
19:28leur récolte du jour.
19:30Ainsi,
19:31apparaît ici
19:32la pêche au chalut.
19:36À force de pêcher
19:37à foison,
19:38les hommes,
19:38peu à peu,
19:39se risquent
19:40à nouer les amarres.
19:41Ces immigrés
19:42font venir leur famille
19:43et s'installent
19:44dans une zone délaissée,
19:46agrippée au Mont-Saint-Clair,
19:48qu'on appelle
19:48le quartier haut.
19:52Nous sommes ici
19:53au pied de l'église
19:54de Saint-Louis.
19:55La première église
19:56construite à sept
19:57est considérée encore
19:58aujourd'hui
19:58comme la plus importante.
20:00C'est une église
20:01qui a compté beaucoup
20:02pour ces immigrés
20:04italiens
20:05qui étaient tous
20:05évidemment des catholiques.
20:07Les italiens
20:13se sont installés
20:14de préférence
20:15près du port
20:16puisqu'il s'agissait
20:17de pêcheurs
20:18et donc assez rapidement
20:20on peut dire
20:21qu'ils ont colonisé
20:22le quartier haut,
20:23c'est-à-dire un quartier
20:23qui, comme son nom
20:24l'indique,
20:24est en hauteur
20:25avec des maisons d'habitation
20:27mais des maisons d'habitation
20:28pour une population
20:29de travailleurs.
20:37Dans ces entrelacs
20:38de rues étroites
20:39en ce début
20:40de XXe siècle,
20:41la communauté
20:42d'Italiens
20:42vit terrée
20:43enfermée
20:44dans son statut
20:45d'éternels étrangers.
20:48C'était une petite Italie
20:50exactement pareil.
20:53Les jeunes
20:54des fois
20:54se disputaient
20:56ils avaient le verbe haut
20:57c'est un quartier
20:58qui faisait peur
20:59en fait
20:59parce que déjà
21:00même à Montpellier
21:01ils disaient
21:03à sept des jeunes
21:04ils n'y allaient pas
21:04parce qu'ils sont
21:05tous à moitié fous
21:06là-bas
21:06mais surtout pas
21:08on n'allait pas
21:08au quartier haut
21:09parce qu'alors là
21:09vous n'allez pas
21:10revenir vivant
21:11et dès qu'on passait là
21:12on savait
21:12qu'on pouvait
21:13se faire caillasser
21:14ou attaquer
21:15parce qu'on n'était
21:16pas du quartier.
21:19Aucune maison
21:20ne possédait de sanitaire
21:21jusque d'allées-allées
21:2370 et 10.
21:24Oui voilà
21:24il fallait aller chercher
21:25l'eau à la fontaine
21:26il n'y avait pas d'eau
21:27et même pas d'électricité.
21:34Au-dessus du quartier haut
21:35pourtant
21:36sept s'ouvre sur un autre horizon
21:38le Mont-Saint-Clair
21:39avant que les villas cossues
21:42ne prennent leur place
21:43la colline est parsemée
21:45de barraquettes
21:46ces cabanons de pierre
21:48typiquement ces toits
21:49qui accueillent les familles
21:50le dimanche
21:51tournent le dos
21:52à la ville
21:52et regardent vers
21:54les temps de taux.
21:55Les gens
21:55ils appelaient ça
21:56un pays de cocagne
21:57parce qu'en fait
21:57il y avait de tout
21:59on pouvait vraiment
22:00vivre de façon autonome
22:01dans cette ville
22:02en ayant à la fois
22:03les produits de l'étang de taux
22:04pour manger
22:06on pouvait faire repousser
22:07ce qu'on voulait
22:08sur Saint-Clair
22:08on pouvait manger du poisson
22:10donc en fait
22:12c'était déjà
22:12même sans qu'il y ait
22:14les ponts vraiment ouverts
22:15vers d'autres endroits
22:16on pouvait vivre
22:17en autarcie en fait.
22:18Au fil des décennies pourtant
22:25les Italiens parviennent
22:27à se couler
22:27dans la cité portuaire
22:29leurs enfants
22:30rejoignent l'école
22:31de la République
22:32épousent des Cétois
22:33par la force
22:35des alliances
22:36trois habitants
22:37sur quatre
22:38auraient aujourd'hui
22:38des origines italiennes
22:40dans le quartier haut
22:41les bâtisses
22:42insalubres
22:43de Naguère
22:44ont pris des couleurs
22:45même si au café social
22:47la mémoire familiale
22:49est encore vive.
22:50Bonjour
22:51Bonjour
22:51Bonjour
22:52Cernia
22:53Donc l'Italien c'est vous
22:55c'est pas nous
22:55Moi je suis italien
22:58je suis un vrai italien
22:59puisque moi je suis allé à l'Italie
23:00et je suis arrivé ici
23:02de Tchétar
23:04Voilà
23:04Moi de
23:05mon grand-père
23:05moi il était de Gaët
23:06Ah
23:06Ah
23:07ça commence
23:08le A
23:08Tchétar
23:09Gaët
23:10Ah
23:10Dans le quartier haut
23:12déjà
23:13nos grands-parents
23:15étaient italiens
23:15et avec la culture italienne
23:17que l'Italie a menée
23:18je veux dire
23:19on vivait
23:20devant la porte
23:21on parlait fort
23:23on parlait fort
23:24Moi mon grand-père
23:25est né en 1875
23:27à Gaët
23:28il a été naturalisé français
23:29en 1901
23:32et il a fait la guerre de 1914
23:33ma grand-mère
23:34quand elle s'est mariée
23:35avec lui
23:36elle est devenue italienne
23:36et quand il a été naturalisé
23:39elle est redevenue française
23:40c'est comme ça
23:41que ça se passe
23:41voilà
23:42L'assimilation accomplie
23:45la culture italienne
23:46ne s'est pas effacée
23:47elle s'est distillée
23:49là où elle est la plus vive
23:50du côté de Naples
23:52dans le Verbe
23:53et dans les papilles
23:54aujourd'hui encore
23:56dans le quartier haut
23:57les plus anciens
23:58parlent un patois singulier
24:00mélange d'occitan
24:01et d'italien
24:02et dans une rue montante
24:04une plaque nous le rappelle
24:06le chansonnier
24:07le plus génial de sept
24:08chantait en français
24:10mais il a grandi ici
24:11bercé par les complaintes
24:13de sa mère Elvira
24:14d'origine napolitaine
24:16initiée dès son enfance
24:17à la mandoline
24:18à ses racines italiennes
24:21Georges Brassens
24:22rend hommage
24:23dans certaines chansons
24:24comme celle qu'il a titrée
24:25à mon frère
24:27revenant d'Italie
24:28un peu plus bas
24:30sur les quais de la marine
24:32les Italiens ont déposé
24:34un mot et un plat à la fois
24:35la tièle
24:36cette tourte
24:38aujourd'hui indissociable
24:39de sept
24:39les Italiens
24:41ou plutôt les Italiennes
24:42à l'image de l'arrière-grand-mère
24:44de Sophie Ciani
24:45donc là on est
24:46devant le bar de la marine
24:48là où Adrienne
24:49avait son étal
24:50à coquillage
24:51c'était vraiment
24:52le coin très typique
24:54de sept
24:55et moi j'en ai
24:56des très beaux souvenirs
24:58c'était vraiment
24:59des vieilles poissonnières
25:00souvent identées
25:02qui me faisaient peur
25:03et donc c'est là
25:05que tout a commencé
25:06toutes les femmes
25:08et mamas italiennes
25:09préparaient ça
25:10chez elles
25:10mais personne
25:11n'en avait déjà mangé
25:13ou acheté
25:14dans une fabrique
25:15car en ce début
25:18de XXe siècle
25:19tandis que les hommes
25:20rentrés du large
25:21vendent les poissons nobles
25:23seuls
25:23ou rougets
25:24les femmes
25:25elles
25:26récupèrent au fond du filet
25:27le mets du pauvre
25:29le poulpe
25:30elle l'intègre
25:32dans une tourte
25:33venue de Campanie
25:34et baptisée de ce mot
25:35qui signifie
25:36couvercle en napolitain
25:37la Tielle
25:38c'est un secret de famille
25:41qu'on se transmet
25:42depuis 4 générations
25:43la garniture
25:45de la Tielle
25:46c'est du poulpe
25:47ou du calamar
25:48en sauce tomate
25:49avec des épices
25:51légèrement pimentés
25:52c'est du poulpe
25:55parce que les familles
25:56qui n'avaient pas
25:57beaucoup d'argent
25:58récupérer le poulpe
25:59que les pêcheurs
26:01ne gardaient pas
26:02parce qu'il y en avait
26:02beaucoup à l'époque
26:03et les femmes
26:05à la maison
26:05préparaient cette tourte
26:07pour nourrir leur famille
26:08c'est une histoire de femme
26:15qui a commencé
26:16avec mon arrière-grand-mère
26:18et puis ses filles
26:19on se transmet
26:20la recette
26:21de génération en génération
26:22je ne voulais pas
26:23que l'histoire s'arrête
26:25donc
26:26je voulais vraiment
26:28faire ce projet
26:28pour que ça continue
26:30et peut-être que ma fille
26:31après prenne la relève
26:33cette histoire de famille
26:39continue de couler
26:40dans les veines
26:40des descendants d'Italiens
26:42même s'ils sont devenus
26:43profondément
26:44ces toits
26:45sur les hauteurs
26:49surgit le cimetière marin
26:51tant célébré par Paul Valéry
26:53jadis
26:54les immigrés
26:55n'y avaient pas
26:56droit de repos
26:57il était réservé
26:58aux résidents
26:59les plus aisés
27:00aujourd'hui
27:01les noms italiens
27:03ornant les tombes
27:04sont légion
27:04comme une preuve
27:06de cette intégration réussie
27:07ils y sont désormais
27:09majoritaires
27:10à veiller sur la mer
27:12à veiller
27:13à veiller
27:14à veiller
27:15Générique

Recommandations