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  • 21/03/2023
Après les deux rejets des motions de censure, Laurence Rossignol, sénatrice PS de l'Oise et vice-présidente du Sénat estime que "la responsabilité principale est sur Emmanuel Macron, ce gouvernement est carbonisé. Il serait raisonnable de revenir en arrière, de ne pas imposer cette réforme que les Français ne veulent pas. J'attends du président de la République de l'empathie pour les Français."

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Transcription
00:00 – Merci Laurence Rossignol de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Sénatrice socialiste de l'Oise, vice-présidente du Sénat, on l'a vu,
00:06 la motion de censure a donc été rejetée hier à 9 voix près.
00:09 Vous êtes déçue ?
00:11 – Ah oui, 9 voix, on peut se dire qu'effectivement,
00:13 il s'en est fallu de quelques voix, de quelques députés LR
00:18 qui auraient eu le sursaut et le courage peut-être,
00:22 de se dire qu'ils pouvaient mettre un terme à ce climat
00:26 qui dans le pays aujourd'hui est en train d'inquiéter tout le monde.
00:28 Et en fait c'était ça l'enjeu de la motion de censure hier,
00:31 c'était de savoir si on pouvait remettre le pays sur pied,
00:37 d'un certain point de vue, mettre fin à ce conflit social
00:40 qui traîne depuis un mois.
00:43 – Pour vous c'est la responsabilité des LR ?
00:45 – Non, je pense que la responsabilité principale
00:47 elle est sur Emmanuel Macron, bien sûr.
00:49 Mais hier les députés LR avaient cette question-là,
00:52 est-ce que vous voulez l'ordre ?
00:54 Parce qu'en fait beaucoup ont dit "on est le parti de l'ordre"
00:56 et comme on est le parti de l'ordre on ne vote pas les motions de censure.
00:59 Pour rétablir l'ordre hier il fallait voter la motion de censure,
01:02 c'était peut-être un peu contre-intuitif pour eux
01:05 mais je crois qu'ils se sont trompés de réponse.
01:07 – Sachant que sur le fond beaucoup de députés LR,
01:09 à l'image des sénateurs LR, étaient pour un report de l'âge de départ
01:13 qu'ils demandaient.
01:14 – Oui mais vous savez, en politique on peut avoir des grandes ambitions,
01:18 on peut avoir des projets, on peut penser que ce serait bien de faire ça,
01:20 puis à un moment donné le réel vous amène à réviser vos certitudes.
01:26 Et j'entendais la Première Ministre a beaucoup attaqué Charles de Courson hier
01:30 sur le fait qu'il aurait changé d'avis.
01:33 Mais ce n'est pas simplement changer d'avis,
01:35 c'est mesurer l'impact d'une réforme sur le pays.
01:40 Et on peut se dire "ben voilà, je pensais que c'était bien de faire ça,
01:42 d'augmenter la durée du travail",
01:44 pour autant, étant donné ce que ça provoque dans le pays,
01:47 je pense qu'il serait raisonnable de revenir en arrière
01:51 et de ne pas imposer au pays quelque chose dont il ne veut pas.
01:54 Donc les députés LR et tous ceux qui auparavant auraient défendu
01:59 un recul de l'âge de la retraite et qui aujourd'hui ont changé d'avis,
02:03 l'ont fait parce qu'ils ont montré qu'ils n'étaient pas dogmatiques.
02:06 Concernez-moi au Président de la République,
02:07 qui quoi qu'il se passe, quoi qu'on lui dise,
02:10 quel que soit le climat dans le pays, continue à s'obstiner
02:13 à vouloir passer cette réforme dont plus personne ne comprend d'ailleurs
02:16 quelle est la signification et l'enjeu,
02:18 puisqu'ils ont changé trois fois d'explication.
02:20 Au début c'était pour faire une réforme juste,
02:22 ils nous ont raconté des tas d'histoires,
02:23 je ne reviens pas sur les 1200 euros, les 43 ans, etc.
02:26 Ensuite c'était une réforme pour sauver le régime de retraite,
02:30 et puis en la fin on apprend que c'est une réforme pour les marchés.
02:32 Donc on se dit, quelle était l'explication véridique ?
02:35 Peut-être aucune, probablement aucune en fin de compte.
02:37 – Mais est-ce que ce matin, alors qu'hier la réforme a été adoptée
02:40 par le Parlement, puisque rejet de la motion de censure
02:42 signifie adoption du texte,
02:43 est-ce que vous ce matin vous demandez encore son retrait ?
02:45 – Bien sûr, vous savez moi je n'ai pas oublié le CPE
02:48 que tout le monde a en tête, où la réforme a été retirée
02:51 après la promulgation de la loi.
02:53 Bien sûr qu'on demande son retrait, bien sûr que la manifestation,
02:57 la grande journée de mobilisation de jeudi va être encore très importante,
03:00 et nous allons utiliser, comme disait Jean-Marie Kohlmann,
03:03 tous les moyens, y compris les moyens légaux,
03:05 pour faire échec à cette réforme.
03:08 Donc le RIPL, le référendum d'initiative parlementaire,
03:13 et puis d'autre part le recours au Conseil constitutionnel,
03:16 nous ne lâcherons pas, il n'a pas lâché, nous ne lâcherons pas non plus.
03:19 – On va évidemment parler de tout ça, mais est-ce que vous demandez,
03:23 ce matin, le départ d'Elisabeth Borne ?
03:25 – Écoutez, Elisabeth Borne, qui est-elle dans cette affaire,
03:31 à part l'instrument de Sine d'Emmanuel Macron ?
03:35 Je ne demande pas non plus le départ du président de la République,
03:38 je demande, je ne sais pas si un autre gouvernement ferait autre chose,
03:43 est-ce qu'il faut proposer des arrangements entre la droite
03:47 qui a soutenu la réforme et Pilet en marche,
03:49 enfin tout ça n'a en fin de compte pas beaucoup d'importance.
03:50 – Un remaniement ne serait pas forcément la solution pour vous ?
03:52 – Je pense qu'ils y arriveront inéluctablement,
03:55 ce gouvernement est carbonisé, la Première Ministre l'est aussi,
03:58 j'entendais, vous disiez il y a un instant, le président de la République consulte,
04:01 alors j'ai quand même levé la tête, je me suis dit,
04:02 ah tiens, il va rencontrer enfin l'intersyndicale, pas du tout,
04:05 il consulte sa présidente de l'Assemblée, il consulte ses députés,
04:10 il consulte ses ministères, l'entre-soi.
04:12 – Et Gérard Larcher.
04:13 – Et Gérard Larcher, parce que c'est le président du Sénat,
04:17 et peut-être aussi parce qu'il a été d'un bon soutien dans cette loi,
04:19 disons-le également, mais en fait il se consulte entre eux,
04:23 c'est l'entre-soi macroniste d'une équipe qui gouverne hors sol notre pays
04:28 et qui continue de se congratuler entre elles-mêmes.
04:32 – Emmanuel Macron doit prendre la parole demain, il doit s'exprimer devant les Français,
04:35 il sera l'invité des 13 heures de TF1 et de France 2, qu'attendez-vous de lui ?
04:39 – Je ne sais pas ce que j'attends du retrait, bien entendu,
04:42 à cet instant je ne peux vous dire rien d'autre que le retrait,
04:46 et puis peut-être un peu d'empathie pour le pays,
04:49 moi j'ai été très frappée hier, j'ai écouté le discours de la Première Ministre,
04:52 j'ai trouvé ça d'une violence politique assez inédite,
04:55 elle n'a fait qu'essorer ses adversaires politiques,
05:01 tous ceux qui ne sont pas d'accord avec elle,
05:03 ce après quoi elle a essayé de mettre chacun devant ses contradictions,
05:07 pas un mot pour le pays, en fait, ceux qui ne comprennent pas,
05:10 ce qui m'étonne dans le macronisme c'est qu'ils ont deux pôles,
05:13 un pôle qui est d'une part les marchés, alors ça ils connaissent,
05:16 ils savent exactement ce que veulent les marchés,
05:18 l'autre pôle c'est les petites histoires de la politique,
05:21 la politique aérie, moi j'appelle ça,
05:22 c'est-à-dire un tel qui va peut-être se retourner,
05:25 ou peut-être qui va nous soutenir, la politique à 2 euros, pas plus que ça,
05:29 et entre les deux il y a le pays, et ça ils n'y connaissent rien,
05:32 ils n'ont pas d'histoire dans les luttes,
05:35 ils ne savent pas ce que c'est que le mouvement social,
05:37 je ne sais pas quelles sont les études qu'ils ont faites,
05:38 mais dans leurs études apparemment ils ont quand même zappé la formation
05:42 sur l'histoire du mouvement ouvrier, des luttes sociales et des acquis sociaux,
05:46 ceci n'est pas dans leur champ,
05:47 et ils ont mis ce pays à feu et à sang aujourd'hui,
05:50 dans des conditions qui sont les plus mauvaises d'un certain point de vue,
05:53 dans le contexte dans lequel on est, aussi bien en France,
05:55 où on sait qu'il y a de la radicalité,
05:57 et on l'a vu avec la fin des gilets jaunes, pas le début,
06:01 au début c'était un beau mouvement,
06:02 mais on a vu après ce qui s'est passé à la fin,
06:05 on sait que partout dans le monde aujourd'hui la démocratie est contestée,
06:09 les gens ne pensent plus que la démocratie est le meilleur des systèmes
06:12 pour répondre à leurs problèmes,
06:14 et le Président de la République accroît le désamour pour la démocratie,
06:17 parce qu'au bout de tout ça, qu'est-ce qu'on en déduit ?
06:20 Que ça ne sert à rien de voter,
06:22 le seul vote qui compte c'est celui pour le Président de la République,
06:24 puisque de toute façon à la fin il va tordre le bras de tous les députés,
06:28 grâce à mille et une techniques de la Constitution
06:35 et des règlements des parlements,
06:37 donc à la fin il n'y a qu'un seul vote qui compte,
06:38 c'est celui du Président de la République,
06:40 mais ça ce n'est plus une démocratie,
06:42 c'est un plébiscite permanent,
06:44 et aujourd'hui puisqu'il a autant besoin de montrer au pays
06:49 qu'il gouverne tout,
06:51 qu'il aille devant le pays,
06:53 c'est le but du référendum que nous demandons.
06:56 – Et justement on va en parler,
06:57 puisque effectivement vous continuez le combat contre cette réforme des retraites,
07:01 la gauche compte faire plusieurs recours,
07:02 on voit tout ça avec notre journaliste parlementaire Alex Poussard.
07:06 [Générique]
07:13 – Bonjour Alex. – Bonjour Ariane.
07:14 Bonjour Laurence Rossignol. – Bonjour.
07:15 – Et Alex, la gauche et le Rassemblement National doivent saisir aujourd'hui
07:18 le Conseil constitutionnel pour essayer d'obtenir la censure
07:20 de la réforme des retraites, est-ce que c'est possible ?
07:22 – Eh bien Ariane, disons qu'il y a plusieurs arguments
07:24 qui laissent penser que cette réforme des retraites
07:26 pourrait être toquée au moins partiellement par le Conseil constitutionnel,
07:29 avec plusieurs points litigieux.
07:31 D'abord le véhicule législatif,
07:33 le gouvernement a choisi un budget de la Sécurité sociale rectificatif
07:36 pour faire passer cette réforme des retraites,
07:39 ce qui a limité le temps de débat parlementaire à 50 jours dans les deux chambres,
07:43 c'est le fameux article 47.1 de la Constitution,
07:46 et cette mesure avait déjà été critiquée par le Conseil d'État.
07:48 Ensuite certains points du texte n'ont pas de lien
07:52 avec un budget de la Sécurité sociale,
07:53 c'est le cas de l'index sur l'emploi des seniors,
07:56 cette mesure pourrait être balayée par les sages du Conseil constitutionnel.
08:01 Et puis lors du débat au Sénat, la droite sénatoriale et le gouvernement
08:04 ont utilisé de nombreux leviers de procédure,
08:07 des articles du règlement du Sénat, des articles de la Constitution
08:09 pour accélérer les débats, ce qui fait espérer à la gauche
08:13 que ce débat parlementaire soit déclaré insincère par le Conseil constitutionnel.
08:19 En tout cas une réforme des retraites retoquée,
08:21 la présidente du groupe communiste au Sénat y croit.
08:24 Écoutez Eliane Assassi.
08:25 – Il y a plusieurs mesures de cette réforme des retraites
08:29 qui n'ont strictement rien à voir avec un projet de loi de financement
08:32 de la Sécurité sociale, donc nous allons laisser le Conseil constitutionnel
08:37 donner son avis sur ce point, mais sur d'autres aussi qui sont dans le texte.
08:42 Donc oui, pour nous ce texte est illégitime, il est illégitime
08:46 parce que nous pensons que constitutionnellement il est à côté des clous
08:50 et nous pensons qu'il est illégitime parce qu'il n'a pas de majorité dans le pays.
08:53 – Et Alex, les parlementaires de gauche veulent aussi lancer
08:55 un référendum d'initiative partagée sur la réforme des retraites,
08:58 mais le chemin est long.
08:59 – Oui, l'idée c'est d'obliger Emmanuel Macron à organiser un référendum
09:02 sur le report de l'âge de départ à la retraite, c'est possible,
09:04 mais il y a plusieurs étapes à passer.
09:06 Première étape, il faut qu'au moins 185 parlementaires
09:09 signent une proposition de loi en faveur de ce référendum, alors ça c'est fait,
09:13 le texte vient d'être déposé à l'Assemblée nationale et validé.
09:17 Deuxième étape, plus compliqué, ce référendum doit être soutenu
09:20 par 4,87 millions de signatures de citoyens.
09:25 Les parlementaires de gauche auront 9 mois pour recueillir ces signatures,
09:30 période pendant laquelle la réforme peut être suspendue,
09:32 et une étape très difficile avec par exemple le référendum d'initiative partagée
09:37 sur la privatisation d'Aéroports de Paris qui avait trébuché sur cette étape,
09:41 il n'avait recueilli qu'un million de signatures,
09:43 même si c'était déjà un bon score, on peut l'admettre.
09:46 Et puis dernière étape, si ces signatures citoyennes sont récoltées,
09:50 le Président de la République doit organiser ce référendum
09:53 si jamais le Parlement n'examine pas la proposition de loi dans les 6 mois,
09:57 et si le Parlement examine le texte, cela mettra un terme à la procédure
10:01 de référendum d'initiative partagée.
10:03 Laurence Rossignol, d'abord sur l'examen par le Conseil constitutionnel
10:07 de ces recours déposés par la gauche et par l'Assemblée nationale,
10:10 est-ce que vous pensez que cette réforme peut être retoquée ?
10:13 – Écoutez, je pense que dans cette réforme il y a beaucoup de vices,
10:15 à tous les sens du mot vices, c'est-à-dire qu'il y a une approche vicieuse
10:20 de la part du gouvernement, de la procédure choisie,
10:23 et puis il y a des vices de procédure ensuite,
10:26 dans la manière dont les choses se sont faites.
10:29 Pourquoi je dis qu'il y a un vice ?
10:30 Parce que déjà, choisir un projet de loi de financement,
10:34 de la sécurité sociale rectificatif, pour une réforme,
10:37 dont l'objet n'est pas des incidences budgétaires sur les budgets sociaux,
10:42 l'objet est de reporter l'âge de la retraite.
10:45 Déjà, c'est un choix qui était un choix,
10:47 et là je reviens sur le premier sens du mot vicieux,
10:49 c'était vicieux parce que le but était que le débat soit court,
10:53 à l'Assemblée, puisque c'est un débat encadré dans le temps,
10:56 et ensuite que le gouvernement puisse user d'un 49-3,
10:58 puisque l'usage du 49-3 est illimité, sur les textes financiers,
11:02 alors qu'il est limité sur les autres projets de loi.
11:07 Donc déjà il y a ça.
11:09 Première chose, quand même, sur laquelle le Conseil devra se prononcer.
11:13 Donc, une fois qu'on a dit ça, il y a dans ce texte beaucoup d'articles
11:15 qui n'ont pas d'incidence financière sur le budget de la Sécurité sociale 2023.
11:20 Qu'est-ce qu'ils font là ?
11:21 Est-ce que ce sont des cavaliers ?
11:22 Parce que nous, à chaque fois qu'on fait un amendement,
11:24 on nous dit "ah non, cavaliers, vous ne pouvez pas demander au Sénat
11:28 de discuter de cet amendement, c'est un cavalier".
11:31 Alors on va voir si dans cette affaire-là,
11:32 combien il y a de cavaliers dans la loi.
11:37 Enfin, dernière chose, l'accumulation de toutes les procédures,
11:41 toutes, à l'Assemblée comme au Sénat,
11:43 toutes les procédures constitutionnelles et celles des règlements
11:47 qui visent toutes à éteindre le débat.
11:50 Et ce qui fait qu'à l'Assemblée, le texte n'a pas été voté,
11:53 en première lecture, comme on le sait,
11:55 et qu'au Sénat, il a été ensuite par une procédure de vote bloquée
11:59 qui a empêché que les amendements de l'opposition
12:02 soient soumis au vote du Sénat et puissent être discutés.
12:05 Et enfin, une commission mixte paritaire qui a travaillé sur,
12:09 d'un côté, un texte non adopté dans une des chambres à l'Assemblée
12:13 et de l'autre, un texte adopté sans respect du droit d'amendement des sénateurs.
12:19 Donc effectivement, le Conseil constitutionnel a de quoi réfléchir et censurer.
12:25 – Mais vous espérez une censure totale ?
12:29 – Ecoutez, moi j'espère une censure suffisante pour que le gouvernement
12:33 soit obligé de reculer sur l'allongement, le report de l'âge de la retraite.
12:37 C'est le sujet, il n'y a qu'un seul sujet dans cette affaire.
12:40 Les gens ne peuvent pas travailler deux ans de plus comme le gouvernement leur demande.
12:45 Voilà, c'est le seul sujet.
12:46 Et je voudrais dire une chose, profitez que je suis chez vous,
12:49 on a entendu beaucoup, beaucoup d'argues-ci de la part du gouvernement,
12:53 en particulier sauver le régime de retraite, rétablir les finances publiques,
12:59 satisfaire les marchés.
13:01 Savez-vous, est-ce que les gens qui nous écoutent savent que depuis 2017,
13:06 ce gouvernement a privé les finances publiques de 500 milliards d'euros ?
13:13 Depuis 2017, le cumulé de tous les cadeaux fiscaux qu'ils ont faits,
13:18 de tous les allégements d'impôts pour les plus riches,
13:21 c'est 500 milliards d'argent public en moins.
13:23 – Pas tout pour les plus riches.
13:25 – Beaucoup pour les plus riches quand même, beaucoup, beaucoup pour les plus riches.
13:28 Parce que les plus riches, on voit bien, on voit nettement dans les enquêtes
13:32 comment les plus riches ont vu leurs revenus s'accroître
13:35 et leur patrimoine s'accroître,
13:36 en revanche on ne voit pas de progrès de pouvoir d'achat chez les autres.
13:40 Donc in fine, c'est bien pour les plus riches,
13:41 mais surtout c'est que ça a dévitalisé, asséché les services publics,
13:47 et les services publics c'est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas,
13:50 c'est ce que les moins riches ont pour accéder à la santé, à l'école, à la justice.
13:54 Donc ce gouvernement qui vient nous expliquer qu'il faut de l'argent,
13:57 500 milliards d'euros de cadeaux depuis 2017,
13:59 je crois que s'ils n'ont pas compris que leur politique,
14:03 les Français n'en veulent plus parce qu'elle est profondément injuste,
14:06 c'est ça aujourd'hui qui met les gens dans la rue,
14:08 c'est l'injustice globale de la politique macroniste.
14:10 – Sur le référendum d'initiative partagée, on l'a vu, le chemin est très long
14:13 pour pouvoir organiser ce référendum sur la réforme des retraites,
14:16 est-ce que vous pensez pouvoir y arriver
14:18 ou est-ce que l'objectif c'est simplement de retarder l'application de cette réforme ?
14:21 – Non, non, je pense que les 4,9 millions de signatures, ils sont atteignables,
14:26 vous disiez il y a un instant, à Dépé, on avait fait 1 million,
14:28 la marge était encore haute, mais enfin quand même,
14:30 1 million sur ADP qui ne concerne pas tout le monde,
14:33 c'était déjà pas mal, donc il y a une disponibilité.
14:35 Là aujourd'hui, avec 93% des salariés hostiles à la loi,
14:39 7 Français sur 10 hostiles à la loi, si on travaille bien,
14:43 on n'est pas tout seul, en plus il y a des relais,
14:45 les organisations syndicales, tout le monde peut, à un moment donné,
14:49 venir soutenir et nourrir les 4,9 millions de signatures nécessaires,
14:54 je crois vraiment que c'est possible d'y arriver.
14:58 – Jean-Luc Mélenchon, il appelle à la censure populaire,
15:00 vous partagez cette expression et cet appel ?
15:04 – C'est un effet de communication, on ne peut pas dire aux gens aujourd'hui,
15:09 "ben voilà, c'est fini, l'histoire est terminée, le gouvernement a fait le 49-3,
15:13 il a manqué 9 voix, donc maintenant vous pouvez retourner chez vous
15:15 et vous préparez à travailler 2 ans de plus", on ne peut pas dire ça,
15:19 et on voit bien que de toute façon, il y a de la mobilisation,
15:22 elle est là et elle ne va pas s'arrêter.
15:24 – Et vous craignez qu'elle se radicalise, qu'elle dégénère,
15:27 qu'il y ait beaucoup de violence ?
15:28 – Bien sûr que je crains que les mobilisations connaissent
15:31 des moments de radicalisation, des moments de violence,
15:35 pour autant, ce n'est pas une raison suffisante pour cesser la mobilisation.
15:42 Voilà, le gouvernement a fait le choix de la radicalisation,
15:45 moi je leur avais posé la question pendant le débat au Sénat,
15:48 "et après, qu'est-ce que vous voulez, le pourrissement, la radicalisation ?"
15:52 C'est ce choix qu'ils ont fait, on ne fait pas une réforme des retraites
15:55 sans la CFDT, je ferai dire ça comme ça depuis le début,
15:58 donc le choix qu'ils ont fait, c'est de marginaliser
16:01 les organisations syndicales représentatives, et en faisant ça,
16:04 bien entendu, qu'ils laissent un champ à la radicalisation
16:07 et à des manifestations plus violentes, et ils espèrent qu'avec ça,
16:12 ils vont nous faire reculer d'un certain point de vue dans notre détermination,
16:16 et qu'on va dire "ah ben non, sous prétexte qu'il peut y avoir
16:19 d'ici et là des événements plus tendus, il ne faut pas se mobiliser",
16:24 c'est un chantage, le gouvernement fait du chantage sur le mouvement social,
16:28 et ce chantage-là, on ne l'accepte pas.
16:31 – Merci Alex, à tout à l'heure,
16:32 on va parler des conséquences sur les Républicains.
16:34 – Oui, qui sont toujours autant divisés sur cette réforme des retraites.
16:37 – Et on va voir les conséquences de ce mouvement dans votre département de Loise
16:40 avec nos partenaires de la presse régionale,
16:42 on retrouve Jean-Marc Chebauché, bonjour Jean-Marc,
16:44 merci beaucoup d'être avec nous, rédacteur en chef adjoint au Courrier Picard,
16:47 et Jean-Marc, vous allez revenir justement sur cette réforme des retraites
16:50 et les répercussions sur la politique locale.
16:53 – Eh bien oui, dans Loise, la recoposition politique est peut-être déjà en marche,
17:00 puisqu'on sait, surtout à droite, qu'Éric Woerth est devenu macroniste.
17:05 Hier, un des rares députés des Républicains
17:10 à avoir voté les deux motions de censure,
17:12 est Maxime Minot, député de Loise, Les Républicains,
17:15 qui a voté également la motion du Rassemblement national.
17:19 Alors, ma question pour Laurence Rossignol, à travers ce qui s'est passé hier
17:25 et les répercussions que ça a dans votre département,
17:28 est-ce que vous analysez cela aussi comme une recomposition de la droite dans Loise
17:35 qui peut aller jusqu'à l'extrême droite,
17:38 entre ce qui s'est passé avec Éric Woerth, qui est devenu macroniste, je le disais,
17:43 et Maxime Minot qui a voté hier pour la motion du Rassemblement national ?
17:48 – Le département de Loise est un département dans lequel
17:50 le Rassemblement national est fort, depuis longtemps,
17:54 depuis déjà moins 20 ans, le Fonds national faisait déjà des gros scores,
17:59 il continue, on a trois députés RN dans ce département,
18:02 alors que c'est un département populaire,
18:05 c'est un département industriel, historiquement,
18:07 c'est un département de salariés,
18:09 beaucoup de gens travaillent aussi dans le tertiaire, en Ile-de-France,
18:13 et c'est un département avec des zones urbaines denses
18:17 et puis beaucoup, beaucoup de villages,
18:19 et effectivement le RN fait des scores importants dans les villages, dans le département.
18:24 Je n'avais pas repéré que Maxime Minot avait aussi voté la deuxième motion de censure,
18:28 celle du Rassemblement national, je pense qu'il a eu tort,
18:31 mais je sais que dans notre département,
18:34 la porosité entre la droite et l'extrême droite n'est pas nouvelle,
18:39 je vous rappelle quand même qu'en 1998, si ma mémoire est bonne,
18:45 à peu de choses près, au moment où la région était dirigée par Charles Bord,
18:52 Charles Bord avait été élu par une alliance entre la droite traditionnelle
18:57 et le Front National de l'époque,
18:59 donc il y a eu une histoire dans ce département de porosité.
19:03 Il faut surveiller ça avec beaucoup de vigilance,
19:08 et j'ajoute quand même que les sénateurs LR,
19:11 en revanche ont voté la réforme des retraites, tous.
19:17 Donc la droite est aussi divisée entre ses élus dans le département,
19:21 certains votent la motion de censure et d'autres votent la réforme.
19:23 C'est un peu à l'image de ce qu'attendent les Républicains,
19:27 mais ce département nous inquiète, enfin oui, m'inquiète,
19:29 parce qu'effectivement, vous le manifestez bien,
19:32 il y a des recompositions possibles.
19:36 – Et le RN, au-delà de l'Oise, le RN sort gagnant de cette séquence pour vous ?
19:41 – Écoutez, je ne sais pas.
19:43 Je ne sais pas si le Rassemblement National sort gagnant de cette séquence.
19:47 Moi j'ai fait toutes les manifestations, pas dans toute la France,
19:50 j'ai fait dans mon département, Compiègne, La Bouvette,
19:52 ce département dont on disait il y a un instant
19:55 qu'il y a un terreau favorable au vote RN,
19:58 ce que j'ai vu dans les manifestations,
20:00 ce n'est pas des gens qui se reconnaissaient dans le RN.
20:03 Mais puisque vous posez la question,
20:06 je voudrais quand même attirer l'attention sur ce qui nous attend
20:08 dans les semaines qui viennent.
20:09 Après cette séquence désastreuse dans laquelle le pays ressort amer, humilié,
20:15 le gouvernement a choisi de mettre comme prochain texte à l'ordre du jour l'immigration.
20:21 L'immigration c'est un sujet qui est un sujet pour le RN facile,
20:27 parce que ça tient en trois phrases, "dehors les immigrés",
20:30 en trois mots, "dehors les immigrés".
20:32 Or c'est un sujet éminemment plus complexe que ça.
20:34 Et après cette séquence où le pays sort totalement désemparé,
20:39 on donne, le gouvernement donne au RN un sujet sur lequel il va pouvoir caracoler,
20:46 se balader avec ses discours simplistes sur l'immigration,
20:49 ça veut dire qu'on va donner au RN la possibilité de désigner des boucs émissaires
20:55 dans un moment où les gens vont mal.
20:56 Je trouve que de la part du gouvernement c'est irresponsable.
21:00 Je lui demande de retirer ce texte.
21:01 Et je lui demande de retirer de l'ordre du jour du Parlement
21:05 ce texte sur l'immigration qui va polluer et empuanter le débat politique
21:12 pendant encore un long moment.
21:15 Voilà, si ce gouvernement veut réellement défendre la démocratie,
21:19 eh bien il retire le texte sur l'immigration.
21:21 – Merci Jean-Marc Chevauché, merci d'avoir été avec nous,
21:23 la une du Courrier Picard dans son édition de l'Oise,
21:26 "9 voix et 64 ans", c'est à la une de votre journal.
21:29 Merci beaucoup Jean-Marc Chevauché,
21:31 on va parler avant de se quitter, Laurent Saussignol,
21:33 d'un texte qui est examiné aujourd'hui au Sénat, venu de l'Assemblée.
21:37 C'est un texte qui vise à mieux protéger les enfants victimes
21:41 de violences intrafamiliales.
21:43 Il rend notamment plus systématique le retrait de l'autorité parentale,
21:47 notamment en cas d'agressions sexuelles incestueuses.
21:50 Est-ce que ce texte va assez loin pour vous ?
21:53 – Alors, ce texte est un bon texte.
21:55 Et je remercie ma collègue Isabelle Santiago
21:58 de l'avoir fait adopter à l'Assemblée nationale.
22:01 Il y avait deux options, soit on vote le texte conforme au Sénat
22:04 et il est tout de suite mis en œuvre,
22:06 soit ce n'est pas le cas et on va encore perdre du temps.
22:10 Donc à partir du moment où visiblement la rapporteure
22:12 n'a pas voulu que ce texte soit mis en application rapidement
22:15 et va déposer des amendements,
22:16 je peux me permettre de dire qu'à mon sens,
22:19 il faut aller beaucoup plus loin.
22:21 Je vais vous le dire, tous les jours,
22:23 je reçois des appels, des mails de femmes
22:28 séparées de leur conjoint et du père de leurs enfants,
22:32 dont les enfants subissent des agressions sexuelles chez le père,
22:36 pendant les week-ends de garde chez le père.
22:39 Et les juges ne les écoutent pas, ne les croient pas,
22:44 ni les mères, ni les enfants.
22:46 De femmes qui sont désespérées,
22:48 vous regardez, je peux vous donner dix cas comme ça,
22:51 y compris de femmes connues, célèbres, reconnues
22:54 pour leur talent dans un certain nombre d'activités dans ce pays
22:58 et qui sont en but à une incompréhension
23:02 et une suspicion de la justice,
23:05 qui sont obligées de renvoyer leurs enfants
23:06 tous les week-ends chez un père qui les maltraite,
23:09 des gamins qui rentrent et qui racontent des choses épouvantables,
23:13 que je n'ose même pas vous dire ce que les enfants racontent.
23:17 À ce moment-là, il y a toujours un expert psychologique,
23:19 psychiatrique qui arrive et qui dit,
23:21 la mère manipule l'enfant, l'enfant affabule,
23:24 la sexualité chez l'enfant est un sujet de fantasme.
23:27 Résultat, les enfants sont obligés de retourner chez le père,
23:29 les mères sont désespérées,
23:30 un certain nombre d'entre elles quittent le territoire
23:32 avec leurs gamins pour les protéger.
23:34 Et contre ça, nous ne faisons pas assez, nous ne faisons rien.
23:38 Donc la proposition de loi de Isabelle Santiago
23:40 est une bonne proposition de loi.
23:42 Et puis je veux dire une deuxième chose sur la procédure législative.
23:45 On y revient tous les ans,
23:48 on a un nouveau texte pour corriger les insuffisances du suivant.
23:50 Depuis 2017, on en est au quatrième.
23:52 À un moment donné, il faut prendre les mesures nécessaires.
23:55 C'est du travail de gribouille ce qu'on fait là.
23:57 Merci Laurence Rossignol.
23:59 Et c'est cet après-midi que le Sénat examinera ce texte.
24:01 Merci beaucoup d'avoir été notre invitée.
24:03 Dans 20 minutes, dans le Club des territoires,
24:04 on reviendra sur le vote de cette motion de censure
24:07 qui a échoué à neuf voix près.
24:09 Analyse à suivre dans le Club.
24:10 Et on en parle tout de suite avec notre prochain invité,
24:12 François-Xavier Bellamy.

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