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##NOEPISODE##
Transcription
00:00Claire est avec nous. Bonjour Claire.
00:02Oui, bonjour.
00:03Merci d'être avec nous, Claire.
00:06Eh bien, vous vous écoutes, allez-y.
00:09Oui, voilà. Bonjour Brigitte. Bonjour Claude.
00:12Voilà, donc moi je me suis trouvée en couple depuis une bonne vingtaine d'années.
00:19Donc avec une personne qui avait quand même tendance à avoir des dépressions,
00:28qui l'a amené à avoir des comportements plus ou moins difficiles.
00:35Jusqu'à dernièrement, où là, en plus malheureusement pour lui,
00:40il a eu une maladie, une opération chirurgicale assez grave,
00:47qui l'a amené à rester pendant deux, trois mois,
00:52ne pas faire d'efforts physiques, lui il bougeait pas mal.
00:55Voilà, donc ça a été très dur pour lui.
00:59Et il a pris conscience, enfin à sa façon, on va dire,
01:04de dire bon, j'ai quand même frôlé la mort par cette maladie.
01:11J'ai pris conscience qu'il fallait que je vive pleinement ma vie.
01:14Et là, il m'a un petit peu imposé des choses ou faire accepter des choses
01:20que j'ai eu du mal d'ailleurs à comprendre déjà qu'il a acceptées.
01:26Vous avez dit le mot, il vous a imposé des choses,
01:29c'est-à-dire que vous n'avez pas eu le choix.
01:32C'est vrai que c'est arrivé brutalement.
01:36Il a voulu vivre une vie complètement différente de ce qu'il avait vécu avec moi,
01:40alors qu'on s'entendait quand même bien.
01:46Me faire accepter, voilà, il allait dans les clubs échangistes.
01:50Bon, clubs échangistes, oui.
01:53Après, le reste...
01:53Tout seul.
01:55Tout seul.
01:56Bon, à un moment donné, il est vrai que je l'avais accompagné
01:58pour un petit peu cet endroit, quoi, pour connaître,
02:01pour voir avec lui.
02:03Partager, non.
02:04Moi, je n'ai pas vraiment apprécié.
02:06Oui, ce n'est pas votre truc, vous n'avez pas à vous sentir obligé de...
02:10Enfin, du moins, me l'avoir amené de cette façon.
02:13Je veux dire, c'était trop brutal, c'était...
02:16Mais voyez, Claire,
02:19on ne sait pas ce que vous avez fait,
02:21mais dans ce cas-là, je crois que vraiment une thérapie de couple
02:25aurait été indispensable,
02:28parce que là, il vous impose quelque chose.
02:32On peut comprendre qu'il ait eu un sursaut de pulsion de vie,
02:36parce qu'il a eu peur de mourir
02:37et qu'il voulait profiter des dernières années, etc.
02:40On peut comprendre.
02:42Et vous l'avez visiblement compris,
02:44mais il ne sait pas une seconde poser la question
02:48de ce qu'il vous imposait.
02:49Et ça, un thérapeute l'aurait obligé à se rendre compte.
02:54Et parce que quand vous parlez d'imposer,
02:56c'est ça qui me bloque toujours.
02:57Dans un couple, on peut avoir...
03:00Il n'y a pas de jugement à avoir.
03:01Si lui, il a envie...
03:03Là, il a pris conscience de certaines choses,
03:04il a envie de vivre différemment.
03:06Pourquoi pas ?
03:08Par contre, le faire sans vous demander votre avis
03:11ou sans le faire à deux,
03:12parce que c'est ça, le propre à deux,
03:14c'est surtout trouver une entente.
03:16Et quand vous dites imposer,
03:18je veux dire, ce n'est pas votre père.
03:19Vous voyez, c'est imposé dans un couple.
03:21Pour moi, il y a une égalité,
03:22il y a quelque chose de partage.
03:24Et dès qu'on est dans l'imposition,
03:26ça ne peut pas marcher.
03:27Et là, c'est vrai qu'il y a besoin d'un thérapeute,
03:29parce que ça veut dire que vous,
03:30peut-être une difficulté à mettre des limites,
03:31peut-être lié parce qu'il a été malade
03:34et que vous n'avez pas envie non plus...
03:35Vous avez envie qu'il aille bien ?
03:37Il y a peut-être une culpabilité ?
03:39Oh, si, oui, c'est vrai.
03:41Je l'ai un petit peu ressenti comme ça également.
03:44Mais vous n'avez pas envie de le perdre.
03:46Donc, vous vous dites,
03:48je vais accepter, mais...
03:49Oui.
03:50Mais je...
03:51Enfin, encore une fois,
03:52peut-être que vous auriez aussi accepté
03:56avec un thérapeute, vous voyez.
03:57Mais au moins, il aurait entendu
04:00l'effort que vous faites.
04:03Parce que là, on a l'impression
04:04que tout est normal pour lui.
04:07Voilà, c'est ça.
04:08C'est, oui, pourquoi tu ne comprends pas ?
04:11Tu n'acceptes pas ?
04:12Il faut arrêter avec tes idées.
04:13Alors, je ne sais pas du tout,
04:14mais encore en plus,
04:15tes idées judéo-chrétiennes,
04:16tu as été élevées comme ça,
04:17on a été élevées comme ça.
04:19Je lui dis, non, ça n'a rien à voir.
04:21C'est simplement, pour moi, c'est brutal.
04:22Je ne sais pas...
04:24Mais c'est, c'est...
04:25Tu sors de l'hôpital,
04:26de ton...
04:28Voilà, et tu t'amènes comme ça.
04:31Et enfin, il faut dire, non,
04:32c'est moi qui lui avais dit,
04:33tu pourras venir à la maison
04:36parce qu'on vivait ensemble
04:38plus ou moins ensemble au même endroit.
04:42Mais enfin, on était très souvent
04:43quand même ensemble.
04:44Voilà, et donc partager mon domicile,
04:47il était tout content,
04:48il se sentait protégé,
04:50il se sentait, puis lui,
04:51et puis il est parti dans...
04:53Je dirais presque dans ses délires, quoi.
04:56Parce que ça a été de plus en plus.
04:58Ça a été autre chose après que les...
04:59Oui, mais il est certain.
05:01Il est certain qu'il y a quelque chose
05:02de cet ordre-là.
05:03Vous avez raison.
05:04Vous analysez très bien la situation,
05:06mais ce n'est pas pour autant
05:07que vous êtes obligés de la subir.
05:09Voilà, et puis,
05:10et puis, il a été encore plus loin.
05:14On s'amuse, on rigole de tout.
05:16Enfin, des choses.
05:16Moi, je ne faisais pas trop rire.
05:18Même prendre comme ça, par exemple,
05:20un ami à lui,
05:21« Tiens, vous ne vous déplaisez pas.
05:23Tiens, je t'envoie son numéro de téléphone.
05:26Tu l'appelles.
05:26Vous rigolez. »
05:27Enfin, bon, c'était vraiment l'extrême.
05:29Et j'ai dit « Non, là, c'est trop. »
05:30Et j'ai pris la décision.
05:32Je l'ai mis dehors.
05:34Je lui ai dit « Non, ça ne peut plus. »
05:36Voilà.
05:36Vous vous êtes respectée.
05:39Oui, parce qu'à un moment donné,
05:42je me suis vue.
05:43C'est vrai, je m'oubliais, en fait.
05:45J'étais...
05:45Je perdais ma dignité.
05:47Oui, on peut appeler ça comme ça.
05:48C'était plus moi.
05:50C'était à travers lui, voilà.
05:53C'est la soumission.
05:54C'était des choses.
05:56Et quand on se soumet,
05:59ça crée beaucoup de colère.
06:00Donc, c'est vraiment...
06:01Bravo.
06:03Voilà.
06:03D'avoir repris votre pouvoir,
06:05comme on dit.
06:08Il est pris, je le ressens.
06:10Oui, oui.
06:10Bien sûr, vous avez...
06:12C'est ce qu'il fallait faire,
06:13de toute façon.
06:13Sinon, vous vous seriez tué à petit feu.
06:17Mais ce qu'il faut bien vous dire, Claire,
06:19c'est que son sursaut,
06:21qui est un mécanisme de défense,
06:24là, en l'occurrence,
06:25ce n'est pas forcément son vrai désir.
06:28C'est un mécanisme de défense
06:29qui lui permet de se sentir en vie
06:32et non pas en mort,
06:34puisqu'il a eu très peur de la mort.
06:37Mais ça va l'effondrer,
06:39à un moment donné.
06:40Moi, je pense qu'il va avoir
06:41un contre-coup terrible.
06:43Après, est-ce que vous aurez envie
06:45de le reprendre ou pas ?
06:46C'est vous qui choisirez.
06:47Mais il est fort probable
06:48que ça ne va pas mener bien,
06:53bien, bien, cette histoire.
06:54Parce que ce n'est pas son vrai désir, là.
06:57C'est quelque chose qui...
06:58Vous savez, c'est un peu comme
06:59on sombre dans l'alcoolisme
07:01ou on sombre dans l'addiction sexuelle.
07:04Donc là, c'est une réaction à.
07:06C'est-à-dire un sentiment
07:07de se sentir vivant d'un coup.
07:09Il y a comme quelque chose d'enfantin.
07:10On ne voit même pas l'autre en face.
07:12C'est-à-dire qu'on est dans
07:13notre toute puissance de
07:14je veux vivre comme ça
07:16parce que j'ai vécu proche de la mort
07:17ou j'ai vécu un événement
07:19où j'aurais pu mourir.
07:20Donc, on a envie de vivre.
07:21Mais c'est vrai que je suis d'accord
07:22avec Brigitte,
07:23ça risque de ne pas durer.
07:26Vous verrez.
07:27Oui.
07:28Après, ça dépendra de moi
07:30parce qu'il est vrai
07:30que ça a été extrêmement difficile.
07:32Bien sûr, ce sera votre choix.
07:35Moi-même, être en dépression,
07:37ça a été très dur.
07:38Ça a duré quelques mois
07:39et là, je sens que je commence
07:41un petit peu à sortir du tunnel,
07:45on va dire,
07:46mais avec quand même des traces
07:48qui me poursuivent.
07:51C'est difficile, oui.
07:52Vous avez 20 ans.
07:53Voilà, c'est difficile.
07:54Oui.
07:54Oui, vous avez perdu votre amour.
07:57Vous êtes en rupture.
07:59Donc, c'est difficile,
08:00mais vous pouvez être fière de vous.
08:01C'est ce qu'il faut vous dire.
08:02Oui.
08:06Bah oui.
08:07Bah oui.
08:08Bah oui.
08:09Bah oui, parce que vous vous êtes respectée.
08:11Qu'est-ce que vous voulez ?
08:13Oui.
08:15Oui, oui.
08:15C'est ce qu'on disait.
08:20C'est-à-dire que de se respecter,
08:22c'est ça, c'est de l'amour,
08:22c'est se donner de l'amour
08:23et c'est se donner de la confiance en soi
08:25et ça change aussi beaucoup de choses
08:27avec l'autre après.
08:28Pour moi, c'est des actes vraiment fondateurs
08:31d'une bonne estime de soi
08:32qui fait qu'après,
08:35vous pouvez faire des choix sains et adaptés.
08:39Sains, oui.
08:41Ils ont comme un accord.
08:42Enfin, mutuellement, c'est ça.
08:44Tout à fait.
08:45Le partage de toutes sortes.
08:49Et il est vrai que lui, il faisait,
08:51je trouvais des interprétations de liberté,
08:54entre guillemets, à sa façon.
08:57Enfin, ce qui l'arrangeait quand même.
08:59Mais ça, on trouve toujours les bons arguments
09:02pour se convaincre qu'on a raison.
09:05Mais non, ça montre bien
09:10à quel point il est dans le déni
09:12de ses actions.
09:16Ce n'est pas du tout le fond vraiment
09:19de son désir à lui.
09:21Je le pense aussi.
09:23Malgré qu'il m'ait dit une fois,
09:25oui, tu m'as bridé.
09:28Mais je dis, attends, en 20 ans,
09:29on ne reste pas bridé avec une personne.
09:31À un moment donné, on se montre...
09:33Alors ça, tu m'as bridé.
09:35Je le dis à tout le monde, à tous les auditeurs,
09:37l'autre n'a pas ce pouvoir-là.
09:39Et là, c'est un petit garçon qui parle à sa maman.
09:41C'est un petit garçon qui peut dire ça.
09:43Tu m'as bridé.
09:44L'autre n'a pas ce pouvoir-là.
09:45On se laisse brider.
09:46Donc, vous avez fait le bon choix.
09:50D'accord.
09:51Écoutez, je vous remercie.
09:53Ça m'apaise quand même quelque part.
09:55Parce que c'est vrai que de mon côté,
09:56j'ai quand même besoin qu'on me dise...
09:59Oui, bon, tu as pris quand même la bonne décision.
10:03Parce que c'est vrai que j'étais tombée
10:05dans l'inacceptable.
10:08Absolument.
10:08Moi, je suis toujours effaré
10:11et merci de dire ça.
10:14C'est vrai que pour Brigitte et moi,
10:16c'est normal, c'est notre métier,
10:17ça nous paraît évident.
10:18Mais de voir que vous prenez une décision,
10:20mais même là, il y a...
10:21Ah, peut-être que je n'ai pas bien fait.
10:22C'est comme si nos éducations nous rattrapent.
10:26Ah, je ne suis pas quelqu'un de bien d'avoir fait ça.
10:27Alors que non, c'est normal de ne pas se laisser
10:30insulter ou en tout cas...
10:33Imposer.
10:34Imposer.
10:34Accrocher.
10:35Oui, c'est ça.
10:36Et non, non.
10:37Moi, je dis que c'est important
10:38de rester dans son pouvoir,
10:40de dire oui ou de dire non.
10:41Et surtout, quand l'autre dit
10:42tu es, tu es, tu es, ben non.
10:44Non.
10:44Et c'est fini.
10:45C'est fini l'époque où l'homme
10:47était tout puissant dans le couple
10:49et qu'il pouvait aller voir,
10:51aller au bordel
10:52pendant que la femme restait tranquille
10:53à la maison, élever les enfants.
10:55C'est fini.
10:56C'est fini.
10:56Voilà.
10:57Et il a eu, je dirais, presque l'audace
10:59de m'avoir dit ça.
11:00Je lui dis, mais attends,
11:01quand tu rentres, par exemple,
11:02tu rentres, tu rentres,
11:03tu me rejoins à la maison,
11:05ça ne te dérange pas,
11:06mettons, je suis derrière le fourneau,
11:08tu dis, ah ben non, je suis contente,
11:10j'ai ma petite femme
11:11et moi, tu sais par où j'ai été,
11:13voilà, ben tout va bien.
11:16Et ben non, tout ne va pas bien.
11:18Tu l'as perdu, ta petite femme.
11:20Non, c'est horrible, quoi,
11:22parce que je me dis,
11:23bon encore, s'il avait été élevé,
11:24je pense, je ne sais pas,
11:26dans un milieu ou comme moi,
11:29quelque chose,
11:29c'est assez fermé,
11:31il y a beaucoup de tabou,
11:31mais pas du tout.
11:33Donc, ça m'a d'autant plus surprise.
11:35Je me suis dit, mais...
11:37Vous savez, Claire,
11:39votre témoignage montre quelque chose
11:41qu'on ne dit pas assez souvent.
11:43On croit qu'on connaît la personne qu'on aime
11:46et parfois,
11:47parce qu'il se passe un événement
11:49qu'il traverse
11:51et qui est très, très difficile,
11:53je pense qu'il a beaucoup souffert
11:54dans cette maladie.
11:55qu'il a,
11:56eh bien,
11:56il y a tout à fait une autre personne
11:59qu'on retrouve en face de soi.
12:01C'est ça qui est incroyable
12:03chez l'être humain.
12:05Heureusement,
12:05on n'a pas,
12:06avec le chien ou le chat,
12:07familier.
12:08Oui, le même.
12:09Mais c'est fou, hein, Claude,
12:12que les êtres humains
12:13peuvent,
12:14du jour au lendemain,
12:15complètement changer
12:16à cause d'un...
12:17Oui, d'un cri,
12:18d'un cri,
12:19d'un trou,
12:20enfin,
12:20certainement,
12:21ça a été très difficile
12:22pour lui,
12:23mais ça l'a totalement déstabilisé.
12:27Il aurait dû,
12:28il aurait dû aller voir quelqu'un
12:29et travailler sur sa,
12:30son angoisse de mort,
12:32parce qu'en fait,
12:32on est exactement
12:34sur son angoisse de mort.
12:35C'est ça,
12:35ça a réveillé quelque chose,
12:36ça a déclenché.
12:37Absolument,
12:38ça a réveillé,
12:38oui,
12:39ça l'a...
12:40Il s'est senti,
12:42enfin,
12:42il a tout permis,
12:43malheureusement tout,
12:44il n'y avait plus du tout...
12:45Plus de filtre.
12:46Oui, il n'y a plus de filtre,
12:47plus de...
12:48Oui, voilà,
12:49plus de filtre,
12:49plus rien,
12:50c'était tout,
12:51tout devait être accepté,
12:53compris,
12:54normal,
12:55voilà.
12:56Eh bien, écoutez,
12:57vous avez bien raison
12:58de mettre un terme à tout ça.
13:01Merci beaucoup, Claire.
13:02Merci à vous.

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