🗣️ Olivia : "J'avais cette idée que ça ne pouvait pas arriver à un homme."

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Transcript

00:00Bonjour Olivia.

00:01Bonjour Brigitte, bonjour Hélène.

00:03Bonjour Olivia.

00:04Bonjour.

00:05Je vous en prie.

00:06Oui, c'est un sujet qui est passionnant et qui est très tabou.

00:10Je m'en rends compte parce que c'est quelque chose que finalement j'ai jamais dit à personne,

00:14ce dont je n'ai jamais parlé spécialement avec quiconque,

00:19et de savoir qu'il y a des auditrices qui ont pu se retrouver de manière similaire

00:24ou plus ou moins différente dans ce type de contexte

00:26où effectivement il m'est arrivé d'être dans des situations qui dépassaient mon système de valeurs

00:32ou même d'avoir une relation avec quelqu'un qui ne me plaisait pas vraiment.

00:37Oui, merci d'en parler avec nous alors.

00:40C'est un peu mal à l'aise, j'avoue,

00:44mais en même temps c'est très authentique parce que ça ne s'est pas reproduit de manière pathologiquement répétitive,

00:52mais c'est arrivé, ce n'est pas arrivé qu'une fois,

00:55des fois c'était des petites choses, des fois c'était des choses plus lourdes de conséquences,

01:00et c'est vrai que ça m'a fait beaucoup réfléchir.

01:04Alors cela étant dit, je suis obligée quand même aussi,

01:07parce que je suis toujours pour que les choses soient très claires,

01:11je suis obligée de dire aussi que j'ai quand même eu beaucoup de confidence d'hommes

01:14qui m'ont dit la même chose, qui m'ont dit, je me suis retrouvée un petit peu coincée,

01:21j'ai préféré aller avoir une relation sexuelle,

01:26et puis au fond j'avoue que je suis partie,

01:30si j'avais pu m'abstenir ça aurait été mieux pour moi.

01:32Donc c'est peut-être moins fréquent chez les hommes, sans doute,

01:35mais ça existe aussi,

01:38donc c'est quand même important que les hommes sachent

01:40qu'on est aussi lucides sur cette...

01:45Parfois, oui, on se retrouve dans une situation

01:47où on va jusqu'au bout alors que ce n'est pas notre vrai désir,

01:51en tant qu'homme aussi.

01:53C'est très éclairant ce que vous dites Brigitte,

01:55parce que justement je me posais la question,

01:57dans l'inconscient collectif,

01:59j'avais l'impression que c'était plutôt réservé aux femmes,

02:02avec peut-être la vulnérabilité,

02:03la vulnérabilité qui est parfois associée aux femmes,

02:06pas toujours, bien sûr, je passe mes mots,

02:10je suis habituée de l'émission, etc.

02:13Donc voilà, je suis une femme puissante, etc.

02:15Ce n'est pas ça, mais ce que je veux dire par là,

02:17c'est qu'il y a une part de vulnérabilité en chacun de nous,

02:19aux femmes, et qu'en tout cas,

02:21je pensais que j'avais cette idée

02:23que ça ne pouvait pas arriver à un homme.

02:24La différence... Non, non, ce n'est pas idiot.

02:27C'est parce que les hommes,

02:29bien sûr que ça arrive à certains hommes,

02:31mais ça arrive bien moins fréquemment,

02:34parce qu'ils savent que s'ils n'ont pas envie,

02:37ça ne va pas fonctionner.

02:38Donc ça, ça les freine.

02:40C'est-à-dire que s'ils sentent tout d'un coup

02:41que vraiment, il n'y a absolument aucun désir,

02:43un homme, il ne peut pas se forcer.

02:45Donc, de temps en temps,

02:48ils se disent, bon,

02:48elle n'est pas trop mal,

02:49je vais y arriver.

02:50Donc ils cèdent alors qu'ils n'avaient pas envie.

02:52Oui, tandis que eux,

02:54ils ont un frein qui est physiologique

02:56et qui fait qu'ils sauront bien plus dire non que nous.

02:59En revanche, nous, effectivement,

03:00on a été élevés dans cette gentillesse,

03:04dans cette éducation de générosité,

03:06d'abnégation, de don de soi,

03:09de sauver l'autre.

03:12Et donc, oui, on finit par être coincés

03:15et sans vouloir après.

03:18Je comprends mieux, effectivement,

03:20puisque finalement, oui, c'est tout à fait ça.

03:21Et j'aimerais ajouter autre chose aussi.

03:23Moi, c'est personnel.

03:24Je ne sais pas si d'autres femmes

03:25ou d'autres hommes se retrouveront

03:27dans ce que je dis.

03:28Mais il y avait en tout cas aussi,

03:29pour ma part, ce côté,

03:31cette peur du rejet,

03:33mais vraiment primaire ou même inconsciente,

03:35sûrement dans une certaine mesure.

03:37Ce qui a fait que sur l'instant,

03:38je ne me suis pas rendue compte

03:38de ce qui se jouait

03:39ou se rejouait inconsciemment.

03:41Mais effectivement,

03:42il y avait cette peur de l'abandon,

03:43du rejet,

03:44de ne pas être reconnue,

03:45de ne pas appartenir, en fait,

03:46et de décevoir aussi l'autre.

03:48Oui, il y a tout ça

03:52qui parfois fait

03:54qu'on va accepter quelque chose

03:56alors que ce n'est pas notre désir.

03:58Mais aussi, je crois,

04:00et ça, c'est complexe pour les femmes,

04:03on dit qu'il nous faut des années

04:04pour découvrir nos vrais désirs.

04:07Et on est un petit peu plus

04:09dans le désir de l'autre,

04:10dans le désir de l'homme.

04:11Si l'homme nous désire,

04:13quelque part,

04:14on croit qu'on le désire,

04:15alors que pas forcément.

04:17Et puis, je pense qu'on peut

04:19élargir aussi le sujet.

04:21C'est-à-dire qu'on voit

04:22dans le monde du travail

04:23le nombre de femmes

04:25qui ne savent pas dire non non plus.

04:27C'est-à-dire que leur patron

04:28ou leur collègue de travail

04:29arrive en disant

04:30je suis débordée,

04:31est-ce que tu peux m'aider ?

04:32J'ai trois dossiers là,

04:33je ne sais pas quoi en faire.

04:34Et les femmes disent oui,

04:36bien plus souvent que les hommes.

04:37Donc, il y a quand même

04:38cette logique

04:39qu'il faut qu'on arrive

04:42à détricoter

04:43et à savoir dire

04:45oui et non

04:46quand on le désire

04:47et non pas

04:48pour plaire aux autres,

04:50pour satisfaire

04:51le regard des autres,

04:52etc.

04:56Oui, et puis on apprend.

04:58Encore une fois,

04:59je crois que ce qui est,

05:01pour conclure,

05:02ce que j'ai envie de dire,

05:03Olivier,

05:03on entend bien

05:04que vous avez parfois

05:05pas su dire non

05:08mais ça ne vous a pas

05:10abîmé plus que ça.

05:13Ça va.

05:14Mais c'est ça

05:15qui est important aussi.

05:16C'est que ce n'est pas

05:16très grave.

05:18Il faut prendre conscience

05:19de ce que vous avez fait

05:20et puis ensuite,

05:22il faut apprendre

05:23à se respecter

05:24et à tenir debout.

05:26Mais il ne faut pas

05:27non plus se positionner

05:28trop vite en victime

05:30parce qu'autrement,

05:30à ce moment-là,

05:31on n'avance pas.

05:34Et c'est toute la difficulté

05:35qu'il y a aujourd'hui

05:36où moi,

05:37j'ai encore entendu

05:38ce week-end

05:39une histoire

05:40où la psy a conseillé

05:42à la personne

05:44de porter plainte

05:44pour viol

05:45alors que

05:45quand on entend

05:47les faits

05:48de part et d'autre,

05:49ce n'est pas un viol.

05:50Donc,

05:50c'est toute la difficulté

05:51aujourd'hui

05:52où il faut

05:53se responsabiliser

05:55et accepter

05:57qu'on avait du mal

05:58à dire non

05:59certaines fois

06:00et que donc

06:01on a dit oui

06:02alors qu'on ne pensait pas oui.

06:03Voilà.

06:03Tout à fait.

06:06C'est complexe.

06:08Et puis ça dépend,

06:08comme vous l'avez dit

06:09Hélène Vicali,

06:10ça dépend des femmes.

06:11Il y a des femmes

06:11plus fragiles que d'autres.

06:13Il y a des femmes

06:13pour qui la sexualité

06:14c'est quelque chose

06:15de vraiment très important.

06:16Pour d'autres,

06:16ce n'est pas très important.

06:19On ne met pas le cursus

06:21au même endroit.

06:21Oui.

06:22Tout à fait, oui.

06:23Et aujourd'hui,

06:26vous avez appris

06:28à dire non ?

06:29Alors oui,

06:30mais ça m'a pris

06:31beaucoup de temps.

06:32Oui,

06:33ça prend du temps.

06:34Oui,

06:34ça m'a pris

06:35beaucoup,

06:35beaucoup de temps.

06:36Du coup,

06:36ça m'a fait commettre

06:37des petites erreurs,

06:38des fois des grosses erreurs

06:39que j'ai assumées

06:40et ça ne m'a pas fait souffrir

06:44en tant que telle

06:45puisque la vie est faite

06:46d'essais

06:47et on réussit

06:48plus ou moins bien.

06:48Ça m'a permis

06:49de me connaître davantage.

06:50Donc,

06:50si c'était à refaire,

06:51j'imagine que je le referais.

06:52Mais je veux dire,

06:53par là,

06:54c'est qu'effectivement,

06:55je n'avais pas conscience

06:56de la dimension,

06:58comment vous dire,

07:01de la dimension inconsciente

07:02de mes choix

07:03mais surtout

07:05à quel point

07:05mes blessures du passé

07:06d'enfant

07:07pouvaient conditionner

07:08mes choix

07:09et orienter mes choix

07:10parce que parfois,

07:10c'est le même moi

07:11qui y allait en fait.

07:13Oui.

07:13Vous voyez ce que je veux dire ?

07:14Et du coup,

07:14je m'en voulais

07:15parce que le choix

07:16était vraiment lié

07:17uniquement à moi

07:18par rapport à l'autre

07:19surtout que parfois,

07:20il y avait des rats de flag

07:21que bien sûr,

07:22je n'avais pas voulu voir.

07:23Oui.

07:25On avance,

07:26on avance.

07:27C'est bien.

07:27À force,

07:28on va être très très loin

07:29à force d'avancer.

07:30Ça s'appelle

07:31la maturité

07:32en final.

07:34La sagesse.

07:35C'est ça.

07:35Mais c'est intéressant

07:37ce que vous dites

07:38sur les essais

07:39et les erreurs

07:40qu'on peut faire

07:41parce que,

07:42en fait,

07:43on pourrait dire

07:44que c'est l'éloge

07:45du risque

07:45et quand on prend des risques,

07:47ça veut dire

07:48qu'on est vivant

07:48et là,

07:50c'est précieux

07:51de savoir ça.

07:52De risquer,

07:53ça veut dire être en vie.

07:55C'est exactement ça.

07:56J'aime bien votre conclusion,

07:57Hélène.

07:57Ça me plaît bien ça.

07:59Merci, Brigitte.

07:59Il vaut mieux de temps en temps

08:01tant pis

08:01d'avoir pas su dire non

08:03que de dire tout le temps non

08:04et de rester dans sa tour d'ivoire.

08:06C'est positif.

08:07Tout à fait.

08:07C'est vrai.

08:09Et puis,

08:09je crois que ce qu'on peut dire aussi

08:11aux hommes qui nous écoutent,

08:13c'est que quand on leur dit non,

08:14on ne leur dit pas non à eux.

08:15On dit non juste à l'acte sexuel

08:17à ce moment précis.

08:18Voilà.

08:18On ne leur dit pas un non

08:20définitif et catégorique.

08:22Quoique.

08:23Oui, enfin,

08:24je veux dire par là

08:25que,

08:25encore une fois,

08:27ce n'est pas non,

08:28on ne rejette pas la personne.

08:29On rejette l'acte sexuel.

08:31Ce n'est quand même pas la même chose aussi.

08:33Oui, tout à fait.

08:34Il faut aussi comprendre ça.

08:35Ce n'est pas assez...

08:36Et puis,

08:37peut-être que la prochaine émission

08:39qu'on fera,

08:39c'est comment dire non poliment

08:41pour qu'il n'y ait pas d'eau.

08:44Parce que c'est aussi toute une histoire.

08:45Comme on ne sait pas dire non

08:46au moment où on va dire non,

08:48on va le dire parfois

08:48peut-être un peu brutalement.

08:50Oui, c'est vrai.

08:51C'est compliqué.

08:52Merci beaucoup.

08:54Vous étiez parfaitement bien

08:56pour conclure avec nous, Olivia.

08:57Oui, merci.

08:58Merci beaucoup de ce témoignage.

09:00Voilà, je crois qu'on a peut-être

09:02un petit peu fait avancer les choses

09:04avec beaucoup de nuances,

09:05ce qui n'est pas tellement le cas

09:06des médias actuellement

09:07sur ces sujets-là.

09:08Oui, c'est vrai que c'était nuancé

09:10et puis de très beaux témoignages

09:12et avec des gens lucides,

09:15vrais, authentiques

09:16et généreux dans leur confidence.

09:19Merci en tout cas d'être venue

09:22avec nous, Hélène Brichelli.

09:24Je rappelle que votre dernier livre,

09:26c'est Bienvenue en thérapie,

09:27c'est aux éditions Larousse,

09:28dans lequel vous nous racontez

09:30que quelques-unes de vos plus belles

09:32rencontres avec des patients

09:33et puis à la fois,

09:36vous faites chaque fois allusion

09:37à un film qui retrace aussi.

09:40Et moi qui suis très signéphile,

09:42j'ai beaucoup aimé ce livre,

09:44Bienvenue en thérapie,

09:44parce que ça montre bien

09:46que regarder des vrais films

09:47et non pas des séries en boucle,

09:50ça nous permet aussi

09:51de comprendre la psychologie humaine.

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