00:00Toujours en compagnie de Nathan Devers et de Vincent Roy, on poursuivait la discussion qu'on a pu avoir avec
00:05Madame Emmanuelle Ménard, conseillère municipale de Béziers, ancienne députée de Véro, qui revenait bien évidemment sur la nuit
00:11très problématique qui s'est déroulée à Béziers dans le quartier de la Devese où un groupe de policiers a été
00:17agressé par une cinquantaine d'individus. On parle du narcotrafic qui se cache derrière ces guet-apens multiples depuis ces derniers jours et
00:24Nathan Devers pointait du doigt dans ce narcotrafic qui doit exister à cause seulement de la présence des consommateurs.
00:31L'un va pas sans l'autre, c'est ce qu'expliquait justement Nathan Vincent Roy.
00:33Oui, il disait à juste titre d'ailleurs qu'il y avait un point aveugle dans la politique uniquement sécuritaire contre le narcotrafic, c'était précisément le consommateur.
00:41Mais alors, concrètement, comment s'attaque-t-on aux consommateurs ? C'est ça, parce que j'ai très bien entendu votre discours, mais est-ce que vous avez en tête des axes ?
00:51Je pense qu'il y a une forme de flou dans ce qu'on reproche aux consommateurs. Je ne sais pas vous Vincent, pour ma part, je ne reproche pas aux consommateurs, je ne suis pas hygiéniste, je ne reproche pas aux consommateurs d'acheter une substance qui leur fait du mal.
01:06Je suis très libertaire sur cette question. Si quelqu'un veut se pourrir à la santé en fumant du tabac, en prenant de l'alcool ou en consommant des drogues, la médecine doit faire de la prévention, etc.
01:16Mais si lui choisit de le faire, c'est sa liberté, et je ne lui reproche pas. Ce que je lui reproche, c'est de financer des réseaux qui font couler du sang.
01:25Je constate, et c'est mon deuxième point, qu'il y a un décalage immense, un gouffre, entre l'état actuel de la loi, prohibition totale sur toutes les drogues, et la réalité de la société française.
01:34Alors la solution, vous la voyez comment ?
01:36Je pense que les questions de dépénalisation et de légalisation de certaines drogues, on ne parle pas de la cocaïne, etc., dont le trafic augmente, la vente augmente, Bruno Rotaillot avait raison sur ce point.
01:45Mais de cannabis, par exemple.
01:46Mais de cannabis, par exemple, pourrait être envisagée, à condition de le faire vraiment, il y a eu des études là-dessus, si on le fait de bout en bout, ça veut dire de la production à l'achat à la vente.
01:57Et pas seulement le dernier point du maillon, le dernier maillon de la chaîne, pardon, à savoir pas seulement uniquement la vente du vendeur au consommateur.
02:07Je pense que ça pourrait permettre de porter un vrai coup à cette logique de mafia qui est en train de s'instaurer en France.
02:13Oui, mais alors, cher ami, vous allez vous buter à une vraie difficulté, puisque selon ce que j'ai pu lire ici ou là, le problème du cannabis qu'on peut légaliser,
02:23et de celui que l'on peut acheter par ailleurs, c'est qu'il n'est pas exactement de même nature.
02:28Le taux de cannabis qu'on va pouvoir vendre en le légalisant est un taux inférieur en pureté à celui qu'on va pouvoir trouver sur le black market, si vous préférez.
02:39Donc, il y aurait un vrai problème. En réalité, ça ne règle pas l'intégralité du problème.
02:44Alors, sans se diriger vers tout ça, par contre, pour un certain François Bayrou, ça pourrait lui ramener beaucoup d'argent,
02:48si cette piste était éventuellement mise en place de la légalisation, puisque ça rapporterait pas mal de chiffres d'affaires.
02:56Mais vous avez totalement raison. Et si on retourne votre question, on la pose à l'envers.
03:00Tous les arguments qu'on envisage aujourd'hui pour justifier la politique actuelle sur les drogues, celle de la prohibition,
03:06ce sont des arguments qui sont valables sur l'alcool.
03:08L'alcool tue plus de 100 000 personnes par an, je crois, en tout cas des dizaines de milliers de personnes chaque année.
03:13L'alcool est extrêmement dangereux pour soi-même. L'alcool est extrêmement dangereux pour les autres.
03:18Inutile de faire un dessin. Et alors, même si dans l'alcool, il n'y a pas des phénomènes de tabagisme passif,
03:23il y a quand même un phénomène d'incitation à boire.
03:25Quand vous côtoyez des milieux professionnels où on boit tous les jours, vous cultivez une forme d'alcoolisme mondain.
03:32Pour autant, il ne traverserait l'esprit à aucun politique de dire on va interdire l'alcool.
03:36C'est-à-dire qu'il y a une hypocrisie sur la question des drogues qui est majeure.
03:39Et on sait, c'est un sujet un peu tabou, mais que même dans une partie conséquente de la classe politique,
03:45en tout cas dans toute la classe sociale, y compris chez les politiques,
03:48la consommation de drogue n'est pas complètement, disons, inexistante.
03:51C'est le moins qu'on puisse dire.
03:52Ce que je veux dire par là, c'est qu'en effet, avoir une approche rationnelle de cette question.
03:57Vous comprenez ? Dire qu'on est pour la dépénalisation ou la légalisation,
04:00ce n'est pas dire que le cannabis, c'est génial.
04:02Moi, je n'en prends jamais. J'en ai jamais pris. Ce n'est pas mon sujet.
04:05Je veux dire, je le dis très sincèrement.
04:06Mais je pense qu'il faut avoir une approche rationnelle, comme on en a, de l'alcool, du tabac, etc.
04:11Dernière réponse, Vincent Roy ?
04:12Oui, oui, sur le fond, je suis assez d'accord.
04:15Avec simplement ce bémol, c'est que la dépénalisation n'est pas l'alpha et l'oméga de la lutte.
04:23Je crois que c'est encore une fois un petit peu plus complexe que cela.