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00:00Très bon dimanche soir à toutes et à tous, avec moi pour animer cette deuxième heure d'Europe un soir week-end,
00:05Nathan Devers, écrivain et philosophe. Bonsoir Nathan.
00:08Vincent Roy, essayiste et journaliste. Bonsoir Vincent.
00:10Bonsoir.
00:11Et nous recevons ensemble Emmanuel Ménard, conseillère municipale de Béziers, ancienne députée de l'Hérault.
00:16Bonsoir Madame Ménard.
00:18Bonsoir.
00:18Alors probablement une conséquence du narcotrafic, c'est ce qu'on va voir avec vous dans quelques instants.
00:23La nuit a été très difficile dans le quartier de la Devese à Béziers,
00:27avec une cinquantaine de personnes qui a attiré dans un guet-apens, un piège, la police.
00:31Dans ce quartier, un appartement a été incendié la nuit dernière après un tir de mortier de feu d'artifice, policier blessé.
00:37Emmanuel Ménard, est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé ?
00:41Vous l'avez résumé, effectivement, entre minuit et une heure du matin, il y a des tirs de mortier qui ont commencé à être tirés,
00:46une voiture incendiée pour attirer les policiers qui sont arrivés.
00:52Et effectivement, ils se sont retrouvés dans un guet-apens, donc ils ont dû se replier rapidement
00:55pour mieux revenir après avec des renforts.
00:58Les pompiers qui sont arrivés pour pouvoir éteindre cet incendie dont vous avez parlé,
01:02qui apparemment est un tir de mortier qui a atterri accidentellement sur le canapé d'une personne
01:09qui avait laissé ses fenêtres ouvertes.
01:10À Béziers, il fait chaud en ce moment, donc on dort facilement les fenêtres ouvertes.
01:15Et donc voilà, ils sont arrivés avec la police municipale en renfort.
01:18Et ça a duré jusqu'à 4h du matin avec des tirs de mortier dans tous les sens.
01:24Vous l'avez dit, un agent de police qui a été blessé, brûlé au second degré sur la jambe.
01:30Et cet incendie qui a fait qu'on a dû évacuer la famille et qui était dans cet appartement
01:37pour pouvoir la reloger dans de bonnes conditions.
01:39Mais vous l'avez dit aussi, c'est vraiment la cause du narcotrafic depuis plusieurs jours, plusieurs semaines.
01:45Donc on a une idée vraiment du profil de ces individus qui ont attaqué les forces de l'ordre dans l'enquête qui commence ?
01:50Alors c'est difficile de dire avec certitude, parce qu'ils étaient tous masqués, cagoulés.
01:54Ce qui laisse quand même présumer qu'ils avaient pré-médité leur coup.
01:57Mais votre ville étant avec la vie de surveillance, on peut peut-être tracer un petit peu leur parcours.
02:01Ça peut se savoir, ça peut se retrouver certainement.
02:03Ça, les caméras le diront, et ça c'est l'enquête de police qui le dira.
02:08Mais ce que je voulais vous dire, c'est que depuis plusieurs jours, plusieurs semaines maintenant,
02:13nos forces de police, que ce soit la police nationale ou la police municipale,
02:16vraiment traquent les narcotrafiquants dans ce quartier.
02:21Ils leur mettent une grosse pression, et on s'attendait évidemment à une riposte.
02:24Elle a eu lieu cette nuit, et elle a eu lieu de façon assez violente.
02:28Mais c'est vrai que c'est la conséquence très probablement du très bon travail, si j'ose dire,
02:33qui a été faite ces dernières semaines par nos policiers.
02:37Il y a eu des grosses saisies qui ont été faites, il y a eu beaucoup d'arrestations,
02:40et on se doutait qu'à un moment donné, il y allait avoir une réaction de leur part.
02:44Pas d'interpellation pour l'instant du tout, après cette nuit très difficile ?
02:47Non, il y a eu des interpellations avant, ce qui a probablement causé justement cette réaction,
02:52notamment rien que la journée d'hier, le matin, un dealer qui a été arrêté,
02:56l'après-midi un autre, en sa possession de nombreuses quantités de pochons,
03:02de pochons et autres, cannabis ou cocaïne.
03:07Celui de l'après-midi, pour votre information, il n'avait qu'un vent.
03:10Donc vous voyez que c'est vraiment, c'est une plaie.
03:15Moi je suis très très en colère, très en colère de ce qui s'est passé.
03:17C'est pour ça que le couvre-feu qui est en vigueur à Béziers pour les moins de 15 ans,
03:20pourtant à partir de 23 heures pour la deuxième année consécutive,
03:23on voit qu'il y a une limite à cela, parce que pourtant c'est mis en place.
03:26Oui, mais bien sûr qu'il y a une limite de toute façon,
03:33parce que ce couvre-feu, il fonctionne et il donne des résultats.
03:38Et ça, nous, on a des chiffres de la police municipale qui montrent effectivement
03:41qu'on a moins de mineurs dehors la nuit tout seul, alors qu'ils n'ont pas le droit d'y être,
03:46même si ce n'est pas encore complètement réglé.
03:49Mais dans le cadre de violences urbaines comme celles qu'on a eues cette nuit,
03:53évidemment, le couvre-feu, il ne règle rien, ça, on en est bien conscients.
03:57Ce n'est pas pour ça qu'on l'a pris, le couvre-feu, c'est pour les nuits, si j'ose dire, normal.
04:02Même si on ne peut pas qualifier de normal le fait que des mineurs se promènent la nuit tout seul,
04:07sans leurs parents et sans être accompagnés d'un adulte.
04:09Je vais juste vous donner un exemple, ce n'était pas la nuit,
04:12mais hier, on avait au commissariat un petit gamin de 12 ans qui est connu,
04:16tenez-vous bien, 12 ans, 40 interpellations déjà par la police, il a 12 ans.
04:21Et il a embarqué avec lui deux autres jeunes enfants, le plus jeune avait 9 ans.
04:27Et quand vous le ramenez à ses parents, comment font ses parents, comment réagissent ?
04:31On avait le maire socialiste de Saint-Ouen qui nous expliquait que quand on ramène pendant la nuit,
04:35par exemple, un enfant à ses parents, après une récidive, les parents encourt 35 euros d'amende,
04:40des amendes qui ne sont généralement pas payées.
04:42Là, vous nous dites 40 problèmes à la suite, les parents qui ont été impliqués,
04:46mais des parents dépassés ou des parents qui ne vous êtes peut-être même pas.
04:49Mais là, on est dans un cas très particulier.
04:52D'abord, souvent, quand vous appelez les parents la nuit comme ça,
04:54d'abord, pardon, mais 35 euros, c'est dérisoire et s'en fiche complètement.
04:58Et quand vous appelez les parents la nuit...
05:00Vous pouvez mettre plus, ils ne les payeront pas pour autant plus.
05:02Non, mais je suis d'accord.
05:04Mais en fait, symboliquement aussi, le fait de donner 35 euros d'amende,
05:07c'est tellement dérisoire que parfois, ils vous rionnaient.
05:10Mais parfois, vous appelez les parents, ils ne savent même pas que leurs enfants sont dehors.
05:15Et là, pour prendre l'exemple typique de cet enfant de 12 ans,
05:19je ne sais même pas si on peut l'appeler encore un enfant,
05:21parce qu'il est complètement dépassé, il n'a plus aucune notion du bien et du mal.
05:25Les parents, le père n'est pas du tout présent,
05:28et la mère est complètement dépassée,
05:29et elle est en prise avec d'autres problèmes, notamment de drogue.
05:32Donc, vous voyez, c'est des enfants qui sont laissés livrer eux-mêmes.
05:36Là, vous parlez d'un cas extrême,
05:37mais ce n'est pas un enfant qui fait tous les problèmes qui peut se passer à Béziers, je suppose.
05:42Par exemple, cette nuit, on avait...
05:43Non, bien sûr, ce n'est pas ce que je vous dis.
05:44Complètement.
05:45On avait une cinquantaine de personnes qui s'en sont prises aux forces de l'ordre.
05:48Des gens cagoulés, des gens qui étaient là pour casser vraiment du flic.
05:53Vous nous parliez justement de narcotrafic qui se cache derrière ces bandes qui proposent des guetapens.
05:59Une situation que vous décrivez, Madame Ménard,
06:01qui est à peu près la même que celle qu'on peut entendre dans certains quartiers de beaucoup de villes françaises.
06:05Le phénomène de ce narcotrafic qui a du mal à s'enrayer.
06:07La situation a du mal à être trouvée.
06:09En tout cas, je vous propose d'écouter le maire de Limoges, lui aussi,
06:12qui a été en prise avec des violences urbaines, de guerrillas urbaines comme il l'appelle.
06:15Émile Roger-Lomberti qui réagissait au micro de Véronique Verdun dans Europe Midi Weekend.
06:20Ils étaient organisés, ils étaient équipés avec des mortiers en quantité.
06:26Ils avaient préparé les cocktails Molotov, ils avaient préparé les pierres.
06:30Ils ont réussi à brûler une voiture, ils ont détruit la voiture d'une étudiante
06:36et les personnes que j'ai rencontrées ont vraiment eu le sentiment qu'on en voulait à leur vie.
06:43Je suis persuadé qu'aujourd'hui, nous avons atteint un degré qui est celui où les bornes appartiennent aux trafiquants
06:52et aux idéologues de tous bords et que cette jeunesse, ce sont des soldats perdus de la République.
07:00Il faut absolument que nous mettions de la police en permanence dans ces quartiers.
07:05On est vraiment dans des sociétés de droits très particuliers.
07:09C'est le droit du trafic qui s'impose.
07:11C'est les règles du trafic.
07:12Le maire de Limoges parle justement de mettre la police partout.
07:15Vous avez décidé de faire appel au CRS en renfort ce soir.
07:19Est-ce que c'est suffisant ?
07:21Parfois, on parle de mesures pansement temporaires puisque ça ne peut pas être sur la durée.
07:24Il n'y a pas de pérennité là-dedans.
07:26C'est quoi la solution, madame Hénard ?
07:28D'abord, nous, on espère qu'ils ne vont pas rester seulement cette nuit
07:31parce que c'est vrai que s'ils ne viennent que pour une nuit, tant mieux.
07:34Les habitants auront une nuit au calme.
07:36Mais ce n'est pas suffisant comme vous le dites.
07:38C'est pour ça que je vous disais en introduction, je suis très en colère contre les narcotrafiquants.
07:42Mais aussi très en colère parce que ce phénomène perdure depuis des années maintenant
07:47et qu'on n'arrive pas à l'enrayer.
07:48Mais pourquoi on n'arrive pas à l'enrayer ?
07:50En fait, parce qu'il faudrait pouvoir justement donner plus de pouvoir aux police municipales.
07:55C'est un leitmotiv que nous avons ici à Béziers
07:57parce que franchement, la police municipale est sur le terrain, fait son boulot.
08:01Vous entendez quoi par plus de pouvoir ? C'est quoi que vous avez en tête ?
08:04Mais parce que par exemple, quand ils contrôlent des dealers,
08:07ils ne peuvent pas, si quelqu'un est pris en possession d'une dose de cannabis
08:12ou de cocaïne, en fait, ils ne peuvent même pas leur mettre une amende,
08:15une amende forfaitaire délictuelle.
08:16Ils sont obligés de l'amener au commissariat pour que ce soit le commissariat qui le fasse.
08:20C'est une perte de temps absolument phénoménale.
08:23Parce que nous, en fait, la ville de Béziers, on a décidé de ne pas laisser tomber,
08:26de ne pas baisser les bras, de ne pas abandonner cette guerre justement
08:29qu'on est en train de mener contre le narcotrafiquant.
08:31Et donc, on a décidé d'embaucher six policiers municipaux en plus
08:36qui seront spécialement dédiés.
08:37Ce sera une brigade dédiée à ça pour épauler, venir épauler,
08:41accompagner ceux qui le font déjà.
08:43Mais on ne peut pas porter ça tout seul.
08:46Il faut que l'État nous aide.
08:48Et la meilleure solution, c'est des moyens en plus, évidemment.
08:51Mais ça, on le redira toujours.
08:52Mais on est en période de disette ou d'économie.
08:54Je ne sais pas comment il faut le dire.
08:55Donc, on a peu d'espoir là-dessus.
08:56Mais il faut justement laisser un peu de souplesse aux policiers nationaux.
09:01Les procédures sont tellement longues que, en fait, ça désespère tout le monde.
09:05Je vais vous donner un exemple.
09:06Quand vous avez un jeune homme, un délinquant mineur
09:11qui est condamné pour trafic de drogue
09:13et qu'il vit avec ses parents et ses parents vivent dans une habitation à loyer modéré, à HLM,
09:19pour pouvoir expulser les parents, la famille qui vit de ce trafic de drogue,
09:24ça prend des mois et des mois et des mois.
09:27Ça prend minimum huit mois et parfois plus.
09:30Comment voulez-vous qu'en fait, on arrive à montrer et à donner l'exemple ?
09:35Une fois que vous avez condamné la famille,
09:38et encore, on y arrive très lentement, très difficilement,
09:41on va peut-être avoir, nous, notre premier cas de famille expulsée cet été
09:44après toutes les mesures qu'on a essayé de mettre en œuvre.
09:46Ça arrive tellement lentement et tellement longtemps après la condamnation de l'enfant...
09:51Oui, mais c'est un problème qui, a priori, est récurrent.
09:52C'est ce que nous disait Georges Fenech tout à l'heure en serre magistrat.
09:55Ça fait des décennies, gouvernement de gauche, gouvernement de droite,
09:57ça reste la même chose.
09:58Vincent Roy, vous avez pensé quoi ?
10:00Eh bien, justement, non mais, pardon, justement, c'est à ça qu'il faut s'attaquer.
10:04Il faut donner de la souplesse.
10:05Il faut arrêter avec les lois qui nous empêchent de faire le boulot.
10:09Vincent Roy.
10:09Oui, non, bonsoir.
10:11J'avais une question, puisque vous êtes en train d'expliquer
10:15que cet été, sans doute une famille sera expulsée,
10:18mais il y a quand même en France un droit opposable au logement.
10:20Donc, en réalité, en l'expulsant,
10:22vous réglez le problème de l'endroit où cette famille sévissait,
10:27mais de toute façon, cette famille, il va bien lui falloir,
10:30c'est la loi, lui retrouver un autre logement.
10:32Donc, d'une certaine manière, on ne fait que déplacer le problème, non ?
10:35Mais c'est bien pour ça, monsieur, que je vous dis que la loi est mal faite.
10:37Il y en a marre.
10:38On a l'impression que tout est fait pour protéger les malfrats et leur famille.
10:42Ça suffit.
10:43Ça suffit.
10:43Vous êtes ancienne députée, justement, vous avez pu faire voter les lois,
10:46vous avez pu faire des propositions.
10:48Pourquoi ça ne passe pas ?
10:48J'en ai fait beaucoup.
10:49J'en ai fait beaucoup.
10:50J'en ai fait beaucoup.
10:51Et malheureusement, la plupart d'entre elles ont été refusées,
10:54qui maintenant commencent à être remises un petit peu au devant de la scène.
10:57Mais on a perdu énormément de temps.
10:59Et je vous garantis que vous pouvez aller voir mon travail de parlementaire.
11:02Pourquoi ce bon sens de gauche et de droite que chacun prétend avoir n'est pas appliqué ?
11:03Comment ?
11:04Je disais, pourquoi ce bon sens que de gauche comme de droite,
11:07chacun prétend avoir n'est pas appliqué quand il y a des propositions de loi en ce sens ?
11:11Mais posez la question aux parlementaires.
11:13Posez la question aux parlementaires et à la fille qui proposent le désarmement des policiers municipaux
11:18et la suppression des caméras de vidéoprotection.
11:21Demandez-leur pourquoi ils font ça.
11:23Dans quel monde on vit ?
11:25Demandez à M. Bayrou pourquoi les propositions de loi sur l'élargissement des prérogatives des polices municipales,
11:33ça fait huit ans que je me bagarre pour ça.
11:35On est encore en train de traîner.
11:36Peut-être on aura une proposition de loi dans ce sens à rentrer en septembre.
11:40Peut-être, peut-être.
11:41Et après, si jamais le gouvernement de M. Bayrou tombe,
11:44la proposition de loi tombera aux oubliettes et ce sera reparti pour un tour.
11:48C'est un éternel recommencement.
11:50C'est pour ça que je suis en colère.
11:51C'est parce qu'on ne nous donne pas les moyens de nous battre.
11:54Et le problème, c'est que ce sont les familles qui veulent vivre tranquillement dans ces quartiers
11:58qui sont les premières pénalisées.
12:00J'ai une dernière question à vous poser, Mme Ménard.
12:03Vous qui êtes conseillère municipale de Béziers,
12:05vous nous avez donc expliqué, affirmé que c'est bien évidemment le narcotrafic qui pose problème.
12:10Et c'est certainement toutes les arrestations que vous avez pu mener ces derniers jours,
12:13les investigations qui continuent d'être réalisées dans votre ville,
12:16qui viennent embêter, gêner complètement ce trafic de rue.
12:21Avec ce guet-apens, dans quel état d'esprit sont vos policiers ?
12:25Justement, la peur doit les habiter.
12:27Est-ce qu'ils vont pouvoir y retourner comme ça et continuer leurs investigations et leurs enquêtes ?
12:32Je vous garantis qu'ils y seront dès...
12:34D'abord, ils y étaient encore aujourd'hui.
12:36Moi, j'étais avec eux ce matin pendant une bonne partie de la matinée.
12:39Et ils étaient là.
12:40Ils n'ont pas peur.
12:41Et ils seront à nouveau là ce soir.
12:42Et ils ne vont pas baisser les bras.
12:44Parce que ce ne sont pas les narcotrafiquants qui y gagneront.
12:46Ce n'est pas possible.
12:47Et on n'a pas peur d'avoir des armes plus importantes,
12:49des armes à feu qui pourraient entrer dans ces guet-apens ?
12:51Mais bien sûr que ça arrive.
12:52On a des policiers régulièrement qui sont blessés.
12:54Mais ça fait partie des mesures qu'on a demandé justement pour les pouvoirs des polices municipales.
13:00C'est aussi leur permettre d'avoir les armes qu'il faut pour pouvoir riposter face à ces gangs
13:05qui sont toujours mieux armées et qui sont toujours plus armées et plus nombreux que nous en face.
13:10Donc il faut quand même qu'à un moment donné, le gouvernement se pose la question
13:14et que M. Macron aussi se pose la question de savoir
13:16est-ce qu'il donne effectivement les moyens à nos policiers,
13:20que ce soit les gendarmes, que ce soit les policiers nationaux ou les policiers municipaux,
13:23de mener cette guerre ?
13:25Si on ne leur donne pas les moyens, ça veut dire qu'on n'a pas envie de la gagner cette guerre.
13:28Merci Emmanuel Ménard d'avoir répondu aux questions d'Europe 1 soir au week-end.
13:33Vous êtes conseillère municipale de Béziers.
13:35Bien évidemment, on espère que cette nuit sera bien plus calme que la précédente.
13:39Je rappelle que la compagnie de CRS 81 a été rappelée en renfort.
13:42Merci beaucoup Mme Ménard.
13:44Merci.
13:44On poursuit cette émission avec vous Nathan Devers et Vincent Roy
13:49par rapport à ce qu'on a pu échanger avec cette Mme Ménard, conseillère municipale de Béziers.
13:55On parle souvent de reconquête républicaine.
13:58Concrètement, selon vous, Vincent Roy et Nathan Devers,
14:02que vaudrait-il pour sortir de cette spirale ?
14:04Attendez, au préalable, une remarque.
14:05Il y a quelque chose quand même qui est extrêmement positif.
14:07Béziers, Nîmes, Limoges,
14:11on voit des policiers qui sont pris dans des sortes de pièges,
14:16de traquenards, on appelle ça comme l'on veut.
14:18Des guet-apens.
14:18Des guet-apens.
14:19Ça veut dire quoi ?
14:20Si l'on veut 5 minutes être positifs et sans justifier le moins du monde,
14:25c'est guet-apens,
14:25mais ça veut dire qu'il y a un travail qui a été effectué
14:28et que les policiers en question dérangent le narcotrafic.
14:31Complètement, parce que c'est ce qu'elle a expliqué.
14:33Il y a des enquêtes, il y a des arrestations,
14:35et après il y a le retour de bâton.
14:37Pour la part des narcos.
14:38Mais ça veut dire que le travail est fait de telle manière
14:41qu'il dérange le narcotrafic,
14:42que les narcotrafiquants, par conséquent,
14:44ont la volonté de se venger,
14:46car ils ont été atteints soit par des saisies de drogue,
14:50soit par...
14:51Donc, il y a quand même un côté...
14:53Pardonnez-moi le mot,
14:56j'allais dire positif,
14:57ce n'est pas vraiment le mot adapté,
14:59mais il y a quelque chose qui est en train de se passer,
15:01peut-être que finalement ça marche,
15:03puisque là, ils se vengent beaucoup en ce moment.
15:06Ça veut dire qu'ils sont très dérangés dans leur trafic.
15:08Et j'ai envie de dire, pour le coup, à la bonne heure.
15:10Nathan Devers, la reconquête républicaine, ça vous parle ?
15:13Moi, je pense que, dans tout ce qu'a dit Madame Ménard,
15:17il y a un énorme point aveugle.
15:19Et que tant qu'on ne met pas de la lumière sur ce point aveugle,
15:22les mots de reconquête républicaine
15:23resteront des...
15:25des utopies ou des principes abstraits.
15:28La question est de savoir d'où vient la puissance
15:31de ces gangs ou mafias de narcotrafic
15:34qui menacent la République
15:36et qui ciblent des policiers.
15:39Cette puissance ne tombe pas du ciel.
15:41Les armes qu'utilisent les narcotrafiquants
15:43pour menacer des policiers,
15:46pour nuire à l'intérêt et à la sécurité
15:49des gens qui habitent ces quartiers,
15:51ne sont pas tombées du ciel.
15:53Elles ont été achetées, achetées par un argent
15:55qui vient des consommateurs.
15:57Tant qu'on ne remonte pas à la racine du problème,
15:59on ne peut pas prétendre lutter contre lui.
16:02Ces consommateurs, ils sont des millions en France.
16:04Il y a des millions, deux millions,
16:06je cite le chiffre de mémoire, mais il est bon,
16:09de consommateurs réguliers de cannabis en France.
16:11Donc si la faute vient des consommateurs,
16:13vous plaidez pour la libéralisation...
16:15Je souligne juste...
16:16Du cannabis, par exemple ?
16:17...que la réponse policière et pénale
16:19ne fait pas reculer la consommation de drogue en France,
16:22que les narcotrafiquants s'adaptent
16:24quand vous avez une opération policière
16:26dans tel ou tel quartier.
16:28Eh bien, les narcotrafiquants
16:29rouvrent les points de deal à quelques mètres,
16:31font de l'ubérisation de leur trafic, etc.
16:34Donc, la prohibition...
16:34Il est en livre carrément à domicile.
16:36Il est en livre à domicile.
16:38La prohibition n'a jamais marché
16:40sur aucune substance de la drogue à l'alcool
16:42dans aucune démocratie.
16:43À partir de là,
16:45tant qu'on n'aura pas posé le problème à la racine,
16:48on ne luttera pas contre lui.
16:49On fera de la cosmétique, malheureusement.
16:51De la cosmétique tragique,
16:52parce que d'ailleurs,
16:53tout ça est dangereux
16:53et tout ça est contre-productif.
16:55Je crois qu'il faut avoir le courage
16:56de faire un diagnostic précis sur la situation
16:59et remonter le fil de l'argent.
17:01Remonter le fil de l'argent
17:02avec lucidité,
17:03avec pessimisme,
17:05et en remarquant que
17:06tant qu'on n'abordera pas la question,
17:08en effet, de la consommation de drogue,
17:09avec réalisme.
17:11Parce que ce n'est pas parce que
17:11vous mettez une amende aux consommateurs
17:13qu'ils vont demain s'arrêter
17:14de consommer les substances illicites.
17:17Et évidemment,
17:17Mme Ménard,
17:18comme tous les partisans
17:19de la politique archi-sécuritaire
17:21et de la surenchère sécuritaire permanente,
17:23ne veulent surtout pas
17:24s'attaquer à la racine du problème.
17:25Mais concrètement,
17:25vous faites quoi ?
17:26Vincent Roy,
17:26je vous laisse poser la question après.
17:28Vous concrètement,
17:28vous faites quoi ?
17:29Vous reposerez la question à Nathan Devers
17:30juste après le journal permanent
17:32de Maël Laurent
17:32qui s'impatiente.
17:33Je le vois,
17:34il bouge beaucoup sur sa chasse,
17:35il s'impatiente.
17:36Justement,
17:39et puis on parlera aussi
17:41dans un instant
17:41des premiers transferts
17:42dans la prison de haute sécurité
17:43de Vendin-le-Vieil,
17:44des plus dangereux narco-trafiquants
17:46qui sont encore eux.
17:47A tout de suite sur Europe 1.
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