00:00Alors Philippe, la fille du marchand de sable, c'est donc un spectacle sur glace que vous avez écrit avec l'autre femme, vous l'avez dit.
00:05Qu'est-ce que ça donne sur scène ? Racontez-moi.
00:07Alors en fait, à la base, Olivia avait pensé à un spectacle qui s'appelait le marchand de sable sur glace.
00:12Donc évidemment, il y avait un rôle qui m'était attribué, mais on ne voulait pas remettre en fait la possibilité de jouer ce spectacle si moi j'avais un problème.
00:21Si j'ai un problème, je ne suis plus la tête d'affiche d'un spectacle aujourd'hui, je ne me présente plus comme tel.
00:24Je viens, je fais des apparitions, si je suis en forme, je suis là, tout le monde est content.
00:27Et puis du coup, comme on a une fille qui est aussi danseuse aujourd'hui, qui a fait l'école de danse de l'opéra, qui a fait pas mal de tournées à droite, à gauche dans le monde.
00:35Aujourd'hui, elle s'est un peu promenée à faire aussi de l'aérien dans le cerceau.
00:40Donc en fait, elle a intégré le spectacle et ce qui nous a donné l'idée, c'est de décliner l'histoire qu'on connaît du marchand de sable avec la fille du marchand de sable qui prend le relais de son père.
00:49Donc en gros, c'est un petit peu presque une histoire vraie.
00:51Enfin, vous serez sur scène quand même.
00:52Alors, non, ce qu'il faut dire aux gens, c'est qu'aujourd'hui, les gens, ce spectacle, c'est un spectacle familial.
00:59Les enfants de 10, 15, 20 ans aujourd'hui, ils connaissent pas ce que j'ai fait, ils connaissent pas, on en parlait tout à l'heure, enfin je vous ai entendu tout à l'heure.
01:04En fait, les parents veulent toujours voir un peu le Philippe Candelro patiner, mais en fait, c'est pas, nous on s'est dit, c'est dangereux.
01:11Parce qu'à 53 ans aujourd'hui, moi je peux pas donner ce que je donnais à l'époque, je veux pas décevoir le public.
01:16En revanche, je suis toujours un peu dans les parages.
01:18Je fais quelques apparitions dans le spectacle, je fais un petit pré-show pour faire plaisir aux parents.
01:23Mais les enfants, eux, en fait, de moi, ils s'en fichent.
01:26Ce qui compte, c'est les 1h15 de spectacle qu'on leur offre aujourd'hui à travers une histoire magnifique, avec plus de 250 costumes qui défilent, quelque chose qui est très dynamique,
01:34parce qu'Olivia aime les choses dynamiques, j'allais dire.
01:38Les yeux brillent pour les enfants, c'est ça ?
01:40Pour tout le monde, en fait. On a eu fait, à Sergi Pontoise, il y a deux ans, ce spectacle, on l'a joué, on l'a modifié depuis.
01:45On a fait des séances avec des scolaires et des gens du CCS, l'action sociale.
01:50Donc en fait, c'est comme s'il y avait les grands-parents et les enfants.
01:52Et en fait, tout le monde passe un moment tellement magique que tout le monde reste à sa place.
01:55Personne ne se déplace. Et c'est ça qui rend magique, ce spectacle.
01:58Mais entre nous, ça vous manque un peu, le patin, non, quand même ?
02:00Non, j'ai peur que... En fait, j'ai peur que le contact avec le public me manque.
02:05C'est aussi pour ça que ce théâtre est une bonne continuité dans nos carrières, à Moyen-Elsson.
02:10Parce que je pense que quand on a été des gens de télé, des gens de médias, et que moi, ma vie...
02:14Au top, en plus.
02:14Et puis moi, ma vie, c'était quoi ? De m'exhiber devant, des fois, 25 000 personnes, où tu excites une foule.
02:20Donc quand tout ça, tu commences à sentir que tu vas le perdre, parce que par les moyens physiques,
02:25qui commencent à être de plus en plus difficiles, après, il faut savoir rebondir.
02:29Il faut savoir aussi se projeter à l'avenir.
02:31Moi, j'ai vécu ma vie d'artiste, de patineur, vraiment jusqu'au bout.
02:34Je le vis encore un peu aujourd'hui.
02:35Mais c'est vrai, au Lidio Nights, par exemple, c'est 90 séances représentations en deux mois et demi.
02:40Aujourd'hui, mon corps, je ne sais pas s'il sera encore capable de le supporter.
02:43De tenir deux mois et demi.
02:43Alors que l'excitation du public me pousserait à me dire,
02:46ben oui, tu es encore jeune, vas-y, si les gens sont encore là et qu'ils ont envie de te voir, vas-y.
02:49Vous vous souvenez de la première fois ?
02:51Sur glace, oui, parce que...
02:53Je vous connais tellement qu'ils allaient me dire une...
02:56Ça peut déraper, dans les deux cas.
03:00La première fois, oui, la première fois que je suis rentré dans une patinoire, c'est que j'étais scolaire.
03:05Parce qu'à Colombes, on avait une patinoire qui était dans la ville dans laquelle j'habitais.
03:09Et on avait une fois par semaine l'opportunité d'aller patiner.
03:11Et du coup, quand je suis rentré la première fois dans cette patinoire,
03:14j'ai vu ça un petit peu comme une église, avec cette résonance, cette humidité, cette odeur.
03:20Même mon frère, quand je rentrais chez moi, le soeur a dit, tu sens la patinoire.
03:24Donc, il y a une atmosphère un peu particulière dans une patinoire.
03:27Et c'est comme ça qu'on apprend aussi à...
03:29La glace, ce n'est pas quelque chose d'inerte, en fait.
03:31C'est vivant.
03:32Pourtant, vos camarades de classe se trouvaient un peu curieux.
03:34Vous alliez faire de la danse et du patin.
03:36À l'époque, oui.
03:37C'était plutôt féminin.
03:38Exactement, oui.
03:39En fait, pendant très longtemps, j'ai caché...
03:40En plus, j'habitais pas loin d'une cité.
03:43Donc, je cachais que je faisais du patinage artistique.
03:45Parce qu'à chaque fois, c'était les remarques de dire,
03:47sport de gonzesses, de pédé, de machin et tout.
03:50Et à l'époque, franchement, c'était humiliant et c'était chiant pour moi.
03:53Parce que c'était un sport tellement difficile, tellement dur,
03:56que les gens ne se rendaient pas compte, en fait, que c'était très viril, en fait.
04:00Les gens pensaient qu'à la télé, ça faisait très efféminé.
04:04Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que très très vite, vous avez cassé les codes.
04:07Très vite, non.
04:08C'est ce qui vous a démarqué aussi, quand même.
04:09Alors, c'est pas très vite, en fait, parce que jusqu'à l'âge de 16 ans,
04:12j'avais une espèce de frustration et de honte de pouvoir m'exprimer comme un danseur,
04:16justement, lever un bras artistiquement comme un danseur.
04:19Comme tous les jours, j'étais confronté à ces critiques, à ces moqueries,
04:23en fait, j'étais un peu introverti dans l'expression artistique.
04:28Et puis, c'est les Duchesnais.
04:29Quand Isabelle et Paul Duchesnais sont arrivés dans notre univers
04:31et qu'ils ont commencé à créer des programmes à thèmes,
04:33des choses intéressantes à suivre,
04:35on s'est dit, avec Souria d'ailleurs,
04:36on s'est dit, mais pourquoi pas faire des programmes à thèmes ?
04:39Quand j'ai fait Conan le barbare, c'est à ce moment-là
04:40que j'ai senti que, artistiquement parlant,
04:43je pouvais m'y exprimer.
04:44Est-ce qu'au lieu de lever un bras avec la position du doigt
04:47qui vient toucher le pouce comme ça, comme un danseur,
04:49en fait, tu lèves la main avec le poing serré,
04:52tout de suite, c'est le même geste,
04:53mais c'est pas la même intention.
04:54En effet.
04:55Merci beaucoup, Philippe.
04:56On va continuer cette conversation passionnante dans un instant.
04:59Nous sommes en direct avec Philippe Candeloro sur Europe.