Les Vraies Voix avec Sébastien Boussois, Chercheur spécialiste du Moyen-Orient et directeur de l’Institut Géopolitique Européen
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00:02Votre info en plus, Albin Texera, aujourd'hui on évoque Benjamin Netanyahou qui se dit prêt à négocier un cessez-le-feu permanent à Gaza, mais évidemment à ses conditions.
00:11Oui, après près de deux ans de guerre, le Premier ministre israélien propose une trêve de 60 jours pendant laquelle les otages encore détenus à Gaza pourraient être libérés progressivement.
00:21Il espère qu'un accord de fin de conflit pourrait être négocié durant cette période, à condition que le Hamas soit démilitarisé et cesse de gouverner Gaza.
00:30Mais pendant ce temps, les combats continuent. Alors qu'en est-il réellement ? Pour en parler, notre invité ce soir, c'est Sébastien Boussois, chercheur spécialiste du Moyen-Orient, directeur de l'Institut Géopolitique Européen.
00:41Bonsoir à vous.
00:43Bonsoir et bienvenue.
00:45Alors, cette proposition de Benjamin Netanyahou, qu'en est-il ? Est-ce que c'est un cessez-le-feu ? Cette proposition, elle est crédible ? Est-ce qu'on peut vraiment avoir une fin de conflit très rapidement ?
00:57Bon, écoutez, je suis cessez-le-feu comme à peu près tous les gens qui sont spécialisés du Moyen-Orient et qui attendent la fin de ce conflit depuis des mois et des mois.
01:06Là, on parle bien d'une proposition quasiment unilatérale de Benjamin Netanyahou, alors que tous les éléments depuis deux ans sont sur la table, qu'on les connaît à peu près tous,
01:15qu'on sait ce que Netanyahou est prêt à conceber, c'est-à-dire pas grand-chose, et ce que le Hamas serait prêt à faire comme compromis, c'est-à-dire pas grand-chose.
01:22Donc, on est en fait depuis des mois et des mois dans une forme d'impasse où chacun joue sa survie. Et à mon avis, c'est l'élément clé et déterminant qui rend la chose quasi impossible.
01:32Parler d'un cessez-le-feu à long terme de 60 jours pour ensuite s'inscrire dans une sorte de fameux processus de paix, puisque c'est les grandes expressions qui ont été longtemps à la mode dans la région.
01:40Je suis assez sceptique, parce qu'on a déjà un paradoxe tout à fait saguisé, qui est que la coalition de Benjamin Netanyahou ne tient que par le rejet du compromis.
01:53Il est impossible pour le gouvernement de Netanyahou de tenir, s'il fait la moindre concession en faveur de Hamas et des Palestiniens de manière générale,
02:01puisque ces deux ministres turbulents, pour ne pas dire autre chose, Itamar Benvir et Betsalel Smotrich, quitteraient la coalition et provoqueraient l'effondrement du gouvernement de Netanyahou.
02:10Et du côté du Hamas, le Hamas a très bien compris qu'après avoir instrumentalisé les Palestiniens, après avoir fait, avec le 7 octobre des Palestiniens,
02:19la cible directe de ce qui s'est passé, puisqu'on savait très bien que Netanyahou s'y prendrait avec si peu de diplomatie et d'élégance, le Hamas joue sa survie.
02:29Et donc, à partir du moment où dans l'accord il y a la libération totale des otages, le Hamas sait qu'ils seront tous éliminés les uns après les autres.
02:36Donc en fait, on veut discuter, on veut négocier avec une partie dont on projette depuis le début de la guerre, ce qui est, je l'ai dit, tout à fait légitime,
02:45la fin. Netanyahou veut la fin totale du Hamas, or c'est avec le Hamas qu'on doit négocier pour les otages, le préliminaire de toute négociation pour la suite.
02:52Donc c'est vraiment compliqué.
02:53C'est le serpent qui se mord la queue, un petit peu, effectivement.
02:56Mais le Hamas, est-ce qu'il est prêt à négocier, c'est-à-dire des armements ?
03:01Il ne faut pas oublier que c'est des terroristes, le Hamas, quand même.
03:03Est-ce qu'il est prêt à négocier ?
03:06Est-ce qu'ils sont ouverts à la négociation ?
03:09Le problème, c'est quel autre issue ?
03:13Quand le Qatar essaie de libérer les otages au fur et à mesure, depuis des mois et des mois, quand le Qatar a essayé de soutenir Gaza pour pas que le territoire s'effondre,
03:23quand le Qatar a essayé de faire ce rôle de médiateur, on a bien vu au combien c'était difficile de discuter avec les infréquentables.
03:30C'est extrêmement compliqué aujourd'hui de savoir ce que veut Hamas, déjà parce que la direction est plus que perturbée, c'est moins qu'on puisse dire,
03:38et qu'à l'intérieur même, il y a les factions du djihad islamique qui avaient aussi des votages.
03:44Il y a le Hamas qui joue cette histoire de survie, donc négocier pour quoi faire, en fait ?
03:49Parce que s'il rend les votages, ce qu'il aurait dû faire depuis le début,
03:52et ce que d'ailleurs Benjamin Netanyah aurait dû mettre en priorité dans son agenda et dans son cahier des charges depuis le 8 octobre 2023,
04:01si le Hamas rend ça, qu'est-ce qu'on fait de le Hamas ?
04:04Sébastien Boussois, excusez-moi, mais on sait ce qu'ils veulent le Hamas, ils veulent la fin de l'État d'Israël.
04:09Oui, mais c'est la même chose avec l'Iran, c'est bien ça le souci, on sait très bien que les arguments des gauchistes de considérer que le Hamas est un mouvement de résistance,
04:19tout ça est totalement bidon, c'est un mouvement idéologisé, dont l'objectif était la destruction de l'État d'Israël.
04:24Donc la question est, est-ce qu'on refuse la discussion complète avec le Hamas, ce que je pourrais tout à fait entendre,
04:31mais alors on fait une croix sur les otages, le peu d'otages vivants restants, parce que vous voyez bien que de semaine en semaine,
04:37on n'est plus sur une négociation sur un nombre important d'otages vivants, on est de plus en plus,
04:43et vous aurez remarqué progressivement la subtilité pour faire passer dans l'opinion le fait que maintenant,
04:48on a pratiquement, dans ce qui reste malheureusement les otages, plus de morts quasiment que de vivants.
04:53Donc c'est véritablement une impasse, avec un Benjamin Netanyahou qui n'a pas obtenu ses dits objectifs de guerre,
05:01qui n'a pas non plus permis la libération des otages, et les otages après pratiquement deux ans,
05:06vous imaginez ô combien la situation doit être terrible.
05:08Effectivement, donc peut-être une réaction rapide de nos deux vraies voix.
05:12Mathieu, vous travaillez beaucoup sur le sujet, est-ce que Donald Trump, qui a essayé,
05:18et qui est peut-être sur le point de débloquer aussi une situation,
05:22puisqu'on l'a vu, il a discuté, et là il y a des signes.
05:27Vous l'associez à l'action de Donald Trump ou pas à ça ?
05:30La différence, c'est de poser, c'est vrai qu'il y a une difficulté,
05:32c'est qu'il n'y a pas d'alignement précis réellement d'intérêt entre Netanyahou,
05:35donc Israël, et les Etats-Unis, Donald Trump.
05:38En revanche, ce que l'on peut dire quand même sur ce sujet,
05:40c'est que Donald Trump, c'est la seule personne,
05:42les Etats-Unis sont les seuls quasiment, à avoir des moyens de pression
05:45sur quasiment toutes les parties prenantes.
05:47Parce que c'est, à l'exception peut-être de l'Iran,
05:49puisqu'il n'y a pas de lien entre les Etats-Unis et l'Iran,
05:51mais depuis que l'Iran est complètement à nu,
05:55depuis il y a une dizaine de jours notamment,
05:57l'Iran est un acteur qui est moins crédible.
05:59Mais la difficulté, c'est aujourd'hui, pour Donald Trump,
06:02c'est pour ça que moi je pense,
06:03de toutes les options de paix qui existent possibles,
06:06celle de Trump est pour moi la plus réaliste,
06:08c'est-à-dire de faire de Gaza ce qu'il avait dit,
06:10ça avait fait sourire un petit peu la French Rivera d'une certaine façon,
06:13parce qu'en fait en réalité c'est le seul qui peut imposer à Netanyahou
06:16une concession entre guillemets sur Gaza.
06:19C'est le seul qui peut imposer aux pays arabes
06:22de reprendre une partie des Gazaouis
06:25qui vont devoir quitter Gaza,
06:27parce qu'aujourd'hui c'est peut-être pas vivable
06:29d'avoir 2 millions de personnes à Gaza
06:30dans cette situation-là, sans Etats palestiniens.
06:33Et c'est le seul qui peut imposer à Netanyahou
06:36un État palestinien d'une certaine façon,
06:39qui permettrait au moins aux Palestiniens
06:41de pouvoir avoir un endroit pour vivre un peu dignement.
06:43Mathieu David, qu'est-ce que vous en pensez
06:45de cette French Riviera proposée par Trump à Gaza ?
06:48Je trouve ça assez indécent sur la formule,
06:50et puis je retiens qu'il y a encore aujourd'hui,
06:53à l'heure où on se parle,
06:53des Gazaouis qui sont bombardés et tués chaque jour.
06:56Donc oui, c'est le feu le plus tôt possible,
06:59dès lors qu'il est réaliste.
07:00Mais n'oublions pas, parce qu'on n'en parle plus trop en ce moment,
07:03qu'il y a encore des femmes et des enfants,
07:05tous les jours, qui meurent sous les bons vins.
07:07Voilà, ça sera dit.
07:08Sébastien Boussoin, on vous remercie.
07:09Merci beaucoup Albin Texera.
07:11Sébastien Boussoin, je rappelle que vous êtes
07:12chercheur spécialiste du Moyen-Orient
07:13et directeur de l'Institut géopolitique européen.
