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  • 09/07/2025
Alors que la transition énergétique devient urgente, la rénovation des logements reste un chantier semé d’embûches. Comment rendre ces travaux accessibles à tous, sans renoncer à la qualité ? Noël Courtemanche, directeur commercial de Dorémi, plaide pour une approche à la fois sociale, locale et durable.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact c'est Noël Courtemange, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le directeur commercial de Doremi, c'est une entreprise de l'économie sociale et solidaire.
00:16Et votre métier, c'est la rénovation énergétique des bâtiments.
00:19Expliquez-moi, dans quel état d'esprit vous faites ce métier ?
00:22Tout à fait, donc Doremi en effet c'est une entreprise de l'économie sociale et solidaire.
00:26On est spécialisé dans la rénovation énergétique performante des logements, c'est un peu notre spécificité.
00:32On a été pionniers sur le sujet pour développer des rénovations énergétiques qui soient plus ambitieuses
00:36et qui permettent d'atteindre réellement des réductions de consommation de chauffage.
00:40Pourquoi vous insistez sur ce mot « performante » ?
00:42On insiste sur ce mot parce qu'il y a différentes manières de rénover en France.
00:46Pendant très longtemps, l'essentiel et la quasi-totalité des rénovations qui étaient faites
00:50étaient des gestes isolés de travaux.
00:52Et on a démontré que ces façons de rénover ne permettent pas d'atteindre la performance.
00:57On cite souvent une étude de l'ADEME de 2018 qui avait montré que sur 5 millions de rénaux énergétiques,
01:0295% permettaient entre zéro et un saut de classe énergétique.
01:06Donc autant dire, pas de résultat.
01:08Quaisement rien.
01:09Et nous du coup, c'est ce qui a conduit à créer Doremi pour travailler sur des rénovations
01:13qui soient plus ambitieuses et qui permettent de réduire drastiquement les consommations.
01:16Qui soient globales mais accessibles à tous.
01:18Parce qu'il y a cette dimension de...
01:21Vous êtes une entreprise agréée ESUS.
01:22Donc voilà, c'est à la fois un engagement environnemental et social, sociétal.
01:27Exactement.
01:28C'est les deux raisons qui nous ont conduit à créer Doremi.
01:31Alors il y a souvent des a priori sur la rénovation globale qu'elle serait réservée aux plus riches.
01:36Oui, ça coûte trop cher.
01:36Nous, ce n'est pas du tout ce qu'on constate.
01:38Mais comment vous faites ?
01:39Comment vous démontrez qu'une rénovation globale, c'est accessible à tous ?
01:42En fait, une rénovation globale, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement.
01:46Et c'est un investissement qui est rentable pour les particuliers, qui est rentable pour la France aussi.
01:50On en parlera peut-être après.
01:52Mais pour un particulier, une rénovation énergétique, il y a différentes manières de la financer.
01:55Il y a des aides qui financent la rénovation et ces aides, elles sont plus importantes pour les ménages en difficulté.
02:00Nous, c'est 50% de nos rénovations qui sont faites à destination de ménages modestes ou très modestes.
02:05Ensuite, l'autre moitié de la rénovation, on peut la financer par les économies d'énergie.
02:09Quand on fait une rénovation réellement performante, on peut réduire la facture de l'ordre de 80 à 90%.
02:14Et avec cette réduction de facture, en fait, on peut financer un prêt qui paye les travaux.
02:18Avec un retour rapide.
02:21Les effets sont rapides, c'est ça ?
02:22En fait, les effets sont immédiats après rénovation.
02:25Nous, le cas classique, pour donner un exemple, c'est une passoire énergétique qui consomme entre 3 et 4 000 euros de chauffage par an.
02:32Après rénovation, on est autour de 400 ou 500 euros de chauffage par an.
02:35Donc, on a gagné 2 500 euros chaque année.
02:38Avec ces 2 500 euros, on finance un prêt qui paye les travaux.
02:40C'est assez facile, entre guillemets, de convaincre une banque de prêter cet argent parce qu'elle sait qu'elle va avoir un retour de remboursement rapide.
02:48Je vois évidemment qu'on parle d'actualité et de cette canicule qu'on a tous subie fin juin, avec ce sentiment que notre pays n'est pas prêt.
02:56Dans le domaine qui est le vôtre, celui de la rénovation énergétique des bâtiments, quel constat vous faites ?
03:02Le constat qui est partagé de longue date, c'est qu'il y a énormément de passoires énergétiques en France.
03:07Alors, on a longtemps parlé de passoires en hiver.
03:10En fait, ces passoires, c'est des bouilloires en été.
03:11C'est ça.
03:12Et on le constate en ce moment avec la canicule.
03:14Je pense que tous les Français constatent qu'ils habitent dans des logements dans lesquels il fait très chaud.
03:19Quand on rénove de manière énergétique un logement, on a moins froid en hiver, mais on a aussi beaucoup moins chaud en été.
03:24Oui, ça marche dans les deux sens.
03:26Avec ce chiffre, alors il y a pas mal de chiffres différents qui circulent autour des logements considérés comme des passoires thermiques.
03:33Mais bon, ce chiffre qui date du 1er janvier 2024, on est autour de 6 millions, 5 millions, 800 000 logements.
03:39Est-ce qu'il y a quand même une amélioration ?
03:41Donc, 18 mois plus tard, là, c'était janvier.
03:44Est-ce qu'on réussit quand même à faire baisser le nombre de passoires thermiques dans notre pays ?
03:48Alors, pour faire baisser le nombre de passoires thermiques dans le pays, il faut sauter des classes énergétiques.
03:52Il faut améliorer la performance.
03:54Donc, si on fait des gestes isolés de travaux, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, on ne résout rien.
03:57On ne résout rien.
03:58Si on fait des rénovations réellement performantes, on peut gagner 3, 4, 5, parfois 6 classes énergétiques.
04:03Et nous, c'est ce qu'on fait chez Doremi au quotidien.
04:06Et pour la première fois l'année dernière, en 2024, on avait un mécanisme qui a fait dépasser en volume de travaux les rénovations performantes par rapport aux gestes isolés de travaux.
04:14Donc, l'année dernière, c'est à peu près 100 000 rénovations en France qui ont été faites de manière performante et qui ont permis, en moyenne, 3 sauts de classe énergétique.
04:22C'est quoi ce mécanisme ?
04:23Donc, c'est ma prime rénov', réno d'ampleur.
04:24C'est celui-là dont vous parlez, parce que je me disais, ok, il y a un mécanisme, sauf que le problème, il est suspendu.
04:31Exactement, on suspend.
04:32Alors là, on va clairement à contresens de l'histoire.
04:34Ça fait 10 ans qu'on a des mécanismes qui fonctionnent assez mal, qui sont complexes, qui sont longs à mettre en œuvre.
04:40Là, il y a eu une réforme en 2024 qui avait été pour la première fois assez importante.
04:45C'est-à-dire que ce mécanisme, ma prime rénov', pardon vous l'interrompre, qui était quand même mal né, on peut le reconnaître, c'était un peu trop compliqué, à la fois pour les professionnels, pour les particuliers.
04:56D'un seul coup, il fonctionnait, c'est ce que vous nous dites.
04:57D'un seul coup, il fonctionnait et on le voit sur les chiffres publiés par l'Agence Nationale de l'Habitat.
05:02L'année dernière, 100 000 rénovations performantes, c'est très très loin des objectifs nationaux.
05:06L'objectif de 2024, c'était 200 000.
05:08Il y en a eu 100 000, c'est loin des objectifs, mais c'est un vrai bond en avant par rapport aux années précédentes.
05:14Et sur ces 100 000 rénovations, on est sur des paniers moyens de travaux qui sont deux fois plus élevés, parce qu'on a fait plus de gestes de travaux.
05:21Et donc, on a des sauts de classe significatifs.
05:23En moyenne, je crois que ces rénovations ont permis trois sauts de classe en moyenne, ce qui est beaucoup mieux qu'avant.
05:29Et on peut encore faire mieux, et chez Doremi, on va beaucoup plus loin.
05:32Par exemple ?
05:33Par exemple, on a mené une étude l'année dernière avec notre centre de R&D.
05:38On a instrumenté une centaine de maisons rénovées par Doremi et par le réseau Doremi.
05:42On a installé des capteurs sur ces maisons et on a mesuré la consommation réelle,
05:46parce qu'il y a beaucoup d'estimations théoriques dans les calculs de DPE.
05:49Nous, on a mesuré la consommation réelle.
05:51On atteint un peu moins de 40 kWh par mètre carré.
05:54Pour resituer ce chiffre-là, c'est à peu près 10 fois moins que la consommation d'une passoire énergétique.
06:00Donc ça, c'est des résultats concrets.
06:01Donc ça veut dire qu'une maison qui était classée, je ne sais pas, F ou G, pour les pires des passoires thermiques, vous l'amenez où ?
06:09Nous, l'objectif de Doremi, c'est de partir d'une passoire thermique et de l'amener au niveau basse consommation, c'est-à-dire une classe A ou B.
06:15Ça, c'est l'objectif et c'est l'idéal.
06:17Quand on fait tous les travaux, on a montré par nos résultats que c'était possible.
06:20Et on peut aussi faire une première étape de travaux à condition de bien la dimensionner et de faire les bons choix de travaux et dans le bon sens.
06:27Avec une autre dimension parce que quand on est propriétaire d'une maison, on se pose aussi la question de la revente.
06:35Donc quand on parlait du retour sur investissement, il y a aussi ça, c'est-à-dire la valorisation de son bien.
06:41Et ça, c'est un critère majeur qui est de plus en plus documenté.
06:44Il y a le Conseil supérieur du notariat qui publie chaque année des études sur la valeur et la valorisation des biens.
06:49Aujourd'hui, on constate en moyenne un écart de 5% par classe énergétique sur les biens.
06:56C'est variable en fonction des régions, mais on peut avoir entre 15 et 30% d'écart sur le prix d'un bien.
07:01Un bien à 300 000 euros, ça peut faire entre 50 et 100 000 euros d'écart entre une passoire énergétique et un bâtiment rénové.
07:08Et ça, ça finance les travaux indirectement.
07:10Alors, si on reste sur MaPrimeRénov', dans les arguments donnés par le gouvernement,
07:14il y avait le fait de dire qu'il y avait eu un certain nombre d'abus et qu'ils voulaient faire le ménage.
07:18Est-ce que vous reconnaissez qu'il y a peut-être eu des abus ?
07:22Alors, il y a de la fraude à la rénovation, il y en a toujours eu.
07:24Il y en a eu sur les anciens mécanismes, il y en a eu sur ce mécanisme.
07:27C'est clairement un problème auquel il faut s'attaquer.
07:29On a des propositions d'ailleurs chez Doremi pour lutter contre la fraude.
07:33Par contre, ça reste un nombre très minoritaire de dossiers.
07:36Qui ne justifiait pas de suspendre.
07:38Qui clairement ne justifiait pas de suspendre.
07:40Nous, on demande à ce que cette suspension soit la plus courte possible et qu'il y ait une réactivation de MaPrimeRénov'.
07:45Mais MaPrimeRénov', il faut la renforcer, il ne faut pas la suspendre.
07:49Il faut la renforcer en luttant contre la fraude.
07:51Qu'est-ce que vous proposez pour lutter contre la fraude ?
07:53Alors, ça passe par des outils.
07:54Nous, on a développé des outils, on a développé des bouquets de travaux pré-calculés par exemple.
07:58C'est du jargon technique, mais ça simplifie le nombre de scénarios possibles.
08:01Et du coup, beaucoup plus simple de les contrôler.
08:03On propose la formation des acteurs.
08:07Nous, on travaille avec 600 entreprises formées par Doremi.
08:10Et qui, du coup, font des chantiers beaucoup plus qualitatifs que la moyenne.
08:15Et cette formation, c'est un prérequis pour lutter contre les fraudes.
08:18Et puis, on propose plus de moyens dans les agences nationales pour instruire et contrôler les dossiers.
08:23Clairement, ces moyens ont été sous-estimés.
08:26Et dans cette période de transformation et avec un mécanisme qui fonctionne, il faut mettre les moyens associés.
08:30Avec la question des artisans qui ne sont peut-être pas tous formés ou pas suffisamment formés.
08:37Ça, c'est une des difficultés pour passer un cap encore supplémentaire, passer à l'échelle ?
08:42C'est une difficulté.
08:42Et nous, c'est le premier métier de Doremi.
08:44Ça a été de former les artisans du bâtiment.
08:46On a formé à peu près 2000 entreprises depuis la création de Doremi.
08:49On travaille avec 600 de manière régulière aujourd'hui.
08:52Et on constate qu'il y a des enjeux de formation.
08:53Parce que partir de gestes isolés de travaux, qui est la pratique majoritaire des artisans,
08:59à des rénovations multimétiers, ça demande un changement de pratique.
09:02Des pratiques commerciales, des pratiques techniques.
09:04Et nous, c'est notre cœur de métier.
09:06On forme les artisans et après, on travaille avec ces artisans sur les chantiers.
09:09Oui.
09:09Mais est-ce que les règles qui permettent à un artisan d'obtenir, je ne sais plus si c'est un label,
09:14mais enfin, ce qui va leur permettre de se lancer sur des chantiers comme ça de rénovation énergétique,
09:20est-ce que les règles sont trop strictes aujourd'hui ?
09:21Est-ce que c'est trop compliqué d'après vous ?
09:22Pas forcément.
09:23Aujourd'hui, le label, c'est le label RGE.
09:26C'est une formation qui est assez courte.
09:28Aujourd'hui, nous, on constate que ce n'est pas forcément un critère de qualité.
09:31Nous, c'est un prérequis pour rentrer dans le réseau d'Orémy et pour rentrer dans des formations d'Orémy.
09:35Mais clairement, il y a des formations complémentaires qui sont nécessaires, qui sont utiles.
09:39Et c'est les formations que l'on propose via notre organisme de formation.
09:43Est-ce que vous trouvez, on va terminer là-dessus, facilement des partenaires financiers ?
09:46C'est-à-dire, quand vous présentez un projet, voilà, vous nous l'avez dit, il faut avancer de l'argent, il faut un prêt.
09:54Est-ce que c'est facile, ça ?
09:56Ou est-ce qu'il faut encore convaincre des établissements bancaires, par exemple, ou des organismes de prêts ?
09:59Il y a encore du travail pour convaincre les organismes financiers.
10:02Il y a eu un progrès ces dernières années.
10:04On constate, on travaille, nous, régulièrement avec différentes banques.
10:07On constate un intérêt pour le sujet de la part des banques croissant.
10:10Nous, on a mobilisé sur la quasi-totalité de nos rénovations des éco-prêts à taux zéro.
10:14On sait que c'est variable selon les banques.
10:17Toutes les banques ne sont pas aussi enclines à distribuer ce prêt à taux zéro.
10:22Mais il y a eu une progression ces dernières années.
10:25Et on sait qu'avec MaPrimeRénov'Réno d'ampleur et avec un éco-prêt à taux zéro,
10:29on peut faire de la rénovation performante et ça marche.
10:31On l'a fait toute l'année, on l'a fait ces dernières années et ça fonctionne.
10:34Donc, ça allait plutôt dans le bon sens.
10:35Et on pousse pour que ce mécanisme soit réactivé le plus vite possible.
10:38Le plus rapidement possible, on a besoin de MaPrimeRénov'.
10:42On a entendu le message. Merci beaucoup Noël Courtemanche.
10:44A bientôt sur BeSmart4Change.
10:46On passe tout de suite à notre débat.
10:48On va parler du rôle de la technologie.
10:51Quel rôle peut-elle jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique ?
10:54Low-tech ou pas ?

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