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Alors que la spéculation foncière progresse dans les grandes villes comme dans les territoires, certains citoyens choisissent de reprendre la main sur l’usage de leur épargne. C’est le pari de Foncière Bellevilles, qui transforme l’immobilier en levier de transition écologique, sociale et démocratique.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Alexandre Borne, bonjour.
00:10Bonjour.
00:10Vous êtes le cofondateur, le DG, le directeur général de Belleville.
00:14Peut-être une question toute simple, pourquoi vous l'avez créé ?
00:16C'était en 2019, je crois. C'est quoi l'idée de Belleville ?
00:19Exactement. L'idée de Belleville, on était cinq associés dans des champs assez différents,
00:24l'immobilier, l'architecture, l'entrepreneuriat social,
00:27et après une quinzaine d'années d'activités,
00:30on a nourri une sorte de frustration de ne pas comprendre exactement pourquoi on faisait ce métier,
00:34de comprendre aussi certains dysfonctionnements un peu structurels,
00:38une surfinanciarisation aussi, et on a eu envie de changer les choses.
00:42Et alors, quels sont les principes de Belleville ? C'est une foncière, c'est ça ?
00:46C'est une foncière. Nous, notre principe aujourd'hui, c'est assez simple.
00:49Ce qu'on essaie d'expliquer, c'est de l'immobilier solidaire accessible à partir de 100 euros pour des citoyens,
00:55et avec un process 100% digitalisé.
00:59Et notre métier, c'est d'acheter derrière ce qu'on fait avec cet argent,
01:02c'est qu'on achète des immeubles, on les rénove,
01:04on les repense au regard des enjeux écologiques et sociaux de la société,
01:08de manière très contextualisée au terrain.
01:12Et ensuite, on vient louer ces immeubles à des loyers les plus modérés possibles
01:16pour des acteurs de la transition écologique et sociale,
01:20pour du logement, pour des gens qui sont en difficulté de se loger.
01:23Et donc, on vient essayer de répondre à des problématiques de spéculation foncière,
01:27de montée des prix, d'accessibilité de l'immobilier.
01:29Et vous venez de lancer, je crois que c'était à la fin de l'année dernière,
01:32fin 2024, une nouvelle société d'investissement qui s'appelle Foncières Belleville.
01:36De quoi il s'agit ?
01:38Exactement, Foncières Belleville, c'est une société d'investissement.
01:41Nous, au cours des cinq dernières années, on a investi plus de 10 millions d'euros,
01:45on a un portefeuille d'actifs qui représente à peu près 80 millions d'euros d'actifs.
01:49Et on pense avoir fait un certain nombre de projets pour comprendre vraiment
01:54et pouvoir déployer.
01:55Aujourd'hui, il s'agit de changer d'échelle aussi et de permettre, comme je le disais,
01:59à des citoyens de flécher son épargne vers des entreprises
02:02qui sont engagées directement dans ces entreprises.
02:05Donc, ce sont de nouveaux modèles d'investissement citoyens, en fait, que vous proposez.
02:12Exactement.
02:12Il y a un certain nombre d'acteurs qui existent, mais aujourd'hui, vous pouvez investir en bourse,
02:17vous pouvez investir dans des assurances-vie, vous pouvez aussi investir dans l'économie sociale
02:22et solidaire, mais en direct, donc dans des entreprises en direct.
02:25Et en investissant dans ces entreprises en direct, cela permet à des citoyens, d'une part,
02:31un avantage, de bénéficier d'un avantage fiscal qui est assez intéressant, qui est de l'ordre de 25%,
02:35si l'argent reste bloqué 5 ans.
02:36Et aussi de pouvoir être acteur du changement, si je peux dire, c'est-à-dire de maîtriser la finalité et l'impact de son argent
02:44en se disant, j'ai un peu d'épargne, je peux le mettre dans une entreprise, je connais cette entreprise,
02:49je peux même participer à la vie de cette entreprise, faire partie d'une communauté
02:52et puis visiter, pour ce qui est de l'immobilier, on peut visiter des lieux, les vivre
02:55et comprendre en fait qu'en tant que citoyen, on a une capacité d'action qui dépasse le vote,
03:01c'est important le vote, bien sûr, surtout, mais aussi par le pouvoir de notre argent.
03:06Et alors pourquoi vous avez ressenti le besoin, je comprends bien, de cette société d'investissement,
03:11c'est pour avoir une puissance de frappe en quelque sorte plus importante, c'est ça ?
03:18Il y a des projets, j'affine un peu ma question, il y a des projets sur lesquels vous ne pouviez pas aller,
03:22et sur lesquels vous pourrez aller avec cette nouvelle société ?
03:26On va pouvoir faire deux choses, d'abord, en effet, une question de volume,
03:31nous on a investi 10 millions d'euros, ici aujourd'hui, cette société d'investissement
03:35a pour objectif de lever 60 millions d'euros sur 5 ans, donc plutôt 12 millions par an.
03:39Donc il y a cette question-là, il y a une question de déploiement,
03:43les besoins dans l'économie sociale et solidaire, les besoins des citoyens sont croissants
03:48aujourd'hui dans une société qu'on connaît, ça c'est la première chose.
03:51D'autre part, ce bénéfice fiscal, il est intéressant parce qu'en investissant au capital,
03:56ça permet pour l'entreprise comme nous, aussi, c'est une rémunération pour l'investisseur
04:03qui est non négligeable et que nous ne payons pas.
04:07Et donc ça nous permet aussi d'avoir un impact plus fort sur nos bénéficiaires,
04:11parce que le coût de notre argent a baissé aussi.
04:13Et dernière chose, ça permet, c'est un changement fort pour nous,
04:17c'est de se donner une surface grand public et donc de nouer des liens plus forts
04:21avec nos investisseurs, avec une communauté et de faire comprendre et d'essayer de travailler ensemble
04:25pour que les citoyens et les citoyennes se disent, c'est un sujet, l'immobilier solidaire,
04:31les villes moyennes, les lieux d'action démocratiques qu'on porte,
04:35ce sont des sujets qui me touchent personnellement,
04:38ce sont des sujets qui font partie de mon quotidien et j'ai envie de me mobiliser.
04:40Et donc on n'est pas, on change de surface aussi.
04:44Vous parliez de la financiarisation, si on regarde le chiffre,
04:47c'est la ville de Paris qui nous fournit ça, des logements vacants à Paris,
04:51c'est près de 300 000 logements actuellement vacants ou transformés en résidences secondaires.
04:55À Paris, sur 1 400 000 logements, il y en a seulement 350 000 disponibles à la location,
05:00145 000 qui sont laissés vides.
05:02C'est la démonstration un peu de l'absurdité du système ?
05:06Oui, exactement. En fait, on construit 3 millions de mètres carrés de bureaux,
05:12on en a combien de millions de vides ?
05:14On fait du bureau alors qu'on a besoin de faire du logement,
05:17les gens ont du mal à se loger et quand on a du logement, il est vide.
05:21Donc on comprend, le problème le plus fort derrière ça,
05:24c'est que parfois il y a une intention de s'enrichir en tant qu'entreprise ou personnellement,
05:29mais il y a aussi un système qui est drivé par des fondamentaux
05:35qui génère ces problèmes-là.
05:38Oui, ce n'est pas forcément de la mauvaise volonté
05:40ou une volonté d'enrichissement excessif des uns,
05:43c'est le système qui pousse à ça ?
05:45Oui, j'imagine que vous avez peut-être une assurance vie, une épargne.
05:48En fait, la réglementation impose de sécuriser au maximum votre argent
05:53au même titre que celui des Françaises et des Français.
05:55Et donc cet argent-là, qu'est-ce qui est le plus simple ?
05:58L'immobilier, ce n'est pas mal pour le placer.
06:00Le placer dans du bureau, c'est souvent plus simple que le placer dans du logement,
06:03c'est en termes de gestion.
06:04Donc il s'avère que par la force des choses, on va aller créer beaucoup de bureaux,
06:07mais ce qu'on critique, c'est justement cette finalité,
06:09elle ne répond plus aux besoins des gens.
06:12Et donc il faut qu'on recule, on se rende compte de ces décalages
06:15et qu'on se remobilise pour répondre réellement aux besoins des personnes.
06:19Vous avez des exemples, soit de projets passés,
06:24ou alors peut-être justement avec la foncière Belleville,
06:27de nouveaux projets vers lesquels vous allez pouvoir vous tourner ?
06:30Oui, on se mobilise aujourd'hui beaucoup pour créer du logement dans des villes,
06:35soit dans des villes moyennes, c'est un premier axe.
06:37C'est-à-dire, c'est très intéressant, les villes moyennes,
06:40on a des villes dans lesquelles on a surutilisé la voiture,
06:42on a dit aux gens, prends ta voiture, va en périphérie, faire tes courses,
06:46on va faciliter, c'est ça.
06:47Puis si tu peux habiter en périphérie, c'est bien,
06:49mais en même temps, on ne passe plus jamais par le centre-ville.
06:52Alors qu'on a des centres-villes qui sont magnifiques,
06:53on a oublié cette valeur-là.
06:54Donc en fait, aujourd'hui, réinvestir les centres-villes,
06:57redonner à ces centres-villes du logement de qualité,
07:00avec des loyers les plus abordables possibles,
07:02ça c'est un axe de travail pour nous.
07:03La même chose dans des zones tendues,
07:05vous prenez des villes comme Montpellier, comme Cet, comme Saint-Ouen,
07:07en fait, on a intérêt à créer du logement dans des zones
07:10dans lesquelles la spéculation foncière fait que les prix vont monter.
07:14Et c'est pourtant des villes qui ont été populaires,
07:15des quartiers populaires,
07:16et donc il faut qu'on protège des poches de popularité,
07:19si je peux dire, de logements populaires abordables dans ces endroits.
07:21Donc ça, c'est un de nos axes.
07:23Et ensuite, on essaye de porter des lieux d'action,
07:27j'appelle ça d'action démocratique, d'action citoyenne.
07:29Les citoyens et les citoyennes ont besoin de lieux pour se réunir,
07:34créer du lien social et se mobiliser, agir,
07:37se redonner de la capacité d'action
07:39en réponse à des dysfonctionnements structurels qu'on évoque là aujourd'hui.
07:42Mais alors ça veut dire quoi ?
07:43Ça veut dire que dans vos projets, vous intégrez ces lieux-là,
07:46ou alors que vous lancez aussi, par exemple,
07:50dans la rénovation d'un lieu culturel,
07:53ça fait partie des piliers de l'entreprise ?
07:56Exactement.
07:56On a trois axes.
07:57Le logement, en gros, les lieux culturels et sociaux.
08:00Et donc, on porte des lieux dans lesquels
08:02on peut trouver une programmation culturelle,
08:05un soutien à des problématiques sociales,
08:06de l'alimentation, etc.
08:07Et ça, c'est ce qu'on appelle ces lieux.
08:10On en a dans plusieurs villes en France.
08:12Et ensuite, on porte aussi des locaux d'activité pour des associations,
08:16pour des acteurs engagés dans la transition écologique et sociale,
08:18parce que le loyer payé par ces acteurs-là pèse le lourd sur leur bilan.
08:23Et alors, on doit vous poser la question.
08:24À chaque fois, est-ce que c'est forcément moins rentable qu'une foncière classique ?
08:29Écoutez, ce n'est pas…
08:30J'ai bien compris que ce n'était pas forcément votre premier objectif,
08:33mais en même temps, plus vous durerez, plus vous serez solide,
08:36plus il y aura des projets portés.
08:38Exactement.
08:38C'est pour ça que cette question, c'est à la fois facile,
08:42et en même temps, je prête attention à cette réponse,
08:45que si je vous dis que oui, c'est pareil,
08:48en fait, il y a des acteurs de la grande solidarité
08:50qui ne peuvent pas donner le même niveau de rendement
08:52qu'un acteur de l'immobilier classique,
08:54et il faut qu'on puisse investir dans ces entreprises-là très, très sociales.
08:57Aujourd'hui, par contre, ce que je dis aussi,
08:59c'est qu'une SCPI délivre entre 4 et 6 % de rendement,
09:02et que nous, on s'attache à essayer de délivrer 3-4 % de rendement sans la défisque.
09:09Donc, couplé à une défiscalisation, ça devient des rendements
09:11qui peuvent être super à 6,5 %, ce qui est intéressant.
09:15Donc, j'ai envie de dire, oui, c'est intéressant,
09:18l'immobilier est résilient,
09:19les projets qu'on porte sont très militants, très engagés,
09:22et donc, il y a un fort enjeu à voir ça
09:25comme une source d'investissement intéressante
09:28et très motivante pour les gens qui ont envie de faire les choses bien.
09:29Merci beaucoup, Alexandre Borne, et à bientôt sur Be Smart for Change.
09:34On passe à notre débat,
09:36comment sécuriser notre approvisionnement,
09:40notamment en métaux, en matières premières,
09:42nécessaires, indispensables à la transition environnementale.

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