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  • 08/07/2025
Dans son édito du 08/07/2025, Paul Sugy revient sur le suicide de l'ancien député Olivier Marleix.

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Transcription
00:00Avec Olivier Marlex, la droite perd une de ses figures et probablement un homme qui avait le plus chevillé au cœur ses convictions.
00:06Il était député depuis le 2012 dans le Réloir, il avait été président bien sûr du groupe Les Républicains à l'Assemblée Nationale.
00:12C'est un souverainiste, intransigeant, qui était aussi un critique virulent du pouvoir macroniste,
00:17mais qui incarnait une droite enracinée, fidèle bien sûr selon le mot de De Gaulle à une certaine idée de la France.
00:23Un homme d'une élégance discrète, mais aussi de conviction qu'il avait hérité, reçu au berceau.
00:28Son père, Alain Marlex, avait été ministre sous Nicolas Sarkozy.
00:33Et puis Olivier, lui, il s'était engagé dans les cercles politiques en apportant son soutien à Édouard Balladur dès 1995.
00:39Il a imposé un style parlementaire rigoureux avec une forme d'élégance et d'humour, un style sobre, mais avec une parole aussi très libre.
00:47Et c'était l'homme qui avait fait l'unité des Républicains après la défaite, la débâcle de Valérie Pécresse aux dernières élections présidentielles,
00:53tenant le navire à flot dans la tempête et faisant face aussi aux fractures sur la loi sur les retraites.
00:59Ce qui est frappant, ce qui nous a tous frappés, c'est que tout le monde lui a rendu un bel hommage, même ses adversaires les plus résolus.
01:07C'est souvent la marque des grands hommes, c'est à ça qu'on reconnaît un grand homme.
01:10Oui, vous avez raison, c'est le signe effectivement qu'en Olivier Marlex, même ses adversaires les plus farouches avaient trouvé un adversaire à leur hauteur.
01:17Et quelqu'un, effectivement, dont les convictions et les idéaux s'imposaient avec une forme de respect.
01:22Peu d'hommes politiques, en mourant, auront attiré à eux un flot d'hommages aussi unanime.
01:26Dans sa famille politique, évidemment, dans le camp présidentiel aussi.
01:29Mais ensuite, du Rassemblement national jusqu'aux députés de la France insoumise, chacun a fait part de sa tristesse, de sa douleur.
01:34Emmanuel Macron a eu une belle formule hier soir.
01:37Il a écrit « Je respectais nos différents car ils se plaçaient à la lumière de notre amour du pays ».
01:42Alors, pour autant, Olivier Marlex était un homme de combat.
01:45Il n'a d'ailleurs pas ménagé ses coups à l'égard de ses adversaires.
01:47C'est lui, par exemple, qui avait fait adopter une motion de rejet sur la loi immigration portée par Gérald Darmanin.
01:53Et puis, il ne cachait pas son aversion pour le style et pour, d'une certaine manière, la vision de la France que portait Emmanuel Macron.
02:00Ni d'ailleurs pour les anciens des Républicains qui avaient rejoint le camp présidentiel.
02:04Évidemment, l'acte fondamental de cette joute, c'était lorsqu'en 2019, il a dirigé une commission d'enquête
02:10sur la vente d'Alstom Énergie à Général Electric, saisissant même la justice en étant convaincu
02:14qu'il s'agissait d'un abandon stratégique orchestré à l'époque par Bercy.
02:18Il avait, par exemple, et c'est à mettre bien sûr à son crédit,
02:22été rendre visite en prison aux États-Unis à Frédéric Pirucci,
02:25un des cadres d'Alstom qui s'était retrouvé quasiment un otage économique aux États-Unis de ses manigances.
02:32Il avait poussé sa critique en 2021 en publiant un livre qui s'appelait « Liquidateur »,
02:36un pamphlet contre le macronisme qui était dédié à ceux qui ne sont rien.
02:40Il s'en expliquait dans un entretien au Figaro Magazine en concluant avec des mots très durs.
02:45« L'ultime trahison, disait-il, d'un dirigeant politique,
02:48c'est d'oublier qu'il est là pour protéger ses compatriotes, à commencer par les plus modestes. »
02:53Ce qui frappe évidemment, c'est la brutalité de sa mort.
02:56Il s'est donné la mort, il s'est suicidé.
02:58Elle nous rappelle cette brutalité que la politique a aussi ses parts d'ombre
03:03et que derrière, ce sont des hommes et des femmes.
03:06Oui, et c'est difficile de ramener cette mort, par exemple, à celle de l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy,
03:11dont on savait de façon notoire la dépression,
03:13qui connaissait aussi une disgrâce politique pour Olivier Marlex,
03:15et d'autant plus brutale que rien, bien sûr, n'indiquait qu'il vivait une période difficile de sa vie.
03:20J'ai beaucoup apprécié hier aussi les mots de François-Xébé Lamy,
03:22qui était son ami et qui lui a rendu hommage en disant cela.
03:25« La politique peut être d'une immense dureté en laissant chaque homme dans sa nuit. »
03:29Cette nuit a emporté Olivier Marlex dans les couloirs de l'Assemblée nationale pour l'heure.
03:34On évoque beaucoup un chagrin d'amour, en tout cas quelque chose qui serait un tourment de la vie personnelle.
03:40Mais c'est vrai que ses amis le décrivaient comme humble et sensible.
03:42Peut-être que cette sensibilité-là aura été aussi son tombeau.
03:46Il y a une phrase, j'aimerais finir avec ça, du philosophe Gustave Thibon,
03:49que j'aime bien pour les personnages publics,
03:51qui permet de comprendre aussi que chacun porte dans les ténèbres de sa propre vie
03:55une croix parfois trop lourde pour lui.
03:57Gustave Thibon donc dit que celui qui est étoile pour les hommes
04:00est peut-être enfer pour lui-même.
04:02Il donne la lumière, mais il garde pour lui l'incendie.
04:04Sous-titrage Société Radio-Canada
04:09Sous-titrage Société Radio-Canada

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