00:00La politique avec vous, Paul Suzy. Jordan Bardella et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés mardi.
00:05Quel est le sens politique de cette entrevue ?
00:08Les deux hommes vont chercher à en diminuer l'importance, évidemment, puisqu'ils font face à une forme de réprobation dans chacun de leurs deux camps respectifs.
00:14Mais en réalité, cet entretien leur profite à tous les deux.
00:17Jordan Bardella s'installe comme un homme d'État et Nicolas Sarkozy confirme qu'il est un homme libre.
00:21Au plan personnel, on peut aussi voir un geste de reconnaissance de l'ancien président à l'égard du jeune homme politique
00:26qui s'était publiquement ému du retrait de la Légion d'honneur de Nicolas Sarkozy.
00:30Et Jordan Bardella, par cet entretien, est conforté dans la stature qu'il cherche à étoffer.
00:34Il est l'homme fort de son camp, celui qui intrigue et qui déchaîne les curiosités.
00:38Mais ce rendez-vous revêt presque un sens historique.
00:41Jordan Bardella incarne au Rassemblement National une génération de militants de droite déçus par le sarkozisme en son temps
00:46et pour qui le ralliement au parti à la flamme est d'abord un geste de dépit par rapport à un engagement passé au sein de la droite traditionnelle.
00:52Et en même temps, Jordan Bardella admire chez Nicolas Sarkozy sa capacité à avoir réuni, en plus du vote traditionnel bourgeois,
01:00le vote des classes populaires pour se faire élire en 2007.
01:02C'est cette recette qui veut réussir de nouveau s'il est candidat dans deux ans.
01:06Alors, est-ce que cette rencontre prépare le chemin vers une future union des droites ?
01:10En tout cas, elle avalise l'idée qu'il y a un rapprochement intellectuel au sein de la droite.
01:14Le ni gauche ni droite le péniste, au fond, ne convainc plus personne.
01:17Tout le monde sait que le Rassemblement National est un parti de droite.
01:20Et surtout, son président montre qu'il n'est pas un infréquentable.
01:23Mais on est loin d'une alliance encore au niveau des appareils.
01:25On l'a vu, par exemple, avec le refus opposé par le RN d'une alliance avec le parti de Marion Maréchal,
01:29Identité et Liberté, pour des accords sur les élections municipales.
01:33L'union des droites, aujourd'hui, c'est une stratégie plaidée d'abord par les petites candidatures
01:37pour tenter de profiter d'un effet d'aubaine en installant des élus.
01:40Le RN, lui, continue de dire, d'accord, mais à mes conditions, c'est-à-dire sous la bannière.
01:44C'est ce qui s'est fait, par exemple, avec Éric Ciotti l'an dernier.
01:47Il y a quand même des petits pas sur certains votes à l'Assemblée.
01:50Oui, il y a ce rapprochement intellectuel qu'on voit au niveau des idées
01:53sur un certain nombre de votes communs entre différents partis de droite et le Rassemblement National.
01:58On l'a vu sur la suppression des ZFE, par exemple,
02:00ou même les députés du groupe Renaissance, malgré les consignes de Gabriel Attal,
02:03ont voté pour la suppression des ZFE.
02:05On l'a vu encore sur le droit du sol à Mayotte.
02:08Thomas Bonnet me signale cet article de Politico,
02:10qui a analysé des milliers de votes publics depuis le début de la législature actuelle,
02:14donc depuis un an.
02:15LR a voté 7 fois sur 10, comme le Rassemblement National, à l'Assemblée.
02:20Ça montre bien qu'il y a une convergence des idées
02:22et que de plus en plus, les électeurs de droite, d'ailleurs, l'ont bien compris.
02:26En réalité, c'est la droite nationale qui a dicté en partie son agenda.
02:30Ça permet des rapprochements de circonstances sur des batailles communes.
02:33Aujourd'hui, pour l'instant, et c'est aussi l'intérêt des appareils
02:36de ne pas se fondre pour ne pas se confondre,
02:39ça empêche durablement une union des appareils.
02:42Mais par contre, les électeurs, eux, ne se feront plus avoir.
