- 07/07/2025
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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur.
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00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V. C'était le sujet dont tout le monde parlait aux
00:06rencontres économiques d'Aix-en-Provence où vous étiez ce week-end, cette guerre commerciale
00:10entre les États-Unis et l'Europe et ce possible accord qu'on attend. D'ailleurs le ministre
00:14français de l'économie, Éric Lombard, disait que cet accord était sur le point d'être conclu.
00:18Est-ce que vous êtes aussi optimiste que lui ? Oui, je crois même qu'il l'attendait pendant
00:22le week-end. Et bien non, il s'est trompé. C'était pas pendant le week-end puisque nous n'avons
00:27toujours pas d'accord. Pourquoi ça traîne ? Ça traîne parce que l'Europe est le dernier gros
00:32morceau dans cette discussion. Je rappelle que nous sommes le premier partenaire de très loin
00:36commercial avec les États-Unis avec plus de 1500 milliards d'euros qui sont échangés tous les
00:43ans. Et donc évidemment on voit bien la tactique du président des États-Unis. D'abord évidemment
00:49faire les plus petits puis les moyens et finit par le gros. Et le problème que nous avons évidemment
00:55c'est que nous sommes dans une logique de rapport de force. Pour l'instant l'Europe n'a pas exercé son
01:00rapport de force. Loin s'en faut du reste. Et pendant ce temps-là, un certain nombre de pays ont déjà
01:06scellé des accords, des deals comme il dit. En particulier la Chine mais aussi la Grande-Bretagne.
01:13La Grande-Bretagne qui l'a fait très vite. Donc il ne faudrait pas, et je le dis très clairement ce matin,
01:18il ne faudrait pas que parce que la Grande-Bretagne qui a décidé de quitter l'Union Européenne, on le sait,
01:25a scellé son accord avec les États-Unis en acceptant de façon unilatérale 10% de droits de douane
01:32plus un certain nombre d'autres droits en particulier sur les voitures. Il ne faudrait pas que ça serve de
01:36référence et que nous ayons un plus mauvais deal. Parce que dans ce cas-là, alors ça voudrait dire quoi ?
01:41Parce que nous sommes 27 et donc parce que nous avons délégué à la Commission Européenne
01:47le pouvoir de négocier en notre nom à tous. Parce que nous sommes plus forts ensemble,
01:51ça voudrait dire qu'on est plus faibles ensemble ? Alors ça posera question.
01:54Ce serait un très mauvais signal. Il y a en plus des divergences entre les pays.
01:57On a l'impression que Berlin a envie d'être plus conciliant avec les États-Unis.
02:00Quand Paris dit « Attention, s'il n'y a pas de deal, nous on va aussi avoir des mesures de rétention »,
02:04ce n'est pas facile pour l'Union Européenne d'avoir une ligne cohérente avec tous ces pays.
02:08La politique n'est pas facile. La politique, c'est servir l'intérêt général.
02:11Nous avons remis notre intérêt général dans les mains de la présidente de la Commission, Van der Leyen.
02:17Et elle le fait bien, Van der Leyen ?
02:18Pour l'instant, on va voir. C'est à elle, encore une fois, à sceller cet accord.
02:22Bien sûr, bien sûr, un certain nombre d'États ont des positions qui sont divergentes.
02:27Mais encore une fois, c'est parce que nous avons, nous, voulu être plus forts
02:30que nous avons remis ce pouvoir dans les mains de Mme Van der Leyen.
02:33Et donc c'est à Mme Van der Leyen de durcir le ton, de montrer plus les muscles ?
02:37C'est à elle. Du reste, elle va répondre ce soir. Elle va au Parlement.
02:40Je crois qu'il y a aussi le Parlement qui pose des questions.
02:42Il est absolument maintenant évident que c'est Mme Van der Leyen qui doit sceller cet accord,
02:48en notre nom à tous, parce qu'elle en a reçu délégation.
02:51Alors oui, bien sûr, à certains pays, vous avez fait référence à l'Allemagne.
02:55L'Allemagne est évidemment grande exportatrice aux États-Unis, notamment de voitures.
03:00L'Italie aussi. Mais c'est ça l'Europe.
03:03Et c'est encore une fois pour cela que nous avons décidé de mutualiser notre capacité de négociation.
03:08Je reparle d'Éric Lombard, le ministre de l'Économie, qui disait ce week-end, justement,
03:11il comparait les États-Unis, la Russie et la Chine à, je cite, trois caïds qui ne respectent plus aucune règle.
03:16Eh bien, nous devons être le quatrième caïd, car nous sommes effectivement le plus grand marché intérieur.
03:21Donc il faut se comporter comme des caïds.
03:22Mais c'est ce que nous sommes aujourd'hui dans le monde tel qu'il est.
03:25Et c'est précisément pour ça que nous avons notre projet.
03:28Et c'est précisément pour cela que nous devons, encore une fois, mutualiser nos forces ensemble,
03:32pour pouvoir peser, parce que malheureusement, oui, le monde dans lequel nous entrons est un monde de rapports de force.
03:38Et pour agresser des rapports de force, eh bien, il faut d'abord être conscient de sa force, de sa puissance.
03:42Bien sûr, on n'est pas une puissance hégémonique, mais si jamais d'autres exercent cette puissance sur nous,
03:48il faut avoir la capacité de dire que les chiots doivent se passer de façon équilibrée.
03:54Thierry Breton, vous étiez donc aux rencontres économiques d'Aix-en-Provence ce week-end.
03:57On a vu le gouverneur de la Banque de France, François Villerois de Gallo,
03:59coiffé d'une casquette verte portant le message « Make Europe great again »,
04:03clin d'œil à ce couvre-chef du président des États-Unis.
04:06Ça veut dire quoi ? Rendre sa grandeur à l'Europe ? Ça passe par quoi ?
04:09Oui, c'est vrai qu'il aurait pu le mettre en français.
04:11Ça aurait été aussi bien. Voilà, là, c'est temps en anglais, on le voit sur la photo.
04:13On est le gouverneur de la Banque de France, ça ne me rappelle pas, pas de la Banque d'Europe.
04:15Mais bon, pourquoi pas ? C'est un clin d'œil.
04:17Mais c'est un clin d'œil. Mais le message ?
04:19Ça veut dire le message, évidemment, c'est que nous sommes, là encore, plus forts ensemble.
04:23On a une monnaie unique, évidemment, l'euro, pour tous les membres qui en font partie.
04:27C'est une monnaie qui est très importante.
04:29C'est un des éléments de notre puissance et aussi de notre souveraineté.
04:32Mais ça doit être vrai aussi dans beaucoup d'autres domaines.
04:35On parle en particulier beaucoup, j'étais venu pour en parler moi-même à Aix, de la défense.
04:39Il faut qu'on mette ensemble nos capacités d'augmenter très significativement notre capacité de produire davantage ensemble en matière de défense.
04:48On sait qu'on va investir davantage.
04:50Alors, ou bien on investit de façon séparée et il n'y aura jamais de puissance européenne parce qu'on va être fragmenté.
04:55Ou bien c'est le moment, c'est vraiment le rendez-vous que nous avons.
04:59Nous décidons d'investir ensemble pour pouvoir précisément peser dans le monde tel qu'on vient de le décrire,
05:04qui est un monde de rapports de force.
05:05On est bien placé pour le savoir, en particulier avec un voisin comme la Russie.
05:08Thierry Breton, gros débat en France en ce moment autour de la politique énergétique.
05:12À droite, Bruno Retailleau notamment, demande un moratoire sur le financement public des énergies renouvelables
05:17et notamment sur l'éolien, la ministre de la Transition écologique, juste cela, populiste.
05:21Qu'est-ce que vous dites, vous, Thierry Breton ?
05:23Oui, c'est vrai qu'on a, nous, un mix énergétique qui est l'un des meilleurs en Europe grâce précisément au nucléaire.
05:30Depuis Nicolas Sarkozy en 2005, c'était notamment cette loi sur la transition écologique
05:33où il y avait une part de la neuro-renouvelable qui avait été intégrée au mix énergétique.
05:35Mais je parle, moi, surtout du nucléaire.
05:37Et je pense qu'encore une fois, je le dis de façon très claire de nouveau ce matin à votre antenne,
05:41c'est clairement grâce au nucléaire qu'on est le pays qui émet le moins de carbone, de CO2,
05:47mais aussi qu'on pourra atteindre notre objectif de décarbonation en 2050,
05:52qui est l'objectif de notre continent.
05:53C'est grâce au nucléaire, je le redis.
05:55Donc on laisse l'éolien de côté, on se concentre que sur le nucléaire ?
05:58L'éolien et les énergies alternatives, les énergies renouvelables,
06:01elles sont par définition alternatives, elles vont évidemment en complément.
06:05Il faut les prendre en complément, elles sont importantes.
06:07Mais le gros de notre puissance de production, c'est évidemment pour nous,
06:11en tout cas français, de façon très claire, c'est le nucléaire.
06:14Mais est-ce qu'on continue de subventionner les éoliennes par exemple ?
06:16Alors c'est une question qui se pose tout à fait légitimement,
06:19il n'y a pas du reste que les éoliennes, il y a aussi évidemment tout ce qui concerne le solaire.
06:24Il faut bien voir qu'on est allé un peu vite dans certains départements,
06:29moi j'en connais un certain nombre, je pense en particulier des départements au centre de la France,
06:32on est allé un peu vite en matière d'éoliennes.
06:35Pour ceux qui partent en vacances, je sais qu'il y en a un certain nombre
06:37qui ont l'intention de le faire peut-être, et qui vont prendre l'autoroute à 10.
06:41C'est vrai qu'entre Paris et Orléans, c'est devenu maintenant un vaste couloir d'éoliennes.
06:47Bon, alors est-ce qu'on peut peut-être réfléchir un tout petit peu ?
06:51Oui, ça me semble, après ce qui s'est passé, ça me semble à mon avis une bonne idée.
06:55Et voyez-vous, et je le redis, faisons les choses par ordre.
06:59On a mis maintenant ce qu'il fallait pour avoir des industries qui soient des industries alternatives.
07:04Je pense que de réfléchir un petit peu maintenant où on va le mettre les autres,
07:07ça me semble de bonne logique.
07:09Et je le redis, continuons à développer tout ce qui concerne le nucléaire
07:14parce que c'est une grande partie de notre avenir énergétique.
07:18Le budget, Thierry Breton, le Premier ministre, consulte cette semaine
07:20les différents groupes politiques avant de présenter le 15 juillet
07:22ses grandes orientations pour 2026.
07:25Vous qui avez été ministre de l'économie en 2005 et jusqu'à 2007,
07:28est-ce que c'est encore possible de contenir la dette en France ?
07:31Ce n'est pas que c'est possible, c'est que c'est absolument indispensable.
07:34Encore faut-il le faire, de pouvoir le faire.
07:36Oui, écoutez, vous faites référence, puisque vous avez l'amabilité de rappeler
07:39cette période entre 2005, 2006, 2007.
07:43C'est une période où la dette de la France, son endettement a diminué.
07:47Parce que c'était ma politique, c'est la politique que nous avons voulu mettre en œuvre.
07:50On l'a fait de façon déterminée.
07:52C'était notre axe politique.
07:54Eh bien oui, la dette de la France est passée de 67% à l'époque à 62%.
07:58Donc c'est possible.
07:59Mais la 40 milliards d'économies cette année, sans augmenter les impôts, c'est possible ?
08:03Bien entendu. Vous savez combien on dépense en France pour faire fonctionner le pays France ?
08:07On dépense 1 650 milliards d'euros par an.
08:11C'est ça, le fonctionnement de notre pays.
08:13Ça fait 23 000 euros par habitant, par an.
08:16C'est ça ce que nous dépensons pour faire fonctionner la France.
08:18Donc 40 milliards, vous dites, c'est possible ?
08:19On peut en être fiers, on peut en être fiers.
08:22Mais nous sommes le pays qui a le plus haut taux de dépense de tous les pays de l'OCDE.
08:27Bon, ça se traduit encore une fois par ces montants que je viens de rappeler à votre antenne.
08:30Oui, alors 40 milliards sur 1 650 milliards, est-ce que c'est possible ?
08:34La réponse, c'est oui.
08:35Mais c'est possible.
08:35C'est oui.
08:36Et alors évidemment, il faut aller regarder où ça se passe.
08:39Alors il y a 350 milliards à peu près pour le fonctionnement de l'État,
08:41c'est-à-dire l'armée, la défense, on en a parlé, c'est-à-dire évidemment la santé, c'est-à-dire aussi l'éducation.
08:49Mais vous avez 900 milliards pour nos dépenses sociales et nos dépenses de retraite.
08:53C'est la plus grosse poche.
08:54Donc c'est le modèle social français qu'il faut revoir ?
08:56Bien sûr qu'il faut le revoir.
08:57Il faut garder évidemment l'esprit du Conseil national de la résistance,
09:00qu'il a fondé, et c'est notre ADN.
09:03Mais évidemment, tout en maintenant évidemment le service qu'il offre légitimement à nos concitoyens,
09:09bien entendu qu'il faut s'asseoir et le remettre.
09:12Et c'est pour ça que je ne suis pas de ceux du tout qui critiquent le Premier ministre
09:15quand il a lancé son idée de conclave,
09:18parce qu'au moins il a mis les partenaires sociaux autour de la table ensemble
09:22pour commencer à traiter ce problème là où il faut le traiter.
09:27Donc oui, la réponse c'est 40 milliards sur 1650 milliards.
09:30Alors quoi ? On serait le seul pays au monde où on ne peut pas trouver 40 milliards sur 1650 milliards ?
09:35Et bien si c'est ça, je vais vous dire une chose.
09:38Si c'est ça, voilà ce que j'entends moi en Europe.
09:41Un pays qui ne compte pas, c'est un pays qui ne compte plus.
09:44Alors moi, j'attends de mon pays qu'il réapprenne à compter.
09:47Thierry Breton, invité des 4EV ce lundi.
09:49Merci beaucoup, bonne journée.
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