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00:00Merci de nous rejoindre sur Europe 1 Soir Week-end. On est en compagnie de nos débatteurs de la deuxième heure.
00:06Georges Fenech, ancien juge d'instruction, auteur de l'ouvrage Hermine aux éditions, Guy Trédaniel.
00:11Bonsoir Georges Fenech.
00:12Bonsoir Stéphanie.
00:13Raphaël Steinville, directeur adjoint de la rédaction du JDD. Bonsoir Raphaël.
00:17Bonsoir Stéphanie.
00:18Et nous sommes avec Arnaud Benedetti, cofondateur du comité de soutien de Boilem Sans Salle,
00:24directeur également de la rédaction Revue Politique et Parlementaire.
00:29Bonsoir Arnaud Benedetti.
00:32Bonsoir à vous.
00:33Cette nouvelle qui nous est parvenue peu avant 19h, selon plusieurs sources,
00:38Boilem Sans Salle ne figure pas parmi les détenus graciés pour l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie par le président Teboul.
00:46Est-ce que vous nous confirmez Arnaud Benedetti cette information ?
00:50Écoutez, malheureusement tous les paramètres sont au rouge.
00:53Il y a fort à craindre que Boilem Sans Salle ne fasse pas partie des 6500 prisonniers qui sont graciés ce soir par le président Teboul.
01:03Il suffit de lire le décret de grâce pour voir que malheureusement les chefs d'accusation dont Boilem Sans Salle est l'objet ne font pas partie des mesures de grâce.
01:17Donc on en déduit logiquement qu'il n'est pas gracié ce soir.
01:21C'est évidemment un sentiment à la fois d'indignation, de colère, mais malheureusement, je vais dire, ce n'est pas forcément une surprise pour nous.
01:29Le comité de soutien avait été depuis le début extrêmement prudent sur les annonces prématurées de grâce qui pouvaient parfois circuler mezzo-voce,
01:38même si bien évidemment on espérait malgré tout une grâce.
01:46Ça nous interroge surtout sur la stratégie qui a été conduite maintenant depuis plusieurs mois.
01:52C'est vrai qu'on nous disait qu'il faut épuiser toutes les voies judiciaires, toutes les voies recours judiciaires pour bénéficier d'une grâce.
02:01C'était en fin de compte déjà la stratégie depuis le début, d'une certaine manière, depuis le début de l'incarcération de Boilem Sans Salle.
02:08Aujourd'hui, cette stratégie, forcée de constater, a échoué totalement.
02:12Arnaud Benedetti, néanmoins, cette grâce collective excluait les prisonniers condamnés pour atteinte à l'unité nationale.
02:19C'est le chef d'accusation dont faisait l'objet l'écrivain franco-algérien.
02:25Il reste quand même une grâce encore possible, une grâce individuelle pour raison de sansité.
02:30Est-ce que celle-ci, vous n'y croyez plus ?
02:34Écoutez, nous, pour l'instant, on a vécu depuis six mois des épisodes où très souvent, on nous a annoncé une libération, voire une grâce présidentielle.
02:47Et pour des raisons humanitaires et pour des raisons de santé, nous n'avons rien vu venir.
02:51Ce que l'on constate, c'est que pour l'instant, le pouvoir algérien impose un rapport de force au pouvoir français.
02:57Je rappelle quand même une chose, c'est que nous avons eu, il y a tout juste une semaine, même pas une semaine, cinq jours, un jeune journaliste français qui a été condamné à sept ans de prison par le tribunal de Tiziouzou.
03:10Je rappelle que ce jeune journaliste était sous contrôle judiciaire et on ne le savait pas depuis le mois de mai 2024 que la stratégie qui avait été conseillée à ses employeurs ainsi qu'à sa famille, c'était une stratégie de l'extrême discrétion, de la prudence, de la retenue.
03:28Et on a vu que cette stratégie, là aussi, avait échoué.
03:32Donc ce soir, en tout cas, et si cette nouvelle est confirmée et je crains qu'elle le soit, alors nous parlons, on peut considérer qu'en effet, la stratégie de retenue,
03:45qui est quand même celle du gouvernement français depuis, en tout cas, l'incarcération de Bolemsan de Salle de 6 novembre, est une stratégie qui, pour le moins, a échoué.
03:56Il n'y a aucun résultat à ce stade.
03:58Raphaël Steinville.
03:59Oui, Arnaud Benetti, vous dites qu'Alger impose un rapport de force à Paris, mais est-ce que Paris a conscience de ce rapport de force et est-ce qu'elle a seulement enclenché cette négociation ?
04:15On a entendu parler de riposes, de réponses graduées. Qu'en est-il, finalement, des agissements de Paris et de sa diplomatie ?
04:23On voit bien qu'il y avait deux lignes au sein du gouvernement qui s'affrontaient.
04:27Une ligne qui était incarnée par le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotario, qui a prôné, dès quasiment le mois de décembre dernier,
04:36une ligne d'extrême fermeté et de riposte par rapport au gouvernement algérien,
04:41et que ce n'est pas cette ligne qui a été retenue par le gouvernement.
04:45La ligne qui a été retenue par le gouvernement, encore une fois, c'était une ligne de la négociation, de la négociation secrète, de la discrétion.
04:53On incitait d'ailleurs le comité de soutien à faire preuve, lui aussi, d'extrême prudence.
04:59Et donc, en fin de compte, force, encore une fois, est de constater que ce n'est pas, en tout cas, le rapport de force qui a été choisi par le gouvernement français,
05:06et qu'en ne choisissant pas le rapport de force, manifestement, on se rend compte aujourd'hui que, encore une fois, je suis obligé de le répéter,
05:14mais que la stratégie qui a été mise en place, c'est une stratégie qui n'a donné, pour l'instant, en tout cas, aucun résultat.
05:20Aujourd'hui, Arnaud Bénédetti, vous demandez quoi ? Et selon vous, qu'est-ce qui ferait évoluer le pouvoir algérien ? Qu'est-ce qui lui ferait changer d'avis ?
05:29Écoutez, tous ceux qui connaissent bien le régime algérien, et je pense notamment à un certain nombre d'Algériens
05:35et d'opposants algériens, ou d'intellectuels critiques algériens, nous envoient toujours le même message.
05:43Ils nous disent que le pouvoir algérien est un pouvoir qui ne connaît, finalement, que le rapport de force.
05:48Et que plus l'on est faible avec le pouvoir algérien, plus il profite de cette faiblesse, et plus il pousse son avantage.
05:56Malheureusement, je le dis depuis le début, l'avocat français n'a pas eu de visa, maître Zimri.
06:02Mais Boilem Sansal, qui a le droit à la protection consulaire, n'a pas eu de protection consulaire.
06:08On nous a dit, mais attendez, vous allez voir, on va jusqu'au procès, et après le procès, il y aura potentiellement une grasse présidentielle.
06:15Manifestement, tout cela n'est pas arrivé.
06:18Raphaël Astinville.
06:19Arnaud Bénédetti, on vous a demandé de la mettre en sourdine, que le comité de soutien de Boilem Sansal se fasse le plus discret ?
06:26Jamais officiellement, mais vous savez comment ça se passe.
06:30On nous envoie un certain nombre de signaux en nous faisant comprendre qu'il faut être extrêmement prudent, extrêmement réservé,
06:37parce que les choses sont extrêmement fragiles, ce que l'on peut comprendre.
06:40Et ce que là, d'ailleurs, on a compris au début, puisqu'au début, nous avons été quand même plutôt en appui de cette stratégie.
06:47Mais très vite, on s'est aperçu que cette stratégie, globalement, était une stratégie qui ne nous menait pas vers des résultats extrêmement tangibles.
06:55C'est le moins qu'on puisse dire.
06:56Donc, oui, le comité de soutien, de son côté, a toujours eu quand même une stratégie très autonome par rapport au pied d'Orsay et par rapport à l'Élysée.
07:05Tout simplement parce que c'est le rôle d'un comité de soutien.
07:08En fait, qu'est-ce que recherchait le pouvoir algérien ?
07:11Le pouvoir algérien voulait faire de Boulam-Sansa un exemple, le faire taire, faire en sorte qu'il n'y ait aucun mouvement de mobilisation en sa faveur, y compris en France,
07:20pour envoyer un signal à tous ses opposants, et notamment à ses opposants intellectuels, en leur disant
07:25« Voyez ce qui arrive à un écrivain qui est un écrivain qui a une renommée internationale, nous ne cédons pas,
07:31et bien au contraire, nous décidons de fait de condamner et d'emmurer vivant, d'une certaine manière, cet écrivain. »
07:41Je pense que si le comité de soutien n'avait pas été là, en l'occurrence, clairement,
07:45la situation de Boulam-Sansa, qui est déjà extrêmement délicate, le serait encore plus.
07:49Mais force est de constater qu'aujourd'hui, nous nous retrouvons dans une impasse,
07:53qui est l'impasse à laquelle nous sommes confrontés d'ailleurs, depuis le 16 novembre.
07:59Georges Penech, ancien magistrat, je le rappelle, Boulam-Sansa, n'a pas introduit,
08:04je parle sous le contrôle d'Arnaud Benedetti, de pourvoir en cassation,
08:07ce qui laisse en réalité place à sa condamnation définitive.
08:12C'est une condition nécessaire pour bénéficier d'une mesure de grâce.
08:16C'est une stratégie qui vous semble prometteuse,
08:19ou de toute manière, il n'est pas question de droit en l'espèce ?
08:23On ne va pas faire du juridisme, ça ne sert à rien.
08:28On a pris acte du fait qu'il n'était pas gracié,
08:31il pourrait être gracié à n'importe quel moment, et vous avez raison,
08:34il peut y avoir aussi une grâce médicale, comme on en connaît dans notre pays,
08:38compte tenu de son état de santé.
08:40Non, là, je crois que la diplomatie a échoué, tout simplement.
08:43D'ailleurs, y a-t-il encore des relations diplomatiques,
08:46entre la France et l'Algérie, quand tu sais qu'il n'y a même pas d'ambassadeur ?
08:48On imagine que oui, quand on écoute Jean-Noël Barrault.
08:51Oui, on écoute Jean-Noël Barrault, qui fait trois petits tours,
08:54et qui revient les mains vides.
08:57L'Algérie a retiré son ambassadeur,
09:00il refuse de reprendre tous les occultés.
09:03Il n'y a plus de relations diplomatiques normales.
09:05Nos diplomates en Algérie ne sont même pas libres de leur mouvement,
09:09doivent rester quasiment casernés à l'ambassadeur.
09:13Il n'y a plus de relations normales.
09:15Il y a une sorte de haine que nourrit actuellement le régime,
09:18je dis bien le régime algérien à l'égard de la France,
09:22qui s'est amplifié le jour où le président de la République,
09:26notre président de la République, a reconnu la marocanité du Sahara occidental.
09:32Et ça, c'était la ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir.
09:34Et Boilem Sansal, c'est la mesure de rétorsion.
09:38C'est l'otage en réponse à ce crime.
09:40Et Christophe Gleize également.
09:42Et Christophe Gleize, et peut-être qu'il y en aura d'autres.
09:44Donc maintenant, il s'agit de savoir que vont faire nos autorités.
09:48Est-ce qu'elles vont prendre simplement acte et continuer à espérer
09:51en une forme d'humanisme du président ?
09:54Ou bien, est-ce qu'effectivement, on passe à un stade supérieur ?
09:57C'est-à-dire un vrai rapport de force,
10:00puisqu'apparemment, il n'y a que ça qui pourrait faire affluer le régime algérien.
10:05On a des leviers, bien sûr, nous le savons, nous avons des leviers.
10:08On a l'impression que ça fait des mois qu'on dit la même chose.
10:11Oui, je crois que là, on est presque à un point de vue de retour.
10:13Justement, Arnaud Benetti, quels sont les leviers,
10:16les moyens de pression dont dispose encore le gouvernement
10:18pour espérer faire évoluer la situation ?
10:22On parle du gel des avoirs détenus en France
10:25par plusieurs figures du régime de Téboune.
10:30Qu'en est-il exactement ?
10:32Vous savez, il y a un certain nombre de leviers
10:34qui ont été largement mis en exergue depuis six mois.
10:39Qu'il s'agisse des visas, qu'il s'agisse de l'accord de 68,
10:42qu'il s'agisse en effet des biens détenus par les hiérarques algériens à Paris.
10:48Tout ça, on le sait pertinemment, on le connaît.
10:51Bon, jusqu'à la preuve du contraire, en tout cas, ces leviers n'ont pas été utilisés.
10:54Nous, aujourd'hui, je pense qu'au-delà de la relation franco-algérienne
10:58qui est ce qu'elle est, c'est-à-dire pour le moins détestable,
11:02parce que je crois qu'il faut envoyer les mots qui conviennent
11:04pour caractériser cette situation,
11:06ce qu'il faut peut-être envisager aussi,
11:09c'est de passer par une tierce partie.
11:11Il y a des pays qui, en Europe,
11:13ou même au-delà de l'Europe,
11:15ont des relations qui sont un peu plus apaisées
11:17que celles de la France à l'Algerie.
11:20Lesquelles, par exemple ?
11:21Je pense à l'Italie, notamment.
11:25Madame Méloni a des relations plutôt harmonieuses,
11:30en tout cas, aussi harmonieuses qu'il est possible avec l'Algérie.
11:35Éventuellement, les États-Unis.
11:36En tout cas, certainement, cette voie aussi
11:39qu'il va falloir peut-être activer
11:40pour réussir à sortir Boilem du cachou
11:43dans lequel l'ont jeté les autorités mondiales.
11:45Merci, Arnaud Vélédetti d'avoir été avec nous,
11:47un cofondateur du comité de soutien de Boilem-Sensal.
11:49Restez avec nous dans quelques instants.
11:51On vient avec nos deux débatteurs de la deuxième heure,
11:54Georges Fenech et Raphaël Steinville.
11:55On continue de commenter l'actualité
11:57avec des déclarations, d'ailleurs,
11:59puisqu'on parle de l'Algérie,
12:00de Sébastien Delogu,
12:01pour le moins surprenante.
12:03On y revient.

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