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00:00Il est 6h moins le quart sur Europe 1. Votre invité ce matin, Alexandre Lemaire et Arthur Delaporte, député PS du Calvados.
00:09Bonjour Arthur Delaporte. Bonjour.
00:11Les Etats-Unis ont-ils raison d'avoir attaqué l'Iran et ses installations nucléaires ?
00:17Alors moi je dois vous dire, aujourd'hui, ma stupeur et mon inquiétude, et je pense que ce n'est pas simplement une inquiétude personnelle,
00:24c'est une inquiétude partagée quand on est face à de telles décisions qui peuvent engager la sécurité non seulement d'Israël,
00:33mais plus largement de toute la zone du Moyenne, du Proche-Orient, qui peuvent avoir des effets considérables,
00:41et surtout entraîner des ripostes et une escalade, et donc nous notre position elle est constante,
00:47c'est celle de demander les voies de la négociation et d'éviter d'arriver à ce type d'extrême,
00:52parce qu'on ne sait pas derrière dans quoi on peut basculer.
00:55Alors on ne sait pas, on imagine que les Américains ont supposé les deux scénarios, intervenir ou pas,
01:00vous pensez que les risques liés à ces raids américains sont plus grands que les bénéfices attendus ?
01:04C'est-à-dire éloigner, sinon annihiler, la perspective d'une bombe atomique iranienne ?
01:09Les bénéfices attendus sont à ce stade difficiles à estimer,
01:12c'est-à-dire qu'on ne sait pas à quel point ces attaques ont été dans leur capacité à limiter la capacité de l'Iran à se doter d'une bombe atomique.
01:23Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il est urgent de revenir dans cette perspective de négociation.
01:29C'est ce que nous demandons, nous, parce que le risque de l'escalade, c'est derrière le risque de victimes civiles,
01:34du côté iranien, du côté israélien aujourd'hui, et moi je pense aussi à ces vies innocentes qui sont prises dans un engrenage qui les dépasse.
01:44On entend dire, c'est la défaite du droit international, c'est la défaite de la diplomatie,
01:48vous parlez de la nécessité de revenir à la négociation,
01:52mais là on a affaire à un régime tout de même, Arthur Delaporte, qui piétine ce droit international.
01:57On a affaire à un régime qui a piétiné, mais qui n'était pas non plus hors de tout cadre,
02:03alors évidemment que nous, on condamne l'Iran, vous savez, moi j'ai été manifesté depuis des années,
02:07« Femme et liberté », c'est un slogan, et j'ai encore devant ma permanence le visage d'un homme condamné à mort
02:14et qui attend son exécution et que j'ai parrainé.
02:16Donc je sais ce que c'est que le régime du Moulin, je sais ce que c'est que la brutalité antidémocratique
02:20et surtout théocratique de ce régime, mais pour autant, il y a derrière, en Iran,
02:27une population civile qui aspire à plus de liberté et que l'on doit aussi protéger.
02:34Alors s'il y a encore une issue diplomatique à tout cela, et c'est dans l'intérêt de tous,
02:37ça ne deviendra manifestement pas des Européens.
02:39Ils sont totalement marginalisés dans cette affaire.
02:42Les Européens doivent re-rentrer dans le jeu.
02:44Le problème c'est qu'aujourd'hui, en fait, on est dans une diplomatie qui n'est plus une diplomatie,
02:48qui est le règne de la force, le règne de celui qui est à la plus grosse bombe.
02:52Ce n'est pas du tout ce qui avait été construit depuis 20, 30, 40 ans,
02:55c'est-à-dire depuis la fin de la guerre froide, où on était néanmoins dans des perspectives de négociation
03:01avec des inspections, avec certes des risques, certes parfois des sanctions aussi
03:07qui ont beaucoup abîmé l'Iran et d'ailleurs qui ont contribué aussi au ras-le-bol de la société civile
03:15qui est là aujourd'hui.
03:17Donc moi ce que je dis, c'est qu'il faut surtout aujourd'hui retrouver le chemin de la négociation,
03:24de la discussion et arrêter avec cette firale parce que derrière, on ne sait pas où l'on va
03:28et le risque c'est qu'on aille vers le pire.
03:30Une autre question qui concerne alors de près les Français, celle des retraites.
03:34Quatre mois de discussion, voilà le conclave sur les retraites qui arrive à sa fin,
03:39visiblement dans l'impasse.
03:40Il y a un projet d'accord de la dernière chance qui va être soumis aujourd'hui aux partenaires sociaux,
03:44alors toujours en départ à 64 ans, mais quand même avec des mesures catégorielles,
03:49la possibilité effectivement de partir plus tôt dans les métiers pénibles.
03:52Ça, ça donne une chance justement à la finalisation d'un accord, Arthur Delaporte ?
03:56Alors moi déjà, j'attends de voir quelles sont les mesures catégorielles
03:59et quel est le coût de ces mesures catégorielles.
04:02Parce que ce que je dis aussi, c'est le refus absolu du MEDEF
04:05d'octroyer des trimestres de retraite supplémentaires
04:08pour prendre en compte la pénibilité par exemple,
04:11alors même que c'était dans la réforme des retraites
04:13qu'Emmanuel Macron a détricotée en 2017.
04:15Donc oui, s'il n'y a pas de pénibilité,
04:18s'il n'y a pas d'avancée sociale significative,
04:20si cela se fait par ailleurs à un coût exorbitant
04:22pour les Françaises et les Français,
04:24nous ne pourrons pas l'accepter.
04:26Mais par ailleurs, qu'il y ait accord ou non,
04:29notre demande, celle des socialistes, elle est constante.
04:31C'est celle d'un retour au Parlement
04:34et d'une capacité à débattre d'un texte de loi
04:37sur les retraites pour revenir en arrière sur la réforme de borne.
04:39Et il y avait eu un engagement du Premier ministre.
04:43dans son discours de politique générale,
04:45il avait dit, en tout état de cause,
04:46quelle que soit l'issue des négociations,
04:48il y aura un retour au Parlement.
04:50Et aujourd'hui, nous attendons simplement qu'il tienne sa parole
04:52et que le Parlement puisse enfin débattre 149 points.
04:55Sous peine de censure ?
04:56Si le Premier ministre choisit,
04:58quelle que soit l'issue de l'accord,
04:59d'éviter le Parlement, alors il y aura censure.
05:01Arthur Delaporte, vous êtes aussi le président
05:03de la commission d'enquête sur les effets psychologiques
05:05de TikTok sur les mineurs.
05:07Alors là, l'un des enseignements de vos travaux d'enquête,
05:10tout le monde se renvoie la balle.
05:11Les patrons de TikTok n'ont rien à se reprocher.
05:14Et en face, les influenceurs non plus.
05:16On n'avance pas beaucoup.
05:17C'est assez sidérant.
05:18On a auditionné tous les acteurs.
05:20On a fait, là on arrive à la fin,
05:22près de 150 auditions
05:23de personnes, d'acteurs, de psy,
05:25d'informaticiens, de modérateurs
05:27la semaine prochaine de TikTok
05:29qui témoigneront sous le saut de l'anonymat
05:31parce que, voilà, c'est des métiers difficiles
05:33et donc ils ont des choses à nous dire.
05:35Mais ce qui est sûr,
05:35c'est que personne n'est vraiment responsable
05:37et tout le monde fait de son mieux.
05:38Mais quand on voit TikTok,
05:39on sait très bien qu'ils n'ont pas fait assez
05:40sur l'algorithme.
05:41Et par ailleurs,
05:42il y a évidemment une responsabilité des parents.
05:43Mais moi, je le dis,
05:44la vraie responsabilité,
05:46c'est celle des plateformes.
05:47C'est celle d'une part
05:48de ceux qui conçoivent un algorithme
05:49qui est pernicieux
05:50et de l'autre part,
05:50de ces plateformes
05:52qui mettent en place
05:52des mécanismes de rémunération
05:54totalement délirants.
05:55Plusieurs centaines de milliers d'euros par mois
05:57pour certains influenceurs
05:58qui produisent des contenus très problématiques
06:00parce qu'ils sont cash,
06:01parce qu'ils sont visibles.
06:03Alors, ils se font beaucoup d'argent.
06:04Emmanuel Macron veut interdire
06:05les réseaux sociaux au moins de 15 ans.
06:06Est-ce que vous y croyez ?
06:07Est-ce que vous approuvez ?
06:08Est-ce que c'est simplement faisable ?
06:09Pour moi, c'est la fausse bonne idée.
06:11C'est la fausse bonne idée
06:12pour plusieurs raisons.
06:12La première, c'est que c'est
06:13difficilement faisable.
06:14Donc, du coup, le risque,
06:15c'est l'impuissance du politique.
06:16La deuxième, c'est qu'en fait,
06:17ça détourne du vrai sujet.
06:19La régulation des plateformes,
06:20notamment à l'échelle européenne,
06:21des condamnations
06:22et surtout une maîtrise de l'algorithme
06:23qui choisit globalement
06:25les contenus qui sont projetés aux jeunes
06:27et qui, parfois, peut les enfermer
06:29dans des situations de grande tristesse
06:31et de contenus extrêmement violents.
06:33Et puis, aussi,
06:34cette mesure d'âge à 15 ans,
06:35elle donne l'idée
06:37qu'après 15 ans, tout va bien.
06:38Alors que moi, je vois bien
06:39des jeunes de 16 ans
06:40qui ont été exposés
06:41à des contenus très problématiques
06:42et qui doivent, eux aussi,
06:44être protégés.
06:44Donc, le sujet,
06:45ce n'est pas avant 15 ans, rien
06:47et après 15 ans, tout.
06:49Il faut avoir une éducation aux médias.
06:51C'est ça l'enjeu.
06:52Et évidemment, des mécanismes
06:53de contrôle parental bien plus efficaces
06:55parce qu'il y a aussi une nécessité
06:57de protéger les jeunes sur les réseaux.
06:58Merci, Arthur Delaporte.
07:00Merci pour l'invitation.
07:01Député PS du Calvados sur Europe 1.

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