00:00Oui Romain, c'est sans doute l'une des phrases politiques qui a le plus frappé les esprits au cours du XXIe siècle.
00:05Lorsque Nicolas Sarkozy se rend dans la cité des 4000 à la Courneuve en ce mois de juin 2005,
00:09un jeune garçon vient de mourir, Sid Ahmed Hamash, 11 ans, a reçu une balle perdue lors d'un échange de tir entre bandes rivales.
00:16Celui qui est alors le ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac veut faire comprendre à l'opinion qu'il ne laissera rien passer.
00:21On va nettoyer au Karcher la cité, on y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu'il faudra, mais ça sera nettoyé.
00:27Voilà ce que déclare Nicolas Sarkozy, la formule à peine lâchée suscite un tollé chez les élus de gauche
00:32et déjà les syndicats de magistrats affichent leur opposition.
00:36Cette phrase est assumée encore aujourd'hui par Nicolas Sarkozy qui refuse le terme de maladresse
00:41et explique qu'il a voulu exprimer à l'époque sa volonté d'aller en profondeur chercher les trafiquants.
00:46Quelques semaines plus tard, lors d'une visite mouvementée à Argenteuil, il prononcera une autre phrase restée célèbre à un habitant.
00:53Il parle de racailles dont il assure qu'il va l'en débarrasser.
00:56C'est ce discours qui explique en partie la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007, une nette victoire.
01:01Oui, parce que pour l'une des premières fois, un candidat de droite assume de parler au français sans détour
01:06des sujets qui pourrissent leur quotidien.
01:09Un discours musclé sur la sécurité, une intransigeance sur une situation qui était déjà inflammable.
01:14D'ailleurs, les émeutes de 2005 montreront que les quartiers étaient en fait des poudrières prêtes à exploser.
01:19Ce discours d'une fermeté inédite a néanmoins accouché de quelques déceptions.
01:22Non, politiquement, sa formule s'est retournée contre lui avec cette phrase.
01:26On nous avait promis le karcher.
01:28On a eu Kouchner, ministre de gauche, qui a symbolisé la stratégie d'ouverture au sein du gouvernement Sarkozy.
01:33En tout cas, depuis cette époque, la formule est entrée dans le vocabulaire politique,
01:38notamment utilisée donc par les adversaires de Nicolas Sarkozy.
01:41On va le dire, le karcher est devenu en quelque sorte un mot encombrant pour désigner le bilan sécuritaire de la droite.
01:46Pourtant, Thomas, la formule est plus que jamais d'actualité.
01:51Oui, ce que dénonçait en 2005 Nicolas Sarkozy s'est accentué à vitesse grand V.
01:55Les trafiquants ont gagné du terrain, le sentiment d'impunité a grandi et les émeutes touchent désormais aussi les beaux quartiers de la capitale.
02:02Le terme racaille a d'ailleurs fait son retour dans la bouche de Bruno Rotaillot, ministre de l'Intérieur,
02:06qui a aussi fait apparaître la notion de barbare pour dénoncer le comportement de certains délinquants.
02:12Alors, au-delà de toutes ces considérations de vocabulaire, il y a la réalité vécue par des millions de Français,
02:17une réalité parfois cachée, interdite par certains.
02:21Mais si le Rassemblement national a remplacé la droite dans les urnes,
02:24c'est parce que le parti de Marine Le Pen a été longtemps le seul à assumer un discours sans phare sur ces sujets-là.
02:30Au fond, le karcher n'était qu'une métaphore de ce qu'attend d'une majorité de nos concitoyens,
02:34pouvoir vivre sereinement dans ces quartiers où une poignée de délinquants font la loi,
02:39ramener l'apaisement en étant impitoyable contre les fauteurs de troubles.
02:43Voilà l'urgence d'un pays qui n'a plus 20 ans à attendre pour en être débarrassé.