Dans son édito du 12/06/2025, Thomas Bonnet revient sur la mort d'une surveillante devant un collège de Nogent (Haute-Marne).
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00:00Oui, c'est un sentiment terrible qui m'a envahi en écoutant le procureur hier en mettant en parallèle le tragique déroulé de ce drame
00:05et les mesures avancées par le gouvernement. On est frappé par un décalage immense, disons-le clairement.
00:10Rien de ce qui est envisagé par l'exécutif ne répond à cette situation précise.
00:15Quentin, le suspect n'était pas accro aux réseaux sociaux, il n'a pas acheté un couteau, il l'a simplement pris dans la cuisine de ses parents
00:21et il a agi alors qu'un contrôle de gendarmerie avait lieu devant l'établissement.
00:25Donc ni l'interdiction des couteaux à la vente, ni l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans,
00:30ni même les portiques n'auraient pu empêcher ce drame.
00:33La prise de parole du procureur a fait s'effondrer le plan du gouvernement comme un château de cartes.
00:38Vous pointez donc le décalage entre la parole politique et la réalité du terrain.
00:43Oui, un décalage qui nourrit le sentiment de l'impuissance publique.
00:46Les solutions, elles ne sont pas évidentes, il ne s'agit pas de dire que c'est facile de répondre à ce phénomène.
00:51Néanmoins, il y a une forme de vacuité de la réponse politique.
00:53Pour parler de la violence des jeunes, dans les années 90, on a accusé les mangas.
00:57Plus tard, ça a été les jeux vidéo.
00:59Et aujourd'hui, c'est les réseaux sociaux.
01:00Alors, évidemment, sans doute, les écrans jouent un rôle.
01:03La mécanique de récompense instantanée implante dans les nouvelles générations une intolérance à la frustration.
01:08La comparaison virtuelle des réussites sociales enferme l'autre dans une relation de concurrence voire d'adversité.
01:13Mais au-delà de sa faisabilité, une interdiction des réseaux sociaux chez les plus jeunes ne serait qu'une réponse partielle à un problème bien plus large.
01:20Celui d'une absence de respect de l'autorité dans une partie de la jeunesse où la crainte de la sanction n'existe plus.
01:26Il y a d'autres voies à explorer dont la politique ne s'est pas encore emparée, Thomas.
01:30Oui, si on sort du drame de nos gens et qu'on élargit la focale, on s'aperçoit que l'épidémie d'attaque au couteau concerne souvent des jeunes hommes pour qui la notion de vie ou de mort est devenue une abstraction.
01:39L'explosion du schéma familial traditionnel et l'effacement de la figure paternelle peut fournir une partie de l'explication.
01:45On ne pourra pas faire l'économie d'un débat sur la responsabilisation des parents.
01:49Mais il faut aussi écouter ce que dit la mère d'Elias sur les meurtriers de son fils, qui, dit-elle, ne comprenne pas ce qu'ils ont fait, qu'ils ne pensent pas comme nous.
01:56On en vient donc à la notion de barbare, le terme employé par Bruno Rotaillot et repris par la mère d'Elias.
02:01Un terme qui décrit une absence de civilité, une rupture civilisationnelle entre les Français, avec les conséquences que l'on constate et un avenir qu'on imagine.
02:10Voilà qui appelle des réponses autrement plus ambitieuses et qui appelle un certain courage politique.
02:14A défaut, on sera contraint de vivre dans des sphères ultra sécurisées où tous les portiques du monde n'arrêteront pas la litanie effroyable des agressions.
02:26Merci d'avoir regardé cette vidéo !