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  • 06/06/2025
Dans son édito du 06/06/2025, Thomas Bonnet revient sur les magistrats et le gouvernement.

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Transcription
00:00Politique, avec vous, avec vous Thomas Bonnet.
00:02Alors que les peines prononcées contre les émeutiers ont suscité les critiques du garde des Sceaux,
00:07les magistrats se succèdent dans les médias pour s'opposer aux accusations de laxisme.
00:12Bon, hier c'est Rémi Hetz, procureur général après la Cour de cassation, qui a pris la parole.
00:15Thomas, pour vous, c'est le signe d'un glissement du pouvoir des politiques vers les juges ?
00:20Oui, absolument. L'interview de Rémi Hetz hier matin sur France Inter, c'était un bijou,
00:25un concentré chimiquement pur de tout ce qui exaspère les Français.
00:29Il y a notamment eu cette phrase, en parlant des émeutes du week-end dernier,
00:32voilà la phrase prononcée par Rémi Hetz.
00:35Il y a un décalage entre les images des violences à la télévision et la réalité des faits.
00:40Ça fait 24 heures qu'il a prononcé cette phrase et je suis encore en train de chercher le sens de cette formule.
00:46Alors j'entends les arguments qui consistent à dire qu'il faut juger chaque situation, chaque individu,
00:51mais le problème de ce raisonnement, c'est qu'il semble la géométrie variable.
00:54Quand Rémi Hetz était procureur de Paris pendant la crise des Gilets jaunes,
00:57il avait envoyé des recommandations pour durcir les sanctions.
01:01Le ratio entre les comparutions immédiates et les peines de prison ferme prononcées contre les Gilets jaunes
01:06était sans commune mesure avec les décisions de cette semaine.
01:09Cette prise de parole de Rémi Hetz intervient après celle du garde des Sceaux.
01:14Il faut y voir un lien ou pas ?
01:15Je note en tout cas que tous les magistrats que j'ai entendus cette semaine
01:18ont tous critiqué les propos de Gérald Darmanin,
01:20un défilé médiatique, un flot de critiques contre le ministre de la Justice
01:24qui a estimé que les peines n'étaient pas à la hauteur.
01:26Les syndicats sont vent debout.
01:28La procureure de Paris estime qu'il ne faut plus penser la prison comme la peine de référence.
01:32Et même la contrôleuse des lieux de privation de liberté dit que la prison est, je cite,
01:36« néfaste », comme si ceux qui appliquaient la loi narguaient ceux qui l'écrivent.
01:41Tant pis si les sondages montrent depuis longtemps que les Français trouvent aussi
01:44que les peines sont trop laxistes.
01:45Une sorte d'état profond dans les tribunaux qui fait que, peu importe le ministre,
01:50les magistrats continuent de faire à leur guise.
01:53Et on a du mal à ne pas voir une forme d'idéologie se dégager des différentes décisions.
01:56Selon que vous soyez un ancien président, un policier,
01:59une potentielle candidate à l'élection présidentielle, un gilet jaune ou un jeune de banlieue,
02:03eh bien la sentence qui vous attend semble aussi dépendre un peu de votre CV.
02:08Et ce n'est pas du tout un fait nouveau.
02:09Éric Zemmour le dénonçait déjà dans son livre « Le coup d'état des juges ».
02:13C'était en 1997.
02:14Ces passes d'armes à distance, elles illustrent aussi l'impuissance politique
02:19qui sera le véritable enjeu de 2027.
02:22C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a des politiques, il faut le dire,
02:25le gouvernement le sait aussi quand on en parle en off,
02:29c'est-à-dire hors micro, hors plateau, ils n'ont plus les manettes sur tout.
02:33Absolument.
02:34Vous aurez beau prendre les décisions les plus radicales, les plus fermes,
02:37vous serez toujours confrontés à des résistances,
02:39qu'elles soient administratives ou judiciaires.
02:42Donc, quand Bruno Retailleau parle de l'état de droit qui n'est pas sacré,
02:46il ne dit rien d'autre que ça.
02:48Il y a le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État,
02:51la Cour européenne des droits de l'homme, les syndicats des magistrats.
02:55Il y a aussi les administrations dans les ministères qui restent
02:58pendant que les ministres, eux, défilent.
03:00On peut dire à ce titre que l'instabilité politique a transféré
03:03une partie du pouvoir vers les hauts fonctionnaires.
03:05C'est donc une question démocratique qui se pose.
03:08Est-ce que le vote des Français ne devrait pas être la clé de voûte
03:10des décisions qui sont prises dans ce pays ?
03:13Et à ce titre, peut-être qu'un jour, comme aux États-Unis,
03:15il faudra en arriver à des juges qui sont élus par le peuple
03:19au suffrage universel direct.
03:20Sous-titrage Société Radio-Canada

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