La retraite par capitalisation, une bonne issue de secours ?

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Transcript

00:00de vouloir profiter d'une retraite qu'on dit bien acquise et puis qui surtout, qui leur permet de vivre.

00:07Et apparemment, ça devient de plus en plus compliqué.

00:10Vous savez, quand vous parlez à un certain nombre de jeunes, ils disent « Oh ben on sait très bien qu'on n'aura jamais notre retraite », etc.

00:15Ils exagèrent. Ils exagèrent, mais vraiment autant que ça.

00:19Théo Michel, bonjour.

00:20Bonjour.

00:21Vous êtes secrétaire général adjoint de l'UDR, d'Éric Ciotti, c'est bien ça.

00:25C'est ça.

00:26Vous êtes fiscaliste.

00:27Alors, on ne va pas aborder, d'ailleurs, on vous fera revenir parce qu'on va faire un vrai numéro spécial,

00:32une vraie émission spéciale sur la retraite pendant le temps qu'il faut.

00:36Mais je voudrais savoir, alors, comme on le sait aujourd'hui, François Bayrou a donné jusqu'à fin mai aux syndicats et aux patronats

00:43pour tenter d'améliorer la très impopulaire réforme des retraites de 2023, tout en rétablissant, alors ça j'aime bien,

00:50un retour à qu'il est financier du système pour 2030.

00:53Vous y croyez ?

00:54Non. Moi, je n'y crois pas. Et nous n'y croyons pas avec Éric Ciotti.

00:59Ce conclave, de toute manière, il a été inventé, mis en place pour sauver le soldat Bayrou.

01:05Voilà. Il n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale.

01:08Et on pense, nous, à l'UDR que ce conclave est là pour gagner du temps.

01:12Il y a déjà plusieurs organisations syndicales, d'ailleurs, qui ont quitté ce conclave, cette réunion,

01:18parce qu'ils voient bien que, finalement, aucun accord n'est possible.

01:21Vous avez le patronat qui veut rester sur l'âge de 64 ans.

01:24Vous avez les autres syndicats qui représentent les salariés qui veulent revenir à 62 ans.

01:30Donc, non, nous, on n'y croit pas.

01:32On pense plus que c'est une opération politique pour se maintenir à Matignon.

01:36– Alors, dites-moi, est-ce que toute l'affaire des retraites, aujourd'hui, c'est entre 62 et 64 ans ?

01:42Ce n'est évidemment pas que ça. Est-ce que c'est l'arbre qui cache la forêt ?

01:45– C'est l'arbre qui cache la forêt.

01:47Nous, ce que nous proposons à l'UDR, et vous savez, si vous m'aviez invité il y a 5 ans

01:51pour parler notamment de ce qu'on propose à la retraite par capitalisation,

01:55ça aurait été un tabou total.

01:57Et on voit qu'au fur et à mesure, beaucoup de formations politiques,

02:00et notamment l'UDR, et on est en pointe sur ça,

02:02proposent d'introduire une dose de capitalisation pour sortir justement

02:06de ce schéma actuel qui ne veut plus rien dire.

02:10Aujourd'hui, vous avez de plus en plus de retraités pour de moins en moins d'actifs.

02:142,8 actifs seulement pour un retraité.

02:18– Aujourd'hui, on est à 2,8 actifs pour un retraité.

02:22– Exactement. Et c'est en chute, on sera autour de 1,6 dans 20 ans.

02:27Donc vous voyez qu'on va avoir un gros problème.

02:30– Vous voyez qu'à un actif ou un retraité d'ici 30 ou 40 ans.

02:33– Exactement. Et on ne va pas demander aux Français de travailler jusqu'à 70 ans, 75 ans.

02:37Vous faisiez référence aux jeunes, moi j'ai 30 ans.

02:40Je vous avoue que là, avec ce système actuel, je ne sais pas quand est-ce que je vais partir à la retraite.

02:45Vraiment. Voilà, c'est vraiment ce que se disent les jeunes.

02:48Et nous, en mettant cette dose de capitalisation, qu'est-ce que ça veut dire ?

02:52– Alors c'est quoi ? Alors expliquez justement, parce qu'on en parle souvent,

02:55qu'est-ce que c'est exactement la capitalisation,

02:57et pourquoi ça fait peur à un certain nombre de gens de dire

02:59« Non, non, ça y est, c'est l'Amérique, etc. »

03:03C'est quoi la capitalisation, très simplement ?

03:05– Très simplement, c'est que, par exemple, sur votre salaire brut actuellement,

03:09vous avez à peu près 28% de cotisations retraites

03:13qui vont au système général que l'on connaît.

03:16Nous, ce que nous proposons, c'est de prendre à peu près 10% de ces cotisations retraites

03:19et de les mettre dans un fonds de capitalisation.

03:21Qu'est-ce que c'est un fonds de capitalisation ?

03:23C'est un fonds qui va acheter des actions d'entreprises.

03:27– Un fonds de pension.

03:27– Exactement, comme ce que vous avez aux États-Unis

03:29ou dans d'autres pays anglo-saxons et même des pays du Nord.

03:32Vous avez la Suède qui fonctionne comme ça, vous avez les Pays-Bas.

03:35Et avec ces placements financiers, on s'est rendu compte que,

03:40en tout cas c'est le chiffrage de l'UDR et d'Eric Ciotti,

03:42vous avez un rendement autour de 5%.

03:44Le système actuel, c'est 0,3% de rendement.

03:48– Un rendement garanti de 5% ?

03:50– C'est quand même énorme, attention.

03:51– Alors, ce n'est pas si important.

03:54Après, il faut voir en fonction des risques que chacun veut prendre.

03:59– Mais donc prendre 10% de ces 28% qui sont sur la fiche de paye,

04:05enfin, sur la brute, c'est ça ?

04:07– Exactement, ça permettrait 1. d'enrichir les retraités,

04:10comme je viens de le dire.

04:11Ça permettrait d'investir dans l'économie

04:14et remettre aussi un peu de croissance dans ce pays qui en manque cruellement.

04:18Le système de retraite, c'est oscillé au nombre d'emplois et au nombre de cotisants.

04:24Donc ça permettrait de dynamiser l'économie française

04:27et ça permettrait de recréer une forme d'équilibre dans ce système.

04:32Il y a un rapport de la Cour des comptes qui vient de sortir.

04:35D'ici 2045, il y aura autour de 35 ou 40 milliards de déficits.

04:40C'est énorme.

04:40– Sur les retraites ?

04:42– Uniquement sur les retraites, c'est la Cour des comptes qui vient de sortir un rapport.

04:47Donc il faut sortir de ce système, pas totalement,

04:51on ne dit pas qu'il faut sortir du système de répartition,

04:55on dit simplement qu'il faut introduire une dose de capitalisation

04:57comme ce qui est fait dans les pays du Nord.

05:00Et tous les économistes aujourd'hui s'accordent à dire

05:02qu'un bon système de retraite, c'est un système hybride,

05:05c'est un système qui lie les deux.

05:07– Et alors pourquoi ça fait encore,

05:09mais il faut en parler, pour quelque cause,

05:11est-ce que c'est idéologique, politique ou autre,

05:14ça fait encore tellement peur,

05:15ou en tout cas ça fait hurler un certain nombre de Français,

05:19ou en tout cas un certain nombre de partis, de syndicats, etc.

05:23Dès qu'on parle même de capitalisation,

05:25alors qu'elle existe chez les fonctionnaires.

05:27Non, je ne m'abuse.

05:29– Bien sûr, il y a déjà des systèmes pour certains métiers où ça existe.

05:33Moi, je pense qu'on est un pays, en tout cas notre classe politique depuis des années,

05:38est une classe politique qui défend plus l'État

05:42et a une vision un peu socialiste, on ne va pas se mentir, de l'économie,

05:46alors que, vous savez, il y a beaucoup de Français qui ont un PEA,

05:49qui ont un compte-titre, etc.

05:53Donc nous, ce qu'on propose, c'est qu'une partie de ces cotisations

05:56puissent également faire tourner l'économie

06:00et qu'il y a un meilleur rendement en investissant dans l'économie.

06:04Alors certes, c'est peut-être un peu tabou pour la classe politique,

06:06pour la CGT, n'en parlons pas, bien sûr.

06:08Eux, ils pensent que c'est en taxant les riches

06:11qu'on va réussir à créer des emplois

06:13et à remettre sur pied ce système de retraite.

06:16Nous ne pensons pas, ça passera par le privé, forcément.

06:20– Ça ne passera pas par le privé ?

06:21– Ça ne passera que par le privé,

06:23pas que par le privé,

06:25mais voilà, par un système hybride.

06:28– Mais est-ce qu'il n'a pas un vrai problème aussi,

06:30et tant qu'il n'est pas vraiment posé,

06:32et évidemment c'est encore plus explosif,

06:34c'est la différence entre les traitements,

06:36les retraites, etc., du secteur privé et du secteur public ?

06:39– Bien sûr.

06:40– Vous avez une différence abyssale entre les deux, quand même.

06:44Alors on parle.

06:45– Bien sûr. Nous, ce que nous proposons à l'UDR,

06:47c'est de mettre sur le même pied

06:50les retraites privées et les retraites publiques.

06:52– Ça me paraît…

06:53– Et je crois que beaucoup de Français qui nous écoutent,

06:56en tout cas qui travaillent dans le privé,

06:57sont scandalisés de voir que dans certaines catégories

07:00d'emplois, on peut partir plutôt tôt à la retraite.

07:04Encore une fois, le système qui a été modifié

07:07par Emmanuel Macron ne modifie pas cela.

07:10Avec notre système, je reviens,

07:11juste pour que les gens nous comprennent,

07:14avec un salaire de 3 000 euros bruts par mois,

07:18vous avez aujourd'hui une retraite

07:20avec le système actuel de 1 800 euros par mois.

07:22C'est-à-dire, vous avez 3 000 euros,

07:24vous aurez 1 800 euros de retraite.

07:26Avec le système que nous proposons,

07:28c'est-à-dire 10 % des cotisations retraites

07:30vers la capitalisation,

07:31vous aurez 2 200 euros de retraite.

07:33– Ce qui n'est pas négligeable.

07:35– C'est plus 400 euros par mois.

07:37Donc, moi, je ne vois pas pourquoi ça bloque.

07:39Je ne vois pas pourquoi on en ferait un tabou.

07:42Mais c'est peut-être le mot capitalisation

07:43qui fait peur en France.

07:45Mais en allant au-delà,

07:46je crois qu'on peut trouver un consensus

07:47avec les formations politiques

07:49avec lesquelles nous sommes alliés, d'ailleurs.

07:51et plus largement avec l'Assemblée nationale

07:54qui est aujourd'hui…

07:55– Oui, parce qu'il va refuser

07:57une augmentation, effectivement, de la retraite

07:59à partir du moment où on ne déséquilibre pas tout.

08:01– Tout à fait.

08:02– Évidemment, mais ce qui est absolument fascinant

08:05de voir que ça fait des années,

08:06allez, je dirais des décennies qu'on parle de ça,

08:09et on revient toujours à 62, 64, etc.,

08:12alors que d'autres pays européens

08:14ont déjà bougé très, très largement.

08:16– Complètement.

08:17Et moi, ce que je considère,

08:20c'est vraiment dommage,

08:21c'est qu'aujourd'hui, on perd du temps.

08:22Parce que ceux qu'on clave,

08:23ils vont accoucher d'une souris,

08:25on le sait très bien.

08:26– Vous n'allez pas s'humer blanche.

08:27– Non, non, il n'y en aura pas, cette fois-ci.

08:31Et encore une fois, c'est un objet politique

08:32qui a été inventé par le Premier ministre.

08:36Des organisations syndicales

08:37ont quitté la table des négociations.

08:39Et encore une fois,

08:40il faut sortir de ce schéma

08:42parce qu'il est plus viable.

08:43Il ne faut sortir pas totalement

08:45de ce schéma pour être précis.

08:46Nous, ce qu'on propose,

08:47c'est un système hybride.

08:48C'est ça qu'il faut faire.

08:49Les Pays-Bas l'ont fait.

08:50La Suède l'a fait.

08:52Les États-Unis,

08:52ce n'est pas le même système.

08:54C'est 100% capitalisation.

08:55Pour le coup, vous êtes bien placé

08:56pour le savoir

08:56puisque vous êtes un expert

08:57des États-Unis.

08:58mais on n'est pas obligé

09:01de copier les États-Unis.

09:01Vous voulez dire,

09:02on n'est pas obligé

09:03de devenir BlackRock

09:04pour parler de cela.

09:05Exactement.

09:06On ne va pas devenir demain.

09:08On ne va pas changer

09:08le système de retraite

09:09qui a été inventé

09:11il y a très longtemps

09:12à un système

09:12par capitalisation totale.

09:14Moi, ce n'est pas ce que je souhaite.

09:15Ce n'est pas ce qu'on souhaite à l'UDR

09:16mais on souhaite surtout du bon sens.

09:18On souhaite.

09:18Écoutez, moi, je vous souhaite

09:19en tout cas que vous en parliez

09:21que ce soit sur la table

09:23et qu'on arrête de dire

09:25parce qu'effectivement,

09:26des gens de votre âge

09:26et j'en connais beaucoup

09:28dans des amis

09:28qui me disent

09:29on sait qu'on ne touchera rien.

09:31Eh bien non,

09:32on espère qu'on touchera

09:33quelque chose en tout cas.

09:35Merci Théo Michel.

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