Son Excellence Mohammad Amin Nejad, ambassadeur de la République Islamique d'Iran, était l'invité de France Inter ce lundi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-16-juin-2025-3984723
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00:00Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée est ambassadeur de la République islamique d'Iran en France.
00:07Bonjour Mohamed Amin Nejad.
00:10Bonjour madame.
00:11L'Iran a qualifié vendredi l'attaque israélienne de déclaration de guerre.
00:15Êtes-vous en guerre contre Israël ?
00:18Nous, nous ne sommes pas en guerre contre l'Israël,
00:22mais nous sommes, notre pays et notre peuple est victime d'une attaque unilatérale
00:27sur une base tout à fait sophistiquée, illégale et légitime qui est une guerre préventive.
00:35Donc l'Iran était dans l'obligation de la défense selon la loi internationale, selon la charte des Nations Unies.
00:43Donc il y a eu une agression très grave sur l'intégrité territoriale et souveraineté nationale iranienne et sur la dignité des Iraniens.
00:56Cette attaque de vendredi, l'Iran ne l'avait ni prévue ni anticipée.
01:02Ça a été une surprise totale pour votre pays ?
01:05On peut supposer maintenant, je n'étais pas sur place et je ne sais pas vraiment si on prévoyait ou pas,
01:14mais ce qui est important, c'est qu'un pays s'ose de briser toutes les conventions internationales,
01:24tous les ordres résistants et puis attaquer un pays.
01:27Donc je pense à partir du moment qu'on le sait, la question est un peu marginalisée si vous voulez bien.
01:34En réalité, ma question porte plutôt sur est-ce qu'Israël a fait une démonstration écrasante de sa supériorité militaire
01:41en touchant des sites stratégiques, des systèmes de défense aérienne, en décimant la hiérarchie militaire iranienne ?
01:48On ne fera pas encore là, il y a quelques heures, des centres de commandement des gardiens de la révolution.
01:53Est-ce qu'aujourd'hui, l'Iran contrôle encore son espace aérien ?
01:56Bien sûr que nous contrôlons le pays et l'intégrité de notre gestion du pays et du peuple.
02:05Et c'était une intention, c'est vrai, de faire ce que l'Israël a l'habitude de le faire.
02:15Pendant maintenant, chaque sept ou vêt en moyen, huit ans, il y a eu une agression à l'égard des voisins.
02:25Donc, peut-être qu'il voulait montrer une force soudaine, mais l'Iran n'est pas un pays quelconque.
02:35Notre peuple a montré que nous pouvons...
02:37Est-ce que l'Iran, en 2025, votre Excellence, est-ce que l'Iran, en 2025, reconnaît le droit d'Israël à exister ?
02:46Regardons, nous, nous ne le connaissons pas, l'Israël.
02:49Ce qui est normal, il y a beaucoup de pays qui ne le connaissent pas, qui ne reconnaissent pas un pays.
02:58Donc, l'Iran, l'Israël est loin de notre frontière.
03:02Nous ne souhaitons pas ni mal à l'ensemble de la population israélienne, ni à ce pays.
03:09Mais il y a une injustice là, que nous critiquons.
03:12Non seulement nous critiquons, le gouvernement du Shah, à l'époque aussi, a pris la distance devant la position de deux États.
03:22C'est pourquoi ? Parce que ce n'est pas faisable.
03:24Avec injustice, on ne peut pas construire un pays.
03:28Il faut qu'il y ait l'éthique et une justice.
03:32Donc, c'est une prise d'opposition, en tout cas.
03:35En 2019, Hossein Salami, commandant en chef des gardiens de la Révolution, déclarait que la destruction d'Israël, je cite ces mots,
03:43n'était plus un rêve mais un but à portée de main,
03:46que l'Iran était parvenu à atteindre la capacité pour détruire le régime sioniste imposteur.
03:53Israël avait-elle raison, oui ou non, de se sentir en danger ?
03:57Non, bien sûr qu'il n'a pas été, à partir du moment où on n'a pas fait un acte concret à l'égard de l'Israël.
04:07Donc, on peut toujours penser et on peut toujours prétendre et utiliser comme prétexte à attaquer les autres.
04:16Mais est-ce que la règle internationale nous permet ou pas ?
04:19Si c'est le cas, donc voilà, répétition des gardiens.
04:23Dix pays, pendant 75 ans, nul voisin était à l'abri.
04:29Donc, pourquoi il faut y avoir une région toujours en turbulence,
04:34en tout cas avec le comportement d'un seul pays ?
04:42Alors, Israël affirme que Téhéran s'approche, je cite les termes utilisés par Israël,
04:49du point de non-retour vers la bombe atomique.
04:52Qu'en est-il ?
04:54Ça aussi, c'est une allégation.
04:57Sur la scène internationale, il y a des instances légales acceptées par toute la communauté internationale.
05:04Est-ce qu'il y a un rapport qui dit qu'Iran est en la bombe atomique ou est prêt d'avoir une bombe atomique ?
05:13Même les milieux de renseignement très célèbres de l'Occident,
05:18ils ont dit non, l'Iran n'a pas la bombe atomique et n'est pas sur la route d'avoir une bombe atomique.
05:22Mais vous reconnaissez néanmoins que la semaine dernière,
05:26l'Agence internationale de l'énergie atomique a publié un rapport extrêmement sévère sur l'Iran,
05:32a même adopté une résolution condamnant l'Iran pour non-respect de ses obligations nucléaires,
05:39que le lundi 9 juin, c'est donc à une date très récente,
05:41le directeur de l'Agence a affirmé que l'Agence ne pouvait plus ignorer le stockage
05:46de plus de 400 kg d'uranium hautement enrichi.
05:50Est-ce que l'Iran a volontairement ignoré ces mises en garde ?
05:56Et annoncé en plus que vous alliez construire des nouveaux sites d'enrichissement.
06:02Est-ce qu'il n'y avait pas là une vraie provocation et un défi ?
06:05Ni la quantité, ni le taux d'enrichissement ne dit pas qu'on est sur la construction de la bombe.
06:15C'est le droit dans le traité de non-prolifération d'avoir cette activité,
06:22cette science et équipement pacifique, ce qui était le cas de l'Iran.
06:28Et les autres avaient besoin d'aider l'Iran à avoir accès à cette technologie.
06:35Donc l'Agence internationale fait de l'intoxication ?
06:37C'est de l'intoxication ? C'est du mensonge ?
06:41Il faut leur demander quel procès ils ont.
06:44Mais ce n'est pas la première fois où ils ont donné une déclaration et une résolution.
06:49Mais c'était toujours par le biais de négociations et de la coopération
06:53qu'on arrivait en 2015, de blanchir et de clarifier toutes les choses d'avance
07:00et arriver à un accord.
07:04Et les négociations, vous êtes prêts à y retourner ?
07:07Justement, les négociations sur le nucléaire, vous êtes prêts à retourner à la table des négociations ?
07:12On n'est pas quitté la table de négociations, madame.
07:15On est toujours sur la table de négociations.
07:19Dimanche, on a eu un rendez-vous avec les Américains,
07:22comme c'était le cas en 2015, avant 2015,
07:25quand on s'était mis d'accord avec les Américains.
07:27Et puis on a commencé à négocier à 5 plus 1.
07:31C'était la même procédure.
07:33Mais apparemment, il y a eu un projet derrière
07:37qui faisait que par un montage d'hypothèses,
07:45de Pavel le voit pour Israël d'attaquer l'Iran.
07:49Ça, c'est important.
07:51Sinon, on est toujours sur la table de négociations
07:55à partir du moment où Israël arrête son agression illégale, illégitime.
08:00Vous retournez à la table des négociations.
08:02On est déjà, on n'est pas sur la table de négociations avec l'Israël, madame.
08:07On est sur la table de négociations avec les Américains.
08:12Et ce sont eux qui ont quitté, cette fois-ci encore,
08:16par donnant le feu vert à Israël,
08:18d'attaquer l'Iran et de briser nos frontières, tout ça.
08:22Ce sont donc les Américains qui ont donné le feu vert à Israël.
08:25Il faut leur demander, vous pouvez leur demander, bien sûr.
08:28Emmanuel Macron a déclaré vendredi
08:30« Cette marche vers l'arme nucléaire par l'Iran menace la région, l'Europe
08:34et plus généralement la stabilité collective. »
08:37Et il a ajouté, le président de la République,
08:39« Nous ne pouvons pas vivre dans un monde
08:41où l'Iran posséderait la bombe atomique
08:43car c'est une menace existentielle. »
08:46La France, à ce stade,
08:47n'a pas mobilisé de moyens militaires pour aider Israël.
08:50Si jamais c'était le cas,
08:52si jamais la France apportait une aide militaire à Israël,
08:55quelle serait la réaction de l'Iran ?
08:58Regardons d'abord, monsieur le président Macron
09:01a exprimé la politique de la France,
09:04ce qui est son droit.
09:06Et on ne conteste pas.
09:08On n'est pas en place de le contester.
09:11Mais pour nous,
09:12l'accès à la bombe atomique
09:14était hors de notre agenda
09:16pour toujours,
09:18idéologiquement, religieusement.
09:19même la culture iranienne n'accepte pas.
09:24Donc,
09:25maintenant on dit la menace.
09:28La menace vers la France ?
09:30Non, nous aimons la France,
09:31les Français nous respectons
09:32comme un partenaire,
09:34un pays culturel, historique.
09:37L'Europe,
09:37l'Europe est notre été
09:39et restera toujours une priorité
09:42pour notre coopération.
09:44Donc, pourquoi nous devons être
09:46la menace contre l'Europe ?
09:47Une dernière question,
09:49votre Excellence.
09:50Lors de son entretien
09:51avec le président iranien,
09:52le premier message d'Emmanuel Macron
09:54a été d'exiger la libération immédiate
09:56de nos compatriotes,
09:58qui sont Cécile Collère et Jacques Paris,
09:59qui sont otages du régime iranien
10:01dans des conditions inacceptables
10:03depuis plus de trois ans.
10:04Ce sont les termes du président français.
10:06Pourquoi est-ce que l'Iran
10:07ne donne pas suite aux demandes
10:08appuyées et répétées de la France
10:10pour leur libération immédiate ?
10:12Vous voyez, madame,
10:13ce n'est pas la première fois
10:14que les Iraniens ont un détenu ici
10:16où les Français ont été détenus en Iran.
10:19Il y a une justice,
10:20il y a des délits qui ont été commis,
10:23mais nous, nous avons travaillé beaucoup,
10:28bien sûr, avec la coopération,
10:30avec la partie française,
10:32pour faciliter vraiment
10:33une libération aussitôt que possible.
10:38On est vraiment désolés
10:39d'avoir les détenus français en Iran.
10:42Mais vous savez bien
10:42qu'ils étaient sept.
10:45Par le biais de coopération,
10:47par le biais d'intervention
10:48de l'exécutive iranienne,
10:51la justice iranienne a donné
10:52le feu vert pour leur libération.
10:55Cette fois-ci,
10:56on travaille toujours.
10:57Même ce matin,
10:58quand on parle,
11:00les négociations,
11:01le dialogue entre nous,
11:02les coopérations,
11:03est en cours.
11:03et on espère bien que très tôt...
11:06La discussion se poursuit sur leur dossier.
11:08Bien sûr.
11:08Merci, monsieur l'ambassadeur.
11:09Merci, à vous, madame.
11:10Et merci, Sonia.
11:11Ce soir, Fabienne Synthèse
11:13recevra Joshua Zarca,
11:16ambassadeur d'Israël en France,
11:19dans Un jour dans le monde,
11:20juste après le journal de 18h.
11:22Merci, à vous, madame.