Les best sont à Budapest, et on sait de qui il s’agit ! Car oui, la journée est folle, elle est historique, elle fait infiniment de bien, et il va falloir débriefer ça, maintenant. Elle avait commencé à petit rythme pourtant cette journée, comme si celle d’hier avait jeté une ombre. Tout le monde était noué d’ailleurs, avec cette crainte de la faute, de la chute, de l’échec qui ne les quitte pas. Un championnat du monde, c’est ça. Et ça se passe dans ce nouvel épisode, déjà historique, de notre podcast Hajime.
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00:00Les bestes sont à Budapest et on sait de qui il s'agit car oui la journée est folle, elle est
00:21historique, elle fait infiniment de bien et il va falloir débriefer ça maintenant. Elle avait
00:26commencé à petit rythme pourtant cette journée comme si celle d'hier avait jeté une ombre. Tout le
00:31monde était noué d'ailleurs avec cette crainte de la faute, de la chute, de l'échec qui ne les
00:35quitte pas. Un championnat du monde c'est ça. Difficile aussi de retrouver ces sensations de
00:39détermination et d'envie rares et coûteuses en énergie mentale quand on a un peu trop donné et
00:44un peu trop reçu dans les rendez-vous précédents. C'est ainsi que le champion du monde et champion
00:48olympique 2024, l'invincible numéro 1 mondial azerbaïdjanais Hidayat Eidarov quittait le
00:54plateau dès le premier tour vaincu sur un ridicule petit Auchigari en réaction du portugais Otari
00:59Quantidze, 49e mondial dont la seule référence senior était une médaille de bronze à l'Open
01:04de Varsovie en février. La coréenne, championne du monde et vice-championne olympique Umimi était
01:09surclassée par la brésilienne Chirlene Nachimento qui n'est encore même pas dans le top 20. Ils ne
01:14tombaient pas tous mais tous étaient secoués. Le vice-champion du monde italien Lombardo devait
01:18remonter deux yukos contre un tchèque 63e mondial tandis que le champion du monde suisse 2023 Nils
01:23Stump survivait à un Ouazahari et un yuko de retard contre le Tadjik Sherov en plantant un
01:29hippon derrière sur une probable grosse erreur d'analyse de la table d'arbitrage qui cautionnait
01:35son Uchimata plutôt que le Ouranage bien plus crédible de son adversaire. Comme quoi il faut
01:39aussi parfois avoir un peu de chance. Ne pas faire la faute. C'est sans doute ce qu'a dû ressasser la
01:44malheureuse Martha Fawaz sur son lit d'observation à l'hôpital du coin dont les nouvelles qui nous
01:49parvenaient était d'ailleurs rassurante après avoir subi un étranglement foudroyant au premier
01:53tour face à l'Ouzbek Shukorjon Aminova. Elle avait pourtant enchaîné les performances et les podiums
01:59Zagreb, Tokyo, le titre à Paris, la finale à Tbilisi, la médaille au championnat d'Europe et elle
02:06avait montré beaucoup de détermination et de courage pour enchaîner les combats au stage de
02:09Benidorme malgré un pouce blessé. Et ce combat elle l'avait bien commencé obtenant rapidement le
02:14décalage des pénalités mais il ne faut pas faire de fautes pas faire d'erreurs il avait
02:19suffi d'un enchaînement rapide sur lequel elle se défendait mal. L'erreur il va falloir la gommer
02:24c'est comme cela qu'on apprend comme le sait très bien la coach Jane Bridge. On savait que
02:28c'était un gros premier tour il faut pas on n'a pas sous-estimé pas du tout mais on se dit bon
02:33une Ouzbek c'est pas fort mais si elle est elle est très très casse-pieds sur les mains après les
02:39attaques ne sont pas fortes ça on savait mais au niveau des mains c'est pas facile à gérer et on
02:47s'est dit bon ça peut d'abord partir sur les Shido et justement il y avait un Shido contre elle et
02:55puis bon à vrai dire on savait qu'elle avait un étranglement parce que Martha l'a déjà prise
03:00et à un moment ça va au sol elle va très vite et malheureusement c'était fini pour Martha. Elle fait
03:07un au Soto elle lâche et elle est à plat ventre et elle n'a pas le temps de réagir. L'autre elle
03:13est très très rapide. C'est ça c'est début de son carrière vraiment senior donc on a beaucoup de
03:20travail à faire vraiment elle a passé des caps au niveau d'entraînement elle a fait un gros stage
03:26à Benidorme malgré un pousse très très entamé très blessé. D'ailleurs elle va subir une opération
03:32tout de suite après mais malgré tout ça elle a fait une très bonne préparation et voilà on
03:38continue à travailler. Tenue par la même obsession le médaille olympique et européen en moins de 73
03:44kilos Johan Benjamin Gabba commençait les mains en bas contre le Hongrois Daniel Zegedi 22 ans et
03:50déjà 17e mondial un vrai danger pas de faute. Un premier pas de fait en lui marquant Yuko sur son
03:56Kataguruma à l'Aïdarov puis en le clouant au sol. Rester groupé ensuite face au kazakh
04:02d'expérience Yeset Kouanov et sortir la belle attaque décisive dans la dernière minute un gros
04:08Sode Tsurikomigoshi qui éclairait le jeu et les perspectives dans toutes les têtes françaises.
04:13Quelque chose venait de commencer à battre mais c'est le Suisse qui se présentait alors pour un
04:18huitième de finale bien poisseux de stress. Ce droitier puissant et très technique avec son
04:22Isago Urma à gauche était champion du monde en 2023 troisième en 2024. Le combat dense s'ouvrait
04:28progressivement avec cet adversaire qui aime jouer franc jeu. Quelques frissons passaient
04:32sur les meilleures tentatives du Suisse mais il avait bien du mal à s'organiser face à la
04:35dynamique Kaba jamais attentiste et difficile à cerner sur les mains. Tantôt secouant le revers
04:40opposé pour déstabiliser, tantôt repoussant pour prendre le large et rester en mouvement,
04:44tantôt passant par des phases de fixation derrière la nuque adverse avec la main droite pour fatiguer
04:49et faire réagir avec aussi des saisies qui montent haut derrière l'épaule en gaucher.
04:53Kaba était un démolisseur qui avait tendance à ses débuts à se démolir lui-même tant il
04:58dispersait l'énergie. Il est désormais un poison qui sature la vigilance et les capacités de
05:03résistance adverse. Quand il commence à mouliner, il met tout le monde en sur-régime. Il les intoxique
05:08à chaque séquence et ça n'a jamais été un problème pour lui de durée. Dans ce combat, c'est au bout de
05:13quasiment six minutes de temps effectif que le Hosotogari fusait enfin à partir d'une saisie main gauche au revers.
05:18Le Suisse bloc, il est aussitôt enroulé dans le Seoyenaguet qui enchaîne et atterrit bien à plat
05:24sur le dos. C'est un nouvel Hippon, un vrai et c'est un quart de finale qui se profile. Le petit
05:29gars de Chilly s'autorise les premiers signes. Il montre sa tempe, le siège de la lucidité pour
05:34assurer les consignes. Il se tape aussi beaucoup sur le cœur. Il y a la raison, il y a la résonance.
05:38Les tambours intérieurs du guerrier ont commencé à vibrer. Son mode a changé. Le quart est trapu encore
05:44contre le redoutable cinquième mondial, un ancien champion russe passé Emirati et troisième du Grand
05:49Schlem de Paris avec ses Soumigeichi à répétition. Mais lui aussi passe à la moulinette au point de
05:53montrer très tôt des signes d'épuisement. Il tient deux minutes avant d'afficher les effets de la
05:57souffrance. Accroupi tête basse à chaque fois qu'il lui faut se relever. Pendant ce temps là,
06:02Johan Benjamagaba sautille sur place. Aidé un peu par un saignement répété qui lui offrira une ou deux reprises
06:08d'air. Il tiendra encore quatre minutes au-delà du golden score, dans l'obstination, le refus de
06:13céder, avant d'être attrapé par le ho-chigari au corps à corps du français. Petit casse-tête
06:18d'ailleurs pour la commission de l'affiche puisque l'attaque commençait en arraché de fasti pour
06:22Anagé et finissait en prise de l'ours avec les mains nouées dans le dos, ce qui est a priori interdit,
06:27mais dans une forme ho-chigari. Qu'importe, c'est du judo et c'est validé. La France montre qu'elle est là
06:33dans les travées, au bord du tapis, un peu partout en fait, d'où fussent des encouragements, y compris
06:38dans la tribune officielle où le nouveau responsable du développement de l'affiche, Stefan Omis, s'époumonne.
06:43Tout est désormais possible, y compris le pire, la cinquième place. Il ne reste rien que du lourd
06:48devant les espoirs du français. Une demi-finale contre le renard italien Lombardo, un garçon qui
06:54peut faire peur tant il paraît maître de ses nerfs, toujours capable d'un coup surprenant. Il a souffert,
06:59mais il est là, le vice-champion d'Europe 2025 et vice-champion du monde 2023. Lui aussi sait
07:05faire katagouma et il se montre redoutable dans les premières minutes. Mais le rythme s'accélère
07:09et il n'aime pas. Il tente de ramener Gaba à sa main, de bloquer à droite, de freiner à gauche,
07:15de le mettre à son rythme. Gaba ne se laisse pas ralentir. Sa main droite venimeuse vient piquer
07:20derrière la nuque et l'italien accuse le coup. Il ne montre rien, mais il fatigue, comme les autres.
07:25A l'entrée du Golden Score, c'est l'attaque tricolore en Osotogari attrapé au vol par le
07:30petit bloc italien. Il tente de maîtriser sa prise, de la jeter sur le dos, mais c'est Gaba qui
07:35enchaîne en Osotogari et l'italien s'effondre. C'est la finale, comme Hugo le Grand en 2013, année
07:42aussi du dernier titre masculin hexagonal Hortedi Riner, celui de Loïc Pietri en moins de 81 kg, comme Daniel
07:48Fernandez, son capitaine d'équipe en 2003, comme Christophe Gagliano en 1997, comme Marc Alexandre en 1987,
07:55comme Serge Diot en 1981, un français étant final de la catégorie des légers. C'est comme cela qu'on dit
08:02pour les moins de 71 kg devenus moins de 73 kg. Aucun de ses prédécesseurs ne l'a emporté. S'il le fait,
08:08Johan Benjamin Gaba, celui qui avait dû mériter sa sélection au jeu en gagnant les championnats de
08:13France en novembre 2023, pourrait passer devant tout le monde et marquer notre histoire à jamais. En face,
08:20ce n'est pas un japonais, mais c'est peut-être plus grave, puisque c'est celui qui a sorti Tatsuki
08:25Ishiara du tableau. C'est le technicien brésilien Daniel Carnien, médaillé mondial et olympique. Un
08:31monstre sur les surinage, un bon contreur. L'homme qui peut tenir Gaba peut-être lui voler son titre.
08:37Il y en a-t-il un qui doute ? Pas Gaba en tout cas, qui met tout de suite en marche sa danse de mort,
08:41rassurant le clan français d'entrer. Daniel Carnien est dangereux dans ses attaques, mais le français ne le
08:46lâche pas. Celui qui mort, c'est lui. Jamais il ne s'arrête de le harceler. À l'entrée de la dernière
08:52minute, il le contre durement et le yuko est sauvé tout juste par le Présilien, qui commence à saigner du
08:57front. Premier sang, c'est Lalali. L'armure de Carnien fondi sous les incessants changements de saisie du
09:03chasseur Gaba. Comme le japonais Abbé en finale dû par équipe au jeu, il doit se faire soigner et
09:08bander le front. Mais rien n'a changé à son retour. Une montée forte de main droite, c'est un leurre.
09:13Le Katagourma à l'Aïdarov est enclenché. Comme Abbé, le Brésilien est saturé en retard et part en planche
09:19sur le dos. Champion du monde, il l'a fait. 12 ans après Loïc Pietri, 24 ans après Frédéric de Montfaucon.
09:25Quelque chose nous dit que cette nouvelle génération, dont il est désormais le chef de file,
09:29n'attendra pas aussi longtemps pour le prochain. Y a-t-il des mots pour raconter à Cho une telle
09:34émotion ? Franchement, j'ai pris que des mecs costauds. Même les deux premiers, c'était fort
09:38aussi. Ensuite, il faut que je sorte Tom pour aller en car. Donc franchement, c'était une journée de
09:43ouf. Je prenais que des mecs forts. Et pour aller au bout, c'est que à la tête, au mental. J'étais fort
09:49dans la tête et c'est ça qui m'a amené jusqu'à cette médaille. Je ne sais pas, je me sentais bien et même
09:54physiquement, j'étais une machine aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi, mais en fait, c'est la tête, c'est la
09:59tête qui tire le corps. Donc quand la tête, elle marche bien, le corps, il suit. C'est ce que j'ai
10:02pu voir aujourd'hui. Les tours, ils passent et je reste concentré en fait, parce que je sais
10:07qu'à chaque tour, c'est un mec très fort que je vais prendre. Donc en fait, il faut que je reste
10:11concentré, sinon je vais perdre. Donc je suis resté très concentré jusqu'à la finale. Je me suis dit,
10:16ouais, il ne faut vraiment pas que je perde. Après avoir perdu au jeu, la finale, je ne peux pas perdre une
10:19deuxième finale mondiale. Donc vraiment, j'ai tout donné. Énormément de travail et comme je vous dis,
10:25la tête, la tête solide. Si on n'a pas la tête solide, on ne peut pas. Pour moi, c'est vraiment
10:29que ça et c'est vraiment ma force première. Je sais que je suis mentalement, je suis solide.
10:34Sur le combat, sur Makmatbekov, sur le UAE, sur le début de combat, il me mène totalement et je
10:43suis en mauvaise posture, mais ma tête, elle reste solide et je me dis, ouais, dans tous les cas,
10:46dans le combat, j'aurai l'occasion, j'aurai l'occasion. Et voilà, c'est comme ça que j'ai réussi à avoir cette médaille.
10:51Ce douceur, je l'ai tellement regardé. À chaque fois qu'il y a quelqu'un qui a un douceur rouge,
10:56je me dis, moi aussi, je le veux. Et enfin, je l'ai. Ça fait tellement plaisir.
11:00Le témoin le plus proche, le coach sur la chaise, Ludovic Delacote, expliquait la recette et les secrets
11:05d'un tel triomphe et ça passe par la capacité à avaler le stress comme une gourmandise.
11:10Six matchs. Après, il est entraîné pour ça. Là-dessus, pas de sujet. On sait qu'il a des qualités d'endurance.
11:16Il a aussi des qualités explosives. Donc, quand tout est imbriqué et qu'en plus il rajoute de l'efficacité,
11:22ça donne une journée comme ça, une journée parfaite où il met des hippons à tous les matchs.
11:26Hormis la finale où c'est Wasari, même si je pense qu'on aurait pu mettre hippons, on ne va pas rechigner.
11:31Sur le championnat d'Europe, en fait, il revenait d'une baissure au genou. Il était à 80%.
11:36Il y a certaines choses qu'il ne pouvait pas faire, notamment le Neuaza, où il ne pouvait pas s'exprimer.
11:40C'est une de ses armes. Et là, en fait, tous les voyants étaient au vert.
11:44Donc, il suffisait de bien gérer tous les curseurs, de l'excitation, mais pas trop.
11:51Le stress, visiblement, il a plutôt tendance à le manger, donc ça va.
11:55Et puis, non, non, il était armé, bien dans la tête.
11:58L'expression technique sur toute la préparation était bonne.
12:01Donc, finalement, on arrive à la performance du jour.
12:04C'est vraiment un parcours de très haut niveau.
12:08Parfois, on dit « il est passé entre les gouttes ».
12:11Là, on regarde le tableau, franchement, chapeau bas.
12:15On a une relation coach sur l'expression de certaines phrases, de certains mots-clés.
12:24Donc, moi, je suis sur la partie motivationnelle.
12:28Et puis, parfois, il faut le faire redescendre.
12:30Quand il y a un peu d'euphorie, là, j'ai eu peur qu'en demi, il me jette la veste en l'air en sortant du tapis.
12:36Mais non, c'est l'anecdote.
12:38Mais du coup, voilà, c'est simplement ça.
12:40Après, le garçon, il est déterminé, c'est ce qu'il veut.
12:42Donc, sincèrement, avec Stéphane Frémont, qui manage tout ce petit groupe auquel il appartient,
12:48c'est extrêmement simple.
12:50Avant chaque match, on checkait la stratégie à mettre en place.
12:55On valide, on est d'accord, on est d'accord.
12:57Feu, action, il n'y a plus qu'à.
12:59Il est dans une période faste.
13:01Je pense que le championnat d'Europe, avant les Jeux, déjà, lui avait donné un petit peu de capital confiance.
13:09La médaille au jeu, bien évidemment.
13:11Le fait de confirmer sur les Europes en n'étant pas à son meilleur niveau,
13:14c'est quand même quelque chose de fort, de remarquable.
13:17Parce que ce n'est pas toujours simple, surtout quand on est attendu.
13:20Et puis, voilà, aujourd'hui, champion du monde.
13:23Il sait qu'il va devenir la cible.
13:25Il sait qu'il a le dossard rouge, qu'il va avoir son portrait sur le mur de l'INSEP.
13:30C'est le premier de ce groupe.
13:31C'était un défi entre nous.
13:32Il a gagné ce défi-là.
13:34Dans les belles histoires de maître d'armes,
13:36on utilise souvent la métaphore de l'arc qu'il faut d'abord bander pour tirer la flèche,
13:40c'est-à-dire savoir la retenir le temps nécessaire,
13:43l'éloigner de son objectif pour mieux l'atteindre au bon moment,
13:46avec la bonne quantité d'énergie accumulée.
13:49L'entraîneur du club de Shimazara Moranji,
13:51Samderaim Alaoui,
13:52était plutôt sur celle du bon vin qu'il faut attendre.
13:55Mais c'était un peu la même idée.
13:57Je m'attendais à minima à ce qu'il soit sur le podium.
14:00Aujourd'hui, il a été sur la plus haute marche du podium et avec la forme.
14:05Et c'est extraordinaire.
14:07Donc à un tel niveau post-olympique, il faut savoir que le champion olympique a échoué au premier tour.
14:12Il y a eu pas mal de loupés et de ratés dans le championnat pour les têtes de série.
14:18Johan lui a parfaitement assumé ce titre-là.
14:21Un bon travail avec ses coachs, un bon travail sur lui-même, une bonne préparation.
14:26Il faut savoir qu'il a subi une opération post-olympique qu'il a laissé sur le carreau pendant un minimum 4 mois.
14:32Il est revenu progressivement.
14:34Je pense que sa planification et sa programmation ont été parfaites pour lui.
14:39Donc on a su, bien sûr avec ses entraîneurs,
14:42bien mettre en place les phases d'entraînement, les phases de récupération, les phases de compétition qu'il fallait.
14:49Notamment avec son entraîneur Stéphane Frémont.
14:52Ce qui fait qu'aujourd'hui, on a eu un Johan en parfaite forme.
14:55C'est-à-dire que cette planification lui a été, on va dire, idéale.
14:58On a vu le résultat aujourd'hui.
15:00Pas une marque, pas un avantage contre lui.
15:03Avec toutes les armes du monde, on n'aurait pas fait mieux qu'aujourd'hui.
15:07On n'aurait pas espéré mieux qu'aujourd'hui.
15:09Au-delà d'une autre dimension, c'est une envergure de niveau mondial, de niveau olympique.
15:15C'est-à-dire qu'il a eu un déclic après ses Jeux Olympiques
15:20qui ont fait qu'il a une sérénité.
15:23Il a énormément travaillé le côté tactique
15:26de manière à ce qu'il empêche au maximum ses adversaires d'installer les mains où il le souhaite.
15:32Et puis lui d'être leader sur la pose de ses mains.
15:35Ce qui ont fait qu'aujourd'hui, personne ne l'a inquiété de près comme de loin.
15:40Et aussi, aussi, à noter un mental d'acier.
15:44C'est-à-dire toujours le premier debout, toujours le premier en place, toujours le premier sur l'offensive et non sur la défensive.
15:50Et ça, ça change énormément.
15:52Il faut savoir qu'il y a un an et demi, deux ans, Johan, sur ses premiers tours, faisait des golden scores
15:57contre des athlètes, contre des compétiteurs qui étaient moins forts que lui sur le papier.
16:01Mais néanmoins, il y a laissé quand même pas mal de cartouches.
16:04Aujourd'hui, ça s'est totalement inversé.
16:06Il arrive à boucler ses matchs sans y laisser beaucoup d'énergie.
16:10Ce qui permet d'arriver sur un quart de finale très solide et de pouvoir faire 5 minutes de golden score
16:16parce que, justement, il a su gérer les matchs avant, ce qui n'était pas le cas auparavant.
16:20Donc ça, ça a été vraiment aussi un déclic pour lui.
16:22Il faut savoir qu'il a encore pas mal d'axes à améliorer dans ses schémas tactico-techniques.
16:28Et le temps joue en sa faveur.
16:31Les prochains Olympiques sont dans trois ans.
16:33Donc, il a une marge de progression qui est encore énorme.
16:36Et je pense que le plus beau et le plus bon reste à venir.
16:41Nous n'avons jamais cessé de croire en ses qualités, en ses capacités.
16:45Et cela depuis qu'il nous a rejoints il y a bientôt 6 ans, 7 ans, 6 ou 7 ans.
16:51Pour nous, c'est une fierté sans mesure.
16:54Journée parfaite, quoi qu'il en soit, puisqu'on ne met pas de bémol
16:57quand tombe un titre mondial masculin français.
16:59Elle aurait pu l'être doublement si la seconde engagée en moins de 57 kg.
17:03Notre médaille olympique Sarah Léonie Cizic avait pu s'arracher aussi bien que Johan Benjamin Gabba
17:08à la peur de mal faire et aux stratégies adverses.
17:11D'entrée, elle donnait plutôt l'impression d'être bridée,
17:14un peu par les adversaires qui ne la laissaient pas construire, un peu par elle-même.
17:18Moins vive, moins intrusive et impactante qu'à la coutumée,
17:21elle se montrait au moins courageuse et disciplinée dans ses intentions.
17:25En l'absence de la canadienne Krista Degucci en vacances pour un an,
17:29l'occasion était pourtant bonne, mais ce sont souvent les plus difficiles à convertir.
17:33Il lui fallait plus de 10 minutes de temps effectif au second tour
17:36pour écarter aux pénalités la russe Zueva,
17:38qui avait d'ailleurs la particularité d'être à 100% de réussite sur les françaises,
17:42avec deux victoires récentes sur Ophélie Velozy et deux autres sur Feiza Mogdar,
17:47deux de nos meilleurs internationales.
17:49Le quart de finale contre la serbe Perisic, sixième mondiale et septième au jeu,
17:54était aussi englué et stressant, avec la nécessité de se faire violence
17:58pour lutter contre les vieux démons sans cesse de retour des arbitres,
18:02de mettre une pénalité quand l'adversaire se jette au sol
18:04avec plus de conviction que de préparation.
18:07Il lui fallait là encore 7 minutes pour s'arracher à cette glu,
18:10mais c'était une demi-finale au bout et c'était déjà beau.
18:14La japonaise Momo Tamaoki ne fait pas dans le génie.
18:17Elle est combative en revanche et face à la solidité un peu trop statique de son adversaire,
18:22même si la française parvenait à hausser cette fois un peu son niveau,
18:25elle optait résolument pour une approche tactique,
18:27se jetant dans des séries naguées sur le poignet, sans effet,
18:30sinon celui d'obtenir la troisième, là encore au bout de plus de 7 minutes.
18:35Se profilait tout de même la possibilité d'une médaille de bronze
18:38et elle était d'autant plus importante à aller chercher
18:40qu'elle pouvait ouvrir le compteur de l'équipe de France féminine,
18:43mais aussi celui de Sarah Leonisizik elle-même, jamais récompensée à ce niveau en senior
18:48depuis sa première sélection en 2019.
18:50C'est face à l'Ouzbek Aminova qu'elle doit relever ce défi.
18:53Un cadeau du destin, il faut le dire.
18:55C'est elle qui a écarté d'emblée Martha Fawaz sur son fort étranglement
18:58et elle est en progression, mais elle a 22 ans et n'est pas encore dans le top 20.
19:02Notre double médaillé olympique sera pourtant là encore en difficulté tout le combat,
19:06jamais en danger sur ses appuis, mais luttant pour ne pas perdre pied dans sa tête
19:10au jeu des pénalités, se faisant violence pour empêcher la jeune Ouzbek
19:14de prendre le dessus tactiquement.
19:16La délivrance arrivera cette fois au bout de près de 2 minutes de Golden Score.
19:20Trouvant enfin le bon timing pour une attaque, elle passait au travers de sa grande adversaire
19:24avec un mouvement de hanche. Finalement, il y avait moyen.
19:27Ni l'or, ni la manière cette fois, mais tout de même une précieuse médaille mondiale,
19:32la première et elle va compter dans l'avenir.
19:34Et le titre ? Il allait cette année à la puissante géorgienne Eteri Lippartelliani
19:39qu'on n'avait encore jamais vue sur un podium mondial.
19:41Une première médaille pour elle, une première médaille féminine pour le judo géorgien
19:45et c'est de l'or d'emblée après 10 titres masculins depuis l'indépendance.
19:48Elle explosait littéralement la japonaise sur deux grands Uchimata sans se poser de questions.
19:53Un exemple à suivre peut-être est l'occasion de regrets renouvelés
19:56car même si elle était très forte aujourd'hui, cette géorgienne reste toujours sur 9 défaites de rang contre la française.
20:02De quoi peut-être verser quelques larmes de frustration.
20:05Pour l'instant c'est vrai que je suis fière mais en même temps j'ai cette boule dans la gorge qui ne veut pas partir.
20:14Et j'ai été rarement comme ça puisque je me suis toujours dit que le job est fait à partir du moment où on revient avec une médaille, même si ce n'est pas une médaille d'or.
20:24Mais là c'est vrai que j'avais, j'ai dit c'est mon année quoi, c'est mon année, je vais être championne du monde et des illusions quoi, des illusions après la devie.
20:37Et je me dis d'autant plus avec l'état dans lequel j'étais, vraiment je me suis battue avec tout ce que j'avais.
20:47J'ai eu le même état d'esprit qu'au jeu, en tout cas c'est le sentiment que j'ai eu vraiment, ce deuil de me dire que je ne serai pas championne du monde aujourd'hui.
20:56Et je ne dirais pas d'injustice parce qu'en soi il n'y a que de ma faute, c'est moi, si je veux gagner il faut que je fasse tomber.
21:08C'est comme ça qu'on fait du judo mais c'est vrai que j'ai cette impression de vraiment tout donner tout le temps à chaque fois et de vraiment de tout laisser sur le tapis et que ça ne passe pas.
21:22Et après cette demi je me dis encore, enfin je me dis encore, encore ce ne sera pas mon jour, encore, alors bien sûr je vais me battre pour chercher une médaille de bronze mais ce ne sera pas en or.
21:33Et c'est dur à digérer, c'est dur à imprimer, à passer outre, à se dire bon allez combat fini, il faut que je pense à celui d'après.
21:46J'ai mis du temps, j'ai bien pleuré, j'espère que les caméras n'ont pas trop, j'ai beaucoup pleuré comme un bébé clairement littéralement, vraiment je vais être honnête.
21:55Mais j'en avais besoin, j'en avais besoin pour évacuer comme dit Jane, évacuer cette tension, vraiment j'étais, je m'en voulais et en même temps j'ai l'impression d'avoir tout donné.
22:10On veut toujours faire plus, plus qu'on peut des fois mais bon, la fin de journée est quand même belle, même si elle n'est pas très belle, elle est quand même belle.
22:21En vrai, en termes de sensation, je ne me sentais pas mal, mais je n'étais pas dans un de mes meilleurs jours.
22:31Vraiment, je n'avais pas cette impression de me dire, je ne me sens pas bien, je ne me sens pas bien, j'étais vraiment objectif en tête et j'ai fait avec ce que j'avais et je me suis dit, de toute façon, tu n'as qu'un job, c'est de tout donner sur le tapis, combat par combat et on verra où ça mène la fin de la journée.
22:51Ça m'a mené là, ça m'a mené là, je suis contente pour moi mais en même temps, je dirais, on m'a dit qu'il ne fallait pas être triste mais c'est la tristesse en tout cas que je ressens parce que j'ai envie de plus pour moi.
23:08Des explications. Au club de la Céboulogne-Biancourt où l'on enregistre tout de même avec satisfaction une seconde médaille mondiale en trois jours après celle de Romain Valadier-Picard en moins de 60 kg,
23:18Romain Poussin, l'entraîneur, isolait la nécessité nouvelle de s'adapter aux stratégies des adversaires.
23:23Je suis persuadé qu'elles ont toutes eu un objectif qui était de combattre tactiquement contre Sarah parce que Sarah, tu ne peux pas faire judo contre elle, c'est une attaquante et une contre-attaquante de feu
23:36et elles nous l'ont montré les filles, elles ont toutes cherché à fuir en fait, à essayer de faire monter les pénalités contre Sarah.
23:43La japonaise en a un peu mieux sorti que les autres mais on va travailler sur ça parce que Sarah a encore beaucoup de potentiel.
23:51Aujourd'hui c'est un peu fermé pour elle, elle a du mal à s'exprimer mais c'est une journée sans où il y a quand même la médaille au bout et là-dessus on est très fiers.
23:59Comme quoi après deux médailles olympiques et bientôt 27 ans, on apprend toujours, c'est ça qui est fou d'ailleurs dans ce sport et là je pense qu'elle va beaucoup apprendre aujourd'hui.
24:13C'est vrai que Sarah, on l'a connue plus, percutante mais vraiment c'est facile à avoir de l'extérieur, enfin on se dit que c'est facile de l'extérieur plutôt mais quand on est auprès d'elle,
24:24on se rend compte que c'est vraiment très très dur, la journée qu'elle a traversée et cette médaille comme on se disait c'est celle du dépassement de soi.
24:32Elle va la regarder, elle va se dire putain ce jour-là j'y suis vraiment allé, j'ai vraiment fait l'effort, j'ai été dans le dur et j'ai pu aller au bout et c'est frustrant parce que ça passe à pas grand chose.
24:42Cette demi-finale sur la japonaise mais bon c'est judo, c'est comme ça.
24:50Jane Bridge soutient inlassable toute la journée sur la chaise, espérait que le grand soulagement qu'avait exprimé Sarah Léonie Cizic après sa médaille
24:58était signe qu'elle pouvait passer à autre chose, se libérer enfin.
25:03On va faire un peu l'analyse après, elle n'avait pas toutes ses sensations, on avait l'impression que pourtant à la fin de ses combats,
25:13bon à part d'être engorgée sur les bras, elle n'est pas épuisée mais bon il manquait un peu d'énergie pour finir des mouvements,
25:23pour être vraiment au top de ce qu'elle peut être.
25:26Mais malgré ça, ça montre vraiment son niveau, malgré ne pas être au top, elle peut passer des tours, des tours difficiles,
25:34elle reste concentrée et puis à la fin elle a pu prendre la médaille, ce qu'elle cherchait.
25:40Bon, pas la médaille qu'elle cherchait mais bon.
25:42Je pense que oui, ça peut la rassurer et se dire qu'elle est tout à fait capable d'aller chercher des championnats et pas seulement les Jeux Olympiques.
25:53C'est toujours le danger quand on se dit, tiens, il n'y a pas la plus forte, il y en a d'autres qui sont plus fortes,
25:59donc il faut vraiment rester combat sur combat et attendre la fin pour voir où on en est
26:05et puis ne pas se dire, voilà, c'est bon parce que la championne olympique n'est pas là.
26:10Deux finales masculines en trois jours, le premier titre mondial hors Riner depuis 12 ans,
26:16la team de nos garçons vit pleinement les effets d'une révolution entamée avant les Jeux.
26:20Elle est dans sa phase montante, en pleine dynamique positive et c'est une bonne nouvelle pour tout le monde.
26:26Chez les filles, c'est de reconstruction dont il est question après des Jeux qui ont un peu sapé la confiance de ce groupe d'expérience.
26:32Chirine Boucli un peu usée, Amandine Bouchard satisfaite de s'être élevée à la hauteur de sa grande rivale sans l'avoir emportée.
26:39C'est aujourd'hui une Sarah Léonie Cizic nouée par un stress indéfinissable,
26:43plus en résilience qu'en véritable confiance, mais enfin médaillée.
26:47Demain, ces trois-là seront meilleurs, reparties dans une phase ascendante, elles aussi.
26:51Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, la France a vécu quelque chose qui dépasse les clivages d'équipe,
26:57les logiques de cycle.
26:58De la confiance et de l'aura, Johan Benjamin Gaba en regorge et cela va éclabousser tout le monde.
27:04La parole au président Stéphane Nomis pour conclure sur un événement dont on ne mesure peut-être encore pas tout à fait,
27:10à quel point il va nous faire du bien.
27:12C'est une journée incroyable, même si on aurait pu rêver de mieux,
27:16parce que je trouve que Sarah a fait un match incroyable et qu'elle aurait pu aller au bout,
27:20elle aurait pu aller en finale, mais derrière, Johan Benjamin, il nous fait rêver,
27:25il met ses burnes sur la table, il va jusqu'au bout, il se bat sur chaque combat, il fait six combats,
27:32c'était ouf, ça nous fait un champion de plus à afficher à l'INSEP.
27:40Le gars, il est incroyable, il n'a rien lâché, il a mis une médaille aux Jeux Olympiques, une finale,
27:47tout le monde a dit, c'était de la chance, et ça, tout qu'on le fait.
27:50Après, il fait gagner l'équipe olympique et derrière, il remet ça, il met un titre de champion du monde,
27:55il a montré à tout le monde, il a montré la voie.
27:58Vraiment, je pense qu'il a montré la voie.
28:02Il a montré qu'au judo français, tout est possible.
28:05Tu peux partir d'en bas et réussir avec beaucoup d'entraînement, beaucoup de volonté,
28:09beaucoup de croyance en soi, et bien, on peut aller au bout.
28:14Et ça, ça fait du bien à la France et à tous les judokas français qui s'entraînent tous les jours.
28:21C'est difficile, le judo, et il nous montre qu'on fait tous ces sacrifices pour atteindre des objectifs,
28:28et que certains vont les atteindre, certains ne vont pas les atteindre, mais on peut les atteindre.
28:31On peut aller au bout, on peut faire champion du monde avec les moyens qu'on a.
28:37Tout le monde n'a pas les mêmes capacités techniques, physiques, mentales et tout,
28:40mais avec toutes les qualités, il y a des moyens de faire des belles choses.
28:44Et je trouve que c'est un beau message d'espoir qu'il envoie à l'ensemble des judokas,
28:49mais du peuple français, on peut tout réussir grâce à la France.
28:52Il y a deux ans, je ne sais pas si les gens se souviennent, on lui a fait confiance,
28:56on lui a donné une chance, on lui en a donné une deuxième, une troisième,
29:00mais il avait tellement faim de victoire, il avait tellement envie de réussir,
29:04il avait tellement envie avec l'équipe de montrer que c'était possible,
29:09qu'il pouvait aller au bout de ses rêves.
29:11Je trouve que c'est une personne qui est inspirante pour l'ensemble des français,
29:17mais vraiment, je le pense du fond du cœur.
29:19Les bestes sont à Budapest et portées haut, les couleurs tricolores ce dimanche,
29:24et c'est tant mieux.
29:25Ce lundi, l'aventure est à vivre pour Arnaud Aregba en moins de 81 kg,
29:30dans une catégorie où absolument tous les meilleurs sont là.
29:33Mais il est de la génération Valérie Picard et Gabba, alors pourquoi pas ?
29:36Elles sont deux en moins de 63 kg.
29:39Manon Deketer était médaillée en 2022 à sa première participation,
29:43et elle souhaite plus que tout remettre ça.
29:45La double championne du monde junior en Melchia Oshkorn n'a que 20 ans,
29:48mais elle est peut-être de celle dont on dit que la valeur n'attend pas le nombre des années.
29:53Les bestes sont à Budapest, mais de qui s'agit-il ?