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  • 14/06/2025
Regardez L'invité de RTL Matin Week-end avec Stéphane Carpentier du 14 juin 2025.

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Transcription
00:00Pour comprendre la situation, imaginer la suite et les conséquences,
00:04c'est un spécialiste du Proche et Moyen-Orient qui est connecté en direct avec nous ce matin.
00:07Je salue David Rigoleroz. Bonjour à vous.
00:11Bonjour.
00:11Chercheur associé à l'IRIS, l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques.
00:15D'abord Israël, Iran. Est-ce qu'on doit parler ce matin, David Rigoleroz, d'une nouvelle guerre ?
00:23Ah oui, ce n'est pas une simple opération militaire.
00:27C'est véritablement une guerre.
00:30D'ailleurs, elle a été perçue comme telle et se qualifiée comme telle des deux côtés.
00:38Les Iraniens ont considéré qu'il y avait une déclaration de guerre à l'endroit de l'Iran.
00:44Et du côté israélien, ils considèrent que c'est effectivement l'aboutissement d'un long processus qui se transforme en guerre.
00:50C'est une guerre, une situation de bombardement, d'attaque, de réplique.
00:53Ça pourrait durer un moment.
00:57Selon les officiels israéliens, oui, la première phase qui a été depuis 24 heures ne serait que le début d'une longue campagne
01:08qui pourrait durer sur potentiellement plusieurs semaines.
01:11sauf s'il y avait effectivement un bouleversement par rapport aux négociations qui étaient initiées par Donald Trump concernant le nucléaire.
01:22Mais pour l'instant, c'est la modalité militaire qui s'impose.
01:27J'évoquais il y a un instant la riposte iranienne à l'attaque d'Israël.
01:31Donc depuis cette nuit, il y a des missiles.
01:34Ça peut être une riposte d'ampleur selon vous ?
01:36Parce qu'on nous dit toujours que l'Iran n'a pas de moyens considérables en termes d'armée classique.
01:42Oui, non.
01:42En termes conventionnels, l'Iran n'est pas en situation de se confronter à Israël.
01:47C'est incontestable.
01:48Mais ça fait longtemps que cette situation est celle-là pour l'Iran.
01:53C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle avait compensé ce déficit, cette faiblesse, en termes conventionnels.
01:59C'est-à-dire des chars, des avions, etc.
02:03Faute de pièces détachées par deux options de substitution.
02:07A savoir la mise au point d'un axe de proxys, une projection régionale de mandataire autour de l'État hébreu.
02:16Dont le plus, évidemment, le bijou de la couronne, c'était le Hezbollah.
02:21Axe qui a été désintégré dans le prolongement du 7 octobre 2023.
02:25Et puis le balistique, l'arme balistique qui permet effectivement de projeter vers l'extérieur à partir de l'Iran.
02:33Et c'est essentiellement l'arme balistique qui peut constituer la réponse.
02:37On le voit, puisqu'il y a des salles qui sont tirées très régulièrement sur l'État hébreu.
02:43Donc au début, il s'agissait de drones et maintenant clairement de missiles balistiques.
02:48David Rigoleroz, l'objectif d'Israël, c'est d'empêcher l'Iran de développer son ambition nucléaire, si je peux qualifier les choses comme ça.
02:56Comment être certain que les cibles sont atteintes ?
02:59Pour l'instant, c'est très difficile de savoir.
03:02Parce que c'est très invisible tout ça, évidemment, c'est souterrain, non ?
03:04Oui, alors c'est d'autant plus compliqué à évaluer qu'on n'a pas les données.
03:11Effectivement, il y a parmi les cibles des sites qui ont été frappés, il y a des cibles concernant les sites de missiles, évidemment.
03:21Mais il y a les sites nucléaires.
03:22Il y en a principalement trois, en l'occurrence.
03:24Natanz, Fordo, Ispahan.
03:27Alors, Natanz a été touché dès le début.
03:30Et selon les dires de Raphaël Grossi, qui est le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique,
03:35qui regarde évidemment avec la plus grande attention ce qui se passe en termes de radiation potentielle,
03:40la structure de surface de Natanz aurait été rasée.
03:44Mais on a peu d'éléments sur la structure en profondeur.
03:49Et puis, le site de Fordo, qui n'avait pas été visé initialement, commence à l'être.
03:54Mais le problème, c'est que l'infrastructure descend très profondément.
03:58Ça descend jusqu'à des centaines de mètres.
04:01Et là, se pose la question des munitions susceptibles d'atteindre, évidemment, les structures en profondeur.
04:07C'est le grand point d'interrogation, parce que c'est ça qui est déterminant pour savoir
04:10si les dégâts sont susceptibles de geler, en tout cas pour un bon moment, l'enrichissement de l'uranium.
04:17Et l'autre objectif d'Israël et de Benyamin Netanyahou, c'est aussi de faire tomber le régime iranien.
04:23Il a lancé un appel ces dernières heures au peuple iranien pour qu'il se soulève.
04:27Ça, ça peut être un scénario, vous y croyez-vous ?
04:29Alors, oui, il y a une ambiguïté sur cette option, justement, de ce qu'on appelle le changement de régime.
04:35Parce que ce n'était pas la position officielle de Donald Trump.
04:39Il l'a dit très explicitement quand il a lancé les négociations avec Téhéran.
04:42Il était pour l'idée d'un Iran prospère, développé, sans la bombe, en explicitant le fait qu'il ne recherchait pas un changement de régime.
04:54Mais ce type d'opération, compte tenu de son ampleur, implicitement, peut effectivement intégrer le calcul d'un changement de régime.
05:02Et comme vous évoquiez la déclaration du Premier ministre qui, d'une certaine manière, appelle au soulèvement contre le régime,
05:08cette option peut être effectivement envisagée.
05:11Le problème, c'est qu'il y a un point d'interrogation sur le ressenti des Iraniens,
05:16qui pour la plupart détestent le régime, il faut le dire,
05:19mais il y a un sentiment national iranien très fort.
05:21Donc, c'est très difficile d'évaluer de quel côté ça penchera.
05:26Et puis, il y a une incertitude sur les attendus d'un changement de régime.
05:29On le sait depuis l'Irak de 2003.
05:32C'est-à-dire qu'on sait comment on peut faire tomber un régime,
05:35mais on ne maîtrise pas forcément les conséquences de son effondrement.
05:39Et dans le cas de l'Iran, ça explique aussi la prudence initiale des Américains.
05:43Il y a des incertitudes et des risques sur un effondrement du régime,
05:47faute justement d'oppositions structurées qui seraient susceptibles de prendre le relais.
05:52Incertitude donc au pluriel, on l'entend bien, et nouvelle guerre en cours.
05:55Merci David Rigoleros d'avoir expliqué les choses aux auditeurs de RTL en ce samedi matin.

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