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  • 11/06/2025
Au lendemain du meurtre d'une surveillante d'un collège de Nogent, quel est le profil de l'élève auteur de l'attaque ? Comment expliquer un tel geste ? Vincent Stanek, le recteur de l'académie de Reims est l'invité événement de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 11 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h19, bonsoir Vincent Stanek, merci beaucoup de prendre la parole ce soir sur RTL.
00:09Vous êtes le recteur de l'académie de Reims, dont fait partie donc la commune de Neugent en Haute-Marne.
00:14Après l'attaque de cet élève de 14 ans hier, que faut-il faire pour que de pareils drames ne se reproduisent pas ?
00:20Je tiens tout d'abord à exprimer ma compassion en direction de la famille de la victime.
00:28Je pense à son enfant et je pense en particulier à toute la communauté éducative qui a été évidemment violemment choquée, traumatisée par cet événement incroyable, insensé et qui a mis tout le monde dans un sentiment de sidération.
00:42Donc la première chose que nous sommes en train de faire, c'est évidemment d'accompagner cette équipe pour faire en sorte que la reprise du retour en classe des élèves se fasse le mieux possible.
00:53La deuxième chose que je voudrais évoquer évidemment, c'est la question, beaucoup de questions se posent aujourd'hui à nous.
01:03La conférence de presse du procureur a fait état d'un profil d'élève qui ne présentait pas de signes avant-coureurs notables.
01:12Donc évidemment pour nous, il s'agit de suivre attentivement le déroulement de l'enquête pour essayer de comprendre.
01:19Ce que je dirais simplement, s'agissant plus généralement des mesures que nous mettons en place, je veux évoquer deux points.
01:26Le premier point évidemment, c'est la grande vigilance que nous avons collectivement au sujet de la santé mentale de nos jeunes et de l'évolution,
01:33ou devrais-je dire la détérioration de cette santé mentale qu'on peut constater assez généralement.
01:39Alors monsieur le recteur, visiblement nous avons un problème.
01:41Et qui a donné lieu d'ailleurs.
01:43Nous avons eu deux coupures, oui oui, nous avons eu deux coupures très brèves de votre prise de parole.
01:48Vous évoquiez votre engagement en ce qui concerne à bien protéger la santé mentale de vos élèves.
01:53Oui, c'est vraiment un point important et il y a eu, de ce point de vue-là, des assises à ce sujet au mois de mai dernier.
02:01Et des mesures ont été annoncées qui comprennent le renforcement des équipes.
02:05Le fait que chaque établissement ait à compter de la prochaine rentrée un protocole destiné à prendre en charge la question de la santé mentale de nos jeunes,
02:14des formations des enseignants.
02:15Et puis, il y a un sujet, bien sûr, qui maintenant est bien connu,
02:19c'est la question de l'exposition de nos jeunes aux écrans, en général,
02:23et en particulier à certains contenus violents,
02:26et qui doivent appeler notre attention,
02:28comme l'a d'ailleurs dit la...
02:30Que veut dire, pardonnez-moi, vous évoquez un protocole,
02:32mais est-ce que ça veut dire, par exemple,
02:34un ou une psychologue dans chacun de vos établissements, dont vous avez certainement besoin ?
02:38Alors actuellement, nous n'avons pas un psychologue dans chaque établissement.
02:42L'idée, c'est de mettre à disposition, de rapprocher, si vous voulez, les moyens dont nous disposons de chaque établissement scolaire,
02:51et donc de renforcer la coordination des moyens existants, ça c'est en premier temps,
02:56et comme l'a annoncé la ministre, les mesures sont en étude pour renforcer globalement nos moyens en matière de psychologie scolaire.
03:03Est-ce que les cours reprennent demain ?
03:06Alors les cours reprennent demain, mais évidemment, dans un format particulier,
03:10d'abord parce qu'il y aura des moyens exceptionnels mis en place, sur place, pour renforcer l'équipe,
03:16le rectorat mettra à disposition 17 personnels supplémentaires,
03:21il y aura une cellule psychologique, en plus de la cellule d'urgence médico-psychologique de la préfecture,
03:26soit 12 personnes de l'éducation nationale, un renfort de la vie scolaire,
03:29et la présence de l'équipe mobile de sécurité académique, ça c'est le premier point.
03:33Et le deuxième point, bien sûr, les élèves seront pris en charge, non pas dans un contexte habituel,
03:39mais après, évidemment, un point qui sera fait par la principale, l'équipe de direction,
03:46et une prise en charge pédagogique par deux enseignants, pour groupe,
03:52avec l'idée de ne pas laisser chaque enseignant seul devant une classe,
03:56et avec des activités qui seront adaptées à ce jour-là.
03:58Depuis hier, des mesures de sécurité supplémentaires sont réclamées,
04:02François Béroux veut expérimenter les portiques de sécurité,
04:04j'imagine que vous y avez déjà réfléchi, il y a aussi la question de la vidéosurveillance,
04:09de quoi avez-vous, selon vous, vraiment besoin pour tenter d'endiguer ces actes de violence ?
04:14Je crois déjà qu'il vaut la peine d'expérimenter tout dispositif
04:19qui serait à même améliorer la sécurité des établissements,
04:23en fonction de la situation de chaque établissement.
04:26Il y a des établissements qui sont très exposés à la violence urbaine,
04:31d'autres qui en sont moins, certains ont des grands espaces, d'autres moins.
04:35Donc nous travaillons dans plusieurs directions,
04:37hormis les expérimentations que nous mettrons en œuvre,
04:39qui ont été annoncées par le Premier ministre et la ministre,
04:42il y a la question, évidemment, de la sécurisation passive qu'on travaille avec les policiers.
04:46Mais pardonnez-moi, vous auriez mis,
04:47visiblement cet établissement était un établissement calme,
04:50vous auriez mis les portiques dans cet établissement ?
04:53C'est un établissement où aujourd'hui il n'y avait aucun signe,
04:57ni aucune priorisation particulière en matière de sécurité.
05:01C'est un établissement qui n'avait jamais été signalé particulièrement
05:04les mois ou les années précédentes.
05:06Nous nous trouvons là, dans cet établissement,
05:08dans un environnement rural extrêmement paisible,
05:11très familial, avec un établissement de 318 élèves,
05:1425 professeurs environ,
05:16et donc un établissement qui correspond en tout point
05:18à une image en quelque sorte idyllique de la sérénité scolaire.
05:22Donc bien entendu, ce n'est pas un établissement sur lequel,
05:25et donc c'est ce qui provoque d'ailleurs la sidération aujourd'hui de nos équipes,
05:30et qui appelle, je crois, que nous réfléchissions aux causes,
05:35si l'on peut en dégager,
05:37parce qu'aujourd'hui, effectivement,
05:39comme l'a rappelé le procureur,
05:40nous sommes sur un profil qui ne correspond pas
05:43à quelque chose qui aurait pu appeler une démarche préventive, en quelque sorte.
05:46Faut-il interdire les réseaux sociaux avant 15 ans,
05:49comme le propose Emmanuel Macron ?
05:51Est-ce que vous pensez que ça peut régler un certain nombre de problèmes ?
05:54Ce que je constate, c'est que la présence des réseaux sociaux
05:58et plus globalement l'exposition des plus jeunes à l'univers virtuel
06:01introduisent deux faits de graves perturbations
06:04quand on observe les premiers effets.
06:07Très jeunes, en réalité,
06:08je peux vous en donner quelques exemples.
06:11Pour la première fois cette année,
06:13une inspectrice m'a dit que le premier jour de la rentrée,
06:16dans une classe de maternelle toute petite section,
06:18un élève n'appelait ni son père ni sa mère,
06:20mais demandait son écran.
06:23Donc, voilà un exemple très concret
06:24du fait qu'on a déjà, pour voir très très jeune,
06:27des perturbations de l'attachement,
06:28des phénomènes de perturbation de l'attachement aux parents.
06:31Un autre exemple,
06:32qui tient au fait que, par exemple,
06:34on observe que dans beaucoup d'établissements,
06:36aujourd'hui, les conseillers principaux d'éducation
06:38nous indiquent que le jour de la reprise,
06:41le lundi, il peut y avoir,
06:43suite aux échanges sur les réseaux sociaux,
06:45des phénomènes d'hostilité entre élèves,
06:48parce qu'ils ont été sur les réseaux sociaux,
06:50ils ont pu s'agresser virtuellement,
06:52et finalement, quand ils reviennent en cours
06:53ou dans l'établissement,
06:55il y a cette tension qui peut s'exprimer.
06:58Donc, tout cela est lié
07:00à la surexposition au monde virtuel.
07:03Il y a un rapport qui a été remis
07:04sur les écrans,
07:06il y a à peu près un an,
07:07qui comporte des éléments d'analyse,
07:09en particulier quantitatifs,
07:10assez impressionnants sur l'exposition
07:12et l'immersion de nos jeunes
07:13dans le monde virtuel.
07:14Donc, c'est un phénomène,
07:15effectivement,
07:16très, très important.
07:19Et je crois,
07:19je voudrais juste ajouter
07:20que, bien entendu,
07:22il faut le travailler avec les familles.
07:24L'école représente,
07:25pour un collégien,
07:26à peu près 13% de son temps.
07:28Les 87%,
07:30c'est autre chose,
07:31notamment le temps familial.
07:32En tout cas,
07:33vous nous signalez
07:34des élèves plus attachés
07:35à leur téléphone portable
07:37qu'à leurs parents,
07:38ce qui est quand même
07:38très impressionnant.
07:39Merci infiniment
07:39d'avoir pris la parole ce soir,
07:42Vincent Absout du syndicat
07:43des personnels
07:43de direction d'éducation nationale
07:45dans l'Académie de Reims.
07:46Lui-même appelle
07:47à un travail en amont
07:48sur la santé mentale
07:50des plus jeunes.
07:50Merci beaucoup,
07:51Vincent Stanek.
07:51Vous êtes le recteur
07:52de cette académie,
07:53je le rappelle.
07:54Dans un instant,
08:01le journal de 18h30
08:02sur RTL,
08:02puis nous vous parlerons
08:03d'Albane.
08:04C'est le nom
08:04de la plus grande enquête
08:05sur notre santé
08:06jamais lancée en France.
08:08Objectif,
08:08scruter l'état de santé
08:09des Français.
08:10Les participants
08:12seront contactés
08:13au hasard.
08:14Ça peut être
08:14chacun d'entre nous.
08:15Et à 18h40,
08:16Sébastien Denis,
08:17qui coordonne cette étude,
08:19sera avec nous.

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