Après l'attaque au couteau de Nantes, le débat sur la fouille des sacs des élèves de collèges et lycées est relancé. Écoutez Laurent LAFON, sénateur du Val-de-Marne (Union Centriste), président de la commission culture et éducation du Sénat. Il est à l'origine d'une proposition de loi votée à l'unanimité qui vise à rendre juridiquement possible la fouille aléatoire des sacs des élèves. Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 25 avril 2025.
00:07Vous êtes sénateur centriste du Val-de-Marne, on vous doit une proposition de loi pour rendre juridiquement possible la fouille aléatoire des sacs des élèves.
00:15Elle a été votée à l'unanimité, je le précise, au Sénat.
00:18Pensez-vous que votre texte aurait permis d'éviter le drame qui a touché hier le collège lycée de Nantes,
00:24où une lycéenne est donc décédée, poignardée par l'un de ses camarades ?
00:27On a appris ce soir qu'elle avait subi 57 coups de couteau lors de cette agression.
00:34Je ne sais pas, parce que ce qui s'est passé hier est tellement dramatique,
00:37et c'est un malade psychiatrique dans un état de folie.
00:42Bon, très difficile à dire si une disposition de cet ordre-là aurait permis d'éviter ce drame.
00:47Mais en tout cas, ce qui illustre ce drame, comme ceux qui sont déroulés maintenant depuis un certain nombre de temps,
00:52c'est qu'on peut accéder facilement à des établissements scolaires en portant sur soi ou dans son sac une arme blanche.
01:01Et c'est ça qui pose question, parce que malheureusement, le cas d'hier, tout aussi dramatique et exceptionnel qu'il soit,
01:08n'est pas un cas totalement isolé, puisque de manière régulière, vous en faites l'écho,
01:12il y a des incidents très sérieux dans les établissements avec usage d'armes blanches.
01:18Et c'est là-dessus que nous souhaitons agir en donnant la possibilité aux responsables des établissements,
01:23aux proviseurs, aux principaux, la possibilité, je dis bien, d'ouvrir les sacs et de procéder à une fouille à l'intérieur des sacs.
01:31L'idée n'est pas de les rendre systématiques, de les rendre obligatoires pour tous les élèves,
01:37mais quand les responsables des établissements sentent qu'il y a des tensions, qu'ils ont eu des alertes de menaces,
01:46qu'ils puissent recourir à cette fouille des sacs.
01:50Près de 1000 contrôles de sacs dans les établissements scolaires ont été effectués depuis mars,
01:54selon le ministère de l'Éducation, 94 armes blanches ont été saisies.
01:59Qu'est-ce que votre loi pourrait simplifier ?
02:02Les contrôles qui ont été faits jusqu'à présent, ils l'ont été faits par la police,
02:06parce que seule la police peut procéder aux fouilles de sacs.
02:09Vous citez 1000 contrôles, c'est bien, mais par rapport au nombre d'établissements présents en France,
02:15ça reste dérisoire.
02:16Et surtout, on sait qu'à chaque fois, c'est une procédure assez longue qui suppose la mobilisation des forces de police.
02:23Les forces de police ont d'autres missions à remplir parallèlement.
02:28Ce n'est pas quelque chose qu'on peut faire de manière régulière et fréquente.
02:32Nous, ce qu'on demande, c'est que les responsables des établissements, les proviseurs, les principaux,
02:36ce qu'on appelle les CPE également, puissent le faire.
02:39Tout simplement, en fait, c'est un moyen qui leur est donné.
02:44Encore une fois, ce n'est pas une généralisation de la fouille,
02:47mais c'est une possibilité qui leur est donnée,
02:49plutôt que de recourir à la police ou à la gendarmerie,
02:54ce qui suppose encore une fois une procédure assez longue,
02:57de le faire de manière plus simple et encadrée par la loi.
03:00Donc, vous nous dites que c'est une mission qui peut être assumée par le conseiller d'éducation,
03:03mais est-ce qu'il faut la systématiser ?
03:06Non, je ne crois pas.
03:07D'abord, c'est systématiser à l'entrée d'un établissement,
03:11surtout quand les établissements comportent de nombreux élèves.
03:14C'est compliqué, ça demande beaucoup de personnel,
03:17ça va provoquer des attentes à l'extérieur de l'établissement.
03:20Non, ce n'est pas l'objectif.
03:22Je pense qu'il faut le faire de manière ponctuelle et de manière très circonstanciée
03:28quand on a écho qu'il y a eu des tensions qui sont montrées entre des élèves ou entre des groupes d'élèves,
03:34quand on sait que dans les réseaux sociaux circule un certain nombre de menaces,
03:39quand on pense qu'un élève peut être physiquement dangereux ou menaçant.
03:45C'est dans ces circonstances-là qu'il faut le faire,
03:48ce n'est pas de manière systématique et généralisée.
03:50Et si un élève refuse, que se passe-t-il ? Il est renvoyé ?
03:55À ce moment-là, oui.
03:56S'il ne veut pas se soumettre à l'autorité de l'établissement qui lui demande d'ouvrir son sac,
04:04il n'accepte pas l'établissement scolaire.
04:06On ne va pas parler de renvoyé définitif, bien sûr.
04:08Une sanction disciplinaire.
04:10D'abord, il ne vient pas en cours tant qu'il n'accepte pas la règle qui lui est imposée.
04:16Et puis, effectivement, après se posera la question de la sanction disciplinaire.
04:18Vous ne craignez pas, alors ça peut paraître un peu naïf comme question,
04:22mais tout simplement l'embouteillage sans fin à l'entrée de l'établissement,
04:25le jour où on décide vraiment de faire des vérifications ?
04:28C'est bien pour ça que je dis que ce n'est pas une fouille systématique.
04:32Parce qu'effectivement, si vous le faites à l'entrée de l'établissement sur tous les élèves,
04:36ça peut être compliqué.
04:37Mais c'est des fouilles ponctuelles et circonstanciées.
04:42Je ne suis pas sûr qu'il y ait besoin de fouiller dans un établissement de 1300 élèves,
04:45qu'il y ait besoin de fouiller les 1300 élèves.
04:47Mais ne serait-ce que de faire comprendre que ces fouilles existent
04:51et que quand vous arrivez avec une arme blanche dans un établissement scolaire,
04:58vous êtes susceptible d'être fouillé,
05:00c'est déjà un pas qui n'existe pas actuellement.
05:03Puisque aujourd'hui, faites le test vous-même.
05:05Si vous allez dans un établissement scolaire alors que vous êtes un adulte,
05:09vous pouvez accéder sans que personne ne vous demande quoi que ce soit ce que vous avez sur vous.
05:13Un élève peut le faire de manière identique.
05:16Je pense qu'il faut au moins arriver à sanctuariser ces établissements scolaires
05:21en disant que bien sûr que le port de l'arme blanche n'est pas autorisé,
05:25mais qu'on s'expose à des fouilles et évidemment à l'identification de ces armes blanches
05:30si jamais on en a sur soi.
05:31Pardon monsieur le sénateur, mais est-ce qu'il ne serait pas plus simple
05:34d'installer des portiques partout ?
05:37Ça peut être une solution, mais certains établissements,
05:42certaines collectivités l'ont mis en œuvre dans des établissements scolaires.
05:44Ça n'a pas forcément été très simple,
05:46notamment pour la question que vous signalez d'accès massif des élèves le matin
05:50qui arrivent tous à la même heure pratiquement.
05:52Ça a provoqué une certaine attente à l'entrée des établissements.
05:57Bon, mais si c'est une solution qui fait ses preuves, pourquoi pas ?
06:02L'essentiel en tout cas, c'est d'arriver à un stade
06:05où on ne laisse pas penser qu'on puisse arriver avec une armée blanche
06:09dans un établissement scolaire.
06:10Et actuellement, c'est le cas.
06:12Merci beaucoup Laurent Laffont, sénateur centriste du Val-de-Marne,
06:15à l'origine donc d'une proposition de loi pour rendre juridiquement possible
06:18la fouille aléatoire des sacs des élèves.
06:20Qu'en sera-t-elle des patios à l'Assemblée ?
06:23Écoutez, ce n'est pas programmé.
06:24Je souhaite que le gouvernement l'inscrive.
06:28Nous l'avons voté début mars au Sénat à l'unanimité,
06:31comme vous le rappeliez.
06:32Et maintenant, c'est à l'Assemblée de s'en saisir
06:34et au gouvernement, s'il le souhaite, de l'inscrire à l'ordre du jour.
06:37Merci beaucoup, monsieur le sénateur.
06:38Je précise que vous formulez 38 recommandations.
