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La Commission d'enquête parlementaire sur les violences scolaires a présenté son rapport : elle contient 50 recommandations pour qu'un nouveau Bétharram ne se reproduise pas. On en parle avec Arnaud Gallais, co-fondateur de l'association Mouv'enfants, et ancien membre de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences faits aux enfants, la Ciivise.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 02 juillet 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:04Il est 18h20, bonsoir Arnaud Gallet.
00:07Bonsoir.
00:08Merci de prendre la parole sur RTL, vous êtes cofondateur de l'association Mouve Enfants
00:11et ancien membre de la commission indépendante sur l'inceste et les violences faites aux enfants, la civise.
00:18La commission d'enquête parlementaire sur les violences scolaires a donc présenté son rapport ce matin.
00:22Elle contient 50 recommandations pour qu'un nouveau bétaram ne se reproduise pas.
00:27Qu'en retenez-vous ?
00:29Écoutez, ce que je retiens, c'est que déjà, en un, l'état d'esprit de la commission était plutôt sain et serein, pour dire les choses ainsi.
00:36C'est-à-dire qu'on a eu quand même les deux députés qui présidaient, qui étaient de bord opposés, à savoir Paul Vannier et Violette Spitbou,
00:43qui ont eu à cœur de recevoir les victimes en amont et de nous recevoir hier soir, avant même de présenter publiquement le rapport.
00:49Donc ça, on peut dire que c'est bien.
00:50Donc ça, c'est le premier élément.
00:51Deuxième élément, moi, je reste un peu sur ma faim pour plusieurs raisons.
00:56En un, je m'aperçois que l'accompagnement, notamment psychologique et juridique, des victimes, de leurs familles, des lanceurs d'alerte,
01:04n'y figure pas ou très peu avec une histoire de fonds d'indemnisation,
01:07comme si, en fait, les victimes et les familles, voire les lanceurs d'alerte, avaient suffisamment de ressources pour aller vers un nouveau fonds d'indemnisation.
01:16Alors même qu'il faut être dans l'allée vert, en fait, par rapport à ça, on a bien vu la détresse des personnes.
01:20Et donc, je suis assez surpris, quand même, que ça n'y figure pas.
01:22Moi, je l'ai expressément motivé auprès de Paul Vannier et de Violette Spitbou.
01:27Et puis, j'ai d'autres choses, moi, qui m'interpellent.
01:30En réalité, autre chose, pour mettre les pieds dans le plat.
01:33Vous voyez, j'entends qu'il y a un débat autour de la prescription, la fameuse prescription qui revient sans cesse.
01:36Oui.
01:37Il parle de quoi, là ?
01:38Là, on parle de crimes de masse, de crimes de masse avec des systèmes qui sont organisés, des systèmes d'Omerta.
01:43Et donc, on peut se demander, si au regard de ces systèmes d'Omerta, finalement, il n'y ait pas une levée de la prescription.
01:48Vous savez, on a été, et je l'ai dit encore une fois hier aux deux députés,
01:52on est peut-être encore amnésique des fameux propos du cardinal Barbarin.
01:56Grâce à Dieu, les faits sont prescrits.
01:58Les faits sont prescrits, mais ce n'était pas des faits, en fait, de confession qui étaient prescrits.
02:01C'est bien des faits de non-dénonciation.
02:02Donc, toute l'histoire qu'il y a derrière, qu'on nous ressort au niveau du rapport,
02:05il faut éclaircir les choses par rapport à la confession.
02:08La loi est déjà très claire, en réalité.
02:09Il n'y a pas de besoin d'éclaircissement, puisque le garde des Sceaux de l'époque,
02:13pardon, le ministre des Cultes de l'époque, qui est à présent le garde des Sceaux, d'ailleurs,
02:17donc Gérald Darmanin, l'avait dit.
02:19Rappelez-vous, en 2015, on avait eu quand même, en 2021, pardon,
02:23on avait eu Éric de Moulin-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France,
02:26qui avait dit que les secrets de la confession sont au-dessus de la loi de la République.
02:30On l'a oublié.
02:31Qu'avait dit le ministre des Cultes juste derrière ?
02:34Ben non, en fait, ce n'est pas possible.
02:36Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, à travers une commission, on vient de nouveau douter un peu de cela ?
02:41Ben non, en fait, les choses sont très claires, et l'Église le sait.
02:44Et moi, ce qui m'interpelle, c'est de se dire, donc, on ressort ça aujourd'hui, ça veut dire que...
02:48Mais vous avez l'impression qu'on recule, d'une certaine façon ?
02:51Ben oui, moi, je dis les choses de manière très claire.
02:52J'ai l'impression qu'on recule, on revient, en fait, aux acquis précédents.
02:56Moi, je pense que, vous savez, les Belges,
02:58les Belges, en 2010, ils ont mis en place une commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église.
03:02Comme ils se sont rendus compte que l'Église n'avait pas joué le jeu, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
03:06Ben en 2020, ils ont remis le couvert.
03:07Par contre, ils ont été beaucoup plus fermes.
03:09Ils ont été plus fermes et ils ont condamné, en fait, directement l'Église.
03:11Et ils ont été plus loin, ce que la commission ne fait pas.
03:14Ils ont demandé, en fait, la reconnaissance juridique d'un statut, en fait, de l'Église.
03:19Et vous savez quoi ?
03:20C'est ce que la Conférence des évêques de France, elle-même, reconnaît en disant que, de toute façon,
03:24aujourd'hui, il n'y a pas de peine, il n'y a pas de poursuite contre nous possible,
03:28puisqu'on n'a pas d'existence juridique.
03:29Arnaud Gallet, je vous propose de reprendre les dossiers, enfin, en tout cas, les questions une par une.
03:34L'une des principales propositions est de reconnaître la responsabilité de l'État et ses carences.
03:38Est-ce que c'est important pour les victimes ? Et si oui, pourquoi ?
03:41Oui, bien sûr, c'est important, responsabilité de l'État.
03:43Mais il faut aller plus loin, en fait, responsabilité de l'État, des conseils départementaux.
03:47En fait, vous savez, il n'y a pas que l'État, aujourd'hui, en France, qui est responsable, en fait, de la protection de l'enfance.
03:51D'ailleurs, ce n'est pas l'État.
03:52Ce sont les conseils départementaux.
03:53Donc, vous voyez, c'est un oui, pour moi, mais mitigé, bien sûr, de l'État, au sens où il y a l'éducation nationale.
03:57Mais on peut se poser la question.
03:59On parle de François Bayrou, qui a été auditionné.
04:01François Bayrou était ministre de l'éducation nationale.
04:04Il était également, sur son territoire, président du Conseil général, qui est donc le garant de la protection des enfants.
04:11C'est tout un système qui remet en question.
04:12Est-ce qu'on a eu une commission sur l'aide sociale à l'enfance récemment, qui a montré dans quel État était l'aide sociale à l'enfance en France ?
04:19Eh bien, c'est toujours les mêmes histoires, en réalité.
04:21C'est toujours ça, en fait, qui est derrière.
04:23Et là, moi, quand je vois que les départements sont exclus du rapport, sincèrement, les bras m'en tombent quand on parle de protection de l'enfance.
04:29On ne les voit quasiment pas, et je trouve ça assez surprenant.
04:31Alors, vous avez été très clair sur cette question.
04:33Cette reconnaissance symbolique, en revanche, pourrait passer par des plaques commémoratives, vous savez, sur les murs des établissements, où se sont produits des violences.
04:41C'est nécessaire ? Ça vous choque ? Comment réagissez-vous à ça ?
04:44Écoutez, si vous voulez, des plaques commémoratives, quand il y a eu, dans l'église, dans les établissements privés, 108 000 victimes de violences sexuelles dans les établissements,
04:52quand on voit les carnages au village d'Enfants de Rieumont, etc., nous, on demandait la fermeture des établissements, avec des mémoriaux mis en place.
04:58Les plaques, c'est sympa, vous voyez ce que je veux dire, il n'y a pas de problème, je comprends bien le principe.
05:02Sauf qu'il faut être à la hauteur des enjeux. Moi, je le dis de manière très claire.
05:05Là où il y a eu des sanctuaires, en fait, avec des enfants qui se sont fait massacrer pendant des décennies,
05:09et tous ces témoignages qu'on a eus avec des personnes qui ne sont même plus là aujourd'hui,
05:13sincèrement, on devrait se satisfaire de plaques ? Moi, je ne suis pas convaincu.
05:15Parmi les autres propositions, il y a l'indemnisation des victimes.
05:19On pense à un fonds nécessaire. D'abord, est-ce qu'il l'est selon vous ?
05:23Et puis, très concrètement, comment apprécier le préjudice subi par ces victimes ?
05:27Les violences subies ont pris des formes très différentes.
05:30Certaines ont sombré dans des dépressions de longue durée.
05:31Enfin voilà, est-ce que l'argent a un rôle à jouer ? Est-ce qu'il est réellement important ?
05:35Oui, je pense que c'est important qu'il y ait un fonds d'indemnisation à partir du moment où ce sont les institutions responsables qui abondent dans ce fonds-là,
05:43notamment l'Église, mais pas que, l'Éducation nationale et bien d'autres qui sont responsables.
05:46Donc, ça veut dire que oui, je trouve que c'est important.
05:48Et puis, vous savez, l'évaluation du préjudice, aujourd'hui, le système juridique français sait faire.
05:55C'est-à-dire qu'on vient évaluer l'intégralité d'un préjudice.
05:59Ça me semble tout à fait cohérent de se dire qu'évidemment, il y a une indemnisation.
06:02Ce qui manque non moins en rapport, puisque vous allez sur ce sujet-là.
06:05Et nous, c'est ce qu'on avait demandé.
06:06C'est une réparation collective.
06:07Pourquoi ? Parce que ces histoires-là nous ont montré quoi, ces affaires-là ?
06:10Elles nous ont montré que toute la société savait qu'on venait dresser des enfants dans ces établissements
06:15et qu'à partir du moment où on dressait des enfants, les pires actes pouvaient être commis,
06:19notamment des violences sexuelles, des actes de torture et de barbarie, etc.
06:22Et donc, moi, ma question hier, et je n'ai pas eu de réponse auprès de Violette Speedboot et de Paul Vannier,
06:28était de dire, mais qu'en est-il de la réparation collective ?
06:30Je précise mon propos.
06:31En 2019, en Australie, vous avez eu 150 réunions publiques avec le résultat d'enquêtes
06:40qui a été mises en place sur des commissions vérités concernant des faits de violence
06:44au sein d'établissements scolaires, notamment, qui étaient confiés à l'Église.
06:48Donc, ça veut dire qu'en Australie, ça a été possible pour dire simplement à la société,
06:52en fait, il faut entendre ce que les victimes ont à nous dire,
06:55qu'il faut demander des comptes à l'ensemble des institutions pour qu'on soit en capacité de ne pas reproduire.
07:00Et c'est pour ça que je trouve qu'aller vers cette question de l'indemnisation, c'est très bien,
07:04de la réparation individuelle, ça, j'en suis parfaitement d'accord.
07:06Mais par contre, il manque considérablement, au regard de l'étendue des dégâts, une réparation collective.
07:12C'est-à-dire qu'il faut que la société puisse se dire, évidemment, en fait, on ne dresse plus les enfants.
07:16C'est pas possible et on a une responsabilité, en fait, collective dont on ne doit pas, en fait, tourner le dos, en fait, par rapport à ça.
07:23C'est ça, un peu, qui m'interroge.
07:24Merci infiniment, Arnaud Gallet.
07:25Excusez-nous de vous interrompre.
07:27Vous êtes cofondateur de l'association Emouve Enfant qui lutte contre toutes les formes de violences faites aux enfants et aux adolescents.
07:33Et votre énergie fait beaucoup de bien à entendre ce soir.
07:37Pas de téléphone au volant, on ne cesse de le dire.
07:39Et pourtant, un conducteur passe en moyenne 10% de son temps à regarder ailleurs que la route.
07:43Pour la première fois, une étude scientifique s'est penchée sur le sujet.
07:46Ses résultats sont édifiants.
07:48Rendez-vous à 18h40 avec notre invité Eric Lemaire à l'origine de cette enquête.

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