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Bétharram : le rapport de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires est dévoilé ce mercredi. Regardez Alain Esquerre, lanceur d'alerte et porte-parole des victimes de l'établissement scolaire, auteur de "Dans le silence de Bétharram", aux éditions Michel Lafon.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 02 juillet 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Thomas Soto et Amandine Bégaud
00:04Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud, plus que jamais au cœur de l'actualité.
00:08Ils ont écouté, parfois interrogé et même secoué ceux qui, de près ou de loin,
00:12avaient quelque chose à voir avec l'affaire Bétaram.
00:14Ce sont les membres de la commission d'enquête parlementaire
00:17qui rendent donc ce matin même leur rapport.
00:19Alors Amandine, vous avez choisi de recevoir ce matin Alain Esquer
00:22pour sa toute première réaction.
00:24Il est lanceur d'alerte et porte-parole des victimes,
00:26auteur aussi du livre Dans le silence de Bétaram.
00:29Bonjour et bienvenue à vous.
00:30Bonjour Alain Esquer et merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin.
00:34Ce rapport, il va être détaillé, présenté longuement tout à l'heure dans la matinée
00:39mais on en a déjà ce matin les grandes lignes.
00:41Je voudrais d'abord qu'on s'arrête, si vous le voulez bien,
00:44sur les responsabilités.
00:46Les auteurs du rapport sont assez clairs ce matin
00:49et pointent du doigt notamment François Bayrou.
00:52Le Premier ministre, je vous lis ce qui est écrit
00:54« A défaut d'action que François Bayrou avait les moyens d'engager
00:58alors qu'il était informé quand il était ministre de l'éducation nationale
01:01et président du Conseil général,
01:03ces violences ont perduré pendant des années. »
01:07Très clairement, le Premier ministre, celui qui est aujourd'hui Premier ministre,
01:11a laissé faire.
01:12C'est ce que conclut ce rapport.
01:14Vous êtes d'accord avec ça Alain Esquer ?
01:16Bonjour à tous.
01:18Écoutez, les recommandations, les 50 recommandations qui sont faites,
01:23qui sont présentées par les rapporteurs ce matin, sont impactantes.
01:30Moi, ce que je sais sur le dossier de Betterham,
01:33c'est qu'en 1930, il y a déjà eu des alertes.
01:38Vous voyez, 1930, j'ai une dame de 90 ans qui m'a écrit tout à fait dernièrement
01:44pour me dire qu'il y avait déjà des problèmes à Betterham en 1930.
01:50Et je ne sais pas, mais en 1930, il ne me semble pas que M. François Bayrou soit né.
01:54Ce que vous voulez dire, c'est que ce n'est pas le seul responsable ?
01:58En tout cas, ce que je sais, c'est que tout au long des décennies,
02:02cet établissement a vraiment fait absolument n'importe quoi avec les élèves.
02:10Tous les directeurs qui se sont succédés, des prêtres,
02:15se sont livrés à des violences tout à fait inadmissibles sur les corps d'enfants,
02:19à la fois des violences physiques et des violences sexuelles.
02:22Il ne faut donc pas se tromper ce matin, si je comprends bien ce que vous voulez nous dire,
02:26de coupable.
02:28Ce n'est pas François Bayrou qu'il faut pointer précisément,
02:31mais l'État, la collectivité tout entière, la société tout entière ?
02:35Le rapport, pour l'avoir consulté, même s'il est présenté à la presse tout à l'heure à 11h,
02:42il est sans équivoque.
02:44Moi, j'invite chacun en fait à le lire par la suite,
02:48parce qu'il est particulièrement détaillé.
02:51Et il montre quoi ?
02:52Il montre qu'il y a des dysfonctionnements à tous les niveaux.
02:55Et effectivement, François Bayrou a sa responsabilité,
02:58mais il n'est pas le seul.
03:00Enfin, réduire le dossier de Betaram à François Bayrou,
03:04c'est se tromper en fait.
03:06Parce qu'aujourd'hui, que dit le rapport ?
03:08Il dit qu'il y a 80 collectifs qui se sont constitués dans notre pays.
03:1380 collectifs de victimes qui se sont levés pour dénoncer l'OMERTA.
03:18Et on est sur une vague qui commence uniquement.
03:22On risque d'avoir un tsunami si les gens se mettent vraiment à parler,
03:26parce que la libération de la parole, elle n'est toujours pas libérée.
03:30Ce n'est sans doute peut-être en tout cas qu'un début.
03:33D'autant, et ça aussi c'est extrêmement inquiétant Alain Esquer,
03:36que le rapport le dit,
03:38la persistance de violences multiformes dans tous les établissements scolaires,
03:43dans tout type d'établissements scolaires, existe encore.
03:46Il y a aujourd'hui, j'allais dire des Betaram,
03:49parce qu'on en a fait l'emblème, entre guillemets,
03:53le mot est très mal choisi,
03:54mais aujourd'hui encore, il y a des écoles, des collèges, des lycées,
03:58où les enfants sont maltraités.
04:01Je ne sais pas si on peut le dire de cette façon-là.
04:04En tout cas, il y a une prise de conscience historique
04:08de la part du secrétariat général de l'enseignement catholique,
04:12des parents d'élèves qui ont beaucoup failli.
04:14Vous savez, moi je suis intervenu dernièrement au bureau national de l'appel.
04:19Les gens étaient en larmes.
04:21Le bureau national, des gens pleuraient.
04:23C'est l'association des parents d'élèves de l'école catholique.
04:26Oui, parce qu'ils ont failli dans le passé.
04:30Il n'y a pas de remontée, il n'y a pas de signalement qui est fait.
04:33Et je trouve d'ailleurs dans le rapport que c'est quelque chose qui est particulièrement pointé.
04:40Mais surtout, ce que je veux insister, c'est sur la protection des enfants, effectivement.
04:43Parce que toutes les victimes, les 250 que j'ai écoutées longuement,
04:48elles m'ont toutes dit, je le fais pour les générations futures.
04:52Je vais déposer plainte pour les générations futures,
04:55parce qu'on ne veut plus jamais ça en fait.
04:58Et ça, il faut bien le comprendre.
05:00Les victimes, elles ne sont pas juste dans un réflexe d'essayer d'être réparées,
05:05d'avoir une indemnisation.
05:06C'est vraiment surtout de protéger les enfants.
05:11Et pour protéger les enfants, et on le rappelle encore dans les recommandations,
05:16il faut cesser les châtiments corporels.
05:19Parce que, je ne sais pas si j'ai deux minutes juste,
05:22moi j'ai quelqu'un de 75 ans qui est venu me voir.
05:25Il avait reçu dans les années 70, quand il avait 12 ans,
05:29à Bétarame, après une semaine d'épreuve, de punition,
05:34parce que, visiblement, il avait dérobé des crayons à son copain.
05:40Le prêtre l'avait battu de 50 coups de férule sur le derrière nu.
05:45Il était en pleurs quand il m'a raconté ça.
05:47Moi, j'en avais les larmes aux yeux,
05:49parce qu'on ne peut pas dire que c'est vraiment une violence sexuelle.
05:53Mais en tout cas...
05:54C'est une violence, ça c'est sûr.
05:56C'est une violence qu'il a brilé,
05:59parce qu'aujourd'hui, cet homme, il vit dans un camping-car.
06:02Et même d'évoquer, vous voyez, les larmes me montent,
06:06parce qu'il était dans une telle détresse face à moi.
06:11Ne châtiez plus les enfants par des coups.
06:14Ça ne sert à rien, ça brise des vies.
06:16Si vous aimez vos enfants, c'est vrai que parfois ils sont insupportables.
06:20Parfois, on le dit, une bonne paire de claques, ça leur ferait du bien.
06:23Mais retenez-vous, parce que ce qu'on se rend compte,
06:26c'est que dans le milieu scolaire,
06:28c'est que quand on commence à toucher à l'intégrité physique de l'enfant,
06:33eh bien, on se rend compte que toutes les perversions sont possibles par la suite.
06:37Et c'est le cas à Bétharam.
06:39Dans la majorité des cas, il y a après des atteintes sexuelles.
06:43Alain Esquer, le rapport, il écrit noir sur blanc que ces violences,
06:47alors, multiformes, pas forcément sexuelles,
06:50mais persistent aujourd'hui dans les établissements scolaires,
06:53dans certains établissements scolaires.
06:54Comment est-ce qu'on peut faire ?
06:57On a entendu, et vous l'évoquez encore ce matin,
06:59des victimes qui ont parfois attendu 30, 40 ou 50 ans avant de parler.
07:03Comment on peut faire aujourd'hui pour que les gamins qui ont 10, 12, 15 ans
07:07et même plus petits parfois, parlent et parlent maintenant ?
07:11On va changer les choses, Amandine Bégaud.
07:15Comment on va y travailler ?
07:17Et on va travailler avec les institutions actuelles,
07:20avec le SGEC, avec l'Appel, avec l'Église, avec l'État,
07:24parce que c'est de notre responsabilité à tous.
07:28La société, elle est mûre pour ce changement.
07:31Mais vous croyez vraiment que toutes ces institutions vont accepter
07:35de travailler ensemble et de vraiment changer les choses ?
07:39Mais on n'aura pas le choix.
07:41On n'aura pas le choix parce que, de toute façon,
07:45écouter les enfants, c'est primordial.
07:47Les enfants, la plupart du temps, ils ne mentent pas.
07:50Mais en tout cas, on va s'attaquer aux signaux faibles.
07:52On va travailler dans les commissions.
07:55On m'a chargé justement d'une mission au secrétariat général de l'enseignement catholique
08:01sur la libération de la parole.
08:02On ne va pas aller y faire de la figuration.
08:06On va vraiment changer les choses profondément.
08:08De toute façon, c'est historique.
08:12Moi, je vois la présidente de l'Appel qui est particulièrement motivée.
08:18Je crois que tout le monde a pris conscience, vraiment.
08:22Et pour ça, il faut former, il faut sensibiliser, il faut aller sur le terrain.
08:26Et on aura de cesse à y aller aussi avec les victimes
08:30parce que les victimes, elles veulent pleinement s'investir
08:33dans cette mission de protection des enfants.
08:35Toute dernière question et en quelques mots, s'il vous plaît, Alain Esquerre.
08:38Le rapport parlementaire recommande ce matin de créer un fonds d'indemnisation pour les victimes.
08:43Ça aussi, ça fait partie des urgences, d'après vous ?
08:46Bien sûr, il y a urgence d'accompagner les victimes tout au long de leur vie.
08:52Alors évidemment, pendant des décennies, parfois, il n'y a pas de difficultés particulières.
08:57Mais lors d'un décès ou autre, il y a besoin d'un membre de la famille.
09:02Par exemple, dans le choc traumatique, ça, ça va revenir.
09:05Et il y a besoin de les accompagner.
09:06Moi, juste pour conclure, François Bayrou, le 15 février 2025,
09:11nous a assuré qu'il créerait ce fonds.
09:13Nous sommes le 2 juillet.
09:16Nous n'avons toujours rien.
09:18Et il faut le faire qu'on n'a toujours rien concernant ce fonds.
09:22C'est pas une histoire que, c'est pas la priorité des politiques,
09:27c'est une question de violences physiques et sexuelles.
09:29Sinon, depuis longtemps, on en aurait fait une priorité nationale.
09:33Je me rappelle, c'est 5,5 millions de Français
09:35qui ont été abusés sexuellement pendant leur minorité.
09:38Si on veut changer les choses, c'est maintenant qu'il faut agir.
09:42Les gens doivent être accompagnés.
09:44Ils pètent les plombs, les victimes pètent les plombs.
09:47Et il y a une grande violence.
09:49Et il faut changer les choses.
09:50Et on va y travailler.
09:51Et moi, j'appelle vraiment de mes voeux
09:54les pouvoirs publics à se saisir,
09:56grâce à ces 50 recommandations,
09:58d'une loi transpartisane.
10:02Le député Vanier, comme Violette Spilbout,
10:05évidemment, vont agir.
10:07Mais il faut que toute la nation soit derrière.
10:09Merci beaucoup, Alain Esquer, pour ces mots.
10:13Et effectivement, on a...
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