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Modes de consommation, prix à la pompe, inflation, canicule : écoutez l'interview de Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 02 juillet 2025.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 02 juillet 2025.
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00:00RTL Matin
00:01Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez ce matin Alexandre Bompard,
00:07PDG du groupe Carrefour, mais aussi président de la Fédération du Commerce et de la Distribution.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL, Alexandre Bompard.
00:14Bonjour.
00:15Il fait chaud, c'est pas un scoop, est-ce que c'est bon pour les affaires ?
00:18Quand il fait beau au printemps et beau en été, c'est bon pour le commerce.
00:22Quand il fait trop chaud, comme ces derniers jours, c'est moins bon.
00:26C'est moins bon.
00:27Plus largement, on va parler de consommation.
00:29Vous aviez parlé d'un tsunami de déconsommation entre 2022 et 2024.
00:32La formule avait marqué les esprits.
00:34Comment se porte-t-elle aujourd'hui cette consommation depuis le début de l'année ?
00:37Si on prend sur six mois, on en est où ?
00:39Le consommateur a vécu une succession de crises ces dernières années,
00:44digne d'une série Netflix.
00:45Il a été brinque-ballé d'une crise à l'autre.
00:47Covid, Ukraine, crise au Moyen-Orient, Trump, crise politique.
00:51Deux effets, la déconsommation, le fameux tsunami de 2022 à 2024,
00:55baisse des volumes, ce qu'on n'avait pas eu depuis des décennies,
00:58et puis épargne de précaution très élevée.
01:00C'est ça.
01:01On met de l'argent de côté.
01:02On met près de un cinquième de l'argent de côté,
01:05près de 20% de taux d'épargne en France,
01:07beaucoup plus qu'ailleurs d'ailleurs.
01:08Depuis le début de l'année, on voit une légère reprise de la consommation
01:15qui se traduit de deux manières.
01:16D'abord, les volumes repartent à la hausse.
01:18Ils étaient très baissiers, ils repartent à la hausse.
01:20Et puis, il y a des petits signes de qualité de consommation qui s'améliorent.
01:24Si on doit l'illustrer, le bio, qui était un marché très sinistré,
01:28est reparti en croissance.
01:30Les produits frais, les fruits et légumes, etc. aussi.
01:32Donc, on est dans un moment...
01:33C'est quand même des légers signes.
01:34Oui, des légers signes, mais c'est quand même une petite reprise
01:37après deux années et demie de baisse continue,
01:41de dépression de la consommation.
01:42Donc, on voit une légère reprise.
01:44Et par rapport à nos voisins européens, c'est la même tendance ?
01:46On est mieux ? On est moins bien ?
01:47Dans les autres pays européens, la consommation repart plus fortement
01:52parce qu'il y a plus de confiance.
01:54Au fond, quelle est la différence ?
01:55Ils ont vécu les mêmes crises mondiales.
01:57Ils ont eu l'hyperinflation aussi.
02:00Mais comme il y a un peu plus de confiance dans ces pays,
02:02il y a moins d'instabilité politique,
02:03il y a moins de doutes fiscales et budgétaires,
02:06il y a plus de confiance et donc il y a plus de consommation.
02:08Ça veut dire que l'instabilité politique aujourd'hui,
02:10c'est un handicap pour vous, pour le commerce, pour les hypermarchés ?
02:14Le Français, quand il commence sa journée,
02:18il allume RTL, il ouvre son journal, il entend quoi ?
02:21Dissolution, crise politique.
02:22Et surtout, il entend budget, nouvel impôt, retraite.
02:26Ça, c'est ce qu'il vit au quotidien depuis un an.
02:29Quand il fait ça, quel est son réflexe ?
02:31C'est un réflexe tout à fait logique.
02:32Il épargne.
02:33Près de 20% de taux d'épargne.
02:35C'est 200 euros de plus d'épargne par mois qu'avant le Covid.
02:40Ça veut dire que vous, Alexandre Bampard,
02:42quelles que soient vos opinions politiques,
02:43vous n'avez pas envie qu'on change de Premier ministre tous les trois mois ?
02:45Moi, j'ai surtout envie que le débat budgétaire et fiscal cesse.
02:50J'ai envie que les fameux ballons d'essai,
02:53tiens, je tente de tester dans l'opinion un nouvel impôt,
02:56cesse.
02:56Chaque fois qu'on fait ça, on affecte la confiance des ménages.
03:01Chaque fois qu'on fait ça, on affecte la consommation,
03:03donc on affecte la croissance dans notre pays.
03:05C'est-à-dire que quand vous avez ouvert les échos ce matin,
03:06vous avez vu la présidente de l'Assemblée, il y a Elbron Pivet,
03:08qui dit qu'il ne faut pas fermer la porte par principe à des hausses d'impôts,
03:12ça ne vous va pas ?
03:12Ça ne me va pas du tout.
03:14Tout comme ne m'allait pas hier à Bercy,
03:17on fait des ballons d'essai tous les jours pour voir comment l'opinion réagit.
03:21Ces femmes et ces hommes politiques ne se rendent pas compte
03:23que chaque fois qu'ils font ça, ils disent aux ménages et aux Français
03:25« Attention, le pire arrive ! »
03:28Donc surtout, ne consommez pas, épargnez.
03:30C'est exactement ça qui se fait.
03:31Il faut arrêter la boîte à idées.
03:33Il faut arrêter le concours l'épine fiscale.
03:35Il faut vraiment que ça s'arrête.
03:36Bon, revenons dans les rayons.
03:37Les prix, on en est où ?
03:38Parce qu'on est un peu paumés, nous, les consommateurs.
03:39Entre les promos, les pubs comparatives, les enfumages
03:43de plus ou moins bonne foi des uns et des autres,
03:45est-ce qu'on va avoir une vraie tendance de baisse, peut-être, cet été ?
03:48Est-ce qu'on en est là ? On en est où sur les prix ?
03:51Pour 95% des prix, on n'est pas en baisse,
03:54on est une stabilisation des prix cette année.
03:57Les prix sont stables.
03:58Ils sont entre 0+, et 1, 1,5%.
04:01Donc ça n'a pas baissé, mais ça n'augmente plus.
04:03Ça n'augmente plus, ça n'a pas baissé,
04:05mais c'est autour de 1 à 2%.
04:06Et puis, il y a des exceptions.
04:08Les exceptions, elles sont majoritairement
04:10et d'ailleurs quasi exclusivement liées
04:12au cours des matières premières.
04:14Le cacao explose, donc le chocolat aussi.
04:16Le café explose, le jus d'orange.
04:19Donc il y a quelques catégories
04:20qui augmentent beaucoup.
04:21Mais l'immense masse des produits
04:23ont aujourd'hui une inflation zéro.
04:25C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
04:27les consommateurs qui reconstituent
04:29un peu de pouvoir d'achat,
04:30puisque le pouvoir d'achat,
04:31leur salaire augmente plus vite que l'inflation,
04:32en moyenne bien sûr.
04:34C'est pour ça que la consommation repart à la hausse.
04:35Alexandre Bompard, vous disiez qu'en gros,
04:37on en a terminé pour le gros de la déconsommation.
04:40En revanche, il y a un rayon
04:41où ça ne va pas très fort,
04:42c'est le rayon hygiène-beauté.
04:43Comment vous l'expliquez, ça ?
04:44Olivier Devers nous en parlait
04:45il y a quelques jours de ça.
04:47Pour une raison qui est très simple.
04:49On a pris la pire des lois,
04:51ce qui s'appelait la loi des crozailles.
04:53C'est la loi qui interdit
04:54les promotions dans les catégories
04:57de droguerie, parfumerie, hygiène.
04:58Vous n'avez pas le droit
04:59de faire plus de moins de 34%.
05:01La France a eu cette idée géniale
05:02que seule elle a été capable d'inventer,
05:05d'empêcher les promotions,
05:07donc la pire des lois,
05:08au pire des moments,
05:09c'est-à-dire au moment où l'inflation
05:10était à 20%,
05:11pour la pire des raisons,
05:13c'est-à-dire pour protéger le lobby
05:14de quelques groupes industriels
05:15qui ont dit...
05:16Ils disent que c'était pour protéger les PME.
05:17Non, non, ça n'a pas du tout protégé les PME,
05:19ça a protégé...
05:20C'est un marché qui est hyper concentré.
05:22Il y a cinq acteurs mondiaux,
05:23je ne vais pas citer leur nom,
05:24ça ne serait pas gentil,
05:25qui font 90% des marchés
05:26et qui ont passé quelques coups de fil
05:27en disant attention,
05:28si la loi ne passait pas,
05:29on fermerait les usines.
05:30Ils n'auraient évidemment jamais fermé les usines.
05:32Les parlementaires ont refusé de revenir sur cette loi.
05:32Non, mais l'impact de ça est quand même incroyable,
05:34c'est-à-dire que le marché s'est effondré de 10%
05:36et surtout,
05:38il y a eu des comportements de privation des consommateurs.
05:40Les consommateurs se sont privés
05:42de produits d'hygiène élémentaires.
05:45Et donc, on a pris la pire des lois
05:46au pire des moments,
05:48pour la pire des raisons.
05:50Et donc, contre le pouvoir d'achat des ménages,
05:52qui est quand même la préoccupation numéro un des Français.
05:54Donc vous dites qu'il faut revenir sur cette loi ?
05:55Je l'ai tellement demandé que je finis par désespérer de l'obtenir.
05:58On a demandé au moins un marmoratoire
06:00et on ne l'a pas obtenu à ce jour.
06:02Vous êtes aussi, Alexandre Bompard,
06:03le président de la Fédération du Commerce et de la Distribution.
06:05Et là, la situation est compliquée.
06:06Il suffit d'ailleurs de se promener
06:07dans de nombreux centres-villes
06:09pour voir qu'il y a beaucoup de rideaux baissés,
06:11de beaux SCD.
06:12On a des marques en très grande difficulté
06:14qui ont carrément disparu.
06:15Princesse Tam Tam, Casa, Jennifer et tant d'autres.
06:17Est-ce que c'est la fin d'un modèle ?
06:20La crise du commerce et de la distribution,
06:23elle est énorme.
06:24Elle est devant nous encore ?
06:25Vous avez raison.
06:2650 000 emplois supprimés
06:28depuis 18 mois dans ce secteur.
06:31Songez que,
06:31et j'ai beaucoup de respect pour l'industrie,
06:34quand il y a une usine de 100 personnes qui ferment,
06:36la chapelle d'Arbelay, il y a quelques semaines,
06:38pour laquelle j'ai une très profonde affection,
06:40il y a une mobilisation des pouvoirs publics total.
06:42Là, 50 000 emplois qui ferment,
06:44enfin qui sont supprimés,
06:45dans l'indifférence générale.
06:47Il n'y a pas un jour où on ne se réveille pas,
06:49où on ne nous dit pas
06:50princesse Tam Tam, comptoir des Cotonniers,
06:52qu'Esa il y a quelques jours,
06:53et il y a une suppression.
06:54Et c'est dû à quoi ?
06:55C'est dû à une ultra-concurrence.
06:57Chinoise, pour dire les choses.
06:58Et notamment des plateformes chinoises.
07:00Plateforme chinoise qui déverse quotidiennement
07:03des colis.
07:04200 millions de colis en France
07:06venant de Chine et Temu,
07:08dans des conditions
07:09fiscales,
07:11sociales,
07:12réglementaires,
07:13totalement dingues,
07:14tous les produits qui sont parfois contrôlés,
07:16parce que quelquefois on a la gentillesse
07:17quand même d'aller les contrôler,
07:1795% d'entre eux sont complètement illégaux,
07:20complètement non-réglementaires.
07:21L'Union Européenne veut mettre une taxe de 2 euros
07:22sur chaque petit colis venant de Chine
07:24et arrivant d'Union Européenne.
07:25C'est bien ou pas ça ?
07:26Oui, mais c'est une blague.
07:27Pourquoi une blague ?
07:282 euros sur des colis comme ça,
07:31c'est une blague.
07:31Si on décide de s'en occuper,
07:33et moi je crois qu'il faut qu'on s'en occupe,
07:35parce que si ça continue,
07:36c'est l'ensemble du secteur du commerce,
07:38de la distribution qui va disparaître.
07:39Il faut d'une part tout contrôler.
07:41On a la chance dans ce pays,
07:42enfin la chance,
07:43on a des dizaines de corps de contrôle,
07:47des dizaines d'administrations.
07:49Mobilisons-les pendant 3 mois,
07:50arrêtons d'embêter les petites PME.
07:53Ça c'est la première chose.
07:54Contrôlons, rendons-leur la vie difficile.
07:56Et deuxièmement, faisons une taxe,
07:58pardon, Dieu sait que je ne suis pas un aficionados,
08:00à la Trump.
08:01100% de la valeur des colis.
08:02100% ?
08:03100% de la valeur des colis.
08:04Mais ça c'est le consommateur qui va payer,
08:06au bout de la chaîne.
08:07Vous savez, moi je me bats tous les jours pour le prix bas.
08:09Mais le prix bas, à tout prix,
08:11il y a une limite.
08:12Si ce prix c'est la disparition des fabricants de jouets,
08:16des acteurs du textile,
08:18du petit commerce,
08:19des acteurs de la distribution spécialisée,
08:21la facture écologique est dingue,
08:24ce n'est pas ce prix-là.
08:25On ne peut pas payer ce prix-là.
08:26Ce prix il est trop élevé.
08:27Et donc il faut agir.
08:28100% de taxes et des contrôles sur ces produits-là.
08:30Mais pas, pardon,
08:31l'année prochaine,
08:32pas en 2027,
08:33demain,
08:34parce que c'est chaque jour
08:35qu'il y a des acteurs du commerce et de la distribution
08:36qui disparaissent.
08:37Alors des produits chinois,
08:38on en trouve chez vous.
08:38Je vous avoue qu'Olivier Dauvert est allé,
08:42il était à Morlaix.
08:42Il croit qu'il va me surprendre.
08:43Chez Carrefour,
08:44il ne va pas me surprendre.
08:45Et il a pris plein de petits ustensiles de cuisine.
08:47Il y a un ouvre-boîte,
08:48il y a un épluche-légumes,
08:49il y a un chinois de cuisine.
08:50Ils sont très certainement fabriqués en Chine.
08:53Ils font ça partout.
08:53C'est 100% made in China.
08:55Oui, mais c'est 100% légal.
08:56Et vous le taxez à 100% aussi, ça ou pas ?
08:57C'est 100% légal.
08:58Ça rentre dans l'Union Européenne.
09:00Ça respecte la réglementation européenne.
09:02Bien sûr que mon non alimentaire
09:04est partiellement fabriquée en Chine.
09:06Bien sûr, mais c'est 100% légal.
09:08Ça rentre de manière légale,
09:10c'est contrôlé avant,
09:11j'ai des taxes dessus,
09:12et donc...
09:13Il n'y a pas des petites PME françaises
09:14qui saurait faire ça ?
09:14Ah si, bien sûr,
09:15il y a des PME françaises qui le font.
09:16On a à la fois des PME françaises,
09:18il ne les a pas amenées, Olivier,
09:19mais il les connaît.
09:20Et puis il y a des produits chinois,
09:21bien sûr, mais c'est 100% légal.
09:22On ne peut pas être toujours
09:23de bonne foi non plus.
09:24Vous avez vu, j'imagine, Alexandre Bompard,
09:26que votre collègue Michel-Édouard Leclerc
09:27se verrait bien à l'Élysée.
09:28Vous pourriez voter pour lui
09:29en 2027 ou pas ?
09:31J'ai une très grande estime
09:32pour Michel-Édouard Leclerc.
09:33Il sent bien le pays,
09:35il sent bien la consommation,
09:36il sent bien les questions
09:37de pouvoir d'achat.
09:38Après, moi, j'ai peut-être
09:39une vision un peu classique.
09:40Il me semble que la fonction présidentielle,
09:42c'est un peu autre chose quand même.
09:44C'est une capacité à rassembler le pays,
09:46c'est une légitimité démocratique,
09:48c'est une vision d'ensemble,
09:49c'est connaître les sujets régaliens.
09:50Et vous, vous n'avez pas tourné
09:51dans les pattes ?
09:51Non, moi, je n'ai vraiment
09:52pas tourné dans les pattes.
09:53Si en 2027, on prend une hypothèse,
09:54Édouard Philippe est élu à l'Élysée,
09:56il vous dit
09:56« Allô, Alexandre Bompard,
09:57j'aimerais bien que vous soyez,
09:58je ne sais pas,
09:58mon ministre de l'économie. »
10:00Ah mais là, vous me parlez
10:00de la fonction présidentielle.
10:02Je n'ai pas de fourmi dans les pattes.
10:04Je vous parlez au ministère
10:04et vous voyez déjà à l'Élysée.
10:06Mais non, plus sérieusement,
10:08je ne crois pas.
10:09Aujourd'hui, il y a un petit concours
10:11qui est « Quel homme venu de l'entreprise
10:13pourrait faire ? »
10:14Je crois qu'en réalité,
10:15c'est des fonctions un peu différentes.
10:16Ça demande des qualités différentes.
10:18Ça demande une expérience différente.
10:20Vous parliez d'Édouard Philippe.
10:21Ça fait 30 ans qu'il travaille.
10:22Il travaille dans les collectivités locales,
10:24au Havre,
10:24qui construit un projet.
10:26Il est donc légitime
10:27à se présenter avec d'autres.
10:28Je ne crois pas que chaque chef d'entreprise
10:29puisse se réveiller un matin
10:30et dire « Moi, je suis capable de le faire. »
10:32Et ministre de l'économie,
10:32ça pourrait vous intéresser un jour ?
10:33Non, aujourd'hui,
10:34je suis très très très heureux
10:35dans ce que je fais.
10:36Merci beaucoup.
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