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LITTÉRATURE - Erik Orsenna est l'invité de RTL Matin
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Erik Orsenna publie "Voyages aux pays nomades, l'eau, le sable et les rêves", en collaboration avec le photographe Bernard Matussière, aux éditions Métaillé.
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00:00
On vous emmène en voyage ce matin, voyage au pays des nomades, avec vous Éric Orsena.
00:04
Bonjour et bienvenue, on est ravis de vous avoir comme à chaque fois sur RTL.
00:10
Alors cette fois vous venez avec ce livre magnifique, un livre illustré avec les photos de Bernard Mathussière.
00:15
On a l'impression de voyager juste en le feuilletant et en vous lisant.
00:20
Bernard Mathussière c'est un de vos vieux copains.
00:23
Ce livre c'est aussi un livre sur l'amitié.
00:25
C'est d'abord l'amitié, l'amitié entre êtres humains, puisque je le connais depuis qu'on a 20 ans tous les deux.
00:33
Et puis l'amitié pour un truc qui s'appelle la planète.
00:37
Et l'amitié pour les gens qui habitent la planète.
00:39
Parce que c'est un photographe, il y a des photographes qui mettent en scène des tas de choses.
00:44
Et lui il adore les regards, il adore les fragilités, il adore les rêves.
00:49
Et on a décidé de partir ensemble très vite.
00:51
Ensemble parce que moi je suis aussi au bord de la mer et il y a la pêche à pied.
00:58
La pêche à pied c'est on ne sait pas ce qu'on va trouver au bord de l'eau quand l'eau descend.
01:02
C'est moi en Bretagne.
01:03
Et donc on ne sait pas s'il y aura une pieuvre, un truc.
01:06
Et je suis passionné par le réel.
01:08
C'est-à-dire aller la découverte.
01:10
Et donc on faisait des championnats.
01:13
C'est-à-dire on partait la journée et puis on disait qu'est-ce que tu as chopé à la fin.
01:16
Et lui il avait pris des images et moi j'avais pris des histoires, des musiques, des tons comme ça.
01:23
Parce que ça paraît un peu niais de dire ça mais on disait ça de Bernard Pivot.
01:29
Il y a un truc qui s'appelle le goût des autres.
01:31
Oui, mais le goût des autres, votre curiosité, votre intérêt pour les autres,
01:37
la bienveillance qu'il y a dans ce livre, ce n'est pas du tout 2025, le récord sénat.
01:41
Mais qu'est-ce que ça fait du bien ?
01:42
Je suis un vieux mec.
01:43
Vous êtes joyeusement démodé, c'est génial.
01:45
Je suis un vieux mec, je bouge encore par un miracle de la médecine.
01:49
Mais moi c'est vrai que je suis passionné par ça.
01:53
Si vous voulez, ce qui pourrait me rendre vraiment déprimé, ce qui est rare chez moi,
01:58
vraiment c'est que je passe un week-end avec mon bois profond.
02:02
Alors déjà je me fais chier à cette idée terrifiant alors que c'est les autres qui me nourrissent.
02:08
Ma vie, ça a été l'amitié. Ma vie, c'est la confiance qu'on m'a faite.
02:12
Ma vie, c'est quand on m'a dit, t'es plus que ça, tu es plus que tu crois, t'es plus que ça.
02:17
Et ça continue.
02:18
Quand on pense qu'on peut avoir des coups de foudre amoureux, mais à mi-court, à moi, à 78 ans, ça continue.
02:25
Il y a brutalement un sourire.
02:26
J'étais au Festival Étonnant Voyageur.
02:29
J'en arrive et dis, merci.
02:31
Et c'est des gamins parce que j'ai écrit sur la grammaire.
02:34
Donc ils ont 12 ans.
02:36
Quand les yeux dans les yeux, ils me disent, on en parlait sur les bibliothèques,
02:39
les yeux, ils me disent, merci monsieur, c'est grâce à toi que j'ai le lire.
02:43
Putain, je chiale.
02:45
Et ça, c'est du coup de foudre aussi.
02:47
Mais oui, mais des amitiés comme ça.
02:49
Et alors on est relancé après.
02:52
Il y a un truc qui a toujours existé chez vous, c'est la curiosité.
02:54
Vous en parlez dans le bouquin.
02:55
Quand vous êtes petit, je viens d'avoir 8 ans.
02:56
Comme Tintin, je serai reporter.
02:58
Comme lui, je parcourrai la planète.
03:00
Notre pays de France est beau.
03:01
Certes, est joyeuse de nos vacances en Bretagne.
03:04
Mais ma curiosité, bien trop gourmande.
03:06
En fait, vous n'avez jamais tenu en place.
03:08
Jamais, jamais.
03:09
Moi, il y a un truc qui fait tordre mes enfants de spasmes.
03:14
J'ai obligé de leur donner du spasme fondre ultra-méneux.
03:17
C'est l'année prochaine, je me calme.
03:19
Et ça l'a pas pas, je t'en prie.
03:22
Et je leur dis, l'autre phrase qui les fait encore plus se tordre,
03:25
c'est quand on leur dit, mais cette fois-ci, c'est vrai.
03:28
Non, non, mais voilà, mourir sur scène.
03:33
Ah oui, ça c'est votre leitmotiv.
03:36
Dans ce livre, vous nous emmenez à Cuba, on va au Sahel, au Bangladesh,
03:41
en Chine aussi, avec notamment cette ville, la ville de Tatang.
03:44
Oui, oui, c'est ça.
03:46
C'est la capitale de la chaussette.
03:48
Oui, parce que j'avais travaillé, je suis économiste de formation,
03:51
donc je voulais savoir ce que c'était que le coton.
03:53
Et donc, je voulais voir la chaussette, je vois la reine de la chaussette,
03:57
qui était incroyable.
03:59
Elle était prof, et donc, voilà, elle enseignait le chinois, au petit chinois.
04:07
Et puis, elle se fait choper par le commissaire politique de sa ville.
04:12
Alors, elle se dit, oh là là, ça va se passer, rééducation, etc.
04:14
On lui dit, vous êtes trop dynamique pour être prof,
04:16
comme si d'être prof, c'était pas dynamique.
04:18
Mais dire, vous êtes une entrepreneuse, vous, comme ça.
04:21
Donc, on vous finance pour faire des chaussettes.
04:23
Parce que, pour compléter son boulot, elle faisait des chaussettes.
04:26
Mais rien, elle faisait une dizaine de paires par semaine.
04:29
Et brutalement, elle en fait 200 000.
04:31
Alors, j'ai rencontré, je suis en face de vous à RTL,
04:35
et vous avez quelqu'un devant vous qui a rencontré la reine de la chaussette.
04:40
Et vous connaissez pourquoi, vous avez trouvé la solution au mystère
04:43
de pourquoi on perd toujours une chaussette.
04:45
Est-ce que vous n'avez pas chez vous cette espèce de machine à laver
04:48
qui fait que vous mettez une paire et il n'en ressort que des chaussettes dépareillées ?
04:53
Mais moi, j'ai une amitié avec un millepatch
04:55
qui fait que j'ai toujours 999 chaussettes.
04:57
Donc, vous vous en sentez bien.
04:58
Vous avez quoi comme chaussettes ce matin, Récorsena ?
05:00
Rien du tout.
05:01
Rien du tout ?
05:02
Il n'y a pas de chaussettes.
05:03
Non, il n'y a pas de chaussettes.
05:03
Il fait chaud.
05:04
Ça prouve votre indépendance.
05:05
Il n'a pas de pantalon non plus.
05:07
Ah bon ?
05:07
Exactement.
05:07
Il faut dire que celui...
05:09
Pied nu, je suis venu pied nu.
05:11
Comme ça, pour moi, c'est un pèlerinage RTL.
05:13
Vous comprenez ?
05:13
Donc, je viens pied nu.
05:14
Mais un voyage avec plein de découvertes et de rencontre.
05:16
Attends, sans arrêt, sans arrêt.
05:18
Un chauffeur de taxi, génial.
05:19
On est devenus super potes.
05:20
Donc, on prend un verre à midi tout à l'heure.
05:22
C'est vrai ?
05:23
Coup de foudre.
05:23
Évidemment.
05:24
Génial.
05:25
Ce livre, je le disais, est illustré de très très belles photos.
05:27
C'est un livre de qualité, c'est un livre à lire, c'est un livre à...
05:30
Mathu, je vous dis, il aime les gens.
05:33
Et c'était un héritier de Kappa, des gens comme ça.
05:36
J'ai perdu un frère, Salgado, il y a 15 jours.
05:40
Et on avait un livre ensemble qu'on devait faire sur le thème de l'alliance.
05:45
L'alliance, l'alliance entre les êtres, l'alliance avec la nature, l'alliance avec les animaux, l'alliance tout ça.
05:51
Donc, voilà.
05:51
Puis, il est parti, ce crétin.
05:54
Les livres nous permettent de nous évader.
05:56
Vous parliez du festival Étonnant Voyageurs à Saint-Malo.
05:58
Vous étiez, il y a quelques jours, en prison.
06:00
C'était début juin.
06:01
Rencontrer des détenus dans le cadre de ce festival.
06:04
Qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ?
06:05
Je ne vous demande pas qu'est-ce que vous leur avez apporté, mais qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ?
06:09
D'abord, il y a une règle absolue de la vie que j'ai découverte il y a peu de temps.
06:12
Les seuls vrais mercis sont réciproques.
06:15
Un vrai merci, c'est-à-dire...
06:17
Et puis, en gros, tout ce que vous ne donnez pas est perdu.
06:20
Bon, ils sont là, ils sont paumés.
06:24
Comment résister en prison ?
06:26
Vraiment, comment ne pas, entre guillemets, être pire en sortant qu'en entrant ?
06:33
Comment ?
06:33
Ce qu'on reproche beaucoup à la prison aujourd'hui.
06:35
Ah non, mais c'est hallucinant.
06:36
Parce qu'ils sont 85 000 maintenant.
06:39
85 000.
06:39
C'est minimum 3 dans cellules de 7...
06:42
Vous devenez complètement fou.
06:43
Il y a 62 000 places de prison.
06:44
Et ceux qui nous écoutent, on pense avec la canicule à leur situation.
06:47
Et la canicule en ce moment.
06:48
Donc, essayez de voir.
06:50
Alors, je vais avec des profs qui donnent des possibilités aux détenus de prendre des cours.
06:59
pour toutes sortes de domaines, de CAP jusqu'à des licences, tu vois.
07:03
Et alors, comme là, c'était des courtes peines,
07:06
donc ils s'en vont, puis ils reviennent.
07:08
On les voit.
07:09
Alors, ils ont des scolarités un peu hachées, comme ça.
07:12
Tiens, toi, tu en vois là, on en est où ?
07:14
Alors, on est au troisième trimestre et tout ça.
07:16
Donc, j'adore ces profs à l'intérieur.
07:18
Comme vous savez, j'ai beaucoup travaillé aussi avec des profs qui sont à l'intérieur des hôpitaux.
07:22
Avec les petits malades.
07:23
C'est-à-dire essayer de faire ouvrir, de leur faire cadeau de la vie extérieure.
07:29
Pour préparer le retour.
07:30
C'est un peu ça.
07:31
Vous savez, quand on a tellement reçu comme moi,
07:34
tellement, tellement reçu,
07:36
c'est un minimum de données un peu quand même.
07:38
On parlait de la prison.
07:39
Boilem Sansal est toujours en détention en Algérie.
07:44
Est-ce que vous trouvez, Éric Orsenac, la France en fait assez ?
07:47
Alors, il faut faire très attention,
07:49
parce qu'il faut faire la différence entre la posture et puis l'efficacité.
07:55
Moi, Boilem, je le connais, c'est un pote.
07:57
Il est fragile, il a 80 balais.
08:00
Donc, les grands qui jouent les métamorts, on va pas, on va les faire céder, etc.
08:04
C'est un pays souverain.
08:05
Moi, je parle à l'Algérie.
08:07
Il se trouve que j'étais politisé très tôt.
08:10
Et que l'indépendance de l'Algérie, c'était la bataille.
08:13
J'ai entré au PSU pour ça, parce que c'était la bataille.
08:15
Mais comment l'Algérie, pays de la liberté, qui s'est battu pour la liberté,
08:19
est maintenant le pays des prisons, qui emprisonne ?
08:22
Quelle faiblesse ! Quel gâchis !
08:24
Donc, moi, c'est à l'Algérie, je veux dire.
08:25
Donc, maintenant, on a une seule espérance, c'est que le président le gracie.
08:31
Mais il dit pas que des trucs intelligents, Boilem.
08:34
Mais on s'en fout.
08:35
Un écrivain, il dit aussi des conneries.
08:36
Un écrivain, ça doit pas être des barreaux, ça doit être libre de dire des trucs intelligents et de dire des conneries.
08:40
C'est quand même le principe et la base.
08:42
Vous êtes un amoureux de la langue.
08:43
Quand Jean-Luc Mélenchon appelle à une créolisation de la langue française,
08:48
il faudrait l'appeler autrement, ça a fait beaucoup débat.
08:51
Est-ce que c'est une vraie polémique, ça ?
08:52
Ou est-ce que finalement, il dit juste un truc très simple,
08:54
c'est que le français, comme toutes les langues, est une langue vivante,
08:57
et donc une langue qui évolue ?
08:58
Oui, mais c'est des questions d'aimés au lieu d'abandonner.
09:04
C'est ça l'affaire.
09:05
C'est-à-dire, vous aimez la langue telle qu'elle est, telle qu'elle est ouverte,
09:09
mais pas être dans les 400 mots, pas dire tout ça, etc.
09:14
Et puis, ça va évoluer, bien sûr.
09:17
Mais vous savez, j'ai vu les écrivains anglais,
09:21
et les écrivains de langue anglaise,
09:24
et au fond, les principaux créateurs,
09:27
c'était des gens qui n'étaient pas en Angleterre et qui parlaient anglais.
09:30
Et donc, c'est cette question de cette langue vivante qui...
09:35
Alors, créolisation, vous savez,
09:38
dire, ça c'est Jean-Luc Mélenchon,
09:40
qui a des bonnes idées,
09:42
et il s'arrange toujours pour être clivant au lieu de réunir.
09:46
C'est la différence avec...
09:47
Alors, c'est sa maladie.
09:49
Vous avez des mauvaises idées, mais vous avez réunir.
09:51
Non, je plaisante.
09:52
Oui, mais voilà, c'est ça le Jean-Luc.
09:54
Calme-toi Jean-Luc.
09:56
Comment vous définiriez...
09:57
C'est contre sa nature, c'est comme moi et mes enfants.
09:59
Comment vous définiriez les pays nomades ?
10:03
Les pays nomades, c'est les pays dont les frontières sont incertaines.
10:07
C'est pour ça que les rêves cubains...
10:09
On ne s'en rend pas compte,
10:11
en dépit de mon physique élancé et sensuel,
10:13
mais je suis d'origine cubaine.
10:16
Et donc, c'est vrai,
10:18
tous les XIXe siècle, j'étais cubain.
10:19
Donc, il y a eu ce grand rêve.
10:21
Quand Castro est arrivé,
10:22
il a dit, on va créer le paradis sur Terre.
10:25
Le paradis à Cuba,
10:28
c'est quand même l'inverse.
10:30
Donc, la frontière, c'est le rêve.
10:33
Les pays que j'aime tant...
10:35
J'ai été hier avec Ndeba Diabira,
10:38
qui est encore responsable de tous les Maliens de France.
10:42
Moi, le Mali, c'est mon pays.
10:45
Le Niger, c'est mon pays.
10:47
Quand on voit que l'ancien président du Niger
10:50
est en résidence surveillée dans la présidence.
10:54
Donc, c'est des frontières extrêmement incertaines.
10:58
C'est du sable.
10:59
Le Bangladesh, c'est l'avant-garde des dérèglements climatiques.
11:02
Donc, c'est l'eau.
11:03
Et la Chine, c'est retrouver la première place.
11:07
Et tous ces pays,
11:08
vous nous y emmenez dans Voyages aux Pays Nomades.
11:10
L'eau, le sable et les rêves.
11:12
Éric Orsena, de l'Académie française.
11:14
Et on s'en rend bien compte quand vous nous parlez.
11:15
Oui, on s'en rend bien compte.
11:16
Oui, on s'en rend compte.
11:17
Mais ça, c'est un bonheur de vous écouter.
11:19
Vraiment.
11:20
Vous avez vu à quel point je suis précieux.
11:22
Oui, ah oui.
11:23
Je suis très précieux comme garçon.
11:25
On dirait Jean Dormesson, parfois.
11:26
Oui, Jean, oui, comme ça.
11:28
Avec O, les O, comme ça.
11:30
Bon, Voyages aux Pays.
11:31
Éric O.
11:32
O, O, O, O, O.
11:33
Voyages aux Pays.
11:34
C'est spécialiste de l'eau.
11:35
Nomade.
11:36
Histoire de l'eau.
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