- 18/06/2025
Conclave sur les retraites : le face-à-face social va-t-il virer à l'impasse ? Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, député LFI des Bouches-du-Rhône (4ème circonscription) est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 18 juin 2025.
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00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Manuel Bompard,
00:07le coordinateur de la France Insoumise, député également des Bouches-du-Rhône.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL Manuel Bompard.
00:12Bonjour.
00:13Et si vous étiez lui, qui est lui ?
00:16François Bayrou, qu'est-ce que vous feriez à sa place ?
00:18Sur quel sujet ? Parce qu'il y a beaucoup de sujets.
00:21D'abord, sur la question des retraites, je ferais une chose simple
00:24qui devrait être à mon avis un peu la base en démocratie.
00:27Si je laisserais voter les députés, il y a eu, il y a deux ans,
00:33une mobilisation très puissante contre la retraite à 64 ans.
00:38Depuis, il y a un avis très largement majoritaire dans la population
00:42en faveur de l'abrogation de cette réforme.
00:44Et aujourd'hui, il y a une majorité de députés à l'Assemblée nationale.
00:46On en a fait la démonstration il y a une dizaine de jours,
00:48où il y a eu un vote symbolique, un vote sur une résolution.
00:51Il y a une majorité des députés à l'Assemblée nationale pour abroger cette réforme.
00:54Là, il y a un processus quand même avec le conclave qui se poursuit.
00:56C'est une bonne chose d'aller au bout de ça ou pas ?
00:58Non, mais le conclave, depuis le début, est un processus morné.
01:01Quand vous mettez autour de la table des organisations
01:04qui ont des points de vue différents sur un sujet,
01:06et que vous leur dites, de toute façon, il n'y aura accord
01:08que si à la fois tout le monde est favorable sur la même position,
01:11vous savez très bien que ça ne peut pas aboutir,
01:13en tout cas du point de vue de la question centrale,
01:16qui est la question de l'âge de départ à la retraite,
01:18ça ne peut pas aboutir sur un accord.
01:19Donc c'est la raison pour laquelle, c'est bien que les partenaires sociaux discutent parfois,
01:22mais il y a une démocratie en France et il y a une Assemblée nationale.
01:25François Bayrou a dit, le texte qui sortira du conclave s'il y en a un
01:29sera présenté aux députés.
01:31Sinon, c'est la réforme de 2023, la réforme BAM qui s'appliquera.
01:34Oui, mais précisément, vous voyez bien la dimension supercherie de tout ça.
01:40C'est que, y compris s'il y a un accord entre partenaires sociaux,
01:43tout le monde a compris qu'il ne sera pas sur la question de l'âge.
01:46Et aujourd'hui, il faut quand même le dire, pour les gens qui nous écoutent,
01:47pour qu'ils le comprennent, en vertu des règles sur la recevabilité financière
01:51des amendements à l'Assemblée nationale,
01:52s'il doit y avoir un texte de loi, par exemple, sur la pénibilité qui vient à l'Assemblée nationale,
01:56nous n'aurons même pas la possibilité, nous, en tant que députés,
01:58de faire un amendement pour amener l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
02:01Cet amendement sera jugé irrecevable.
02:03Donc, c'est quand même, je ne sais pas, ça me semble être quand même un principe de base
02:06qu'en démocratie et sur un sujet aussi important,
02:09juste les députés, juste votés.
02:10Est-ce que ce n'est pas un sujet pour 2027 ?
02:13En fait, est-ce qu'il ne faut pas se dire, bon voilà, ça fait deux ans qu'on est là-dessus,
02:16ça n'avance pas, les partenaires sociaux ne se mettent pas d'accord,
02:18les partis politiques ne se mettent pas d'accord.
02:19Est-ce qu'il ne faut pas se dire, ben voilà, c'est les Français qui trancheront à la prochaine présidentielle ?
02:22Mais Thomas Soto, ce n'est pas les partis politiques ne se mettent pas d'accord,
02:25c'est l'Assemblée nationale est empêchée de voter par l'action du gouvernement.
02:28C'est quand même plus grave que ça.
02:30Pour le reste, bien sûr que ça sera un sujet de la présidentielle,
02:33mais jusqu'à la présidentielle, cette réforme, elle rentre en vigueur.
02:36Et donc, vous avez des centaines de milliers de salariés qui en subissent les conséquences au quotidien,
02:41c'est-à-dire des gens qui arrivent aujourd'hui à 62 ans,
02:44qui avant pouvaient partir à la retraite,
02:46et qui maintenant sont obligés de travailler pendant un an, deux ans de plus,
02:49avec des gens qui sont parfois dans des situations de grande fatigue,
02:52de maladies professionnelles, et qui sont obligés.
02:55Et la vérité, c'est que cette réforme, elle n'a pas produit les résultats escomptés,
02:59qu'elle n'a pas produit le retour massif à l'emploi entre 62 et 64 ans,
03:02parce qu'y compris dans un moment où le chemin...
03:04C'est encore tôt, cela dit.
03:05D'accord, mais au moment où le chômage repart à la hausse,
03:07je pense que tout le monde peut comprendre que l'idée d'aller pousser les gens
03:10quand ils ont 62 ou 63 ans à aller travailler encore,
03:13c'est une idée qui est complètement absurde.
03:14Du coup, vous avez le doigt sur le bouton, une fois de plus ?
03:16Oui, bien sûr.
03:17La censure ?
03:18Évidemment, à partir du moment où ce conclave, moi je vais être très clair,
03:22à partir du moment où ce conclave n'aboutit pas sur la prorogation de la réforme des retraites,
03:26nous déposerons une motion de censure.
03:27Donc quand ?
03:28Le conclave, je crois qu'il y a une nouvelle réunion dorénavant lundi.
03:32Donc on va aller jusqu'à lundi.
03:34La semaine prochaine ?
03:35Et si lundi soir, ces travaux se terminent sans accord
03:39ou avec un accord qui ne contient pas l'abrogation de la réforme des retraites...
03:43On sait déjà que ça ne sera pas.
03:44Eh bien, on déposera une motion de censure.
03:45Donc il y aura forcément, assurément, une motion de censure
03:47déposée par l'EFI la semaine prochaine ?
03:49Oui, bien sûr.
03:50Vous en avez parlé, vos amis du PS, avec qui les relations sont compliquées,
03:55ils vont vous suivre là-dessus ?
03:55Il faut poser la question, mais nous, évidemment,
03:58à partir du moment où on dépose une motion de censure,
03:59comme on l'a toujours fait, on proposera à toutes celles et ceux à gauche
04:02qui veulent la déposer avec nous de la déposer ensemble.
04:06Vous savez, on a déjà déposé six motions de censure contre le gouvernement de François Bayreau.
04:09Pour l'instant, le PS n'en a voté aucune.
04:11Donc s'il change d'avis, j'en serai le premier heureux, le plus ravi.
04:15Les relations restent ultra tendues entre votre boss, Jean-Luc Mélenchon,
04:18et le député Jérôme Gage, qui l'a traité de salopard antisémite.
04:21Vous aviez exigé des excuses de Gage, qui a retiré le mot salopard,
04:25en précisant que c'était une forme de pléonasme de dire salopard antisémite.
04:28Est-ce que l'affaire est close pour vous ?
04:29Ben non, enfin, ça ne s'appelle pas des excuses.
04:32Et par ailleurs, les excuses, moi, je ne les ai pas demandées à Jérôme Gage,
04:35je les ai demandées à Olivier Faure.
04:36Parce qu'Olivier Faure est le premier secrétaire du Parti Socialiste,
04:39et que ces propos insultants, de calomnie, qui sont juste inacceptables,
04:44en fait, ils ont été tenus à la tribune du Congrès du Parti Socialiste.
04:47On ne parle pas d'un propos comme ça, qui aurait été tenu je ne sais pas où.
04:50On parle d'un propos qui a eu lieu à l'intérieur du Congrès du Parti Socialiste.
04:55Et je pense que tout le monde peut comprendre qu'avec ce type de propos,
04:57ça a aubert de fait de leur fait, de leur capacité de travailler ensemble.
05:00Et fort, il a dit, en gros, qu'ils s'exprimentent une fois pour toutes
05:03et qu'ils arrêtent de se chercher.
05:04A l'époque, on réglait ça au duel.
05:06Non, mais c'est ridicule.
05:07D'abord, il renvoie dos à dos une personne qui s'est fait insulter
05:11et une personne qui a commis cette insulte.
05:13Après, franchement, je trouve ça ridicule, je vais vous dire sincèrement,
05:16je ne vais pas donner beaucoup d'importance à M. Gage.
05:18Et franchement, voir que le Congrès du Parti Socialiste,
05:21à l'heure qu'on est dans des bouleversements mondiaux,
05:23des risques de guerre à l'échelle internationale,
05:26la crise climatique, elle est là,
05:29et qu'on est obligé d'agir face à ça,
05:31voir que le seul sujet de préoccupation du Parti Socialiste
05:33au Congrès du Parti Socialiste,
05:35c'est le rapport à la France Insoumise et à Jean-Luc Mélenchon,
05:37je trouve ça quand même vraiment à côté de la plaque.
05:38Vous pouvez travailler avec eux encore ?
05:39C'est clair que si Olivier Faure ne présente pas des excuses,
05:44et s'il considère que ce type de propos,
05:45c'est le mode de relation normale entre les formations politiques à gauche,
05:48je pense que tout le monde comprendra que dans ce cas-là,
05:50c'est impossible de travailler avec le Parti Socialiste.
05:52Au moins, c'est clair.
05:53Qu'il présente des excuses,
05:54parce que sinon, ça veut dire que c'est la ligne du Parti Socialiste.
05:57Sinon, il y a rupture claire et nette.
05:58C'est clair.
06:00La guerre se poursuit, vous l'évoquiez, entre Israël et l'Iran.
06:02Quand le chancelier allemand, Friedrich Merz,
06:04dit « Israël fait le sale boulot pour nous tous en Iran »,
06:07alors c'est certes pas très politiquement correct,
06:09mais est-ce que c'est complètement faux ?
06:11C'est juste irresponsable.
06:13On est dans un moment qui est un moment extrêmement dangereux.
06:17Tout le monde voit bien,
06:18y compris avec les dernières déclarations de Donald Trump hier soir,
06:20que l'hypothèse d'une généralisation de la guerre à toute la région,
06:24et même au-delà, si les Etats-Unis rentrent dans ce conflit,
06:27c'est une guerre qui prend une dimension quasi mondiale.
06:30C'est un moment très dangereux pour le monde.
06:33Mais il faut laisser les Iraniens avoir l'arme nucléaire avec leur régime ultra.
06:36Mais non, mais attendez.
06:38Évidemment qu'il y a eu un accord sur le nucléaire iranien,
06:41ce serait peut-être intéressant de le rappeler,
06:43et cet accord-là, il était amplement respecté par tout le monde,
06:47jusqu'à ce que Trump, lors de son premier mandat,
06:49se retire unilatéralement de cet accord.
06:54Mais jusque-là, cet accord avait été totalement respecté.
06:56Donc, bien sûr, moi je suis pour la non-prolifération nucléaire,
06:59je ne suis pas pour qu'il y ait d'autres puissances qui acquièrent l'arme nucléaire.
07:02Mais si le danger est imminent, ce qu'affirme les Israéliens, il n'est pas imminent.
07:05Vous avez même des notes de la CIA, des renseignements américains,
07:09qui disent que s'il y a effectivement un enrichissement qui s'est poursuivi,
07:14un enrichissement de l'uranium qui s'est poursuivi,
07:16le processus de militarisation, qui prend plusieurs années, n'a pas été engagé.
07:20Donc je vais vous dire le fond de ma pensée.
07:22Le nucléaire iranien est un prétexte,
07:24au même titre que les armes de destruction chimique
07:26étaient un prétexte au moment de la guerre en Irak.
07:28Vous mettez un signe égal entre la guerre de 2003 de Bush et ce que fait...
07:30Ce n'est pas un signe égal parce qu'on n'en est pas là pour l'instant,
07:33mais je pense qu'on est exactement dans la même situation.
07:35C'est un prétexte, et c'est un prétexte extrêmement dangereux.
07:38Mais entre Israël et le régime des Mola qui persécute son peuple en Iran,
07:41et particulièrement les femmes,
07:43qui s'étaient réjouis des attentats du 7 octobre,
07:44vous mettez un signe égal ? Vous ne choisissez pas ?
07:46Non, je ne mets pas de signe égal, monsieur,
07:48mais je pense qu'on ne déclare pas la guerre
07:50à tous les régimes contre lesquels on est, auxquels on est opposés.
07:55Parce que sinon, vous savez, on va passer notre temps à faire la guerre.
07:57Parce que je peux vous faire une collection de régimes
07:59qui ne me conviennent pas du tout.
08:01Moi, je n'ai pas de leçons à recevoir sur ce sujet.
08:03Et vous savez, les députés insoumis, ils parrainent, par exemple,
08:05des personnes qui sont condamnées à mort par le régime des Mola.
08:07Par contre, la différence avec d'autres,
08:09c'est que moi, j'ai autant de compassion pour des civils iraniens
08:11tués par les Mola que pour des civils iraniens
08:13tués par des bombes israéliennes, vous voyez ?
08:16Et vous ne dites pas que le monde serait peut-être moins compliqué,
08:18cette région, sans l'Ayatollah Ramenei ?
08:20Mais ce n'est pas à qui que ce soit de l'extérieur
08:23d'organiser les conditions d'un changement de régime.
08:25C'est à la population, c'est au peuple iranien qui souffre beaucoup.
08:28D'ailleurs, c'est à lui de régler et de répondre à cette question.
08:31En tout cas, cette guerre ne doit pas être la nôtre.
08:32Ce n'est pas une guerre.
08:33Mais cette guerre, un, ne peut pas être la nôtre.
08:34Et deux, la France ne peut pas accepter l'idée
08:37de se ranger du côté d'un agresseur.
08:39Parce que dans cette situation, c'est Israël qui est l'agresseur
08:42et qui a commis un acte qui est une violation du droit international.
08:46Pardon, mais si la France ne respecte pas
08:48et ne fait pas valoir le droit international,
08:50qui va le faire ?
08:50Moi, je pense que maintenant, l'urgence, c'est la désescalade.
08:53L'urgence, c'est que la France organise et convoque
08:56une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies.
08:58Les Nations Unies, ça n'existe plus aujourd'hui.
09:00Donc, il faut qu'il y ait une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies
09:02pour créer les conditions d'un retour de la paix le plus rapidement possible.
09:05Et alors, on pourra régler, y compris la question du nucléaire iranien,
09:08par un nouvel accord.
09:09Manuel, j'ai une dernière question.
09:10Laurent Wauquiez va demander aujourd'hui la création d'une commission d'enquête
09:13sur les liens supposés entre des responsables politiques
09:16et des réseaux soutenant l'action terroriste
09:18ou propageant l'idéologie islamiste.
09:20Pour le dire plus simplement, entre les réseaux islamistes
09:21et certains partis politiques.
09:23Et il vous vise, vous, spécifiquement, la France insoumise.
09:26Qu'est-ce que vous lui répondez ?
09:26Il devrait plutôt se regarder lui-même,
09:29faire le ménage dans sa propre formation politique.
09:31Dois-je vous rappeler que M. Wauquiez a soutenu M. Sarkozy
09:35dont les liens avec la Libye de Kadhafi, par exemple,
09:38sont désormais avérés, y compris par la justice ?
09:41Dois-je vous rappeler que c'est M. Sarkozy
09:45qui, par exemple, avait institutionnalisé l'UOIF,
09:48avait participé à des congrès ?
09:49Donc, moi, je lui conseille, s'il veut faire une commission d'enquête,
09:51de la faire à l'intérieur de sa formation politique.
09:53Vous dites Banco, allons-y, on n'a rien à cacher.
09:55Non, parce que c'est ridicule et parce que l'Assemblée nationale
09:57a mieux à faire que d'essayer de donner une forme de crédibilité
10:00au fantasme de Laurent Wauquiez qui n'existe pas.
10:02Merci beaucoup d'être venu sur RTL ce matin, Manuel Bompard.
10:05Restez avec nous dans un instant.
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