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  • il y a 3 jours
C'est le résultat d'une enquête stupéfiante du média Disclose : plus de 200 policiers et gendarmes, tous grades confondus, ont été mis en cause pour des faits allant du harcèlement sexuel au viol entre 2012 et 2025. Leïla Miñano, journaliste d'investigation, est l'invité de RTL Soir
Regardez L'invité de Yves Calvi du 18 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h17, bienvenue à vous qui nous rejoignez sur RTL.
00:05Bonsoir Laëlla Mignano.
00:07Bonsoir.
00:07Vous êtes journaliste d'investigation au Média Disclose.
00:09Merci de prendre la parole sur RTL.
00:11Vous êtes l'autrice avec Sarah Benichoux et Sophie Boutboul
00:14d'une enquête stupéfiante dévoilée aujourd'hui.
00:17Plus de 200 policiers et gendarmes, tous grades, pardonnez-moi, confondus,
00:21ont été mis en cause pour des faits allant du harcèlement sexuel au viol
00:24entre 2012 et 2025, sur 13 ans.
00:27Comment avez-vous été informé d'un pareil scandale ?
00:30En fait, c'est parti d'une première dénonciation.
00:32Il y a une femme, une jeune étudiante qui est venue nous alerter,
00:35qui nous a dit « J'ai été violée par un jeune policier,
00:38un élève policier à l'époque, j'ai signalé,
00:41et aujourd'hui il est devenu policier. »
00:43Et donc, au début, on a essayé de vérifier cette affaire
00:46et on a essayé de voir si c'est un cas isolé.
00:48Et c'est comme ça que l'enquête commence.
00:50Une première histoire, une deuxième histoire,
00:52à Toulouse, à Rouen, à Troyes, à Paris,
00:56et on se rend compte que c'est dans toute la France
00:58qu'il y a des histoires comme ça,
01:00qui passent devant les tribunaux locaux
01:04ou qui sont relatés par la presse locale, etc.
01:06Et c'est comme ça qu'on va connecter les points entre eux.
01:09Qui sont ces 429 victimes de violences sexuelles
01:11commises par des policiers et des gendarmes que vous avez recensées ?
01:15Alors, on a une victimologie très variée, malheureusement.
01:19On a des victimes de violences conjugales,
01:22donc des plaignantes, des femmes qui sont venues chercher justice
01:25et protection dans les commissariats et les gendarmeries de France
01:29et qui se sont ensuite fait agresser ou violer par les personnes,
01:33les policiers et les gendarmes chargés de prendre leur plainte.
01:36Pardonnez-moi, on s'arrête un instant là-dessus.
01:38Des femmes venues porter plainte parce qu'elles avaient été elles-mêmes
01:41victimes de viols ou de violences sexuelles
01:43sont violées sur place dans le commissariat
01:46par ceux qui sont chargés de prendre leur plainte.
01:48Exactement, et parfois des femmes victimes de violences intraconjugales.
01:53Donc des femmes qui sont déjà en souffrance,
01:54qui se faisaient battre par le conjoint,
01:57souvent pendant des années,
01:59et qui finissent par franchir la porte du commissariat
02:02et qui, là, au lieu de trouver protection,
02:04trouvent de nouveaux agresseurs sexuels.
02:06Vous soulignez qu'une victime sur deux
02:09est elle-même membre des forces de sécurité ?
02:11Tout à fait, c'est aussi un des constats un peu accablants de l'enquête.
02:15La moitié des victimes que nous avons retrouvées
02:18sont elles-mêmes policières et gendarmes.
02:20Et la plupart du temps, elles sont des inférieurs hiérarchiques.
02:23Donc ce sont des supérieurs qui ont profité de leur pouvoir
02:27pour pouvoir les agresser.
02:28Vous décrivez un double abus d'une certaine façon.
02:30Exactement.
02:31Ce sont 429 victimes recensées, je le rappelle,
02:33mais vous imaginez qu'il puisse y en avoir beaucoup plus
02:35et j'ai une autre question à poser,
02:37c'est est-ce que les auteurs sont identifiés de ces violences ?
02:41Alors la première question, c'est que je pense que nos révélations,
02:44c'est un peu la pointe émergée de l'iceberg, comme on dit.
02:48C'est-à-dire, c'est celles qu'on a retrouvées,
02:49celles dont les affaires sont judiciarisées la plupart du temps,
02:52celles qui ont passé l'écran de la presse.
02:55Mais combien y en a-t-il qui n'ont pas parlé encore aujourd'hui,
02:58qui ne veulent même plus entendre parler de commissariat ou de justice ?
03:02À mon avis, c'est beaucoup plus.
03:03Et on peut le voir déjà sur l'adresse e-mail qu'on a mis en place,
03:07qui s'appelle MeToo Police.
03:08On reçoit déjà pas mal d'e-mails de personnes qui disent,
03:12moi aussi, MeToo Police.
03:14Des auteurs sont-ils identifiés ? C'était ma deuxième question.
03:16Alors oui, on en a identifié 215.
03:20215 auteurs de violences sexuelles,
03:23et dont un tiers sont des récidivistes.
03:27C'est-à-dire qu'ils ne font plus d'une victime.
03:30En dépit des alertes, des signalements hiérarchiques, etc.,
03:33on les laisse en poste,
03:34et donc du coup, ils réitèrent les faits sur d'autres victimes.
03:37On a un triste record à Toulouse,
03:40avec un formateur qui a agressé, harcelé 24 femmes en une année.
03:48Et les camarades, sur place, ils ne font rien ?
03:50Ils ne protègent pas ?
03:51Les femmes ?
03:51Enfin, je veux dire, qu'un confrère se comporte mal est une chose,
03:53vous comprenez ce que je veux dire,
03:54mais voilà, que fait la société qui les entoure,
03:58et avec qui ils travaillent ?
03:59J'imagine que vous vous êtes posé la question.
04:01Tout à fait.
04:01On appelle ça le mur bleu du silence.
04:04C'est-à-dire qu'il y a une solidarité,
04:07un esprit de camaraderie qui fait que ça ne se fait pas
04:09de dénoncer le collègue.
04:10Après, ce n'est pas toujours le cas.
04:11Il y a des lanceurs, il y a des lanceuses d'alerte.
04:13Mais ce n'est pas toujours le cas,
04:14et en général, c'est mal vu,
04:16surtout quand on s'attaque à un supérieur hiérarchique.
04:19Alors, on reste dans le mur bleu, donc, du silence.
04:21Vous parlez d'un phénomène systémique,
04:23et non de cas isolés.
04:25C'est quand même particulièrement dramatique.
04:27On parle de la police française,
04:29de la gendarmerie française.
04:31Qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer ?
04:33Eh bien, il n'y a absolument aucune structure
04:37qui n'a été mise en place.
04:39Et donc, du coup, forcément, la situation a pourri.
04:41Ça fait dix ans que le ministère de l'Intérieur
04:43est au courant.
04:44Dix ans qu'il reçoit des signalements
04:46qui signent les bulletins de sanction
04:48des agresseurs sexuels,
04:50qui les maintient en poste.
04:52Et donc, effectivement,
04:53une situation qui aurait pu être moins pire,
04:56eh bien, du coup, n'a fait qu'augmenter.
04:57Et on se trouve avec des situations
05:00qui sont particulièrement inquiétantes.
05:02Des propres mots de la défenseuse des droits,
05:04qui a dit que les trois quarts des signalements
05:07qu'elle recevait dans la fonction publique,
05:09toute la fonction publique,
05:10était le fait de forces de sécurité.
05:13Les policiers et les gendarmes
05:14sont donc finalement,
05:15enfin, sont d'une certaine façon
05:16à l'image de la société.
05:18Comment expliquons-nous que de tels profils
05:19restent durablement dans la police ?
05:21J'imagine que vous posez la question,
05:23vous-même ?
05:23Ah, on se pose la question nous-mêmes ?
05:25Évidemment, vous n'avez pas eu de réponse très claire.
05:26Pas très claire.
05:27Quand on lui a posé la question,
05:28par exemple, à la gendarmerie,
05:29on dit comment ça se fait
05:30que vous avez 46 agresseurs sexuels sanctionnés
05:33et il n'y en a que 3 qui ont pris la porte.
05:363 seulement qui ont été révoqués.
05:37Pourquoi l'immense majorité est restée dans les rangs ?
05:40Aucune réponse.
05:41La seule réponse qu'on reçoit
05:42du ministère de l'Intérieur,
05:43c'est à chaque fois qu'on nous dénonce des faits,
05:45on ouvre une enquête.
05:46Voilà.
05:46Alors, j'ai noté qu'apparemment,
05:48les sanctions disciplinaires
05:50passaient aussi par les plus hautes sphères
05:52et en l'occurrence jusqu'à l'Elysée
05:53pour certains commissaires.
05:54Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
05:56Ça veut dire qu'à chaque fois
05:57qu'un policier ou un gendarme est mis en cause,
06:00c'est la hiérarchie qui doit signer
06:01le bulletin de sanctions.
06:03Ils ont le pouvoir de l'augmenter,
06:04la sanction, ou de la diminuer.
06:06Et selon le grade hiérarchique,
06:08on monte de plus en plus haut.
06:09Donc d'abord la préfecture,
06:12ensuite le ministère de l'Intérieur,
06:13puis pour les plus hauts grades,
06:14donc les commissaires,
06:15commissaires divisionnaires,
06:16c'est l'Elysée qui doit signer
06:18le bulletin de sanctions.
06:19Donc pardonnez-moi,
06:20si c'est un commissaire de police
06:21qui s'est mal comporté
06:23ou qui a tenté de violer une femme,
06:24enfin bref,
06:25ça arrive à l'Elysée directement ?
06:28Son bulletin de sanctions,
06:29c'est-à-dire qu'il y a eu
06:30un conseil de discipline,
06:31on soumet le bulletin de sanctions
06:32à l'autorité hiérarchique
06:35et là, elle doit signer.
06:37Soit elle décide de la révocation,
06:39elle décide d'un blâme,
06:40elle décide d'une suspension
06:41ou elle aggrave la décision
06:43qui est déjà décidée
06:44par le conseil de discipline.
06:46On peut parler de Merta ?
06:47Enfin, je ne sais pas,
06:48c'est plus clair que ça ?
06:49Complètement,
06:50c'est quelque chose qui,
06:50c'est le mur bleu du silence,
06:53c'est quelque chose
06:53qui est complètement sous silence,
06:56alors que l'ensemble
06:57des admirations publiques,
06:58aujourd'hui,
06:59le ministère des Armées
07:00a mis en place son plan d'action
07:01il y a dix ans.
07:02Aujourd'hui,
07:02dans le ministère de l'Intérieur,
07:03il n'y a pas un seul plan d'action,
07:04pas une instruction,
07:05pas une note.
07:06Aujourd'hui,
07:07il n'est pas interdit
07:08à un policier ou un gendarme
07:10d'avoir des relations sexuelles
07:11avec une plaignante
07:12ou avec une détenue.
07:14Alors que c'est le cas aux Etats-Unis,
07:15c'est le cas en Angleterre.
07:16En France,
07:16ce n'est pas interdit.
07:18Que vous répond
07:19le ministère de l'Intérieur
07:19si vous l'avez interrogé ?
07:21Oui, bien sûr,
07:22on l'a interrogé.
07:23On a envoyé plus d'une centaine
07:24de questions au ministère
07:26et aux différents hiérarchies locales,
07:30etc.
07:31Il nous répond qu'à chaque fois
07:32qu'un fait est signalé,
07:34une enquête est ouverte.
07:36Voilà la réponse.
07:37Et donc,
07:38ça s'arrête derrière ?
07:39Exactement.
07:40Après,
07:41peut-être qu'il va avoir
07:43un sursaut,
07:43peut-être qu'aujourd'hui,
07:44il va décider de prendre
07:46le problème à bras-le-corps,
07:47etc.
07:47C'est une chance
07:48qui lui est offerte.
07:49Maintenant,
07:49il ne peut plus ignorer
07:50l'existence de Smith & Police
07:53ou peut-être que pas.
07:55En tout cas,
07:56d'où la nécessité
07:57de la publication
07:57de votre enquête.
07:59Merci beaucoup,
07:59Leïla Mignano.
08:00Vous êtes journaliste
08:01d'investigation
08:01chez nos confrères
08:02du Média Disclose
08:03et co-autrice
08:04de cette enquête
08:05dont nous venons de parler.
08:06117 mails par jour,
08:07des sollicitations
08:08toutes les deux minutes,
08:09des réunions de plus en plus tardives.
08:11Au travail,
08:11les employés vivent
08:12des journées de travail infinies
08:13selon une étude stupéfiante
08:15réalisée par Microsoft.
08:17Tout cela est-il bien normal ?
08:18Quel impact pour les salariés,
08:19pour la vie d'entreprise,
08:20pour notre société ?
08:21Nous posons les questions
08:22à 18h40 à Camille Puech
08:23qui est spécialiste
08:24du management
08:24et des conditions
08:25de travail sur RTL.
08:27Agnès Bonfillon,
08:28Yves Calvi.
08:31RTL Soir jusqu'à...

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