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Après la publication d'une étude de l'Ined mettant en avant un moindre désir d'enfants en France, éclairage avec Hélène Périvier économiste à l’OFCE - Sciences Po et présidente du Haut Conseil de la famille, et Patrick Rozenberg, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens.

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00France Inter, Kevin Dufresch, le 6-9
00:06De moins en moins de français veulent avoir des enfants et ceux qui en veulent projettent des familles plus restreintes qu'auparavant.
00:15Voilà deux enseignements de l'étude des relations familiales et intergénérationnelles publiés cette semaine par l'INED, l'Institut National des Études Démographiques.
00:25Pour en parler ce matin, deux invités. Hélène Périvier, bonjour.
00:29Bonjour.
00:30Vous êtes économiste à l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques et présidente du Conseil de la Famille au sein du Haut Conseil de la Famille à l'enfance et à l'âge.
00:40Vous avez sorti, vous aussi, il y a quelques semaines, une enquête similaire. On va en parler.
00:45Bonjour Patrick Rosenberg.
00:48Bonjour.
00:48Vous êtes président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, médecin à l'hôpital américain de Neuilly.
00:55Oui, chers auditeurs, auditrices. Vos questions, vos témoignages, c'est possible sur l'application Radio France Anglais.
01:03Réagir ce matin, si vous voulez participer à notre discussion, vous êtes les bienvenus.
01:08Partons donc de cette étude de l'INED, la dernière du genre, c'était il y a 20 ans. Qu'est-ce qui vous marque le plus dans les évolutions ? On va parler des chiffres, bien sûr.
01:20Qu'est-ce qui vous marque le plus dans les évolutions que posent ces études, ces enquêtes qui sont réalisées tous les 20 ans, Hélène Périvier ?
01:29D'abord, ce qui marque dans cette dernière enquête, c'est que le modèle de famille a changé. Alors qu'on était plutôt sur trois enfants dans la dernière enquête, aujourd'hui, les gens semblent plutôt dire que leur modèle de famille idéal, c'est plutôt deux enfants.
01:43Alors évidemment, il y a toujours des difficultés à mesurer quand on demande aux gens combien d'enfants souhaitez-vous avoir ?
01:49Ce n'est pas forcément le nombre d'enfants qu'ils auront vraiment. Mais cette enquête qui est longitudinale, elle permet quand même des analyses assez fines sur la façon dont les gens se projettent et ensuite de regarder combien effectivement ils ont eu d'enfants et quelles familles ils ont pu construire.
02:03Et ce qu'on apprend aussi, c'est qu'un tiers des 20-35 ans ne pensent pas du tout à avoir des enfants au cours de sa vie.
02:11Oui, alors c'est aussi quelque chose qui ressort de l'enquête que nous avons menée au sein du Conseil de la famille. On a interrogé les 20-35, on a essayé de leur demander ce qui se projetait dans la parentalité.
02:21Nous, on trouve qu'on a 20% des gens qui disent qu'ils ne se projettent pas du tout dans la parentalité. Donc c'est quand même un chiffre assez important.
02:27Si on veut un peu le mettre en regard avec d'autres statistiques, on peut se dire qu'en France, par exemple, le pourcentage de femmes qui n'ont pas d'enfants à la fin de leur vie féconde, c'est à peu près 10%.
02:36C'est 20% en Allemagne, si on veut comparer.
02:39Donc évidemment, ce n'est pas des chiffres parfaitement comparables, mais on voit quand même qu'il y a une forme de décalage entre ces jeunes générations,
02:46ce qu'il semble dire en matière de projection de parentalité.
02:50Et voilà, on voit ensuite les résultats en matière de baisse du nombre de naissances.
02:54Patrick Rosenberg, on va parler évidemment aussi de l'aspect médical de tout ça avec vous en tant que gynécologue.
03:01Mais dans vos consultations, les femmes que vous voyez, vous aussi, vous entendez ce qu'on vient un petit peu de commencer à dire là,
03:09c'est-à-dire l'envie de famille plus restreinte d'avoir moins d'enfants qu'auparavant.
03:14Attendez, d'abord je suis obstétricien, c'est-à-dire que quand je les vois, elles sont des gens.
03:18Donc ce n'est pas exactement la même problématique.
03:20Mais ce qui est vrai, c'est que la médiane d'âge, ça c'est caractéristique,
03:26on est passé de 25 ans, il y a au moins une vingtaine d'années, à 31 ans.
03:31Ça veut dire que...
03:31L'âge de la maternité, c'est ça.
03:33La médiane d'âge, c'est ça.
03:34Oui, oui.
03:34Pour être enceinte.
03:36Et alors, ça veut dire qu'il y a au moins 10% des femmes qui ont une grossesse après 35 ans.
03:43Oui.
03:43Donc, ce que je veux dire, c'est déjà, en soi, aussi...
03:48D'abord, un, ça correspond à ce que vous dites,
03:49c'est-à-dire que, de toute façon, les hommes ne se projettent pas.
03:52Peut-être qu'ils ont raison de ne pas se projeter, d'ailleurs.
03:55On va en parler, ça fait partie des raisons, évidemment.
03:58Et puis, c'est-à-dire que les femmes ont d'abord leur vie professionnelle certainement à assumer,
04:03avant d'envisager d'avoir une grossesse.
04:06Vous vouliez réagir à...
04:07Oui, parce que c'est un élément important qui explique, par exemple,
04:09le baby-boom qu'on a connu dans les années 2000.
04:11Du coup, en fait, on a un peu de mal, là, on a l'impression que c'est absolument catastrophique,
04:15ce qui se passe en France, cette baisse des naissances.
04:16Mais en même temps, dans les années 90, on avait plutôt un creux.
04:19Parce que des femmes avaient décidé de reporter l'âge au premier enfant.
04:22Donc, les femmes nées dans les années 70 avaient décidé d'avoir un enfant plus tard.
04:26Donc, dans les années 90, on a eu un creux, voilà, on s'est un peu affolés.
04:29Puis après, les années 2000, elles ont fini par avoir des enfants.
04:33Aujourd'hui, ce qui est un petit peu nouveau...
04:34Donc, finalement, ce baby-boom n'est que le report de ces naissances
04:37qui n'ont pas eu lieu dans les années 90.
04:39Aujourd'hui, ce qui est un petit peu nouveau, et ce que montrent l'INSEE et l'INED,
04:42c'est que pour toutes les tranches d'âge de femmes, on a plutôt moins d'enfants.
04:46Donc, ce n'est pas tellement un report.
04:48C'est là où c'est intéressant d'aller regarder la façon dont les gens se projettent
04:51et comment ils envisagent une parentalité, et s'ils envisagent une parentalité.
04:56Pour rappeler un chiffre, j'allais dire, en valeur absolue,
04:59l'an dernier, en France, 663 000 naissances, 21,5% de moins qu'en 2010.
05:07Quand on le dit comme ça, Patrick Rosenberg, ça sonne comme quelque chose d'absolument énorme, en fait.
05:13Vous pouvez même remonter à le pic où on était à 800 000 naissances.
05:18C'est-à-dire qu'on a perdu, là, 25% des naissances.
05:22On va parler des raisons, bien sûr.
05:24Juste avant, Hélène Pérevier, est-ce que toutes les classes sociales sont concernées
05:30par ce phénomène de famille plus restreinte ou de recul du désir d'enfant ?
05:36Alors, sur le désir d'enfant, encore une fois, moi, je mets beaucoup de pincettes
05:40sur cette histoire de désir d'enfant.
05:42Alors, dites-nous vos réserves.
05:43Mais non, mais parce qu'en fait, quand on interroge les gens,
05:46quand on leur dit « combien voulez-vous d'enfant ? »,
05:48à 20 ans, on peut dire « j'en veux pas », puis finalement, on en aura.
05:50Ou on peut dire « j'en veux trois », puis finalement, on n'en aura pas.
05:52C'est vrai.
05:53Ou on en aura un, puis on n'en voudra pas un deuxième.
05:56Il y a plein de raisons qui font que les choses changent.
05:58Donc, ce n'est pas tant de désir d'enfant, mais c'est plutôt comment on se projette potentiellement.
06:02Donc, ça ne va pas nous donner quel sera le taux de natalité dans 20 ans.
06:06Mais au moins, on peut voir comment les gens envisagent les familles.
06:10Donc, c'est vrai que ce qui est vraiment frappant, c'est ce que je disais tout à l'heure,
06:12il y a cette norme familiale qui est beaucoup moins calée sur la famille dite nombreuse,
06:17c'est-à-dire trois enfants ou plus, mais beaucoup plus autour de deux, deux max.
06:21Et ça, c'est quelque chose qui est un peu nouveau et qui semble plutôt structurel.
06:24Je parlais des classes sociales et je vous posais la question parce que parmi les raisons
06:31pour lesquelles les répondants disent ne pas vouloir d'enfant ou en vouloir moins,
06:38le premier frein, il est en fait économique.
06:40C'est le pouvoir d'achat finalement qui préside aux décisions en premier lieu.
06:47Oui, c'est vrai que le coût de l'enfant, c'est un frein, donc les gens vont l'avancer comme étant un frein pour avoir des enfants.
06:54Alors derrière ce coût et ces conditions matérielles, il y a beaucoup de choses en fait,
06:57parce qu'il y a évidemment le logement qui peut être un frein important,
07:00il y a les possibilités en termes de revenus d'élever un enfant correctement.
07:04Il y a aussi la question pour les femmes de pouvoir poursuivre leur carrière.
07:07On sait qu'aujourd'hui, quand les gens ont des enfants, quand un des couples ont des enfants,
07:12ce sont les femmes qui vont ajuster leur temps de travail.
07:14Et quand elles ajustent leur temps de travail, bien sûr, c'est pour elles une perte de revenus.
07:18Ça, c'est très bien documenté dans la littérature.
07:20Donc il y a une pénalité à avoir des enfants pour les femmes en termes de revenus,
07:23qui va ensuite avoir des conséquences sur tout leur cycle de vie.
07:26Donc c'est aussi tout ce coût-là qu'il faut prendre en compte.
07:29Le coût de l'enfant, c'est quelque chose qui est assez large.
07:32Et donc ça, ça fait partie des raisons pour lesquelles les gens peuvent décider de ne pas en avoir.
07:37Et après, quand vous parlez de classe sociale, c'est compliqué,
07:39parce que les gens qui sont plutôt dans les premiers déciles de niveau de vie,
07:42c'est-à-dire qui sont plutôt les plus pauvres,
07:43c'est plutôt des couples dans lesquels on va avoir un revenu.
07:47Et donc du coup, c'est souvent la femme qui ne travaillera pas.
07:49Donc ce n'est peut-être pas cette raison-là exactement qui fait qu'ils n'auront pas d'enfants.
07:55Patrick Rosenberg, vous disiez tout à l'heure,
07:57peut-être que les jeunes ont raison de ne pas se projeter.
08:00Je vous livre la réflexion d'Antoine qui nous a fait part de cette réflexion sur l'application Radio France.
08:06Je suis un homme de 27 ans.
08:08J'ai fait une vasectomie à mes 25 ans.
08:10Comment avoir des enfants dans un monde qui brûle ?
08:13Et ça aussi, ça fait partie des raisons qui sont évoquées dans les différentes études.
08:19Peu de confiance en l'avenir ?
08:21Oui, après, je ne suis pas si sûr que c'est autant d'importance que ça.
08:25Ce que vous décrivez, c'est un cas extrême.
08:28Oui, c'est un témoignage parmi tant d'autres.
08:31Mais on voit bien dans les études que la peur de l'avenir peut avoir un impact.
08:36Oui.
08:37Les poissons volants, ça existe.
08:38Ce n'est pas la majorité de l'espèce.
08:40Permettez-moi de vous le rappeler.
08:42Non, non, je pense qu'il faut être pragmatique.
08:45Je pense qu'effectivement, de façon factuelle, le décalage d'âge pour la maternité fait que, d'abord,
08:53un, la fertilité va diminuer, et deux, la possibilité d'avoir des enfants,
09:00dans la mesure où vous n'êtes plus dans la tranche de 25-40 ans, mais plutôt 35-40,
09:05fait que le nombre d'enfants va diminuer aussi.
09:09Ce que je veux dire, c'est que l'un est associé à l'autre,
09:12et les deux expliquent déjà une grosse partie de la situation.
09:15Le décalage de la médiane d'âge a un rôle majeur, je pense, dans la baisse de la fertilité
09:23et dans la diminution du nombre d'adressants.
09:24On va évidemment parler de la fertilité, on va parler aussi des questions de PMA,
09:30de conservation ovocitaire, puisque ça va être sans doute un des sujets sur la natalité dans les années à venir.
09:37Vous vouliez réagir peut-être à une période sur cette question
09:40et sur comment faire des enfants dans un monde qui brûle ?
09:42Oui, parce que dans notre enquête, et j'invite toutes les personnes
09:44qui nous écoutent à se rendre sur le site du HTFEA pour consulter l'enquête,
09:48il y a évidemment le coût qui est un frein pour ne pas avoir des enfants
09:51ou ne pas se projeter dans la parentalité.
09:53Et la deuxième raison qui vient, c'est effectivement le monde va mal,
09:55avec les questions géopolitiques, les questions écologiques.
09:58En revanche, la question relative à la surpopulation,
10:01ce n'est pas quelque chose qui a été beaucoup mentionné,
10:03alors qu'on aurait pu le croire.
10:05Et un autre élément qui est assez intéressant...
10:07Vous dites ça parce qu'à un moment, en tout cas médiatiquement,
10:09on a pu parler beaucoup de...
10:11Est-ce qu'on va être trop sur la planète ?
10:14Et donc les jeunes qui se disent, ça ne sert à rien de rajouter des êtres humains...
10:18Alors on leur a proposé cet item, ils n'ont pas beaucoup répondu ça.
10:21Par contre, il y a aussi quelque chose qui est ressorti qui est assez intéressant,
10:23c'est la peur de la grossesse.
10:25Ça nous a beaucoup étonnés, mais la peur de la grossesse,
10:27c'est quelque chose qui est ressorti comme étant, disons,
10:29un frein à ne pas se projeter dans la parentalité.
10:32Donc voilà.
10:33Le médecin que vous êtes, Patrick Rosenberg, sur la peur de la grossesse.
10:36Oui, mais je trouve que c'est bien, c'est que les femmes deviennent lucides.
10:38On quitte le monde de bisounours.
10:40Ce que je veux dire, c'est que dans des pays à fortes ressources,
10:44comme la France, et encore on n'est pas les meilleurs, loin de là,
10:47la mortalité maternelle, c'est un pour 10 000.
10:50Et par rapport aux...
10:52Expliquez un peu à nos auditeurs, pour ceux qui ne sauraient pas,
10:55comment on se place par rapport aux autres pays ?
10:59Alors, d'abord, malheureusement, en termes de mortalité maternelle,
11:03on est mauvais.
11:04D'accord.
11:04Alors, là où on est bon, c'est que, contrairement aux enfants,
11:09on arrive à tracer, parce que ce n'est pas si facile que ça,
11:12contrairement aux apparences,
11:13à faire un lien entre la grossesse et la mort maternelle.
11:17Ce qui n'est pas si évident que ça,
11:18surtout qu'on va jusqu'à un an post-partum.
11:20D'accord.
11:20Un an après.
11:22Mais ça, en France, c'est très bien tracé,
11:25grâce à Unité Inserm, qui fait un travail magnifique là-dessus, régulièrement.
11:29En revanche,
11:33si vous voulez, quand on voit les résultats,
11:36alors en Europe, il n'y a qu'environ 8 pays
11:38qui tracent correctement la mortalité maternelle.
11:40Parce que, heureusement, l'écran est en rare.
11:44Heureusement, il suffit d'en perdre quelques-uns
11:46pour que vous perdiez la moitié de votre statistique.
11:48Mais quand on compare les 8 pays européens
11:51qui évaluent correctement la mortalité maternelle,
11:54on est 5ème sur 8.
11:56Les résultats ne sont pas bons du tout.
11:58Est-ce qu'il y a,
11:59je continue sur cette thématique avec vous,
12:02est-ce qu'il y a aussi dans
12:03cette baisse
12:05de la natalité
12:07et sur les réponses qu'on a aux enquêtes,
12:09est-ce qu'il y a aussi une problématique
12:10d'accès aux soins,
12:13aux maternités,
12:15le suivi à l'hôpital,
12:17le suivi médical,
12:18Patrick Rosenberg,
12:18est-ce que tout ça, à votre avis,
12:19ça joue sur la natalité ?
12:22Alors,
12:24jouer sur la natalité,
12:27si on compte,
12:29si vous me parlez de la mortalité néonatale
12:31ou périnatale,
12:33c'est marginal sur la baisse de la natalité,
12:35c'est pas ça.
12:36Malgré tout, si vous me parlez,
12:37effectivement,
12:38là, je parle en général
12:39sur l'accès aux soins.
12:41L'accès aux soins,
12:43c'est clair que,
12:44en particulier,
12:46malheureusement,
12:47alors,
12:47déjà,
12:48il y a une maladie générale
12:49depuis quelques années,
12:50on le sait,
12:50dans le monde hospitalier,
12:53mais plus spécifiquement
12:54en maternité
12:55où,
12:56on pourra en reparler,
12:56mais les décrets de périnatalité
12:57qui guident
12:58les personnels,
13:00qui guident
13:01le fonctionnement
13:01des maternités
13:02remontent à plus de 20 ans.
13:04C'est 1998,
13:05ça fait 27 ans.
13:06Donc,
13:06c'est complètement anachronique
13:08donc ça explique aussi
13:09une diminution
13:10de l'efficience
13:12alors qu'on était,
13:13il y a 25 ans,
13:14hyper performants
13:15et que maintenant,
13:16malheureusement,
13:16on se retrouve
13:17en queue de peloton.
13:19Je voulais vous poser
13:20la question,
13:21Patrick Rosenberg,
13:22puisque vous parlez
13:23de la médiane d'âge
13:24et le fait que
13:25les femmes ont aujourd'hui
13:26des enfants plus tard.
13:28Est-ce qu'on n'a pas
13:29un souci en France
13:30pour l'instant
13:30avec le développement
13:32de la conservation
13:32des ovocytes ?
13:35Là, vous avez raison.
13:37vous touchez
13:37un poids sensible.
13:38C'est une fois de plus,
13:40je pense qu'il y a un climat
13:41qui est hyper hypocrite
13:42ou sinon,
13:44ceux qui font
13:44les...
13:46ceux qui édictent
13:48les règles
13:48n'ont pas conscience
13:49de ce qu'ils font.
13:51Mais quand vous me parlez
13:53d'autoconservation
13:54ovocytaires,
13:55qui est d'ailleurs
13:55une façon intelligente
13:57de réduire la morbidité
14:00liée à l'augmentation
14:01de la médiane d'âge.
14:02Puisque les femmes
14:04de 40 ans
14:05pourront faire
14:05des grossesses
14:06avec des ovocytes
14:08de 25 ans,
14:10de 30 ans.
14:10Ce qui est moins risqué.
14:11Donc, bien sûr,
14:12ou sans aucun doute,
14:14il y a,
14:15on le voit très bien
14:15en procréation médicale,
14:16on a insisté,
14:17il y a une réduction
14:18du risque
14:18à partir du moment
14:19où l'ovocyte
14:19est plus jeune.
14:20Mais ce que je veux dire,
14:22c'est qu'à l'heure actuelle,
14:23cette autoconservation
14:25ovocytaires
14:26n'est limitée
14:27qu'aux structures publiques
14:28ou privées
14:29et non lucratifs
14:29qui ont déjà
14:31une autorisation
14:31sur la conservation
14:34des gamètes.
14:35Ça veut dire
14:35qu'à l'heure actuelle,
14:36les structures
14:37sont complètement embolisées
14:38et ne peuvent pas répondre
14:39aux demandes des femmes.
14:41Donc, en fait,
14:41on fait une loi,
14:43on fait soi-disant,
14:44on permet aux patients
14:45d'avoir cette conservation
14:45ovocytaires,
14:46en pratique,
14:47elles ne peuvent pas.
14:48Et nous, on prend que ça.
14:48dans l'étude
14:50de l'INED
14:51Hélène Périvier,
14:53on lit que
14:53parmi les raisons
14:55aussi
14:56qui expliquent
14:57ce changement
14:58dans la société,
15:00une conception égalitaire
15:01des rôles de genre
15:02est associée
15:03à de moindres intentions
15:04de fécondité.
15:07Plus d'égalité
15:08fait qu'il y a
15:11moins d'enfants
15:11aujourd'hui en France.
15:13Plus d'égalité
15:14entre les genres,
15:14bien sûr.
15:15Oui, alors les femmes
15:15ont investi
15:16le marché du travail,
15:17il y a une demande
15:17d'égalité professionnelle
15:18bien légitime.
15:19En revanche,
15:20les hommes n'ont pas
15:21trop fait ce mouvement
15:21inverse qui est
15:22de s'investir dans la famille.
15:23Donc là,
15:23on est à un moment
15:24un peu de dilemme.
15:27Donc si on voulait
15:28vraiment essayer
15:30de relancer
15:30cette natalité,
15:31j'ai envie de dire
15:32la balle est dans le camp
15:32des hommes.
15:33Parce que c'est vrai
15:33que les femmes se disent
15:35qu'elles sont elles
15:35qui payent le plus gros
15:37coût de la maternité
15:39et de l'éducation
15:40des enfants.
15:41Donc là,
15:42certainement,
15:43il y a derrière
15:44ces raisons
15:44l'idée qu'elles ont
15:46envie aussi
15:46d'avoir leur émancipation
15:47économique.
15:48Je me permets de partager
15:49justement,
15:50parce qu'on est en plein
15:50dedans,
15:50la réaction de Bribi
15:52sur l'application Radio France.
15:54Pour une femme,
15:55avoir un ou des enfants,
15:56c'est, je cite,
15:57se taper 80% du travail,
15:59être handicapée
16:00sur le marché du travail,
16:01être à temps partiel,
16:02avoir une retraite
16:03et des revenus moindres,
16:04etc.
16:04Et c'est tout à fait
16:06bien documenté
16:07par la littérature.
16:08Encore une fois,
16:08on sait qu'il y a
16:08une pénalité aux enfants
16:10qui est de 30%
16:10en termes de revenus
16:11d'activité en France,
16:12mais c'est vrai
16:12dans tous les pays,
16:13il y a beaucoup de travaux
16:14qui montrent ça.
16:15Donc c'est dû
16:15au retrait du marché
16:16du travail,
16:17partiel ou total,
16:18à des renoncements
16:18de carrière,
16:19de promotion.
16:20Donc on peut comprendre
16:21aussi qu'il y a
16:21une résistance
16:22du côté des femmes
16:23et qu'elles disent
16:23maintenant,
16:24s'il n'y a pas
16:24un partage égalitaire
16:25au sein de la famille,
16:26je n'aurai pas d'enfant
16:27ou j'aurai moins d'enfant.
16:28Dans des pays,
16:29ça atteint des proportions
16:30très importantes,
16:31par exemple en Corée du Sud,
16:32les jeunes femmes
16:33ont décidé
16:33qu'elles n'auraient
16:34pas d'enfants,
16:35pas de relations hétérosexuelles,
16:36pas de mariage
16:37parce qu'elles mettent
16:38en avant
16:38leur propre émancipation,
16:42ce qui est tout à fait légitime.
16:43Ça m'amène
16:43à cette question.
16:45Déjà,
16:46j'ai envie de vous demander
16:48est-ce que c'est grave en fait ?
16:49Est-ce que c'est grave
16:50qu'il y ait une baisse
16:50de la natalité ?
16:51Et surtout,
16:52est-ce qu'on n'est pas rentré
16:53dans un changement,
16:55même au niveau mondial,
16:56vous venez de parler de la Corée ?
16:58Un changement quasi anthropologique
16:59en fait sur la vision
17:00de la famille
17:01et du fait d'avoir des enfants ?
17:03Oui, alors,
17:03si on regarde la France,
17:04il faut aussi un peu
17:04remettre les choses en place
17:06parce que finalement,
17:07on reste quand même
17:08le pays européen
17:09avec le taux de fécondité
17:10le plus élevé,
17:11malgré cette baisse.
17:12Un peu plus d'1,6.
17:13Encore une fois,
17:13on pourrait prendre ça
17:14comme un retour à la norme.
17:15Les collègues de l'INET
17:16parfois le disent.
17:17On ne sait pas trop,
17:17ça peut être un retour
17:18à la norme européenne.
17:21Ce qui,
17:22non,
17:22ce n'est pas grave
17:23tant que,
17:24disons qu'il faut
17:26accompagner la parentalité
17:28des gens qui souhaitent
17:29avoir des enfants
17:30pour qu'ils puissent élever
17:31leurs enfants
17:31dans de bonnes conditions
17:32et surtout que les enfants
17:33puissent grandir
17:34dans de bonnes conditions.
17:35En France,
17:36on a 2,7 millions
17:37d'enfants pauvres.
17:38On ne peut pas
17:38se satisfaire de ça.
17:40Nos politiques publiques
17:41doivent absolument
17:41permettre à tous les enfants
17:43de vivre dans de bonnes conditions
17:44et de pouvoir avoir accès
17:46à l'éducation,
17:47à la santé,
17:48aux loisirs,
17:48à la culture,
17:49au sport.
17:49Donc ça,
17:50c'est une priorité.
17:51Après,
17:52bien sûr,
17:53se dire qu'on veut
17:54que les gens aient plus d'enfants
17:55pour qu'ils aient plus d'enfants,
17:56j'ai envie de dire,
17:56ça déroulant des années 30.
17:57Ce n'est plus comme ça
17:58qu'on veut concevoir
17:59nos politiques publiques
18:00aujourd'hui.
18:01Un mot,
18:01Patrick Rosenberg,
18:02d'un sujet
18:02qu'on n'a pas eu le temps
18:03d'évoquer beaucoup
18:04mais qui est celui
18:04de l'infertilité.
18:05Il y a beaucoup de gens
18:06qui veulent avoir
18:07des enfants en France
18:08et qui ne le peuvent pas,
18:09en tout cas,
18:10pas aussi naturellement
18:12qu'ils le souhaiteraient.
18:13Plus de 3 millions
18:14de personnes touchées
18:15par l'infertilité.
18:16Est-ce qu'aujourd'hui,
18:17c'est pris en charge
18:18comme il faut ?
18:19Et qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
18:21Il y a d'abord
18:23ce qui est sociétal
18:24et puis il y a
18:26ce qui est médical.
18:27Ce qui est sociétal,
18:28c'est qu'évidemment,
18:29plus une femme
18:30va avoir une grossesse
18:31à un âge tardif,
18:33plus sa fertilité
18:33va diminuer.
18:34Et quand je dis fertilité,
18:35ce n'est pas la fécondité.
18:37C'est-à-dire que
18:38les choses soient claires.
18:40C'est qu'une femme
18:41de 40 ans,
18:42par exemple,
18:43son risque de fausse couche
18:44est multiplié par 2
18:45par rapport à une femme
18:46de 25 ans.
18:47donc elle est susceptible
18:48de devenir enceinte
18:49mais malheureusement,
18:51ça aboutira
18:52à une fausse couche.
18:53Donc ça,
18:54c'est un point important
18:54parce que
18:55c'est une des causes majeures
18:57de diminution de la fertilité
18:58avec l'âge.
19:00Pour ce qui est médical ?
19:01Voilà.
19:02Ça, c'est ce qui est médical.
19:03Alors du coup,
19:03évidemment aussi,
19:04il est évident que,
19:05par exemple,
19:06la procréation médicalement assistée
19:09en France
19:10est autorisée,
19:11enfin après,
19:11on cherche par la Sécu,
19:13est autorisée jusqu'à
19:14moins de 43 ans.
19:15Donc il est évident
19:17que quand la patiente
19:18a sa première grossesse
19:19à 40 ans,
19:22la PMA va pas l'aider
19:23quand elle aura 43 ans
19:24ou 44 ans.
19:26D'accord ?
19:26Et alors après,
19:27il y a un autre point,
19:28c'est qu'effectivement,
19:29une fois de plus,
19:32on est les mauvais élèves
19:34de la classe,
19:34que les choses soient claires.
19:35c'est vrai pour l'obstétrique,
19:38c'est vrai pour la procréation
19:39médicalement assistée,
19:40les résultats sont nettement
19:41moins bons que dans d'autres pays.
19:42En un mot,
19:43Hélène Périvier,
19:43pour conclure.
19:44Oui, juste pour dire
19:44que dans l'enquête,
19:45on a demandé aux hommes
19:46et aux femmes
19:46s'ils souhaitaient,
19:48par exemple,
19:48avoir une parentalité
19:49en recourant à la GPA,
19:50la PMA,
19:51d'autres techniques.
19:52Les femmes sont beaucoup
19:53plus enclines à choisir,
19:54à dire qu'elles sont tout à fait,
19:57accepteraient ce type de technique,
19:59les hommes beaucoup moins.
20:00Merci Hélène Périvier,
20:02merci Patrick Rosenberg
20:03d'avoir été nos invités ce matin
20:05et très bonne journée.

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