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« Les enfants français de Daech, on préfère faire comme s’ils n’existaient pas », pointe Hélène Lam-Trong, réalisatrice d’un documentaire récompensé par le prix Albert Londres
franceinfo
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04/12/2023
Hélène Lam-Trong, réalisatrice de « Daech, les enfants fantômes » accessible sur la plate-forme France TV replay, a reçu récemment le prix Albert Londres. Sur Franceinfo, elle a livré le fruit de son enquête.
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Cyril Destracq, l'invité Média de France Info ce matin, a remporté le prix Albert-Londres,
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le plus prestigieux pour un journaliste.
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Oui, bonjour Hélène Lamtrong.
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Bonjour.
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Vous avez obtenu effectivement cette récompense pour votre documentaire diffusé sur France 5
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et accessible en replay, Daesh, les enfants fantômes.
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Vous racontez dans ce document cinq ans de combat de plusieurs familles pour récupérer
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plus de 300 enfants français aux mains de Daesh dans des camps en Syrie.
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Parmi les témoignages que vous avez recueillis, Karim, dont les trois enfants ont été enlevés
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par sa femme, il est sans nouvelles d'eux depuis deux ans.
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J'ai envisagé tout et n'importe quoi pour récupérer mes enfants.
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C'est la chair de ma chair.
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Je serais même prêt à aller les chercher.
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Mais ça pourrait être dangereux et un voyage sans retour.
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L'État français fait.
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Qu'est-ce que j'ai en fait d'autre à dire ? Envoyer des militaires pour récupérer
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mes enfants.
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Ils peuvent le faire pour des journalistes.
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Mais là, ils ne veulent pas.
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Cette incompréhension, ce sentiment d'injustice, que pointe ce papa ? Elle est exemplaire,
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Hélène Lamtrong.
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Alors exemplaire, je ne sais pas.
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Mais ce qui est vrai, c'est que ces enfants sont un problème parce que leur absence est
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un problème pour ceux qui les aiment.
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Il n'y a que ceux qui se soucient de ces enfants, qui portent, qui essaient de porter leur voix
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dans les médias, les journalistes qui suivent un petit peu le sort qui leur est fait depuis
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des années, qui font que ces enfants sont un problème.
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Autrement, on préfère faire comme s'ils n'existent pas.
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Et ça dure depuis longtemps.
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Alors pour le documentaire, vous avez aussi suivi les grands-parents de deux enfants qui
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ont eu la chance d'être rapatriés en janvier 2023.
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Comment l'État français choisit-il aujourd'hui les enfants qu'il fait revenir sur son sol
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?
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Aujourd'hui, l'État français ne fait plus revenir d'enfants sur son sol.
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Pendant longtemps, il y a eu ce qu'on a appelé une politique du cas par cas.
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Le problème, c'est qu'on n'a jamais dit dans quel cas on ramenait les enfants et dans
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quel cas on ne ramenait pas les enfants.
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De fait, au début, immédiatement après la guerre, il était question de ramener tout
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le monde, les enfants, les femmes et même les hommes.
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Finalement, la première opération de rapatriement n'a concerné que des orphelins, donc des
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enfants dont la maman était décédée, dont le père était décédé lui aussi, ou en
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prison.
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Petit à petit, vraiment au compte-gouttes, il y a eu des retours de familles dont la
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mère était très malade ou qui étaient volontaires pour rentrer.
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Mais on était à chaque fois sur des dizaines d'enfants, quelques dizaines de femmes, pas
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plus.
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On n'a jamais su pourquoi certains avaient été laissés des années et d'autres ramenés
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très tôt.
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On n'a jamais su.
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Il y a donc de l'arbitraire dans les décisions françaises ?
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Complètement.
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Et le gouvernement s'en défendra.
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Mais la vérité, c'est que comme on ne sait pas dans quel cas on ramène les enfants et
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dans quel cas on ne les ramène pas, effectivement on peut considérer que c'est complètement
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arbitraire.
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Et pour tordre le bras, si j'ose dire, à l'État français, il y a eu quand même trois
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décisions de justice, notamment une de la Cour Européenne des droits de l'homme.
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Sans ces décisions, vous pensez qu'on aurait pu rapatrier déjà une partie de ces enfants
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?
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On ne peut pas dire que ces décisions-là ont eu un effet, comment dire, absolument déterminant
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sur la politique de la France en matière de rapatriement.
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Il y a eu un mouvement un peu généralisé en Europe de rapatriement.
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La France ne pouvait pas ne pas s'inscrire dans ce mouvement.
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Mais aujourd'hui, ce qui se dit, c'est que les femmes qui restent là-bas sont celles
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qui veulent rester.
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Et qu'est-ce qui va venir de leurs enfants ? On ne sait pas.
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La France est l'un des seuls pays européens à ne pas avoir rapatrié ses enfants prisonniers
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de Daesh.
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Pourquoi ? Comment on l'explique ?
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Ce n'est pas vraiment l'un des seuls pays européens à ne pas l'avoir fait.
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C'est le pays européen qui a le plus de ressortissants encore sur place.
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Il y en avait 300, on le rappelle.
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C'était aussi le pays européen qui en avait le plus.
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On est le pays européen qui a eu le plus de femmes et d'enfants et aussi d'hommes
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qui ont quitté la France pour aller en Syrie.
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Il y a le sujet quand même de l'opinion publique.
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Parce que ça pèse ça dans le fait que la France ait du mal à accepter ce retour.
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Ça pèse énormément.
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Mais c'est un problème.
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C'est un problème parce que ces enfants existent, parce que ces enfants sont français.
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Et ils ne cesseront ni d'exister ni d'être français.
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Donc quel est le projet pour eux ? Pour l'instant, ils sont encore petits.
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Bien qu'ils grandissent à mesure que les années passent.
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Mais qu'est-ce qui va se passer quand ils seront majeurs ? Ils sont aujourd'hui incarcérés
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avec leur mère parce qu'ils sont mineurs et qu'on considère que c'est elle qui est
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responsable d'eux.
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Mais quand ils seront majeurs, qu'est-ce qu'on va faire de ces enfants ? Est-ce qu'on va
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les empêcher de revenir sur le territoire français ? Est-ce qu'on pourra même le faire ?
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Et dans quel état ils reviendraient si c'était le cas ?
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Précisément, Hélène Lametrong, qu'est-ce que l'on sait de la manière dont ils sont
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traités ? Comment ils vivent ces enfants qui restent aujourd'hui emprisonnés en Syrie ?
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Il n'y a pas beaucoup de mystère sur la manière dont ils sont traités puisque depuis quelques
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années maintenant, les journalistes français, qui longtemps ont été empêchés d'entrer
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dans ces camps, ont pu y aller.
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Donc pour ce film, on y est allé.
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Ils sont en prison, ces enfants.
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Il n'y a pas de mur, ce sont des tentes, mais il y a des barbelés.
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Ils sont dans un espace réduit dont ils ne peuvent pas sortir.
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Ils ne sont pas scolarisés.
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Et surtout, ils n'ont aucune perspective.
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C'est-à-dire qu'on a des enfants qui sont condamnés sans avoir eu de procès à rester
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quelque part sans savoir jusqu'à quand ça va durer.
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Il y a ceux qui sont rentrés et qui rendent leur famille un peu plus heureuse.
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Est-ce que l'on sait comment ils sont réintégrés sur le sol ? Et est-ce que vous travaillez
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aussi sur cette matière ? Pourquoi pas pour un prochain documentaire ?
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C'est une matière qui est très difficile à manier parce que c'est très sensible
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et parce que ces enfants-là, une fois qu'ils sont rentrés, ils ont surtout besoin d'être
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protégés.
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Mais on sait qu'en tout cas, aucun des enfants qui y est rentré depuis 2016, parce qu'avant
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même la fin de la guerre contre Daesh, il y a des enfants français qui ont été en
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zone irako-syrienne et qui sont rentrés.
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On sait qu'aucun de ces enfants n'a posé de problème majeur.
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Ça ne veut pas dire qu'ils vont tous très bien, mais aucun n'a posé de problème de
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sécurité, y compris les ados.
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C'est important de le dire.
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Donc leur suivi aujourd'hui, il est comme celui de la plupart des enfants pris en charge
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par l'aide sociale à l'enfance, à la grande différence quand même qu'ils sont aussi
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suivis par la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse, comme des enfants criminels.
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Ça aussi, ça peut poser des questions.
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Est-ce que c'est le thème de votre prochain documentaire, cette réinsertion, cette réintégration
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des enfants ?
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Difficile à dire.
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Encore une fois, je ne suis même pas sûre que ce soit faisable aujourd'hui de suivre
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ces enfants.
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Je ne suis pas sûre que ce soit bien pour eux non plus.
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Donc si jamais documentaire il y avait, ce serait fait avec beaucoup, beaucoup de précautions.
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Une dernière question, Hélène Lamtrong.
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Vos conditions de tournage, parlons-en.
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Vous n'avez plus de carte de presse.
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Lors de la remise du prix Albert Londres, vous avez insisté sur les problèmes que
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cela pose techniquement.
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Quels sont-ils exactement ces problèmes ? Le fait de ne pas être journaliste "estampillé"
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pour tourner ce genre de documentaire ?
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La difficulté, c'est que la carte de presse, elle sert surtout à être identifiée.
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Quand on passe une frontière, quand on rencontre des militaires qui se demandent ce qu'on
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fait dans une zone de guerre, une carte de presse lève le doute assez rapidement.
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Mais il faut savoir que, comment dire, il n'y a que pour la commission de la carte
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de presse qui vous délivre, à vous tous, la carte de presse, que je ne suis pas journaliste.
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Évidemment que quand je passe une frontière, quand je demande des autorisations de tournage
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pour entrer dans un camp en Syrie, je suis journaliste.
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Donc pour tout le monde, les gens comme moi qui fabriquent des films d'investigation
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sont journalistes, sauf pour la profession.
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Et ça devient un problème parce que ça peut nous mettre en danger, mais pas seulement
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à l'autre bout du monde, ça nous met aussi en danger dans les manifestations en France.
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Aujourd'hui, si on n'est pas identifié comme journaliste, on peut se faire nasser,
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on peut se faire arrêter.
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Et c'est un gros problème qui j'espère changera.
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Merci beaucoup Hélène Lamtrong, réalisatrice de Daesh, les enfants fantômes.
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A revoir sur France TV.
07:32
Ripley, merci d'avoir accepté l'invitation de France Info ce matin.
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