Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 07/06/2025
Dans son édito du 07/06/2025, Jules Torres revient sur l'antisémitisme, une haine qui frappe en plein jour.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:006h50 sur CNews, c'est l'heure de l'édito de Jules Torres.
00:03Hier, en plein jour, un rabbin a été violemment frappé à coups de chaise alors qu'il prenait un café.
00:08Les faits se sont déroulés à Neuilly. C'est un acte indéniablement antisémite, un signal de plus.
00:13Et Jules, ce drame dit tout d'une haine qui ne se cache même plus, finalement.
00:16Oui, il s'est assis pour boire un café. Il est reparti avec une chaise en pleine tête parce qu'il était juif.
00:22C'était en France en 2025, à Neuilly.
00:24En plein jour, un rabbin est violemment frappé à la tête alors qu'il prend un café en terrasse.
00:29L'agresseur est un palestinien. En situation irrégulière, le mobile est limpide.
00:33Pourtant, comme à chaque fois, on invoque la folie, le fameux déséquilibré, une formule refuge,
00:38devenu automatique pour ne pas affronter le réel. Mais le réel, et là, agresser un juif aujourd'hui n'a plus rien d'exceptionnel.
00:44Il suffit d'un signe, d'une kippa, d'une étoile ou d'une barbe pour qu'un homme devienne une cible.
00:50Elie Lemel n'en est pas à sa première agression. Une semaine plus tôt, à Deauville, il avait déjà été frappé par trois individus.
00:56Juste la haine brute, celle qui surgit quand on sait qu'elle ne coûte rien, parce qu'elle s'installe, parce qu'elle devient intolérable.
01:03Ce n'est plus un antisémitisme honteux. C'est une haine décomplexée qui frappe à visage découvert, à la lumière du jour.
01:10Il y a 20 ans, ces agressions se faisaient en douce. Aujourd'hui, elles se font avec assurance.
01:14Et ce qui glace, ce n'est plus le choc, c'est qu'on s'y habitue.
01:17Mais jusqu'où faudra-t-il descendre, Jules, avant de dire les choses sans trembler ?
01:22Eh bien, ce n'est pas un cauchemar. C'est une atmosphère, ce climat antisémite.
01:27Une chape de plomb, le sentiment diffus, mais tenace, eh bien que les Juifs doivent se faire discrets,
01:32baisser les yeux, cacher les signes, éviter certains quartiers, changer de prénom sur les boîtes lettres
01:36et surtout ne pas trop en parler. Les chiffres sont là.
01:39Plus 340% d'actes antisémites en Ile-de-France, 1570 recensés en 2024.
01:44Un bond, une lame de fond, mais le plus glaçant, ce n'est même plus finalement la violence.
01:49C'est l'indifférence, cette prudence molle des institutions, ce silence poli des partis politiques,
01:54la frilosité médiatique qui transforme l'indicible en disciple.
01:58Quelques tweets, des condamnations et puis ces rideaux.
02:00L'antisémitisme est devenu un sujet miné que l'on manie au bout des gants.
02:04On les recouvre de slogans antisionistes, on l'enrobe de discours tiers-mondistes,
02:08on le travestit en colère sociale. Et pendant ce temps, il se répand et agresse.
02:12Il y a une génération, on ne jurait plus jamais ça.
02:14Aujourd'hui, les mêmes regards fuyants, les mêmes non-dits, les mêmes excuses reviennent
02:18comme un mauvais remake de l'histoire.
02:20Résultat, les juifs sont seuls. Seuls à dénoncer, seuls à trembler,
02:23seuls à protéger leurs enfants, leurs synagogues et leurs écoles.
02:26L'antisémitisme n'est plus une haine marginale, c'est un climat, un climat inversé
02:30où ceux qui frappent relèvent la tête et où ceux qu'on frappe la baisse
02:33et où le silence des autres fait office d'assentiment.
02:36Mais si l'antisémitisme prospère, c'est aussi parce que certains le légitiment à demi-mot.
02:40Oui, l'antisémitisme est loin d'être résiduel.
02:43Pour reprendre les mots de Jean-Luc Mélenchon, un rabbin frappé à Neuilly,
02:47une kippa arrachée dans le métro, des étoiles taguées sur les murs d'une école juive,
02:51des cortèges où l'on crie l'intifada en plein Paris.
02:54Voilà notre présent et peut-être déjà notre futur.
02:57Ce ne sont pas des faits isolés, ce sont les signes d'un basculement.
03:00L'antisémitisme n'est plus seulement toléré, il est parfois promu.
03:03Il a ses relais, ses mots et ses visages familiers.
03:06Depuis le 7 octobre 2023, depuis le massacre commis par le Hamas en Israël,
03:10une bascule s'est opérée.
03:12La compassion a duré à peine 24 heures, puis les morts israéliens ont disparu,
03:17puis les juifs sont devenus des suspects, sommés de se taire, sommés de se justifier,
03:22sommés de disparaître du débat public.
03:24Dans ce renversement, certains partis portent une lourde responsabilité,
03:28à commencer par la France insoumise.
03:30Depuis des mois, LF multiplie les ambiguïtés, elle installe le soupçon,
03:34justifie l'indéfendable et recycle un antisionisme militant
03:37qui sert de paravent aux antisémites.
03:40Le Hamas devient donc un mouvement de résistance,
03:43les victimes deviennent donc des agresseurs,
03:45et les juifs de France, une cible.
03:47Ce climat, il ne tombe pas du ciel, il a été préparé, nourri, relayé.
03:51La vraie question n'est plus de savoir si l'antisémitisme revient,
03:54il est là.
03:55Ce qui reste à trancher, c'est ceci, allons-nous continuer à fermer les yeux
03:58où allons-nous enfin agir, expulser les clandestins qui frappent,
04:02dissoudre les groupes qui attisent, sanctionner les élus qui flattent l'abjecte.
04:07Une république qui ne protège pas les juifs est une république qui abdique,
04:10et ceux qui nourrissent cette haine, par leur silence ou leur discours,
04:14devront y répondre politiquement, historiquement et moralement.
04:18Merci beaucoup, c'était l'édito de Jules Torres.

Recommandations