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  • 05/06/2025

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00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Stéphanie Demuru.
00:04Europe 1 Soir et j'accueille mes chroniqueurs de la deuxième heure, Jean-Michel Salvatore, chroniqueur politique.
00:10Bonsoir Jean-Michel.
00:11Bonsoir Stéphanie.
00:12Raphaël Stainville, directeur adjoint des rédactions du JDD.
00:15Bonsoir Raphaël.
00:16Bonsoir Stéphanie.
00:17Passionné de mer aussi Raphaël.
00:18Moi aussi.
00:19Marin, ça tombe bien puisqu'on va parler de l'océan avec mon invité Sabine Aroude-Bézieux,
00:25présidente de la fondation de la mer à la veille de la conférence des Nations Unies sur l'océan qui s'ouvre à Nice.
00:32Demain, bonsoir Sabine Aroude-Bézieux.
00:34Bonsoir Stéphanie.
00:36Alors oui, ça s'ouvrira lundi, me dit-on.
00:38Merci Capucine Patouillé dans l'oreillette.
00:40Alors comment sauver l'océan ?
00:42La question Sabine Aroude-Bézieux peut paraître un petit peu abstraite,
00:46mais elle pourrait évidemment devenir très concrète dans nos vies quotidiennes.
00:50On va en parler avec vous.
00:51Alors plus de 30 000 participants un lundi des États, des ONG, des entreprises, des citoyens.
00:57Vous êtes l'un des organisateurs.
01:00Alors on connaissait le GIEC et la COP pour le climat,
01:04mais il n'y avait rien sur l'océan.
01:06Les deux sujets sont pourtant très liés.
01:09Oui, l'océan c'est le régulateur du climat.
01:12C'est la moitié de l'oxygène qui est émis sur la planète.
01:14C'est un tiers du CO2 et 90% des excès de chaleur qui sont absorbés par l'océan.
01:19Donc sans océan, pas de vie sur la planète.
01:21Et vous avez raison, c'est très étonnant que nous n'en soyons qu'à la troisième conférence de l'ONU pour l'océan,
01:27alors que va se tenir en fin d'année la 30e COP climat.
01:30Alors c'est quoi ? C'est un manque de prise de conscience ?
01:34L'océan est lointain, lointain des yeux, loin des yeux, loin du cœur.
01:38Il n'a pas été pris en compte de façon suffisante au cours des dernières décennies.
01:43Et pourtant il y a deux fois plus d'eau que de terre sur la planète.
01:45Et puis il y a des conséquences qui parlent peut-être plus au grand public, des images, la montée des eaux.
01:52Par exemple, j'ai une interview dans le Point la semaine dernière, Olivier Poivre d'Arvor, envoyé spécial de la France,
01:58à l'UNOG justement, qui estime à 4 mètres la montée des eaux avec 1 milliard d'humains à déplacer.
02:04Alors ça c'est sûr, tout de suite le chiffre parle.
02:06Oui, la montée des eaux, on a l'impression que c'est ponctuel et puis sur certains endroits de la planète.
02:12En réalité c'est un phénomène inexorable.
02:14L'eau va monter et c'est lié au réchauffement des océans qui vient lui-même des émissions de gaz à effet de serre.
02:19Donc l'eau va monter sur tous nos littoraux.
02:22Et on a déjà des premiers réfugiés climatiques, y compris en France.
02:25Vous avez des villages à la Martinique ou même à Saint-Pierre-et-Miquelon
02:30qui doivent déménager des personnes qui sont déjà en France des réfugiés climatiques.
02:34Et déjà, Samine Roude-Bézieux, des conséquences.
02:37On a vu des falaises s'effondrer sur des littoraux français.
02:40Est-ce que ce genre de phénomène, est-ce que ça va s'accentuer à l'avenir ?
02:45Malheureusement, je dois vous dire que ça va s'accentuer.
02:47La montée des eaux conduit à ce qu'on appelle l'érosion du trait de côte.
02:51Et donc des plages qui disparaissent, des falaises qui s'écroulent.
02:55Et bien évidemment, nous appelons les pouvoirs publics à prendre des mesures rapides
02:59et à planifier sur le long terme des solutions fondées sur la nature
03:04et puis de la relocalisation quand c'est indispensable.
03:07Jean-Michel Savaton.
03:08Sur la montée des eaux, je me pose une question assez simple en fait.
03:11Est-ce qu'on peut encore faire quelque chose ?
03:14Ou est-ce que finalement, il est trop tard ?
03:16Parce qu'on a quand même le sentiment que la mer est tellement puissant
03:18que finalement, on ne s'attaque pas à un phénomène naturel aussi puissant que la mer.
03:22Est-ce qu'on peut encore vraiment faire quelque chose ?
03:24Ou est-ce que là, on est face à quelque chose d'inexorable ?
03:27Alors, on peut faire quelque chose pour la limiter, pour limiter la montée des eaux,
03:32c'est continuer drastiquement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
03:35Parce que des émissions de gaz à effet de serre, c'est le réchauffement de la planète,
03:38c'est le réchauffement de l'océan et donc c'est ce qu'on appelle une dilatation.
03:41Et donc, l'eau va monter, c'est inexorable.
03:43Alors, que peut-on faire très concrètement ?
03:46On peut développer ce qu'on appelle des solutions fondées sur la nature,
03:48c'est-à-dire replanter des dunes, replanter dans les territoires d'outre-mer,
03:52des mangroves, des forêts en mer, restaurer nos récifs coralliens,
03:58compter sur la nature, faire avec la nature,
04:03alors que depuis des siècles, l'homme a construit son développement contre la nature.
04:07On ne peut pas combattre la nature, il faut faire avec elle.
04:09Il faut faire avec elle.
04:10Raphaël Staville.
04:11Oui, on ne peut pas dire que nos sociétés occidentales,
04:14même plus particulièrement européennes,
04:15n'ont rien fait en la matière ces dernières années,
04:19mais est-ce que ces efforts ne sont pas vains
04:21tant qu'il n'y a pas des solutions qui sont acceptées et partagées par tous ?
04:28Est-ce qu'on ne se condamne pas finalement, nous,
04:31à faire des efforts que d'autres pays ou d'autres continents ne font pas ?
04:36Oui, c'est le vieux débat en disant qu'on est un tout petit pays
04:39et les efforts de chacun ne servent à rien.
04:41En réalité, les efforts servent.
04:43Sur les émissions de gaz à effet de serre, c'est certain,
04:45notamment parce que nous avons les technologies,
04:47nous sommes capables d'investir pour trouver les technologies
04:50qui pourront être ensuite développées dans le monde entier
04:52pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
04:54Donc, la France a cette responsabilité.
04:56Comme deuxième espace maritime au monde,
04:58on a une responsabilité à l'égard des océans.
05:01Et puis, nous pouvons agir.
05:03Nous pouvons agir pour nos littoraux,
05:04nous pouvons agir pour protéger les écosystèmes marins.
05:08C'est vrai ce que nous dit Raphaël Steinville.
05:10Certains pays semblent s'affranchir de la réglementation internationale.
05:15Surtout, en ce moment, on voit qu'il y a beaucoup de convoitises
05:19sur ces océans, avec notamment l'extraction de minerais.
05:22Ça, ça va être l'un des objets d'ailleurs de cette conférence des Nations Unies,
05:26l'un de ces enjeux ?
05:27La surexploitation des océans va l'être.
05:29Quand on parle de pêche illégale, de surpêche,
05:32ou d'exploitation minière des grands fonds marins.
05:34Donc oui, on va parler de ces sujets-là.
05:37Et n'oublions pas que si certains pays, qu'on ne nomme pas,
05:40ont des velléités d'aller surexploiter l'océan
05:43et faire des mines sous-marines...
05:44Les Etats-Unis ne sont pas très présents.
05:46Il y a quoi ? 150 scientifiques américains ?
05:48Mais ce n'est pas énorme finalement.
05:49Non, mais en fait, dans ces négociations des Nations Unies,
05:52vous avez 150 pays, 190 pays.
05:55Et il y a une soixantaine de chefs d'État et de gouvernement
05:58qui seront présents.
05:59Donc certes, vous avez des très grands pays qui ne sont pas présents,
06:02mais les premières victimes au fond du mauvais état de l'océan,
06:09ce sont les pays en développement.
06:11Ce sont des populations qui vivent de la pêche.
06:14Ce sont des populations qui n'ont pas les moyens financiers
06:16d'aller se protéger contre des phénomènes climatiques intenses.
06:20Donc il va manquer un certain nombre de pays,
06:23mais il y en aura beaucoup là, beaucoup d'autres,
06:25qui ont des grosses attentes d'individu la France.
06:26Et les États-Unis sont le premier domaine maritime du monde.
06:29Et la France en deuxième, d'ailleurs.
06:31Exactement.
06:31La France est la deuxième.
06:32Je l'ai appris.
06:33Et nous avons en France une société civile
06:37avec des ONG, des fondations comme la Fondation de la Mer
06:39qui sont extrêmement engagées
06:41et qui contribuent à faire évoluer les politiques publiques
06:44françaises, européennes et internationales.
06:46Jean-Michel Savaton.
06:47Sur la prise de conscience,
06:49est-ce qu'elle est là, cette prise de conscience
06:51sur les dangers que courent les océans ?
06:54On a vu que sur le réchauffement climatique,
06:56il a fallu quand même des années, des années
06:58pour qu'il y ait un consensus quasiment planétaire.
07:02On trouve peut-être aujourd'hui Donald Trump,
07:04mais enfin globalement,
07:05il y a quand même un consensus pour dire
07:06que le réchauffement climatique est un véritable phénomène.
07:09On a le sentiment que sur les océans,
07:11la prise de conscience, elle est moins évidente.
07:12Moi, je pense que le grand public a bien compris
07:18l'enjeu des océans.
07:20La question de la surpêche et de la pêche illégale,
07:22c'est rentrer dans les esprits.
07:24La pollution par les plastiques,
07:25c'est un sujet qui préoccupe énormément les Français
07:27et les plus jeunes.
07:29À la Fondation de la Mer,
07:29on a un programme qui s'appelle
07:30Un geste pour la mer.
07:31On a des collectes de déchets dans la nature
07:35quasiment tous les week-ends
07:36et des milliers de personnes,
07:37des dizaines de milliers de personnes
07:38qui participent et qui contribuent
07:42à nettoyer la nature
07:44et faire en sorte que ce plastique
07:45n'aille pas sur l'océan.
07:46Donc, ce que vous dites,
07:47la prise de conscience, elle est là ?
07:48Elle est là.
07:49C'est vrai qu'elle est...
07:50Oui, Raphaël St-Villaisy.
07:52Stéphanie évoquait tout à l'heure
07:53le fait que Patrick...
07:55Olivier Poivre d'Arvore,
07:56dans le point...
07:57Patrick, c'est l'autre.
07:59...alerté son frère, malgré tout,
08:01alerté sur un risque d'augmentation
08:03des océans de 4 mètres.
08:04Est-ce que ces discours un peu apocalyptiques
08:07qu'on entend depuis des dizaines d'années,
08:09la vérité,
08:09ne viennent pas finalement empêcher
08:12une prise de conscience
08:14et des solutions raisonnables
08:16quand, justement,
08:18lorsqu'on nous alerte sur une sorte
08:19de fin imminente de notre planète,
08:22on aurait tendance à renoncer
08:24à tout effort ?
08:25C'est toute la place de la science
08:27qui est questionnée ici.
08:28Le sommet de la conférence
08:30de l'ONU sur l'océan
08:31commence par une semaine sur la science
08:33qui est avec des milliers
08:34de scientifiques
08:35qui tentent de montrer
08:37la complexité
08:38de la machine océanique,
08:40des courants,
08:41de la biodiversité,
08:42sur lesquels on ne connaît
08:43encore quasiment rien.
08:44On connaît mieux la surface
08:45de la Lune
08:45que le fond des océans.
08:47Et donc,
08:48la place de la science
08:50doit reprendre
08:51un rôle central
08:53pour informer
08:54la décision publique.
08:55Alors, évidemment,
08:56il ne faut pas être alarmiste
08:57parce que sinon,
08:58on pourrait avoir tendance
09:00à baisser les bras
09:00en disant
09:01c'est fichu,
09:02on laisse l'eau monter
09:04et il n'y a rien à faire.
09:06Le 4 mètres
09:06dont parle Olivier Poivre d'Arvore
09:08s'est fondé
09:08sur un des scénarios
09:11du GIEC
09:11qui est le scénario
09:13le plus pessimiste.
09:15Mais les scientifiques
09:16ont revu
09:17leur trajectoire
09:19et il y a quelques années,
09:20la trajectoire probable
09:22était à 70 cm.
09:23La trajectoire probable
09:24aujourd'hui,
09:25sur les mêmes hypothèses,
09:26est à 1,10 m.
09:27Et concrètement,
09:28ça veut dire
09:28quoi ?
09:29Ça veut dire
09:30bon, on le dit toujours,
09:31on parle toujours
09:31des Maldives
09:32qui vont être engloutis.
09:33Mais enfin, c'est quoi ?
09:33C'est Venise, Manhattan,
09:35engloutis,
09:36dans combien d'années ?
09:37Alors, d'ici,
09:39disons,
09:39la fin du siècle,
09:41les statistiques,
09:43par exemple,
09:44les scientifiques
09:44nous expliquent
09:45que Pointe-à-Pitre
09:47et la zone de Jarry
09:48qui est la zone industrielle
09:49de la Guadeloupe
09:50sur laquelle il y a
09:5216 000 entreprises
09:53risquent d'être submergées.
09:55Sur les 118 îles françaises
09:57de Polynésie française,
09:58il y en a 78
09:59qui sont à risque.
10:01Donc,
10:01ce n'est pas quelque chose
10:02qui va se passer
10:02au bout du monde,
10:04ou peut-être au bout du monde,
10:05mais en tout cas,
10:06en France,
10:06sur des territoires français.
10:07Concrètement,
10:08ma dernière question,
10:09quels vont être
10:09les objectifs de ce...
10:12Alors,
10:12ce n'est pas un sommet,
10:12c'est une conférence,
10:13mais on en attend
10:14quelque chose de concret ?
10:16Oui,
10:16on attend la ratification
10:18de toute une série
10:19de traités internationaux
10:20qui ont été déjà signés
10:22par les États
10:22mais qui ne sont pas
10:23entrés en vigueur.
10:24Le plus emblématique,
10:26c'est le traité
10:26sur la haute mer
10:27qui vise à régler,
10:30régler,
10:30mettre des règles
10:31sur cet espace gigantesque
10:33qui représente
10:34à peu près la moitié
10:35de la surface
10:35de la planète
10:36qui nous appartient
10:37à tous,
10:38à chacun,
10:38chaque Française,
10:39chaque Française,
10:40c'est un bien commun
10:40de l'humanité
10:41et sur lequel,
10:43finalement,
10:44on n'est pas capable
10:44de mettre des airs marines
10:45protégées,
10:45on n'est pas assez capable
10:46de lutter contre la pêche illégale
10:48et il faut que le Far West
10:49qui règne en haute mer
10:50cesse.
10:51Merci,
10:52merci Sabéline Roux-de-Bézieux.
10:54Je rappelle le nom
10:54de votre ouvrage,
10:55L'Océan,
10:56préserver l'avenir
10:57de l'humanité
10:57aux éditions
10:58le Thaïlandais
10:59et puis votre fondation,
11:01fondation de la mer
11:02pour Org,
11:02si on veut faire des dons,
11:04j'ai vu,
11:04on pouvait participer,
11:05effectivement,
11:06il y a plusieurs causes
11:07en tout cas que vous soutenez.
11:08Merci à vous d'avoir été avec nous
11:09en direct sur Europe 1.

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