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  • 04/06/2025
Philippe Labro est décédé à 88 ans. Pascal Praud lui a rendu hommage dans #LaMatinale sur CNEWS.

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Transcription
00:00Bonjour Pascal, vous nous avez rejoint parce que vous avez une information qui est triste à nous donner.
00:06On a appris ce matin la mort de Philippe Labreau.
00:09Philippe Labreau qui était de 1936 comme Nicole Croisille et Philippe Labreau qui avait un lien particulier,
00:15évidemment avec notre groupe, puisque Philippe était présent à l'antenne il y a encore quelques jours sur C8
00:22parce qu'il était à l'origine de la création avec Vincent Bolloré de Direct 8,
00:28qui était devenu D8 et C8.
00:31Et puis Philippe Labreau qui est sans doute pour ma génération quelqu'un qui a donné envie d'être journaliste.
00:39Quand j'avais 15 ans, 16 ans, 17 ans, il y avait une génération exceptionnelle
00:43qui était arrivée au début des années 70, qui avait pris le pouvoir dans les médias.
00:50C'est Jean-Pierre Elkabach, c'est Bernard Pivot, c'est Jacques Chancel.
00:54Ce sont tous ces gens qui ont été incroyablement inspirants et qui étaient multifacettes
01:00puisque Philippe était un journaliste, un immense journaliste qui avait commencé sa carrière en Algérie.
01:07Je crois qu'il était pour une radio française.
01:11Il était à cette époque-là avec, je crois qu'il était une jeune génération à prendre, à témoigner de la guerre d'Algérie.
01:23Il avait écrit d'ailleurs un très joli roman qui s'appelait « Des feux mal éteints ».
01:27Et quand je dis multifacettes, il a écrit je ne sais combien de chansons,
01:32cinquantaine de chansons pour Johnny Hallyday.
01:35Il avait écrit « Symphonie » sur la neuvième, je crois,
01:40un texte incroyablement moderne sur l'écologie pour Johnny Hallyday
01:45qui ne chantait pas, mais qui parlait, qui disait les paroles qu'avait écrite Labro.
01:52Chanson, évidemment metteur en scène, avec un film qui est resté très célèbre,
01:58« L'héritier », avec Jean-Paul Belmondo.
02:01Il y a Charles Denner qui joue dedans et il joue un héros qui s'appelle Barth Cordel,
02:08qui est un multibillionnaire et qui a investi dans la presse.
02:14Barth Cordel et Belmondo étaient formidables.
02:17Et puis le journaliste, le journaliste qu'il était,
02:20qui évidemment est très lié à l'affaire Kennedy,
02:23puisqu'il était présent aux Etats-Unis le 22 novembre 1963,
02:29quand Kennedy est mort.
02:29Il était sur un campus, il a pris un avion, il est allé directement à Dallas,
02:32il a raconté, il a vu Jack Ruby en train de tuer celui qui avait tué précisément John Kennedy.
02:42Et il a écrit de nombreux livres.
02:43Et moi, c'est une discussion que j'avais souvent avec lui.
02:45Il est persuadé qu'à l'arrivée, c'est un tueur seul, Kennedy.
02:48Une fois qu'on a tout dit sur Kennedy,
02:50il est persuadé que c'est quelqu'un tout seul qui a tué John Kennedy,
02:54que le complot n'existe pas, etc.
02:55Et c'est vrai qu'on avait tous, je pense, un lien particulier de notre jeune génération,
03:03parce que c'était quelqu'un d'exigeant, extrêmement exigeant,
03:05qui était dupe de rien, qui avait un regard très pointu sur tout,
03:11qui était parfois un peu inhibant.
03:13Moi, je disais, Philippe, vous avez tout fait, nous, notre génération.
03:18Elle était impressionnante.
03:19Quand tu es avec quelqu'un qui a écrit 10 films ou mis en scène 10 films,
03:24qui a écrit 50 000 articles, qui a écrit des chansons,
03:27qui a dirigé, qui a dirigé RTL,
03:30qui a présenté le journal de France, à l'époque c'était Antenne 2,
03:34le journal du Midi.
03:35Il y a un échange très célèbre, d'ailleurs, avec Jean-Luc Godard.
03:38Je ne sais pas si vous vous souvenez de cet échange
03:42où Jean-Luc Godard lui dit, vous êtes speaker.
03:44Je ne suis pas speaker, mon cher Jean-Luc.
03:48Parce qu'il était toujours très calme, Philippe Labreau.
03:51Et puis, il avait une intelligence, une sensibilité,
03:56vraiment de multiples talents.
04:00Et on peut penser, évidemment, à son épouse, Françoise.
04:02On peut penser à ses enfants.
04:05Il était très lié à son frère, qui est mort.
04:07Ils étaient quatre enfants, les quatre Labreau.
04:09Et c'est aussi une histoire particulière, parce que son père est injuste.
04:13Son père a caché, durant la guerre, il est né à Montauban.
04:18On ne devrait jamais quitter Montauban.
04:20Et il était, comment dire, il était, oui, c'était quatre frères
04:26et qui ont eu des destins tout à fait remarquables.
04:29Son frère était, Jean-Pierre Labreau, un homme remarquable aussi.
04:33Son autre frère a été architecte.
04:35Donc, c'est vraiment une famille tout à fait,
04:37une famille française, j'ai envie de dire,
04:39qui a beaucoup eu de réussite.
04:41Un livre sur sa mère, d'ailleurs.
04:42Le rôle de sa mère pendant l'hier 49.
04:46Bien sûr, bien sûr.
04:47Alors, dans les fils, dans les livres majeurs, immédiatement.
04:50Moi, le livre de Labreau que je préfère, c'est un début à Paris.
04:53Parce qu'il raconte notre métier.
04:55Il avait été repéré par Pierre Lazareff et Hélène Lazareff,
04:59qui immédiatement avaient identifié le talent.
05:02Tout de suite, c'est les fameuses affinités électives.
05:04C'est quelque chose qui revenait souvent dans la bouche de Philippe Labreau,
05:07les affinités électives.
05:09Et puis, il avait failli avoir le Goncourt, je crois que c'est en 88,
05:13avec l'étudiant étranger.
05:15Et puis, c'était à cette époque-là, l'exposition coloniale
05:19qu'il avait eue en 88,
05:21de celui qui était avec François Mitterrand,
05:24qui écrivait avec François Mitterrand,
05:26dont j'ai oublié le nom, Eric Orsena,
05:27dont j'ai oublié le nom à l'instant, merci,
05:30et qui avait eue en 88.
05:31Et il n'avait pas eu le Goncourt.
05:32Je sais qu'il en était...
05:36D'ailleurs, Philippe se vivait comme écrivain.
05:39La chose la plus importante, la plus prestigieuse pour lui,
05:42ce n'était pas être journaliste,
05:43ce n'était pas être metteur en scène,
05:44c'était vraiment écrivain.
05:46Parce que cette génération-là,
05:47je parlais tout à l'heure de Chancel, de Pivot, etc.,
05:50il y a une dévotion pour l'écriture.
05:52Une dévotion totale pour l'écriture.
05:54Et il adorait, évidemment, écrire.
05:58Il travaillait beaucoup.
05:59C'est quelqu'un qui travaillait, Labreau,
06:00ce qui n'est pas toujours fréquent dans le monde des journalistes,
06:03et qui se donnait des objectifs qu'il atteignait.
06:06C'est-à-dire que s'il disait,
06:07j'écris un roman et que mon roman doit sortir le 1er septembre,
06:11il sortira le 1er septembre.
06:13Et je crois que l'étudiant étranger, il m'avait raconté,
06:15il avait une chambre de bonne.
06:17Et après le dîner, tous les soirs,
06:18il montait pour écrire à la main,
06:22avec son nom blanc,
06:23parce qu'il n'écrivait pas à l'ordinateur.
06:26Et cette passion, cette dévotion pour l'écriture,
06:31qui est de sa génération.
06:33Et quand vous parliez avec Labreau,
06:35vous parliez un quart d'heure avec Labreau,
06:38c'était très inspirant,
06:39parce qu'il savait tout.
06:40Il avait tout lu.
06:41Il avait tout lu.
06:42Le samedi, le dimanche, il lisait tout.
06:44Il avait un jugement sur tout.
06:47Un jugement sur tout précis.
06:49Une forme d'indulgence, forcément,
06:51parce qu'il faut être une indulgence, en tout cas.
06:56Au fond de lui, je ne sais pas ce qu'il pensait,
06:58mais il était plus fort que les autres.
07:01Par exemple, si tu fais lire un texte à Labreau,
07:03il ne faut pas lui faire lire ton texte.
07:05Parce qu'il écrit mieux que toi.
07:07Donc, ce n'est pas une bonne chose de lui faire lire,
07:09parce qu'il verra.
07:11C'est pour ça que parfois,
07:12il y a des personnalités un peu inhibantes,
07:13comme ça, il faut s'en détacher,
07:14il faut prendre un peu l'espace,
07:15il faut prendre un peu le large.
07:17Parce que sur l'écriture,
07:19et moi, j'aime beaucoup son écriture,
07:21parce qu'elle est très précise,
07:23il n'y a rien à enlever.
07:27Elle est concise, évidemment.
07:29Elle va directement là où il faut taper.
07:32Donc, voilà, c'est un...
07:34Oui, je vous dis, dans notre...
07:36Moi, je pense que c'est...
07:37Je pense que c'est le plus beau palmarès,
07:39si j'ose dire, de notre métier.
07:41Oui.
07:43Parce que, bon, Chancel n'a pas écrit de...
07:45Par exemple, Chancel, Elkabach, Moujotte,
07:47tous ces gens-là, ils n'ont pas écrit de film.
07:49Lui, il avait un mélange de management,
07:52il a dirigé RTL,
07:53et d'artiste.
07:55Géralement, t'es l'un ou t'es l'autre.
07:57Et lui, il était les deux.
07:59Il avait une sensibilité d'artiste,
08:01et quand même, il a été manager.
08:03Donc, c'est pas si fréquent.
08:05Sous-titrage Société Radio-Canada
08:09Sous-titrage Société Radio-Canada

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