- 04/06/2025
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00:00Bonjour à tous et bienvenue ce matin à l'heure des pros sur Europe 1 jusqu'à 9h30, sur CNew jusqu'à 10h30.
00:12On a appris, vous le savez, la mort il y a quelques minutes de Philippe Labreau qui meurt aujourd'hui, le jour où Nicole Croisille est morte également.
00:22Il était une voix, une des plus belles de la chanson française.
00:25Elle chantait l'amour mais aussi le désir tel qu'une femme le pensait, le disait ou le criait dans les années 70.
00:33Un amour d'un autre temps sans doute, comme cet hommage à une provinciale qu'un écrivain a immortalisé, Emma.
00:40Je m'appelle Emma et je ne sais pas si j'aime mes cœurs Emma aussi fort que moi.
00:44Emma, comme Bovary bien sûr, mais qui se souvient d'Emma Bovary à l'heure de TikTok et de Snapchat ?
00:51Nicole Croisille est morte ce matin, les titres de ses chansons appellent les larmes et les mouchoirs.
00:57Il n'y a pas d'amour heureux, alors téléphone-moi en 1976, alors parlez-moi de lui en 1973, alors je ne suis que de l'amour en 1976.
01:09Et puis bien sûr, Deauville, la plage, Jean-Louis, Hanouk, les enfants, la Mustang, couleur crème, le numéro 184, parce que 1 plus 8 plus 4 égale 13.
01:21Nicole Croisille est la voix d'un homme et une femme.
01:24En 1966, les dabadabada, dabadabada, c'est elle, comme une chance, comme un espoir, tout recommence, la vie repart.
01:31Je pense ce matin à Claude Lelouch, qui doit se sentir bien seul, Hanouk Aimé, Jean-Louis Trintignant, Francis Lay, qui avait composé la musique du film,
01:41Pierre Barou, qui avait écrit les paroles, Nicole Croisille, qui les avait chantées.
01:45Ainsi passe la gloire des hommes, des hommes et des femmes, toutes celles et tous ceux, comme on dit aujourd'hui.
01:52Nicole Croisille n'est plus, mais sa voix ne nous quittera pas.
01:55T'aurais voulu être un artiste, pour pouvoir faire ton numéro.
02:12Quand l'avion se pose sur la piste, à retterrer d'un barrio.
02:22T'aurais voulu être un artiste, c'est une des plus belles versions qu'avait chantée Nicole Croisille.
02:29Et t'aurais voulu être un artiste, ça s'adresse également à notre ami Labreau, qui l'était, artiste.
02:34Mais je disais tout à l'heure, c'est pas si fréquent, c'est à la fois un artiste, un journaliste, un écrivain, un manager.
02:40Et d'être aussi complet dans notre métier, n'est pas quelque chose qui se retrouve d'avoir autant de faciles.
02:50Un éclectisme absolument fabuleux.
02:53Exactement, et un talent.
02:54Donc on en parlera, Philippe, Nicole, tous les deux étaient de 1936.
02:58Ils avaient donc passé 89 ans.
03:01Shana, Lousteau.
03:02Bonjour Pascal, bonjour à tous.
03:18On l'a donc appris il y a quelques instants.
03:19Philippe Labreau est mort à 88 ans des suites d'un cancer.
03:23Grande figure du journalisme, homme de culture, réalisateur, écrivain et bien plus encore.
03:27Philippe Labreau est également cofondé Direct 8, chaîne bien particulière pour notre groupe.
03:33Il faisait ses adieux à la télévision il y a quelques mois seulement.
03:35C'était le 25 février dernier, jour de la fermeture de C8.
03:39Dans le reste de l'actualité, Gérald Darmanin promet un dispositif de sécurité hors normes pour le transferment de Mohamed Amra.
03:46L'ennemi public numéro 1 doit être transféré la semaine prochaine de la prison de Condé-sur-Sarthe vers Paris pour être interrogé par des magistrats.
03:53Je rappelle que le dernier transferment d'Amra s'était transformé en évasion mortelle qui a coûté la vie à deux agents il y a un an.
04:00Et puis les comparutions immédiates vont se poursuivre.
04:03Aujourd'hui, après les violences, le soir de la victoire du Paris Saint-Germain, 21 individus étaient jugés hier au tribunal correctionnel de Paris.
04:10Au total, 8 ont été condamnés à de la prison ferme ou avec du sursis.
04:14Voilà pour l'essentiel de l'information.
04:16C'est à vous Pascal.
04:16Merci beaucoup Shanna.
04:19Nous sommes ce matin avec Eugénie Bastier.
04:21Nous attendons Éric Nolot.
04:22Georges Fenec est avec nous.
04:24Thomas Bonnel, voici Éric Nolot et Fabien Lequeuvre.
04:28Et puis Amaury Bucaud est là également.
04:31On parle bien sûr de notre ami Philippe Labreau qui est mort.
04:35On a pris son décès ce matin.
04:36Il y a des gens qui ont parfois toutes les grâces et les fées sont allées sur leur berceau et aucune fée Cabarabos ne s'est penchée sur son berceau.
04:47Il était évidemment intelligent, il était doué, il avait du talent, il était beau, d'une beauté aristocratique.
04:53La classe, la classe Labreau, je crois que dans les couloirs d'RTL dans les années 80, on l'appelait la Warner.
05:02Et il y avait ce côté américain, c'était le plus américain des journalistes français, très lié évidemment à l'affaire John Kennedy.
05:10Et vous le voyez, puisque jusqu'au bout il a travaillé, il était encore sur C8 il y a quelques jours.
05:17Vous voyez cet homme d'une grande élégance, d'une grande finesse et d'une grande culture.
05:25Donc je vous propose d'écouter quelques paroles qu'il disait il y a encore quelques jours sur C8.
05:33Tout le monde est sur le plateau, toutes les équipes, tous ceux qui ont participé à cette émission.
05:38Aventure de 4 ans qu'on a eu l'honneur et le plaisir de partager avec vous.
05:42On termine toujours l'essentiel en musique, on vient de le faire avec Thibaut.
05:46Mais moi je voudrais clore définitivement le chapitre par une petite chanson que je vous propose.
05:52L'essentiel, ça s'appelle, l'essentiel d'abord.
05:55Non, ce n'était pas le radeau de la méduse, ce bateau.
05:59On se le dise au fond des ports, dise au fond des ports.
06:03Il naviguait dans l'essentiel, sur la grand marge audiovisuelle.
06:07Et ça s'appelait les talents d'abord, les talents d'abord.
06:11Son fluctuate necpergique, c'était bien toute la culture.
06:17Non, des plaisants aux jeteurs de sort, aux arcoms de sort.
06:21Son capitaine et ses matelots n'étaient pas des enfants de salauds,
06:25mais des amis franco de port.
06:27Des talents d'abord.
06:29De la télé, j'en ai fait beaucoup, mais la seule qui ait tenu le coup,
06:37qui n'est jamais virée de bord, virée de bord.
06:41Naviguait dans l'essentiel, sur la grand marge audiovisuelle.
06:45Et ça s'appelait les talents d'abord.
06:48Les talents d'abord.
06:50Vos talents à vous tous.
06:53Vos talents à vous tous.
06:55Vos talents à vous tous.
07:00Vos talents à vous tous.
07:02Vous la retrouvez l'émission en replay sur mac1.fr.
07:06Des extraits sur nos plateformes X, Insta et Youtube.
07:09Merci à toutes celles et ceux qui l'ont préparé à cette émission.
07:12Les équipes techniques.
07:13Une grande partie d'ailleurs sur le plateau.
07:15Dieu merci.
07:16Fanny Milleron, Serge Peters, Grégoire Ilyes,
07:19Hippolyte Borde, Mathieu Coupez,
07:21Ritane et Minadan,
07:22Solal, Vélinguerère, Jean-Philippe Aran.
07:25Laurette Boquet, Thierry Brunet et Loïc Adam au montage.
07:28À l'infographie, Robin Lejean.
07:30Au mixage, Gaëlle Corgaro.
07:33À la programmation, Marina Prouzez et Laure Giniès
07:36avec la collaboration d'Anne Boy.
07:38À la production, Sophia Lamry, Elle est là.
07:40À la rédaction, Jade Lévin et Bastien Valeron.
07:43À l'édition, Grégoire Tovron.
07:45À la rédaction, chef, Butovic Orsoni.
07:47À la réalisation, Laurent Capra.
07:49Merci à toutes celles et ceux qui ont travaillé avec nous
07:53depuis toutes ces années.
07:55Très bonne fin de soirée sur C8.
07:57Eugénie Bastien, je disais,
08:00c'est le plus beau palmarès peut-être de notre métier.
08:04C'est-à-dire, quelqu'un qui a écrit 50 000 papiers,
08:07quelqu'un qui a écrit je ne sais combien de chansons,
08:09quelqu'un qui a écrit une dizaine de films,
08:11dont des films quand même qui resteront,
08:13je pense à L'Héritier, qui est formidable,
08:16où le héros s'appelle Bart Cordel,
08:18et il y a Charles Denner,
08:22qui est absolument formidable.
08:24Donc, c'est quelqu'un qui avait de multiples talents.
08:26Et je disais tout à l'heure,
08:27l'écriture, l'écriture, l'écriture.
08:29Au centre de tout ça, il y a l'écriture.
08:31En le voyant, là, je me disais,
08:33j'espère être comme ça à 88 ans quand même.
08:35Cette espèce d'énergie, de force jusqu'au bout,
08:37c'est absolument spectaculaire.
08:39Et c'est vrai que moi, ce que j'aimais dans ce personnage,
08:41c'est son éclectisme,
08:43cette espèce de capacité d'avoir une largesse,
08:45comme ça, d'embrasser plusieurs sujets,
08:47d'embrasser plusieurs passions.
08:49Je trouve qu'on est dans une société de spécialistes,
08:51aujourd'hui, d'experts,
08:52où chacun est un peu dans son couloir de nage.
08:54On ne trouve plus vraiment...
08:56Je trouve que c'est l'esprit français, en fait,
08:58généraliste, humaniste,
09:00qui est capable de toucher à tout.
09:03Et justement, on a un peu de méprime
09:04pour les touches à tout aujourd'hui,
09:05mais moi, je crois qu'au contraire,
09:07l'écritisme est une grande qualité.
09:08C'est une qualité qu'avait Philippe Labreau,
09:10qui a écrit, effectivement, 20 000 articles,
09:1224 livres, je crois,
09:137 longs-métrages.
09:16Donc, une vie absolument...
09:16C'est qui a dirigé.
09:17Et qui a dirigé des médias.
09:20Et c'est une vie...
09:21Une vie...
09:22Mille vies, en fait.
09:22Mille vies en une.
09:23Et au centre de tout ça,
09:25il y a la culture.
09:26Au centre de tout ça,
09:27il y a l'écriture.
09:28Et il y a une génération exceptionnelle.
09:29Jean-Pierre Elkabach,
09:30Étienne Moujotte,
09:31mais aussi Jacques Chancel,
09:34Bernard Pivot,
09:35tous ces gens qui...
09:36Peut-être pas vous,
09:37mais dans ma génération, moi,
09:38ont été très inspirants
09:39et m'ont donné envie
09:41de faire ce métier.
09:42C'est-à-dire que quand nous regardions
09:44à la télévision,
09:45dans les années 70,
09:46Philippe Labreau,
09:47Chancel, Pivot,
09:48on se disait vraiment
09:49qu'on a envie de faire ce métier
09:51comme eux,
09:52d'une certaine manière.
09:52Mais il y avait quelque chose en plus
09:53par rapport à tout ça.
09:55Parce que,
09:55homme de télévision jusqu'au bout
09:56et écrivain jusqu'au bout.
09:58J'avais chroniqué son dernier livre
09:59il y a quelques mois.
10:00Formidable !
10:01Que j'ai reçu ici
10:02et excellent livre de Gimlet.
10:04Très beau livre.
10:05Mais à propos de livre,
10:07vous avez oublié quand même
10:07une mauvaise fée
10:08qui à un moment s'est penchée
10:09sur son berceau,
10:10c'est celle de la dépression.
10:11Il en avait parlé
10:12dans un livre très très fort.
10:14C'est relevé 8.
10:15Oui.
10:15Et alors moi,
10:16j'ai abordé parfois
10:18ces discussions avec lui.
10:19Mais je n'étais pas soit un ami,
10:21forcément,
10:22on avait 30 ans de différence,
10:23donc il n'y a pas,
10:24en tout cas,
10:24on n'avait pas un rapport
10:25de confidence.
10:26Et je lui disais,
10:26mais Philippe,
10:27comment est-il possible
10:28avec tous vos talents,
10:30avec toute votre réussite,
10:32que la dépression
10:32vienne frapper
10:34votre esprit ?
10:36Et c'est des mystères mystérieux.
10:38C'est une dépression abyssale.
10:39C'est-à-dire qu'il ne pouvait
10:40plus rien faire.
10:41C'est la vraie dépression.
10:42La vraie dépression.
10:42C'est-à-dire que la vraie dépression,
10:43tu ne te lèves plus.
10:44Est-ce que je peux ?
10:45Tu ne te lèves plus.
10:46Et cette dépression,
10:48elle arrive,
10:49lorsqu'il m'avait expliqué,
10:50lorsqu'il devient directeur d'RTL.
10:53Et qu'il y avait un lien
10:54entre cette position de management
10:56au plus haut niveau
10:58et cette dépression qui arrive.
11:00Pourquoi ce sont des mystères insondables ?
11:03En réécoutant Philippe Labreau,
11:04parodier copain d'abord
11:06de Georges Brassens,
11:08je pense qu'un certain nombre
11:09vont avoir peut-être
11:10une nouvelle lecture
11:11de cette décision
11:12que je considère toujours
11:13comme inique
11:14de l'ARCOM
11:15de nous avoir privé
11:17d'un Philippe Labreau
11:18à la dernière instant
11:20de sa vie,
11:20voyez-vous,
11:21d'avoir fermé son micro.
11:23Et cette parodie
11:23que je viens d'entendre
11:24donne une autre dimension
11:26nouvelle peut-être
11:27pour certains,
11:28notamment ceux
11:28qui sont à l'origine
11:29de cette décision.
11:30L'émission...
11:31D'avoir effacé
11:32un Philippe Labreau
11:33des écrans comme cela,
11:34voyez-vous,
11:35sous prétexte de régler
11:36d'autres comptes,
11:37voyez-vous.
11:37L'émission à l'essentiel
11:38chez Labreau,
11:39ce qui était formidable,
11:40c'est que c'était
11:40la seule émission
11:41qui était un bouillon
11:42de culture
11:42pour reprendre
11:43une expression
11:44de chère à Bernard Pivot
11:46parce qu'il y avait
11:46tous les arts.
11:48Tous les arts étaient
11:49représentés,
11:49l'écriture,
11:50la musique,
11:51la peinture,
11:52et c'était formidable.
11:53Une émission à son image, quoi.
11:55Oui, exactement.
11:57Touche à tout,
11:57mais s'intéresse à tout, surtout.
11:58Bien sûr,
11:59mais avec un talent
11:59peu commun.
12:00Alors, je sais que
12:01Jean-Marie Roy est avec nous
12:02et avec Jean-Marie,
12:04nous parlons très souvent
12:05d'ailleurs de Philippe Labreau
12:06et nous échangeons ensemble.
12:08Je crois qu'il est là,
12:09Jean-Marie Roy,
12:10académicien.
12:12Peut-être,
12:13est-ce que je vous vois,
12:14cher Jean-Marie Roy,
12:15ou est-ce que je ne vous vois pas ?
12:17Je ne vous vois pas à l'antenne.
12:19Donc, comme je ne vous vois pas
12:20à l'antenne,
12:22on va pouvoir...
12:23Voilà, il est là,
12:24Jean-Marie Roy,
12:25et il est dans sa bibliothèque,
12:27dans son bureau,
12:27en train de travailler.
12:29Et le point commun
12:31de cette génération,
12:32Jean-Marie,
12:33c'est vraiment l'écriture.
12:35C'est-à-dire l'écriture
12:36d'une chanson,
12:37l'écriture d'un scénario,
12:38l'écriture d'un article,
12:39l'écriture d'un roman.
12:41Ces journalistes,
12:43il est 36,
12:44je l'ai dit,
12:45on ne pouvait pas être journaliste
12:47si on ne savait pas écrire
12:48et si on n'avait pas
12:49une culture très importante
12:51au début des années 60.
12:55Oui, mais je pense que
12:56Philippe Labreau
12:57avait vraiment
12:58l'écriture dans le sang.
13:00Sa passion première
13:02c'était la littérature
13:04et ensuite,
13:06le journalisme,
13:07bien sûr,
13:07a été très très important,
13:09le cinéma,
13:10mais tout ça
13:11a été coloré
13:12par la passion littéraire.
13:15Je crois que c'est quand même
13:16quelque chose
13:17de très important.
13:19Et la passion des autres,
13:21ce qui va souvent
13:21nous perdre
13:22avec la littérature
13:23et les journalistes,
13:24la passion des autres,
13:25la passion de participer
13:27au monde dans lequel
13:29il vivait
13:30et de le décrypter.
13:31Voilà,
13:32c'est ce qui m'a frappé.
13:33Puis,
13:34il faut voir aussi
13:35un aspect de sa personnalité,
13:36c'était la générosité.
13:38C'est un homme
13:38qui a beaucoup aidé
13:40à la fois
13:41ses contemporains,
13:43mais aussi
13:43les jeunes gens,
13:45que ce soit RTL
13:46ou partout.
13:47C'était un homme
13:48qui était
13:48un homme qui aimait
13:50les autres.
13:51Voilà,
13:51je crois que c'était
13:51quand même
13:52une qualité personnelle
13:54qui était très importante
13:55et qui se surajoutait
13:57à ses autres qualités
13:59de cinéaste
14:00et d'écrivain.
14:02Merci,
14:03Jean-Marie Roir
14:05qui est avec nous.
14:06Ce talent multiple
14:07n'est pas si fréquent.
14:08Je disais,
14:09c'est un des plus beaux
14:09palmarès de notre métier,
14:12Éric Nolo.
14:14L'écriture,
14:15on pourrait parler d'ailleurs
14:16de l'étudiant étranger
14:18qui est un de ses plus grands succès.
14:19Moi,
14:19le livre que je préfère
14:20de Labros,
14:20c'est un début à Paris.
14:23Souvent,
14:24il me disait,
14:25c'est aussi le livre
14:27que préfère mon fils,
14:28un début à Paris,
14:29qui raconte vraiment,
14:30alors c'est notre milieu,
14:32mais notre milieu
14:32il y a 50 ou 60 ans.
14:35C'était Pierre Lazareff
14:36qui l'avait repéré,
14:37Hélène Lazareff,
14:38c'est aussi toute une période
14:39et il avait écrit
14:40un très beau livre,
14:41d'ailleurs sur l'Algérie,
14:43il y a beaucoup de gens
14:43qui préfèrent ce livre
14:45Des Feux Maléteins,
14:46qui est une phrase d'Apollinaire,
14:47Des Feux Maléteins,
14:48comme je connais
14:49des gens de toutes sortes.
14:51C'est aussi une phrase d'Apollinaire
14:52qui est l'un des titres
14:53de ce livre
14:54et qui est un livre
14:55cette fois de portraits.
14:57Parce qu'il était
14:57un portraitiste extraordinaire.
15:00Je connais des gens
15:01de toutes sortes.
15:02Il y a une série
15:03de portraits
15:04tout à fait intéressants.
15:06Ce qui était intéressant,
15:06c'est de l'entendre parler
15:07de l'écriture
15:09comme pratique quotidienne.
15:10Alors,
15:10il y avait les rites,
15:12il y avait le Mont Blanc
15:12et moi,
15:13il y a quelque chose
15:13qui m'a marqué,
15:14d'ailleurs que j'ai gardé
15:15pour moi,
15:15peut-être c'est un truc
15:16qu'on a en commun.
15:16Eric Nolo.
15:17Il disait,
15:17je tiens de Romain Garry
15:19que quand on écrit,
15:20à la fin de la journée,
15:21il faut laisser une phrase
15:22en suspens
15:22pour ne pas le lendemain
15:24être devant une copie refroidie.
15:27Voilà,
15:27on reprend le fil
15:28de l'écriture.
15:29Donc,
15:29c'était bien la preuve
15:30que pour lui,
15:30c'était vraiment
15:31une activité continue,
15:33pas un jour sans une ligne
15:34comme a dit quelqu'un d'autre.
15:36C'était vraiment
15:36un homme écriture.
15:37Voilà,
15:37au pluriel.
15:38Exactement,
15:39mais c'est un artisan.
15:40Et lorsqu'il écrivait
15:42sa chronique
15:42pour le journal du dimanche
15:43il y a plusieurs années,
15:44il l'écrivait généralement
15:45le mercredi.
15:46Et moi,
15:46ça m'arrivait évidemment
15:47de l'appeler.
15:48Mais si tu l'appelais
15:49pendant qu'il écrivait,
15:51c'était mission impossible.
15:53C'est-à-dire qu'il s'enfermait,
15:55c'était quelqu'un
15:55de très déterminé.
15:57Il y a un côté,
15:58si j'ai décidé
15:58de rendre mon manuscrit
16:01le 1er septembre,
16:02il sera rendu
16:02le 1er septembre.
16:04Et il était,
16:05comme ça,
16:05il était déterminé,
16:06travailleur,
16:06obstiné, etc.
16:07un touche-à-tout
16:08et un dilettante.
16:09Oui.
16:09Il s'intéressait à tout
16:10sans être dilettante.
16:11Ah, il n'est absolument
16:11pas dilettante,
16:12je peux vous dire,
16:13il est même exigeant,
16:14je disais tout à l'heure
16:15parfois un peu inhibant,
16:19il parle d'écriture,
16:20il ne faut pas aller
16:20sur ce terrain-là.
16:22C'est parler football
16:23avec Michel Platini.
16:24Si tu veux tirer
16:25un coup franc
16:25à côté de Michel Platini,
16:26ce n'est pas une bonne idée.
16:28Bon, et bien là,
16:29c'est pareil.
16:31Donc, il faut prendre
16:32de la distance
16:33parce qu'évidemment,
16:34il juge son écriture
16:35et il a une qualité,
16:37une expérience,
16:39un talent forcément
16:40que peu ont.
16:41Donc, il faut à la fois
16:42prendre un petit peu
16:43de distance là-dessus.
16:44Et quand je l'appelais
16:45donc le mercredi,
16:46mais d'abord,
16:48il te répondait
16:49pour te dire
16:49qu'il ne pouvait pas te parler.
16:50Je ne peux pas vous parler.
16:52Bon, c'était étrange,
16:53il aurait pu te laisser sonner,
16:54mais quand même,
16:54il était élégant et poli.
16:55Je ne peux pas vous parler,
16:57je fais ma chronique.
16:57Hop, tu raccrochais
16:58et tu repartais.
16:59Mais je reviens là-dessus.
17:00Fabien Lecoeuvre.
17:01Je reviens, Pascal,
17:02parce que vous avez souligné
17:03le portraitiste qu'il était.
17:05Souvenez-vous
17:05le portrait
17:06qu'il a fait
17:07de Johnny Hallyday
17:08le jour
17:09de la cérémonie d'Obsite
17:11le 9 décembre 2017
17:12à la Madeleine.
17:15C'est un portrait unique
17:16de Johnny.
17:17Moi, j'en ai parlé après
17:17avec lui
17:19il l'avait préparé
17:21pratiquement le jour
17:21où Johnny nous a quittés,
17:23c'est-à-dire le 5 décembre,
17:24et il a terminé,
17:25et je rejoins Éric Nolot,
17:26il a terminé
17:27son discours
17:28qu'il devait faire
17:29à la Madeleine,
17:29qui était un discours
17:30important et très attendu
17:31de Philippe Labreau.
17:33Il l'a terminé
17:34le matin
17:35avant de partir
17:35à la Madeleine.
17:36C'est-à-dire qu'il avait
17:37encore retravaillé
17:38son texte
17:38une dernière fois
17:39pour être absolument parfait
17:41et il n'y a rien à dire.
17:42C'est le plus beau portrait
17:43qu'on a pu faire
17:44sur Johnny Hallyday.
17:45Et cette liaison
17:46avec Johnny
17:46était fabuleuse
17:47en 1971.
17:48Ils sont partis à Londres
17:49tous les deux
17:49pour faire l'album
17:50Flagrant Daily,
17:51un album culte
17:52dans l'histoire
17:52et dans le répertoire
17:53de Johnny Hallyday
17:54avec des titres
17:55comme Mon Fils,
17:56comme Oma Jolie Sarah
17:57qui sont des énormes
17:58succès en France
17:59aussi à l'époque.
18:01Et c'était
18:01une pression
18:03que lui mettait Johnny.
18:03Alors il n'a pas voulu
18:04rentrer dans le cercle
18:05de Johnny Hallyday,
18:06il ne voulait pas
18:06parce que lui
18:07les bars,
18:08les filles,
18:08tout ça,
18:09il ne touchait pas
18:09tout ça,
18:10il n'avait pas d'écart
18:11comme ça
18:12comme avaient
18:12ces rock'n'rollers
18:14à l'époque.
18:15Et donc
18:15Johnny lui dit
18:16non les paroles
18:17ça ne va pas,
18:17il faut les refaire.
18:18Donc il avait toute la nuit
18:19pour refaire le texte
18:19d'Oma Jolie Sarah
18:20ou de Mon Fils
18:21et il arrivait
18:22avec un texte,
18:24Johnny lui mettait
18:24sur le pupitre,
18:25Johnny le chantait
18:25en une prise
18:26parce que c'est un immense
18:27chanteur Johnny évidemment.
18:28Il était impressionné
18:29par Johnny
18:29mais Johnny était impressionné
18:30par son écriture aussi.
18:32Ça c'est intéressant
18:32dans cet échange.
18:33Et bien justement
18:34l'écriture Jean-Marie Roire
18:35c'est vrai que
18:36vous êtes aussi
18:37dans l'écriture
18:39un touche-à-tout
18:41parce que vous êtes
18:42un formidable éditorialiste
18:43et on peut vous lire
18:44régulièrement
18:45dans le Figaro.
18:46Vous êtes évidemment
18:47un romancier,
18:48vous êtes également
18:49un auteur de théâtre
18:51et il y a une pièce
18:52en ce moment
18:54que vous avez écrite
18:56et qui sera peut-être
18:57montée sur la justice
18:59et on vous avait reçu
18:59pour parler de cette pièce
19:00qui est formidable.
19:02Je ne crois pas
19:02que vous ayez écrit
19:03de chansons d'ailleurs
19:04mais vous devriez
19:06avec le talent
19:07que vous avez
19:07mais on parle cuisine là.
19:10Cette écriture multiple
19:12est-ce que vous
19:13ça vous surprend
19:13de pouvoir écrire
19:14des chansons,
19:15des articles,
19:16des romans,
19:17des pièces de théâtre
19:18parce qu'a priori
19:18ce n'est pas
19:20la même écriture ?
19:22Je crois que cela
19:24allait de pair
19:25avec sa curiosité
19:27et son désir
19:29d'éteindre
19:30le monde contemporain.
19:31Je crois qu'il y avait
19:32la folie
19:33de comprendre
19:34le monde contemporain
19:35par tous ses aspects
19:37et c'est certain
19:39qu'à notre époque
19:40la chanson
19:41occupe une grande place.
19:43Donc je crois
19:44qu'il faut le voir
19:45dans l'ensemble
19:46de sa personnalité,
19:47c'était un homme
19:47la curiosité,
19:50l'emporter
19:50et surtout
19:51l'intérêt
19:52pour notre époque.
19:54Ce qui n'est pas le cas
19:54de tous les écrivains.
19:56Voilà.
19:57Moi, personnellement,
19:58la chanson,
19:59c'est vrai que c'est un...
20:00Pourquoi pas ?
20:01Parce que finalement,
20:02entre un poème
20:03et une chanson,
20:04il peut y avoir
20:04un lien,
20:05mais
20:05ils ont
20:07on finit toujours
20:08par se spécialiser
20:10un peu.
20:10Moi,
20:11c'est plutôt
20:11le roman,
20:12mais enfin lui-même
20:13a été un romancier
20:14formidable.
20:15Il ne faut pas oublier
20:15qu'il a eu
20:16le prix interallié,
20:17très jeune.
20:19Et très souvent,
20:20je lui avais demandé
20:21pourquoi il ne se présentait
20:22pas à l'Académie française.
20:23Alors,
20:24il avait une sorte
20:24de pudeur,
20:25c'est ça qui était
20:26très étrange.
20:27Je crois que c'est
20:28un homme qui,
20:29comme tous les grands artistes,
20:31doutait un peu
20:32de lui-même
20:32et plaçait peut-être
20:34un peu trop l'Académie.
20:36Il avait peur
20:37d'y être reçu.
20:40Et j'ai trouvé ça
20:41dommage
20:41parce qu'il correspondait
20:43parfaitement
20:44à cet homme,
20:45cet homme orchestre,
20:47pour employer
20:47l'expression
20:49de Diderot,
20:50cet homme orchestre
20:51qui touchait
20:52à la fois à tout,
20:53mais qui,
20:54vraiment dans certains
20:55domaines,
20:55approfondissait.
20:56Les films,
20:57très souvent,
20:58sont excellents.
20:59Et quant au roman,
21:00c'est vrai qu'il y a,
21:02je le comparais souvent
21:03à Michel Mort,
21:04parce qu'il faut voir
21:06aussi le rôle
21:06qu'il a joué
21:07en tant que passeur
21:09de la littérature
21:11américaine.
21:12Ça a été,
21:13avec Michel Mort,
21:14un des hommes
21:15qui a le mieux
21:16apprécié,
21:19et il a fréquenté
21:20Styron
21:21et beaucoup
21:22d'écrivains américains.
21:24Il avait cette passion
21:25de l'Amérique
21:26dans laquelle
21:27il essayait,
21:29là encore,
21:30de décrypter
21:31ces différences
21:31entre l'Amérique
21:32et la France.
21:33Merci beaucoup
21:34Jean-Marie Rouard
21:35et bonne journée,
21:37j'allais dire
21:37bonne lecture,
21:38puisqu'on vous voit,
21:39ou bonne écriture,
21:40parce que je sais
21:41que pour un écrivain,
21:42ça ne s'arrête jamais.
21:43On vous voit
21:43dans votre bureau,
21:44dans votre bureau bibliothèque.
21:46Merci beaucoup
21:46Jean-Marie Rouard.
21:49L'affaire Kennedy,
21:50c'est drôle,
21:50parce que moi,
21:51comme tout un chacun,
21:53on avait des discussions
21:54avec Philippe.
21:54Alors,
21:55on avait deux types
21:55de discussions.
21:56D'abord,
21:56le faire parler
21:57de ses rencontres,
21:57parce que c'est un témoin
22:00des années 60,
22:0170,
22:0180.
22:02Il a connu Delon,
22:03très proche de Delon,
22:04très proche de Belmondo.
22:06Il a fait jouer Belmondo.
22:08Il a interrogé des gens
22:09comme Jean Gabin.
22:10Donc,
22:11je connais des gens
22:13de toutes sortes.
22:14Il va interroger
22:15Pompidou.
22:16Et je me souviens
22:16qu'il parle de Pompidou
22:18qui avait toujours
22:19un petit bristol
22:20dans sa veste
22:22avec le nom
22:23de ceux
22:24qui l'avaient manqué,
22:26comme on disait
22:27à l'époque,
22:28ceux qui,
22:29durant l'affaire Markovic,
22:30s'étaient détournés
22:31de George Pompidou
22:32et il en avait
22:33une rancune tenace.
22:34Donc,
22:34ces rencontres-là,
22:35je lui faisais évidemment
22:36parler beaucoup de ça
22:38et avoir des...
22:39C'est des vies,
22:40c'est pas si fréquent
22:41quand même
22:41de rencontrer
22:42les grands de ce monde.
22:44Et puis,
22:45l'autre centre d'intérêt
22:46souvent,
22:46c'était Kennedy.
22:47Et Kennedy,
22:48il était persuadé
22:49que Lee Harvey Oswald
22:51avait tué
22:51tout seul
22:52John Kennedy
22:54tout seul
22:55que le complot
22:56n'existait pas
22:56qu'une fois
22:57qu'on avait tout dit,
22:58tout lu.
22:58Pour lui,
22:59c'était d'ailleurs,
23:00on l'avait reçu
23:00pour son dernier livre
23:01parce que le jour
23:02où Kennedy meurt,
23:03il est aux Etats-Unis,
23:04il prend un avion
23:05et il va directement
23:06à Dallas.
23:07Il va voir Jack Ruby
23:07tuer Lee Harvey Oswald.
23:10Et souvent,
23:11il connaissait très,
23:12très bien ça.
23:13Et il détestait
23:14le film d'Oliver Stone,
23:15JFK,
23:16qui dit le contraire
23:17avec la théorie
23:18de la balle magique.
23:21Donc,
23:21il détestait ça.
23:22Pour lui,
23:22Lee Harvey Oswald
23:23avait tué
23:23tout seul
23:25John Kennedy.
23:27Et je crois que
23:28Thomas Hill,
23:28vous l'avez reçu
23:29comme nous d'ailleurs,
23:30Philippe Labreau,
23:31vous l'avez reçu
23:32régulièrement.
23:33Bonjour Pascal.
23:34et puis,
23:36il est venu vous voir
23:36et avec,
23:37j'imagine,
23:38beaucoup de bienveillance
23:39pour cette jeune génération.
23:41Thomas Hill.
23:41En octobre dernier,
23:42il était très touchant
23:44et surtout,
23:44moi,
23:45j'étais impressionné
23:45par sa curiosité.
23:46J'étais très impressionné
23:47de le rencontrer déjà
23:48parce que pour moi,
23:49c'est un immense monsieur
23:50de ce métier,
23:51de la radio,
23:52de la télévision.
23:52c'est un grand romancier
23:54aussi que j'ai lu
23:55plus jeune
23:56et ses romans
23:57sur les Etats-Unis
23:57nous ont tous touchés
23:59et oui,
24:01ça fait vraiment
24:02quelque chose
24:02ce matin
24:03d'apprendre sa disparition
24:04et on était
24:06tous ici
24:07impressionnés
24:08par
24:08par sa curiosité.
24:12Encore une fois,
24:13c'est une personne,
24:14voilà,
24:14même à 88 ans,
24:16il était curieux de la vie
24:17et ça,
24:18c'est très fort.
24:19Je suis d'accord avec vous
24:20et absolument pas passéiste
24:22et ouvert sur les nouveaux romans,
24:25les nouveaux films,
24:27les nouveautés,
24:28ce qui n'est pas si fréquent
24:29puisque beaucoup regardent
24:32dans le rétroviseur
24:33et lui,
24:34vraiment,
24:35s'intéressait
24:36à toute cette nouveauté
24:37avec une fraîcheur
24:39et une curiosité
24:40peu fréquente.
24:40Vous avez complètement raison Thomas.
24:42J'imagine que vous allez évoquer
24:43sa mémoire.
24:45On va marquer une pause.
24:46A tout à l'heure.
24:47Je sais que Laurence Ferrari
24:48est là.
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