Alors que la mort de Philippe Labro a été annoncée ce mercredi matin à l'âge de 88 ans, son ami Fabrice Luchini a tenu à lui rendre hommage ce soir sur les antennes de CNews.
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00:00Merci beaucoup d'être avec nous. Parce que d'abord, Philippe avait beaucoup d'affection pour vous et pour votre talent, pour votre parcours.
00:10Et il vous aimait d'amour. Et c'est vrai que vous avez une relation particulière avec lui, puisqu'il vous a... Est-ce qu'on peut dire comme ça ?
00:17Est-ce qu'il vous a découvert ? Est-ce que je peux dire les choses comme ça ?
00:19Oui, oui. C'est pour ça que c'est le minimum d'être là avec vous ce soir.
00:25Parce que moi, j'étais apprenti coiffeur. Il n'y avait rien dans ma vie qui était un petit fils de commerçant du 18e arrondissement à la Goutte d'Or.
00:34Rien dans ma vie m'entraînait à devenir comédien. Et d'ailleurs, je peux dire, oui, c'est tout simple, je l'ai dit déjà mille fois.
00:45Mais bon, j'étais à Angoulême. Je faisais des cours de mougoulou, la musique de James Bond, à toutes les jeunes filles d'Angoulême.
00:55J'ai vu un monsieur assez beau, avec beaucoup de charisme, et qui a sympathisé avec ce jeune adolescent que j'étais, un garçon de 17 ans à peine.
01:06Et je lui ai posé des milliers de questions. Je me demandais, est-ce que Che Guevara ? Pourquoi le communisme est beau sur le papier ?
01:13Et puis après, ça se dégrade. Et puis, qu'est-ce que c'est par rapport à Freud ?
01:17J'avais des milliers de questions, parce que j'étais un apprenti coiffeur un peu anxieux, donc j'ai essayé de lire beaucoup.
01:24Et puis, un an après, il m'a appelé. Il m'a dit, on va faire la même chose. Il va parler Verlan comme tu savais parler Verlan.
01:30Parce que la première fois que je l'ai vu, je lui ai dit, je suis persuadé que vos pompes sont serrées en dessous comme victimes.
01:38Tout ça est vrai. Et puis, un an après, il m'a demandé de tourner. J'ai fait ce truc pendant une semaine, puis je suis retourné dans l'installe de coiffure.
01:45Et je n'avais aucune raison de changer de métier. Et donc, pour moi, c'est très simple.
01:50Si Éric Romère m'appelle, un an après, c'est parce que Philippe Labreau a pensé que j'étais un personnage pittoresque, touchant.
02:01Enfin, touchant, n'exagérons pas. Et que du coup, me voilà parti avec les grands produits.
02:08Je me souviens, ça a été un bouleversement dans ma vie, parce que c'est par Romère, après, que je me suis dit, il faut que je rentre dans le terrain.
02:17Vous savez, Pascal, dans la vie, il y a des profs, il y a des êtres humains qui sont essentiels.
02:24Moi, j'en ai eu cinq, six qui viennent. Labreau, Jean-Laurent Cochet, Michel Bouquet, et chapoté par le dessus, par, comme dirait Victor Hugo, une présence invisible qui est Louis Jouvet.
02:40Donc, je dois beaucoup de choses à Labreau. J'ai l'impression que ce n'est pas réel ce qu'on m'annonce ce matin.
02:45Je l'ai eu au téléphone il y a quinze jours. Je voyais qu'il y avait quelque chose qui se passait, parce qu'il m'a dit, je vais revenir voir le Hugo.
02:54Et je sentais que là, il y avait quelque chose qui était détraqué. Et puis, on m'a annoncé ce matin cette chose épouvantable.
03:04Et je lui dois beaucoup de choses. Je dois avoir changé de vie, d'être devenu, de faire un autre métier, contrairement à ce que pense le grand sociologue Bourdieu.
03:21Je suis parti d'un milieu modeste. Et puis, je me suis retrouvé. Voilà ce que je vous disais, Pascal, c'est Labreau, voilà, Labreau m'a donné une porte qui s'est ouverte ailleurs.
03:39Et après, j'ai rencontré Romère. Et après, j'ai rencontré tous les cinéastes qui m'ont donné ça.
03:44Et puis, j'ai surtout rencontré après Cochet qui m'a appris ce qu'est-ce que ce métier. Et nous avions, voilà ce que je voulais dire, c'est que nous avions…
03:50Les gens me posent des questions. Moi, ce n'est pas tellement un homme de média, moi, je dirais Labreau pour moi.
03:55Moi, c'était un homme qui allait voir les portraits de Jean Co que j'avais fait l'année dernière, le Hugo qu'il est venu voir deux fois, les La Fontaine, les Céline.
04:04Il passait son temps à me faire des coups de téléphone, je dirais, qui n'avaient rien à voir avec RTL, avec rien du tout.
04:12C'était que des relations littéraires. Il écoutait ma passion pour Hugo ces derniers temps. Et puis, il notait des choses.
04:23On avait fait un très beau papier pour Paris Match. Oui, c'est… Vous savez, il a fait un papier en sortant d'Angoulême où il avait écrit
04:34« J'ai fait l'amitié avec un jeune homme de 17 ans ». Eh bien, cette amitié, c'était moi qui étais touché par son intérêt.
04:45Eh bien, merci. Merci beaucoup Fabrice Lupini.
04:48Voilà, j'espère que j'ai été à la hauteur et bonne soirée.
04:51Merci.