Le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale se sont rendus ce 2 juin devant le mur des Justes, au mémorial de la Shoah à Paris, profané par des jets de peinture verte ce week-end. « La République n’admet jamais qu’on puisse appeler à la haine de l’autre », a fait savoir Gérard Larcher.
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00:00Nous voulions symboliquement, avec la présidente de l'Assemblée nationale, être présents devant ce qui est un symbole, le mur des justes.
00:09Voilà des hommes et des femmes qui pour sauver des familles, des enfants, qui étaient premiers à la mort en raison de leur religion et de leur origine,
00:19des gens qui ont pris tous les risques. Et quelque part, nous leur devons un respect immense, car ils sont notre conscience.
00:27Et dans cette période où nous voyons monter la perte du vivre-ensemble, les haines, l'antisémitisme, qui n'est pas notre seul combat, mais un combat majeur,
00:38nous ne pouvions pas dire, allez, c'est un événement de plus. Et nous voulions témoigner ainsi.
00:45Bien sûr, il faudra avoir les résultats de l'enquête, mais quelles que soient les origines, c'est strictement insupportable.
00:56Au sens profond du mot, c'est le sens de notre présence, de notre combat sans cesse pour la République.
01:05Et la République, elle n'admet jamais qu'on puisse appeler à la haine de l'autre.
01:10Évidemment, vous savez qu'avec le président du Sénat, nous partageons ce combat depuis cette marche pour la République et contre l'antisémitisme
01:21que nous avions réalisé en novembre 2023 entre nos deux assemblées, ce qui était un acte extrêmement symbolique et puissant.
01:30Nous nous mobilisons à chaque fois pour faire vivre les valeurs de la République et pour rappeler que la France, ce n'est pas ça.
01:37La France, ce n'est pas la haine de l'autre. On a pu voir ce week-end encore un assassinat absolument épouvantable
01:44en fonction des origines d'une personne. Et ça, nous ne pouvons le tolérer.
01:49Donc il faut inlassablement rappeler que la République ne fait pas de différence entre ses enfants
01:55et qu'en France, nous acceptons évidemment chacun, quelle que soit sa culture, quelle que soit son origine, quelle que soit sa religion.
02:05C'est les fondements de la laïcité dont nous allons bientôt célébrer le 120e anniversaire.
02:10Mais au-delà de ça, il est important de rappeler à chacun qu'il est chez lui dans cette République et qu'il sait qu'il est protégé.
02:20Protégé par évidemment les autorités, protégé par les institutions que nous représentons, le président du Sénat et moi-même,
02:28et que nous ne laisserons jamais rien passer.
02:31Et qu'effectivement, quels que soient les auteurs de ces actes-là, et l'enquête est actuellement en cours,
02:37ça ne, finalement, ça n'amoindrit pas la gravité de la profanation qui a eu lieu sur ce mur.
02:46Ici, comme le disait le président du Sénat, ce sont les justes de France.
02:50Ce sont justement ceux qui savent se dresser, savent résister, ne sacrifient pas l'idéal républicain,
02:58quel que soit le risque qu'ils ont pris pour leur vie.
03:01Et nous leur devons finalement notre présence aujourd'hui, parce qu'eux se sont dressés.
03:08Et il faut finalement aujourd'hui que chaque citoyen français se dresse contre ces idéologies qui prônent la haine de l'autre,
03:16que ce soit en fonction de son origine ou que ce soit en fonction de sa religion.
03:21Donc il était important de montrer cette solidarité,
03:24et de montrer aussi que toujours les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale,
03:28sont unis pour ce faire, parce que la République et ses valeurs sont évidemment au-dessus de tout.
03:35Et nous l'avons évidemment en partage avec le président du Sénat,
03:39et nous savons que nous l'avons en partage avec tous nos compatriotes.
03:42Est-ce que vous pourriez refaire une marche aujourd'hui contre l'antismétisme, comme vous l'avez fait en 2023 ?
03:47Écoutez, nous n'exprouons rien.
03:49Comme je le dis souvent, cette marche que nous avions réalisée avec Gérard,
03:54c'est pour moi mon plus beau souvenir politique personnel,
03:58parce que nous avons rencontré les Français à cette occasion.
04:02En quelques jours, nous avons pu mobiliser des centaines de milliers de nos compatriotes
04:06pour marcher pour la République et contre l'antisémitisme,
04:10pour n'entonner qu'un champ, la Marseillaise,
04:12pour n'arborer qu'un seul drapeau, le drapeau français.
04:15Je pense que dans ces moments troublés,
04:18dans ces moments où certains peuvent vouloir appuyer là où ça fait mal,
04:22là où c'est douloureux, nous devons montrer l'unité de la République.
04:26Donc rien n'est jamais exclu.
04:28En tout cas, le président du Sénat et moi-même sommes toujours très unis
04:34pour protéger ce que nous avons tous de plus cher.
04:37On ne s'habituera jamais, jamais à toutes ces manifestations
04:42qui rompent l'unité d'une nation,
04:46qui atteignent le vivre ensemble, jamais.
04:48Alors, que ça soit en marchand, que ça soit par la loi,
04:52que ça soit par notre présence,
04:53je vous le dis, on ne s'habituera jamais à cela.
04:57Est-ce que vous trouvez que le Parlement fait assez contre l'antisémitisme ?
04:59On a vu aujourd'hui une proposition de loi
05:01pour élever Alfred Dreyfus au rang de général des brigades.
05:05Est-ce que c'est assez ou c'est juste un symbole
05:07et finalement ce n'est pas assez efficace ?
05:08Vous savez, les symboles c'est important dans une République
05:11et aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
05:14nous l'avons adopté cette proposition de loi à l'unanimité.
05:16J'étais au Perchoir, j'avais tenu à présider cette séance importante
05:20et j'avais en face de moi la famille d'Alfred Dreyfus.
05:25Et ce n'est pas que symbolique,
05:27c'est ce que la France doit à ses enfants
05:30et cette reconnaissance et ce rétablissement dans ses droits.
05:35Je crois que c'est très important.
05:37Après, on a adopté un certain nombre de textes pour lutter,
05:40lutter contre l'antisémitisme, lutter contre la haine en ligne aussi.
05:44Il faut toujours renforcer notre arsenal juridique.
05:48Mais ça ne suffit pas.
05:49C'est un préalable, c'est important, mais ça ne suffit pas.
05:53Il faut agir, il faut agir politiquement
05:57et il faut aussi qu'il y ait évidemment des prises de conscience dans la société
06:00et travailler sans relâche à l'enseignement
06:02et c'est ce que fait formidablement le mémorial de la Shoah.
06:06Il faut enseigner à nos enfants, à nos petits-enfants,
06:10ce qu'a été la Shoah, ce qu'est la France tout simplement.
06:12Et à nouveau, nous sommes aujourd'hui, nous allons célébrer
06:16les 120 ans de la loi si importante sur la laïcité.
06:20C'est notre bien le plus précieux.
06:23Et donc, il faut cette année-là, aujourd'hui,
06:26apprendre à nos enfants ce qu'est la laïcité.
06:28Et la laïcité, c'est vraiment la liberté de croire ou de ne pas croire
06:31et c'est le respect des croyances ou des non-croyances de chacun.
06:34Et c'est cela qu'il faut faire vivre aujourd'hui dans notre pays plus que jamais.
06:37Je terminerai par un mot, puisqu'on évoque la loi de 1905,
06:42Aristide Briand.
06:44La loi doit protéger la foi tant que la foi n'entend pas dicter la loi.
06:48Ça, c'est l'équilibre de la laïcité.
06:51Et c'est le message d'Aristide Briand.
06:53Je crois qu'on a bien besoin, j'allais dire,
06:55de le prendre tous ensemble pour la République.