Invité sur le plateau de Face à l'info, la journaliste Gabrielle Cluzel revient sur l'expression "Nicolas qui paie" de plus en plus présente sur les réseaux sociaux
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00:00Les Français sont inquiets, 81% des Français se disent préoccupés par la situation de la dette et du déficit, c'est un sondage au DOXA du 6 février 2025.
00:09Donc on s'installe ce soir pour parler de ce sujet, d'autant plus que François Bayreau a déclaré il y a qu'il faut que les Français fassent des efforts.
00:17Et le calendrier est là, il faudra peut-être qu'on parle aussi du calendrier, parce qu'en juillet, il faudra déjà qu'on ait un plan.
00:23Revenons sur qui paye.
00:25Qui paye ? On a dit Nicolas.
00:27Merci pour vos hashtags.
00:28Hashtag Nicolas qui paye, on a compris.
00:31Alors qui est ce Nicolas ? On va aller plus loin et on se demande est-ce que ceci ne peut pas même susciter un certain conflit de génération ?
00:38Oui, vous avez absolument raison.
00:39Alors pour remettre en situation, Nicolas c'est le cocu battu mais pas content, de moins en moins content, parce qu'il y a toujours plus d'impôts, mais toujours moins de services publics.
00:49Vous voyez, alors il n'y a d'aucun qui compare Nicolas au fameux Afuera, vous savez de l'argentin Milley, mais en réalité Nicolas n'est pas nécessairement par essence libertarien.
00:58Mais il n'en peut plus de devoir dans un pays en plein effondrement, payer deux fois en fait.
01:03Vous voyez, l'école par exemple, ses impôts financent l'école publique.
01:06Puis à un moment, quand vraiment c'est la catastrophe, tant sur le plan du niveau que de la sécurité, de tout ce qu'on veut,
01:12eh bien il exfiltre son enfant et il le met dans une école privée, qui par ailleurs coûte moins cher que l'école publique, de façon absolue.
01:20Donc puisque son argent est jeté par les fenêtres, eh bien il préfère désormais le flécher, enfin il préférerait, devrais-je dire, vers des entreprises privées.
01:30Alors pourquoi ça peut susciter un conflit de génération ? En tout cas, une incompréhension.
01:35Vous savez, c'est très simple à comprendre.
01:37Il y a un sondage Odoxa du mois de juin dernier qui montre que 56% des Français pensent que leur situation sociale est moins bonne que celle de leurs parents au même âge.
01:47Et 67% pensent que leurs enfants vivront moins bien qu'eux.
01:52Or, chaque génération, elle a cette idée d'apporter sa pierre à l'édifice, de servir un petit peu d'escabeau à la génération suivante.
01:59Donc là, c'est la preuve que l'ascenseur social est cassé.
02:04On dit souvent qu'il est en panne.
02:05Non, s'il était en panne, on resterait tous au même niveau.
02:08Là, c'est un ascenseur social qui est descendant.
02:10Donc ce n'est plus un ascenseur, ça s'appelle un toboggan.
02:13Vous voyez, un toboggan social.
02:15Donc c'est vrai que Nicolas peut s'imaginer, et ça revient souvent,
02:19que ses parents, sur les réseaux sociaux, on les appelle volontiers, de façon ironique, Bertrand et Chantal,
02:25étaient plus riches que lui.
02:27Et que donc, ils devraient mettre la main au portefeuille et réduire leur retraite pour participer à l'effort national.
02:33Mais pour cette même génération, communément appelée, de façon un peu péjorative, disons-le, les boomers,
02:39outre qu'à titre individuel, ça c'est quand même un regard collectif,
02:42il y en a quand même un paquet qui ne sont pas très riches.
02:44Le minimum vieillesse, il n'est pas très haut.
02:46Et puis, ils ont l'impression que cette demande est injuste,
02:48parce qu'ils ont toujours joué les règles du jeu.
02:51Et ils se demandent pourquoi on changerait ces règles au moment où ils arrivent, par exemple, à la retraite.
02:56Alors, tout au plus, Nicolas peut-il reprocher à cette génération,
03:01alors encore une fois, c'est collectif, parce que moi je connais plein de boomers, entre guillemets,
03:05qui ont, comment dire, ramé à contre-courant,
03:09eh bien, d'avoir fait de mauvais choix électoraux.
03:12Voilà, ça c'est peut-être le cas.
03:13Parce qu'en réalité, on parle de la période pompidolienne,
03:17et celle qui a suivi comme d'un âge d'or,
03:21ce n'était pas nécessairement un âge d'or,
03:22c'était plutôt qu'on était en haut du toboggan.
03:24C'est sûr, on se sent mieux en haut qu'en bas.
03:26Et donc, en réalité, c'était le moment de la désindustrialisation,
03:30c'était le moment des grands choix sur l'immigration,
03:34sur le libéralisme globalisé, triomphant, la mondialisation, heureuse.
03:39Et puis, disons-le, de beaucoup d'utopies humanistes.
03:42Et Nicolas a pu avoir, à un moment, l'impression,
03:45même que ses parents, pris dans un élan d'humanisme de gauche,
03:49préféraient le lointain à leur prochain,
03:51c'est-à-dire ceux qui venaient de l'extérieur de la France
03:55à leurs propres enfants.
03:57Alors, de fait, parfois, il y a une génération
03:59qui peut en vouloir à une autre.