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00:00Et à 7h20 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, place à l'édito éco.
00:03Bonjour Olivier Babaud.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Ou plutôt Nicolas, Nicolas qui paye, ça c'est le hashtag qui fait beaucoup réagir ces dernières semaines sur les réseaux sociaux.
00:13Mais qui est Nicolas ? De quoi s'agit-il ?
00:15Ce Nicolas qui paye c'est un cri du cœur fiscal, le hashtag est né sur X et non pas sous X, n'est-ce pas ?
00:20Il est porté par une classe moyenne qui découvre ou redécouvre à quel point elle est en première ligne pour financer l'État Providence.
00:26L'idée, derrière chaque prestation, chaque service, chaque subvention, il y a Nicolas, prénom générique du contribuable actif à bon revenu, qui paye.
00:35Cette ironie qui est parfois amère, aide à la cantine, c'est Nicolas qui paye mais n'en bénéficie pas.
00:39Chômage, lui travaille mais c'est encore lui.
00:41École gratuite, il n'a pas le droit à la sectorisation qu'il souhaite mais il finance toujours.
00:45Un simple mouvement d'humeur de riches qui se plaignent selon vous ?
00:50C'est quand même plus sérieux que ça, ce hashtag met le doigt sur une réalité taboue.
00:53La division entre contributeurs nets et débiteurs nets du système.
00:58Dans une analyse dite élargie, incluant prestations, retraite, santé, éducation, services publics,
01:03l'INSEE a montré que 57% des ménages sont bénéficiaires nets,
01:07ce qui implique que 43% des ménages sont contributeurs nets.
01:10Mais notre modèle de redistribution, il est justement fait pour ça, Olivier.
01:14Oui, et ce n'est pas un scandale du tout en soi,
01:16mais ce que révèle ce mouvement, c'est que cette redistribution est de plus en plus pesante
01:19pour les moins riches des non-pauvres, si je puis dire.
01:22Les moins riches des non-pauvres.
01:24Les Nicolas, c'est la partie la plus modeste de ces 43%, c'est la classe moyenne, la moyenne supérieure.
01:28On peut gagner 3, 3 000 ou 4 000 euros par mois, être considéré comme riche,
01:31payer l'impôt sur le revenu, la CAG, les cotisations sociales,
01:34contribuer aux collectivités locales, à la solidarité nationale,
01:36sans jamais avoir accès à aucune aide spécifique et se sentir en définitive pas riche du tout.
01:41Mais alors, pourquoi ce mouvement, Nicolas qui paye, inquiète-t-il la gauche ?
01:44Parce que ce hashtag, c'est Nicolas qui paye, n'est pas seulement une blague ou un mouvement d'humeur,
01:49c'est une prise de conscience politique.
01:52Il déconstruit ce hashtag, le narratif huilé et ressassé à l'envie d'une société française injuste,
01:56où les pauvres victimes seraient exploitées par des nantis profiteurs.
01:59Le problème est inverse.
02:00Quand ceux qui financent massivement un système n'y croient plus,
02:03se sentent dépossédés du juste fruit de leurs efforts,
02:05le contrat social se fissure, c'est Nicolas, ce sont les nouveaux gilets jaunes en puissance,
02:09la révolte vient toujours d'un ras-le-bol fiscal.
02:11Est-ce qu'il faut revoir notre système, Olivier ?
02:13On savait déjà qu'il y avait des enjeux majeurs de remise à l'équilibre de ce système gravement déficitaire.
02:17On doit comprendre maintenant qu'il y a un autre impératif,
02:19celui de la lisibilité, de l'équité ressentie.
02:22Le consentement à l'impôt ne repose pas que sur l'arithmétique,
02:25il repose aussi sur le sentiment de justice.
02:27Et aujourd'hui, Nicolas doute.
02:29Il n'est pas contre le fait de payer en soi,
02:30mais il veut que cet argent soit utilisé efficacement et prélevé dans le respect de son travail.
02:35Autrement dit, Nicolas refuse d'être juste le dindon de la force fiscale.
02:38Voilà, et Nicolas, j'ai vu qu'il avait traversé la Manche au Royaume-Uni, il s'appelle Nick.
02:42Voilà, merci beaucoup Olivier Babaud.
02:44Signature Europe, bonne journée.

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