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  • 28/05/2025
Ce qu’on pourrait appeler la loi du tonneau percé peut être résumé ainsi : plus les connaissances sur le travail progressent par le truchement des sciences du travail (ergonomie, gestion, sociologie et psychologie du travail, clinique du travail, économie du travail…), plus les erreurs managériales se répètent. [...]

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Transcription
00:00Ce qu'on pourrait appeler la loi du tonneau percé peut être résumé ainsi.
00:13Plus les connaissances sur le travail progressent, par le truchement des sciences du travail,
00:18ergonomie, gestion, sociologie, psychologie du travail, clinique du travail, économie du travail,
00:25plus les erreurs managériales se répètent.
00:27C'est tout le paradoxe d'un management qui avance à reculot, comme disait Alfred Sovy, tout frein serré.
00:35Le savoir s'accumule donc, mais il ne pénètre pas vraiment les pratiques.
00:40Comme un tonneau percé, on remplit, mais rien ou presque n'en reste.
00:46Parmi ces croyances, ces superstitions et ces erreurs qui se répètent, on peut citer.
00:51L'homme est une ressource, il suffit de bien prescrire pour bien faire, le sens se donne, la culture se manage,
01:01la transformation se décrète, la fragilité antinomique avec la qualité, un ordre social efficace dans le temps et dans l'espace peut être planifié,
01:10un bon manager sait tout, il décide de tout, le leadership c'est le charisme, le management est une somme de techniques,
01:19la formation rend compétent, le bien-être précède le bien-faire, la discussion suffit pour faire émerger une intelligence collective,
01:29ce qui est efficace est vrai et donc juste,
01:31on peut planifier à l'avance et totalement les compétences nécessaires pour faire face à une situation de travail,
01:40l'IA peut résoudre les problèmes de management,
01:42ou encore il y a une force intrinsèque dans les idées vraies, etc.
01:47Vous comprenez donc pourquoi nous bricolons dans l'incurable depuis plusieurs années.
01:52Il me semble que nous avons oublié qu'il n'y a pas de bonne gestion ou de bon management
01:58sans infrastructures morales, culturelles et politiques,
02:03comme le disait déjà un des premiers consultants français de l'après-guerre, Octave Gélinier.
02:09En effet, d'une part, les techniques seules ne suffisent pas à penser et à accompagner
02:14la mise en œuvre des conditions nécessaires pour une performance durable,
02:19De part, les idées vraies ne suffisent pas pour transformer un bon escient,
02:25car les relations de pouvoir sont toujours tapis dans l'ombre.
02:29Nous avons donc intérêt à passer d'une stricte formation au management
02:34à une éducation au management,
02:37laquelle ne s'intéresse pas exclusivement aux techniques,
02:41mais aussi à l'homme du savoir.
02:44En effet, nous avons beaucoup produit de lois pour les objets,
02:47mais parallèlement, nous avons négligé les règles pour le sujet,
02:52comme le mettait en exergue jadis Gaston Berger.
02:56C'est pour cette raison que je m'associe aux chercheurs contemporains
03:00qui pensent qu'il est temps de passer,
03:04en ce qui concerne le management,
03:06d'une épistémologie de la production
03:08à une épistémologie de la réception.
03:11Car les bonnes idées sont sans valeur,
03:14ce qui compte, c'est celui qui les a,
03:17comme le disait Karl Kroos.
03:19C'est en trusme de le dire.

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