Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00On va parler de l'industrie de la pêche. Toujours aucune aide versée et pour ne rien arranger, les ONG écologistes continuent de bloquer le travail des pêcheurs.
00:10Votre travail, nous sommes avec vous, Jérôme Jourdain, vous êtes secrétaire général de l'Union des armateurs à la pêche de France.
00:16Ras-le-bol de ces blocages ?
00:17Oui, ras-le-bol de ces blocages et surtout ras-le-bol d'être considéré comme les boucs émissaires de la mauvaise santé des océans.
00:24Il ne faut pas oublier que la pêche française est l'une des plus encadrées au monde.
00:28Et malheureusement, on a encore les professionnels qui ont l'impression d'être sans cesse stigmatisés et qui aujourd'hui ont ras-le-bol de toutes ces invictives.
00:37Que vous font subir les ONG ?
00:39On a des ONG qui aujourd'hui ont un objectif qui est assez trouble, qui veulent clairement détruire la pêche française.
00:48On a par exemple l'ONG Blum dernièrement qui a fait une liste rouge des navires destructeurs des océans.
00:55Et ça, effectivement, ça nous pose question parce que même avec les ONG, on peut entretenir de très bonnes relations.
01:02Mais on se questionne quand même sur l'objectif, sachant qu'on est encore, pour une fois, leader dans le domaine mondial.
01:08Mais ils vous reprochent de racler les océans, de ne pas respecter les règles ?
01:13Ils nous reprochent de racler les océans, mais c'est un sujet facile pour nous, pour être attaqués.
01:20Pour moi, il n'y a pas de mauvais engins de pêche, il y a des mauvaises pratiques.
01:24Et quand on a des mauvaises pratiques, on sait les réglementer.
01:27Et s'il faut interdire des activités dans certaines zones, elles sont interdites.
01:29Si elles peuvent être autorisées et scientifiquement justifiées, elles demeurent.
01:33Et cette ambiance dégrade justement la situation économique des pêcheurs ?
01:38Vous savez, la situation économique reste difficile parce qu'on a subi sur les cinq dernières années
01:42trois grosses crises majeures.
01:45Le Covid, le Brexit, la guerre en Ukraine.
01:48Et du coup, on a effectivement d'un côté des charges d'exploitation des navires
01:51qui ont explosé ces dernières années.
01:53Et d'un autre, le prix du poisson qui lui stagne à l'achat.
01:56Mais ce n'est pas pour autant qu'on a aujourd'hui un message défaitiste.
02:00La pêche française, c'est une pêche historique, c'est une pêche très bien gérée,
02:04gérée durablement.
02:05Il y a du poisson, il y a un avenir pour la pêche.
02:07Et certes, les entreprises aujourd'hui subissent des difficultés.
02:10Mais si on leur donne les moyens d'être résilientes, elles le sont.
02:14Et c'est aussi pour ça qu'on a encore un message positif.
02:17Mais toutes les aides promises par les pouvoirs publics ne sont pas toutes arrivées ?
02:20On n'a pas pu remplacer ?
02:21Vous n'avez pas pu remplacer les bateaux, les chalutiers ?
02:24Le remplacement des bateaux et puis effectivement ce contrat stratégique de filière que l'on a,
02:28il va s'établir sur plusieurs années.
02:30Donc c'est une stratégie.
02:32Bien évidemment, ça va prendre du temps.
02:33On doit renouveler les bateaux, mais on ne va pas pouvoir le faire en cours.
02:38Vous diriez que vous êtes dans la même situation que les agriculteurs ?
02:41Écoutez, on est des producteurs.
02:43Notre rôle, c'est de nourrir les Français.
02:46Et effectivement, on rencontre des difficultés.
02:48Nous, ce qu'on veut, c'est avoir les meilleures conditions de travail
02:50pour pouvoir travailler sereinement et être surtout respecté.
02:53Mais qui souffre le plus ?
02:55Les petits indépendants ou aussi les grandes entreprises de la pêche industrielle ?
03:00Tout le monde, parce qu'on est tous dans le même bateau, si j'ai envie de le dire.
03:03Mais on a effectivement les mêmes contraintes.
03:06On est tous armateurs de bateaux.
03:09Et aujourd'hui, effectivement, il y a des règles qui s'imposent.
03:12Mais les règles, on les accepte.
03:13Les quotas de pêche, la réglementation.
03:15On est amenés parfois, effectivement, à contester quand elles sont trop rigides.
03:20Mais on est tous à la même enseigne.
03:21Vous dites que les prix n'augmentent pas pour le poisson.
03:23Et pourtant, on a l'impression que c'est cher, le poisson.
03:25Beaucoup de Français s'en privent.
03:26On ne comprend pas ?
03:27Le métier de pêcheur, c'est avant tout un métier de passion.
03:31Un métier très exigeant.
03:33Et effectivement, c'est quand même un métier rémunérateur.
03:36Sur une entrée, un matelot qui rentre en début de carrière touche 3 000 euros à peu près en moyenne.
03:43Et néanmoins, le prix du poisson est généralement capté très largement par les autres maillons de la filière.
03:48Et malheureusement...
03:49Les intermédiaires, vous voulez dire ?
03:50Les intermédiaires, voilà.
03:52Et malheureusement, le poisson, s'il est cher à l'étal pour le consommateur,
03:57ce n'est pas pour autant que le pêcheur gagne plus à la fin du mois.
03:59Et donc, c'est tout le paradoxe.
04:01Parce qu'on a effectivement un poisson qui est cher,
04:05mais le bénéfice de cette vente ne revient pas à celui qui le pêche.
04:09Donc, on retombe toujours dans le même problème,
04:10comme les agriculteurs qui ne gagnent pas leur vie en tant que producteurs.
04:13C'est ça, en fait.
04:14La chaîne prend trop d'argent entre-temps.
04:16Est-ce que les quotas aussi vous gênent ?
04:18Est-ce que les zones maritimes qu'on doit partager avec les Anglais, c'est toujours un problème ?
04:22Écoutez, les relations avec les Anglais, ça a toujours été problématique.
04:25Sur le Brexit, 5 ans après la mise en œuvre, on est toujours dans une période d'adaptation.
04:31Là, dernièrement, il y a eu des annonces sur lesquelles, effectivement,
04:33on aurait un peu plus de visibilité.
04:35C'est ce qu'on recherche, nous, surtout de la visibilité dans le temps.
04:38J'attends de voir ce que va donner, effectivement,
04:41ces relations entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.
04:45Le diable se cache toujours dans les détails.
04:48Mais on ne désespère pas que le gouvernement français
04:51et la Commission européenne sauront parfaitement défendre la filière.
04:54Il n'y aura pas de guerre maritime au large des côtes de Génie.
04:57On ne l'espère pas.
04:58D'accord.
04:59Concernant la pêche industrielle,
05:02c'est vrai que là, on voit qu'il y a certains grands groupes
05:03qui gagnent beaucoup d'argent.
05:04Eux ne sont pas à plaindre.
05:06Comment font-ils pour gagner leur vie ?
05:08C'est grâce au Coquille Saint-Jacques ?
05:10C'est grâce au homard ?
05:11C'est grâce aux produits ?
05:11Vous savez, le débat autour de la pêche industrielle n'en est pas.
05:15Enfin, c'en est un pour nos détracteurs
05:17qui, effectivement, cherchent, par le mot industriel,
05:20à nous qualifier de destructeurs.
05:22Non, il faut de tout.
05:23Il faut de tout parce qu'on va pêcher.
05:25Il faut des gros bateaux pour aller pêcher loin des côtes,
05:27des plus petits bateaux pour pêcher près des côtes.
05:28Et pour répondre à la demande,
05:29parce qu'il y a quand même une consommation
05:30qui reste soutenue en France, poissons.
05:33Ah oui, oui.
05:34On n'est pas loin.
05:34Donc, on est autour de 33 kg de consommation de poissons
05:39par an et par habitant.
05:40Et ce qui me mène justement à deux remarques.
05:42Il faut savoir que, premièrement,
05:45le poisson, ça reste une ressource naturelle
05:48et qui est des plus faibles en termes de carbone.
05:50En termes d'imprunt de carbone,
05:51on n'est pas sur de l'élevage.
05:52Et deuxièmement, 70% du poisson
05:55que l'on consomme aujourd'hui en France
05:57provient d'importations parfois de pays
05:59qui ne respectent pas du tout les mêmes standards que les nôtres.
06:03Ils sont moins chers ?
06:04Ils sont moins chers,
06:05mais ils viennent surtout en concurrence des nôtres.
06:06Alors que nous, on a des règles sanitaires,
06:08des règles environnementales et des règles sociales
06:10qui sont leaders au niveau mondial.
06:14Et pour autant, la question qu'il faut qu'on se pose,
06:16c'est est-ce qu'on veut toujours avoir du poisson français
06:18dans nos assiettes ?
06:19Et si oui, qu'est-ce qu'on fait pour aider l'affaire ?
06:20Je vais vous donner un exemple sur le macro.
06:22Par exemple, nous en France,
06:24on a baissé cette année 30% de notre quota.
06:27Et quand on voit des pays qui sont hors de l'Union européenne
06:29comme la Norvège, l'Islande ou les îles Ferrué,
06:32qui continuent à augmenter leur capture,
06:33c'est vraiment un deux poids deux mesures
06:34qu'on est amené à contester.
06:35Merci beaucoup d'être venu sur CNews.
06:37Jérôme Jourdin, secrétaire général de l'Union des armateurs à la pêche de France.
06:43Restez avec nous sur CNews.
06:44Jérôme Jourdin, secrétaire général de l'Union des armateurs à la pêche de France.