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«Anatomie d'une prédation» : Cécile Ollivier est l'invitée de Culture médias
Europe 1
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06/05/2025
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News
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00:00
Europe 1
00:00
Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hille et votre invité ce matin Thomas
00:06
Oui je reçois ce matin la journaliste du magazine Elle, Cécile Olivier
00:10
à l'origine des révélations parues sur le psychanalyste star et homme de médias
00:14
Gérard Miller accusé de dizaines d'agressions sexuelles et viols sous hypnose
00:18
et toujours présumé innocent
00:20
Où en est-il aujourd'hui de son parcours judiciaire Gérard Miller ?
00:24
Alors il y a une enquête qui est ouverte et qui a été confiée à la brigade des mineurs
00:29
à ce jour il n'a pas été entendu, il n'a pas été placé en garde à vue
00:35
ce que l'on sait c'est que toutes celles qui ont déposé plainte
00:38
alors à notre connaissance, parce que le parquet de Paris refuse de confirmer le nombre de plaintes
00:44
mais à notre connaissance il y en a 11
00:47
elles ont toutes été entendues, certaines ont été expertisées par des psychologues
00:54
et là à notre connaissance c'est à l'arrêt
00:57
bon il faut savoir que la brigade des mineurs a 2000 dossiers par an
01:00
avec des dossiers gravissimes, des violences intrafamiliales, des viols sur mineurs etc
01:05
et qui vont au plus urgent
01:07
mais il sera entendu un jour ça c'est sûr
01:09
Alors après votre enquête dans Elle, là c'est vrai que vous allez plus loin aujourd'hui
01:13
avec ce livre signé avec votre consoeur Alice Augustin
01:16
Anatomie d'une prédation, l'idée c'était de tenter de comprendre comment cet homme a pu agir pendant 30 ans
01:24
sans que finalement personne l'arrête, c'était ça l'idée de ce livre ?
01:27
Voilà alors déjà on était un peu frustrés parce qu'on avait énormément de matière, de témoignages
01:32
on en a plus de 80 donc on voulait aller plus loin
01:35
Parce que vous avez beaucoup d'autres témoignages qui sont tombés après votre enquête dans Elle, c'est ça ?
01:39
Oui et qui continuent d'ailleurs à tomber encore
01:41
alors c'est pas 80 agressions
01:43
on a dénombré 7 accusations de viol
01:46
26 accusations d'agression sexuelle
01:48
et le reste c'est ce qu'on appelle du contexte
01:50
c'est-à-dire des propositions d'hypnose
01:52
où les filles sont parties au dernier moment
01:54
des propositions malaisantes etc
01:57
mais effectivement on s'est demandé justement
01:59
comment avec autant de femmes le mettant en cause
02:02
sur 30 ans
02:04
dans tellement de milieux différents
02:06
donc à la télévision, à la fac de psycho
02:08
où il était directeur du département de psychanalyse
02:11
dans le cinéma
02:12
également par certaines actrices
02:14
on s'est demandé comment
02:15
il avait pu passer sous les radars
02:18
pendant tellement de temps
02:20
est-ce que vraiment il n'y avait jamais eu aucune alerte
02:22
et on découvre qu'il y avait eu quand même certaines alertes
02:25
Parce que ce dont vous parlez là, Cécile Olivier
02:27
c'est vraiment d'un système en fait
02:29
qui a été mis en place
02:30
pour l'instant
02:31
ce sont plus de 80 femmes là
02:33
qui se sont manifestées
02:34
qui ont dénoncé ces agissements
02:36
et en fait vous racontez en détail
02:38
et sa méthode
02:39
et sa méthode c'était toujours un petit peu la même
02:41
Alors oui, système je ne sais pas
02:44
en tout cas nous on a parlé de mode opératoire
02:46
alors si on prend l'univers de la télévision
02:49
parce qu'il y a plusieurs sphères
02:50
où il a gravité
02:51
Oui mais à chaque fois c'est un peu la même chose
02:53
Voilà, l'univers de la télévision par exemple
02:55
on voit ce que nous racontent
02:57
les gens qui y ont travaillé
02:59
c'est que systématiquement
03:00
tous les jours
03:00
il allait à la rencontre du public
03:03
et notamment des jeunes filles
03:06
de très jeunes filles
03:07
la moyenne d'âge c'est 19 ans
03:09
mais parfois moins
03:11
parfois 15-16 ans
03:13
et qu'il allait toujours à leur rencontre
03:15
de façon très courtoise
03:17
leur demander en quelle classe elles étaient
03:20
d'ailleurs les techniciens des émissions
03:22
lui avaient donné un surnom
03:23
Gérard, t'es en quelle classe ?
03:25
parce que c'était la question qui revenait tout le temps
03:28
Gérard, t'as quel âge ?
03:29
ou Gérard, t'as quel âge aussi ?
03:31
et puis il y avait des invitations à déjeuner
03:34
ou à des spectacles
03:35
et puis après des invitations chez lui
03:37
où ça c'est étrange
03:39
il faisait toujours visiter ce bel hôtel particulier
03:42
où il habite dans l'Est parisien
03:45
et puis après des propositions d'hypnose
03:48
d'ailleurs il ne s'en cachait pas
03:49
qu'il était passionné par l'hypnose
03:51
il l'a même raconté dans certaines émissions
03:53
il a même écrit des livres dessus
03:55
et là selon les récits de nos témoins
03:58
et de certaines plaignantes
03:59
et bien la séance d'hypnose
04:01
était prétexte à leur dire de se déshabiller
04:05
et certaines disent avoir subi des attouchements
04:09
et pour certaines des viols
04:11
mais ce mode opératoire
04:13
il existait aussi à la fac
04:15
où il était enseignant
04:17
et où il était directeur du département de psychanalyse
04:19
où là c'est des étudiantes qui racontent
04:21
qu'il leur posait des questions à la fin des cours
04:25
proposait de les aider pour un mémoire
04:28
ou de leur prêter des livres
04:29
et puis certaines disent avoir été invitées chez lui
04:32
et là aussi propositions d'hypnose
04:34
et certaines rapportent
04:36
une dizaine d'étudiantes en tout
04:37
rapportent des agressions
04:39
L'émission dont vous parlez plus particulièrement
04:41
Cécile Olivier
04:43
c'est un talk show qui était quotidien
04:45
sur France 2
04:46
et dans lequel Gérard Miller était une star
04:48
parce qu'il avait son nom de serviette
04:49
il y était tous les soirs
04:50
on a tout essayé
04:51
présenté par Laurent Ruquier
04:52
en Access Prime Time
04:54
émission qui faisait parfois
04:55
3 millions de téléspectateurs
04:57
et ce qu'on vous raconte
05:00
parce que vous êtes allé interroger
05:02
des chroniqueurs de cette émission
05:03
c'est que finalement
05:05
même si oui
05:06
des techniciens ont pu voir
05:08
des petites choses
05:08
en tout cas le fait
05:09
qu'ils s'adressaient beaucoup au public
05:11
et à des jeunes filles
05:11
en particulier dans le public
05:12
tous le prenaient pour un dragueur
05:15
voilà alors
05:17
c'est pour ça qu'on a trouvé ça intéressant
05:20
ce fil à tirer
05:21
cette impunité
05:24
dont il aurait bénéficié
05:25
c'est lié à une époque
05:27
et à certains milieux aussi
05:28
et le milieu de la télévision
05:29
on voit quand même
05:30
que les techniciens
05:32
techniciennes notamment
05:33
avaient quand même vu
05:35
des petites choses
05:35
vous savez ces gens
05:36
qui nous équipent avec des micros
05:37
ils avaient le son
05:38
et qui après
05:39
ils entendent ce qu'on dit
05:40
même si on va dans les couloirs
05:42
même si on s'éloigne
05:43
et donc les techniciens
05:44
nous rapportent
05:45
ce qu'ils appelaient
05:46
son manège
05:47
c'est à dire
05:47
ce que je viens de vous dire
05:48
qu'ils avaient bien remarqué
05:49
qu'il allait tous les jours
05:50
à la rencontre
05:52
de jeunes filles
05:52
et que parfois
05:53
ils prenaient leur numéro de téléphone
05:54
qu'ils faisaient visiter les loges
05:56
etc
05:56
mais ce milieu
05:58
des techniciens
05:59
n'avait pas vraiment
06:00
de communication
06:01
avec les chroniqueurs
06:03
qui étaient de véritables stars
06:05
à l'époque
06:05
vous l'avez dit
06:06
c'était une émission
06:07
qui était extrêmement populaire
06:08
à l'époque
06:09
et il faut se remettre
06:09
dans le contexte
06:11
et qu'il n'y avait pas
06:11
les réseaux sociaux
06:12
par exemple
06:12
donc la télévision
06:14
était au fait
06:14
de sa puissance
06:16
et là les chroniqueurs
06:17
le disent
06:18
avec je pense
06:19
bonne foi
06:20
qu'ils n'avaient absolument
06:21
rien vu
06:23
et même c'est Isabelle Mergot
06:24
qui nous dit
06:24
mais non mais c'est les gens
06:25
qui venaient vers nous
06:26
c'est les gens qui venaient
06:27
nous demander
06:28
des autographes
06:29
tellement on était
06:30
même la féministe
06:31
Isabelle Alonso
06:31
Isabelle Alonso
06:33
qui pourtant
06:34
était l'une des premières
06:37
féministes
06:37
et qui nous dit
06:38
mais moi je dénonçais
06:39
les vagues
06:40
les blagues sexistes
06:41
en plateau parce qu'il y en avait
06:43
faut pas se mentir
06:44
et je dénonçais
06:44
les machos
06:45
mais pour Gérard Miller
06:46
j'ai rien vu
06:47
alors il voit quand même
06:48
il voyait
06:49
il avait cette réputation
06:51
un peu de dragueur
06:52
de Don Juan
06:53
d'amateur de très jeune fille
06:54
puisque certaines assistantes
06:56
de production
06:56
notamment
06:57
nous racontent que
06:58
les rédacteurs en chef
06:59
leur blague préférée
07:00
c'était de dire
07:00
ah mais toi t'as 22 ans
07:01
t'es beaucoup trop vieille
07:02
pour lui
07:03
c'est ça
07:04
mais de là à s'imaginer
07:05
ce qui se passait
07:06
dans son hôtel particulier
07:07
c'est normal que
07:08
l'équipe ait rien vu
07:09
voilà après
07:09
la conclusion qu'on a
07:11
avec Alice Augustin
07:13
avec qui j'ai écrit le livre
07:14
c'est qu'on pense
07:15
qu'ils sont honnêtes
07:15
quand ils disent
07:16
qu'ils ont rien vu
07:17
mais on pense aussi
07:18
que parfois
07:19
on voit pas ce qu'on a
07:19
sous les yeux
07:20
parce qu'on est dans
07:22
un milieu
07:22
où il y a de la domination
07:25
où les infos
07:26
ne circulent pas forcément
07:27
et puis parce qu'on est
07:27
dans une époque
07:28
dans une époque
07:30
où
07:30
ben voilà
07:31
un quincagénaire
07:32
qui va tous les jours
07:33
à la rencontre
07:34
de très jeunes filles
07:35
ben on voit pas le problème
07:36
mais alors derrière
07:37
l'une des questions
07:38
qu'on se pose
07:38
tout au long de ce livre
07:39
c'est pourquoi
07:40
aucune de ces femmes
07:41
n'a osé porter plainte
07:42
tout au long
07:43
de ces années
07:44
et ce que vous nous apprenez
07:45
et on va en parler
07:46
dans un instant
07:47
c'est qu'une femme
07:48
a bien osé porter plainte
07:49
mais qu'elle n'a pas
07:50
suffisamment été entendue
07:52
à l'époque
07:53
on en parle dans un instant
07:54
mais d'abord
07:54
c'est l'actu des médias
07:55
qui arrive
07:55
oui avec le journal des médias
07:57
de Julien Pichnet
07:57
qui arrive dans un instant
07:58
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