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  • 23/04/2025

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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Stéphanie Demuru.
00:05Toujours en direct, Europe 1 Soir, deuxième partie avec nos débatteurs de la deuxième heure.
00:12Georges Fenech, ancien magistrat, député honoraire du Rhône. Bonsoir Georges.
00:15Bonsoir, Stéphanie.
00:16Raphaël Stainville, directeur adjoint des rédactions du JDD. Bonsoir Raphaël Stainville.
00:21Et puis notre invité, Constantin de Vergennes, journaliste à France catholique.
00:26Bonsoir Constantin de Vergennes.
00:28On vous a invité évidemment pour parler de cette journée dont on se souviendra.
00:34Les images étaient empreintes de solennité.
00:38Ce matin, ce cercueil porté par des membres du cérémonial du Vatican, costume sombre,
00:43les gardes suisses qui escortaient le pape suivi des cardinaux en couleur pourpre.
00:49Alors c'est vrai qu'on a beaucoup dit que le pape François voulait des funérailles simples,
00:54de simples fidèles parmi les fidèles.
00:57Bonsoir, c'était assez grandueux, quand même assez majestueux ce matin.
01:02Oui, les images étaient très très belles.
01:04Le son aussi, on l'entendait d'ailleurs assez bien dans les retransmissions,
01:07avec ce glas des cloches, des très grandes cloches de Saint-Pierre-de-Rome,
01:10avec ce rythme qui est toujours saisissant,
01:12qui renvoie toujours à ce qu'on entend dans les enterrements de tout un chacun.
01:16Les cloches, on est toujours habitué à ce que ça fasse des mélodies,
01:18ou à ce que ça sonne à la volée.
01:20Et là, il y a ce rythme très lent, avec ces psaumes chantés en grégorien.
01:24C'est sûr que c'est magnifique.
01:26Et a priori, on pourrait se dire qu'il y a une opposition entre la volonté du pape François,
01:31d'avoir cette humilité, cette simplicité.
01:34Mais c'est bien la preuve que la fonction de pape dépasse la simple personne,
01:39et que le pape reste le pape, et qu'on ne déroge pas la règle,
01:44et que le rite est fixé.
01:48Et d'ailleurs, le pape François n'avait pas réformé cette partie du rite.
01:53Donc, toute cette procession était en quelque sorte également voulue par lui.
01:58Mais c'est vrai que c'était particulièrement majestueux.
01:59Et tout finalement, alors pardonnez-moi d'employer ce terme,
02:03mais tout ce spectacle, il y a quelque chose de théâtral qui confine à la mythologie sacrée,
02:08qui fascine au-delà du monde chrétien.
02:13Cela reste, cela donne vraiment une impression d'éternité, finalement.
02:17C'est fascinant. En tout cas, c'est vrai, c'est ce qu'on entend beaucoup.
02:20Même des personnes qui sont très éloignées de la foi ne peuvent pas rester insensibles.
02:24C'est vrai que les images sont magnifiques.
02:28Deux raisons. D'abord, il y a l'objet de la cérémonie, si je puis dire,
02:33qui est très émouvant. C'est-à-dire qu'on voit ce corps porté.
02:36On l'a beaucoup dit, mais c'est vrai que dans une société,
02:38où on ne veut plus voir la mort, on ne veut plus voir même la vieillesse,
02:42voir ce corps faible, d'autant plus faible,
02:47a fortiori évidemment que c'est le corps d'un défunt,
02:49porter comme ça, avec les honneurs qu'on lui rend,
02:53il y a quelque chose un peu de rassurant,
02:54qui montre que la vie ne se termine pas au moment de la mort.
02:59Et puis, bien sûr, il y a le cadre qui est magnifique,
03:01qui est Saint-Pierre-de-Rome.
03:02Et encore, il faut préciser qu'on ne se rend pas bien compte dans les images,
03:05mais Saint-Pierre-de-Rome, c'est vraiment une basilique qui est absolument immense.
03:10On dit que c'est peut-être parmi les plus grandes églises du monde.
03:14Et tout est fait, les proportions de cette basilique sont superbes.
03:20Et donc, effectivement, ça donne ces images incroyables.
03:23Vous parliez, Constantin de Vergènes, de ce corps.
03:27C'est vrai que ce n'est pas forcément courant.
03:30Ça se perd de plus en plus, ces cercueils ouverts.
03:34Est-ce que c'est lié à la religion catholique ?
03:37Pourquoi est-ce important, justement, de venir se récueillir face, justement, à ce corps ?
03:42La religion catholique, c'est la religion de l'incarnation.
03:45Et il y a cette idée que le corps ne devient pas un objet dont on peut disposer une fois que la mort survient.
03:54C'est la raison pour laquelle, pendant des siècles, jusqu'à récemment,
03:58on honorait les corps.
04:01Même Georges Brassens, dans une chanson dont le titre m'échappe,
04:05où il parle au fond des funérailles d'antan.
04:07Il parle de cette nostalgie de l'époque, de toutes ces pompes pour tout le monde.
04:11Tous les fidèles avaient le droit à un rite précis.
04:16Et il faut dire que les fidèles, ensuite, viennent se recueillir,
04:19aussi pour prier pour le pape,
04:21prier pour son âme, pour se recueillir.
04:27On peut le faire devant un cercueil fermé, Georges Fenec.
04:30Vous, ça vous inspire quoi ?
04:32Parce que c'est vrai qu'il y a toujours quelque chose d'extrêmement,
04:34à la fois fascinant, et à la fois, peut-être, qui peut faire peur,
04:37pour certains, en tout cas.
04:39Moi, on me l'a dit, je parlais à des gens,
04:41on me dit, mais pourquoi on laisse ce cercueil ouvert ?
04:43C'est un petit peu étonnant.
04:45Mais regardez, je dirais, pour des hommes ordinaires, si je puis dire.
04:51Maintenant, vous avez, dans des salles funéraires,
04:54la présentation du corps, également,
04:56dans des conditions tout à fait acceptables,
04:59présentables,
05:01et ça fait partie, aujourd'hui,
05:03de nos rites,
05:05de voir le corps, les familles, c'est ce qu'elles font,
05:07également, sauf ceux qui ne tiennent pas, bien entendu.
05:10Et là, que ce soit le pape, effectivement,
05:11son visage marqué, on le voit par la souffrance, en plus.
05:15Donc, c'est très symbolique de montrer cette souffrance
05:17qu'il a offerte à Dieu,
05:19dit-il, dans son testament.
05:21Non, tout cela provoque
05:23beaucoup d'émotions,
05:26moi, ça ne me choque pas du tout, au contraire,
05:27je trouve que c'est, voilà,
05:29c'est une incarnation, c'est ce que vous dites, un seul terme,
05:32c'est une église incarnée,
05:33et le pape incarne aussi,
05:36incarne l'église,
05:37incarne la présence de Dieu parmi nous.
05:39Raphaël Stainville ?
05:40Oui, je pense que ce rite,
05:42cette exposition du corps du pape François,
05:45mais pas seulement de lui,
05:47finalement, dans un certain nombre de familles,
05:49le fait de pouvoir
05:50se recueillir sur ce corps,
05:54sans vie,
05:55c'est aussi une manière de pouvoir,
05:57je pense,
05:58faire son deuil,
05:59de commencer son deuil,
06:01c'est-à-dire de pouvoir matérialiser
06:04la mort,
06:06cette absence de vie,
06:08et peut-être aussi,
06:09pour ceux qui croient,
06:11la certitude,
06:12l'intime conviction,
06:14que ce corps,
06:16finalement,
06:17un jour,
06:17deviendra un corps glorieux,
06:18et qu'on pourra se retrouver
06:19dans les cieux,
06:21je pense que, voilà,
06:22ça participe,
06:23ça participe de cette possibilité
06:24d'espérer,
06:26c'est une chance,
06:28en fait,
06:28qui est donnée aux fidèles,
06:30que de pouvoir se recueillir,
06:32d'aller, finalement,
06:33vers celui
06:34qu'ils nomment leur père,
06:36en fait,
06:36le pape,
06:36c'est le père des chrétiens,
06:39et donc,
06:39c'est pour ça,
06:40je pense que cette foule
06:41est si nombreuse aujourd'hui,
06:42c'est que,
06:43pour les chrétiens,
06:43il y a un véritable besoin
06:45de dire adieu,
06:47dans cette espérance,
06:49de pouvoir se recouvrer au ciel.
06:52Justement,
06:53Guillaume,
06:53pardon,
06:54Constantin de Vergès,
06:56Vergène,
06:58pardon,
06:58décidément,
06:59on parlait de ce pape
07:02qui avait parfois
07:02des relations un peu compliquées,
07:04peut-être,
07:04avec la vieille Europe,
07:06on disait qu'il était
07:07parfois incompris,
07:08cette ferveur montre
07:10tout l'inverse,
07:11n'est-ce pas ?
07:13Oui,
07:13après,
07:13l'un n'empêche pas l'autre,
07:15en fait,
07:16le pape,
07:16le pape reste le pape,
07:18et,
07:19comme le disait Raphaël,
07:21le pape,
07:21pour les catholiques,
07:22reste un père,
07:23et donc,
07:24quand bien même
07:24il pourrait y avoir
07:25des divergences,
07:26il y a ce lien d'affection
07:28qui doit rester,
07:30c'est aussi pour ça,
07:31d'ailleurs,
07:31que l'église catholique,
07:33me semble-t-il,
07:35est une institution
07:35qui dure depuis 2000 ans,
07:37c'est qu'il y a cette personnalité
07:39très forte du pape,
07:41et quand bien même
07:42on ne serait pas d'accord
07:43avec lui,
07:45eh bien,
07:45il reste le pape,
07:47et il faut le respecter,
07:50et quand on fait ça,
07:52au moment de la mort,
07:54eh bien,
07:54on met ça de côté,
07:56et la moindre des choses,
07:57c'est d'aller,
07:57voilà,
07:58d'aller se recueillir,
07:59et...
08:00Que retiendrez-vous
08:01de ce pape ?
08:03Je retiendrai,
08:04eh bien,
08:05au-delà de la vitalité
08:08de l'énergie
08:08qu'il avait,
08:09qui était très impressionnante,
08:11et de ses grandes phrases,
08:13qui sont très porteuses,
08:14à mon avis,
08:15qui resteront sur cette idée
08:16d'église qui doit aller
08:17au périphérique,
08:17qui doit aller voir les pauvres,
08:19peut-être,
08:20pour un prisme français,
08:22je retiendrai particulièrement
08:23son voyage en Corse,
08:24parce qu'il y a développé
08:26une notion de saine laïcité,
08:28qui, à mon avis,
08:29est une notion très importante,
08:32qui devrait être creusée
08:33par son successeur,
08:36et notamment aussi
08:37par les catholiques français,
08:39cette idée selon laquelle
08:40la laïcité n'implique pas
08:42un rejet par la culture
08:45de la religion,
08:47qu'il ne faut pas
08:47une barrière étanche,
08:48et que,
08:49notamment par le prisme
08:50de la foi populaire,
08:52alors en Corse,
08:52c'est les processions,
08:53tous ces beaux événements,
08:56eh bien,
08:57l'État,
08:59les personnalités de l'État,
09:00et le peuple,
09:01les fidèles,
09:02peuvent se retrouver
09:04sans seigneur.
09:05Raphaël Stinville,
09:06c'est vrai qu'on en a
09:07déjà parlé,
09:08mais pas forcément ensemble,
09:10cette laïcité
09:11à la française,
09:12que, manifestement,
09:13le pape avait peut-être
09:13du mal à comprendre,
09:15ceci expliquait,
09:16peut-être qu'il ne soit pas
09:17venu à Notre-Dame
09:18de Paris.
09:19Alors,
09:19je ne suis pas sûr
09:19que ça explique,
09:20il avait un rapport compliqué
09:23avec les politiques,
09:26notamment français,
09:27effectivement,
09:28vous avez raison,
09:28la laïcité à la française
09:30lui était,
09:33oui,
09:34une source d'inquiétude,
09:35peut-être même,
09:36il ne comprenait pas
09:37qu'elle soit presque
09:38devenue une sorte
09:39de religion
09:41qui vienne s'opposer
09:43aux croyances
09:45de ceux
09:47qui vivaient en France.
09:49Pour autant,
09:50c'est vrai qu'il y avait,
09:50et moi,
09:51j'étais également présent
09:52encore à l'occasion
09:53de ce voyage du pape,
09:55en dépit d'un certain
09:56nombre d'incompréhensions
09:57entre un certain nombre
10:00de croyants en France
10:01et le pape,
10:02il y avait quand même,
10:03malgré tout,
10:04cet attachement,
10:04cette piété filiale
10:05que l'on a pu vivre,
10:08admirer,
10:09même cette,
10:11oui,
10:12c'est vrai que c'était
10:12des foules considérables,
10:14c'était vrai encore,
10:14c'était vrai à Marseille,
10:16j'ai moins suivi
10:17à Strasbourg,
10:18mais c'était à un moment
10:18presque plus politique,
10:20donc,
10:21il était au Parlement,
10:22enfin,
10:23il n'est pas venu
10:24à la cathédrale.
10:24Mais c'est vrai que,
10:25malgré les différences,
10:26malgré les incompréhensions
10:27entre les Français
10:27et parfois le pape,
10:29il y avait un attachement
10:30qui fait que,
10:31moi,
10:31ça me fait penser
10:32à une phrase de Claudel,
10:33c'est-à-dire qu'on nous donne
10:34des papes,
10:34mais c'est dans
10:35les Suis de Satin,
10:36Claudel dit
10:37« Dieu écrit droit
10:37avec des lignes courbes ».
10:39Alors,
10:39parfois,
10:40on a un pape
10:40qui nous satisfait,
10:42d'autres moins,
10:43mais il y a quelque chose
10:44qui nous demeure
10:46un petit peu,
10:47oui,
10:48inconnu,
10:49mais dont seul Dieu
10:50a le secret
10:51et connaît le but.
10:52Georges Pénèque,
10:53on a vu que la curie romaine
10:54avait été un petit peu
10:55secouée par ce pape.
10:58Vous,
10:59vous en retiendrez quoi ?
11:01Mais ce que vous avez
11:02très très bien dit
11:03tout à l'heure,
11:04c'est-à-dire,
11:04en fait,
11:05c'est un pape
11:06du monde catholique,
11:09mais au-delà.
11:10C'est un pape du peuple.
11:12Ce qui explique,
11:12d'ailleurs,
11:13ses réactions mondiales
11:14partout,
11:15au-delà même
11:15des croyants
11:17et de la foi catholique.
11:18Il a imprégné
11:19de sa personnalité,
11:22de son humilité,
11:24de son souci
11:25des marginaux,
11:27des clandestins,
11:29des migrants,
11:29des pauvres,
11:31des périphériques.
11:32On retiendra cela.
11:33D'ailleurs,
11:34il a tout de suite...
11:34Ça n'a pas toujours été compris
11:36par tous les chrétiens,
11:37notamment les catholiques
11:39traditionnalistes.
11:40Souvenez-vous,
11:41l'un de ses premiers gestes,
11:42ça a été de laver les pieds,
11:43comme faisait le Christ.
11:46Donc,
11:46cette humilité
11:47qu'il a toujours recherchée,
11:49c'est cela
11:49qu'on retiendra.
11:52Après,
11:53l'a-t-on bien compris ?
11:56Est-ce que c'était
11:57un pape progressiste ?
11:58Apparemment,
11:58non.
11:59On ne peut pas dire
11:59que c'était un pape progressiste.
12:01C'était un pape tout court.
12:02Il n'était ni progressiste,
12:04ni conservateur.
12:05C'est ce que je pense,
12:06en tout cas.
12:06C'est ce que vous pensez aussi,
12:08Constantin de Vergen ?
12:09Oui,
12:10il faut vraiment se méfier
12:10des étiquettes,
12:12notamment sur
12:13tous les sujets
12:15qu'on dit sociétaux
12:16sur l'euthanasie,
12:18sur l'avortement.
12:19Il a tenu des propos
12:20qui étaient
12:20particulièrement
12:22clairs,
12:25dans la lignée,
12:25d'ailleurs,
12:26de la doctrine,
12:27du dogme catholique.
12:30Et ça aussi,
12:31je pense que ça restera.
12:33C'est des propos
12:33qui n'étaient pas
12:34autant relayés
12:36que les autres.
12:37Et pourtant,
12:38il y avait
12:38une grande cohérence
12:40chez lui.
12:41Par exemple,
12:42la question des migrants
12:44a pu être un peu
12:44incomprise
12:45quand il était à Marseille.
12:46Mais lui faisait le lien
12:47entre les migrants
12:49et l'euthanasie
12:52en disant
12:52que les vieilles personnes
12:54qui étaient parquées
12:56en attente
12:56d'une mort douce
12:57étaient en réalité
12:59non pas promises
12:59à une mort douce
13:00mais à une mort plus salée
13:01que les eaux de la mer.
13:03Merci Constantin
13:04de Vergen,
13:05journaliste à France catholique
13:06d'avoir été avec nous
13:07Europe 1.

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