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L'édito de Mathieu Bock-Côté : «François, un pape qui cassait les codes»
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21/04/2025
Dans son édito du 21/04/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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TV
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00:00
Ce pape qui aura frappé les esprits et que plusieurs, finalement, jugeaient controversé.
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C'est le terme médiatique qui s'applique à peu près tout le monde aujourd'hui.
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Mais alors, revenons, en fait, il s'agit de l'inscrire dans une série, appelons ça,
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une histoire des trois papes, appelons ça ainsi, pour comprendre son originalité.
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Je vous interromps parce qu'on a ici les images en direct d'Anne Hidalgo et d'Ariel Veil,
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le maire de Paris-Centre aussi, qui arrive à Notre-Dame de Paris.
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Olivier Benkemoud se demandait si Anna Hidalgo avait fait le déplacement.
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Elle est là, elle sera présente donc à cette messe en hommage au pape François.
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Excusez-moi, cher Mathieu, je vous ai interrompu.
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Vous, surtout, c'est la faute d'Anne Hidalgo, encore une fois.
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Alors, soyons sérieux.
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C'est intentionnel.
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Alors, le point de départ, on pourrait dire, c'est qu'il faut l'inscrire dans une histoire des trois papes, je crois,
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pour comprendre l'originalité du personnage, l'originalité de son héritage,
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certains diraient de sa dimension révolutionnaire.
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Alors, point de départ des trois papes dont je parle évidemment, c'est Jean-Paul II, élu en 1978,
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pape polonais s'il en est un, pape éminemment politique, on pourrait dire de Jean-Paul II,
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qu'il s'agit non seulement d'un grand homme d'église, mais d'un grand homme d'État au XXe siècle,
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qui va jouer un rôle majeur dans la résistance au communisme de l'autre côté du rideau de fer.
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En fait, c'était un pape d'au-delà du rideau de fer, en quelque sorte,
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et qui avait le souci, et c'est certainement pas sans intérêt aujourd'hui,
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de défendre les cultures nationales.
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Il avait une conscience très intime de l'importance des identités collectives.
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Et Jean-Paul II était un pape profondément européen, profondément européen,
01:34
conscient que l'avenir du monde se jouait en Europe, au moment de la guerre froide évidemment,
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et qui a joué non seulement un rôle dans la chute du communisme, dans la libération des pays de l'Est,
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et plus encore, il avait conscience de la nécessité d'un nouveau travail d'évangélisation des jeunes générations.
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Donc on a parlé de la génération Jean-Paul II, le rôle essentiel des JMJ dans son héritage.
01:55
Donc il y a, chez Jean-Paul II, c'est probablement dans les papes du XXe siècle,
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celui qui a le plus marqué la conscience collective des Occidentaux.
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Il ne se réduit pas, par ailleurs, à son grand-œuvre politique, son grand-œuvre spirituelle.
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C'est aussi un pape qui, dans ces dernières années, peut-être un Saint-Cyde, dont on a gardé son souvenir,
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qui a voulu incarner physiquement la dignité humaine, même jusque dans la décrépitude physique,
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c'est-à-dire la tentation qu'ont les contemporains aujourd'hui de dire
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« si vous êtes diminués physiquement, vous avez une existence indigne,
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et pourquoi ne pourriez-vous pas quitter ce monde plus rapidement ? »
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Manifestement, Jean-Paul II anticipait sur ces querelles et disait
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« non, la vie mérite d'être vécue, même publiquement, jusque dans la déchéance physique,
02:33
qui n'est pas une déchéance de la dignité, qui n'est pas une déchéance de l'âme. »
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Donc un pape très européen, un pape très politique,
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un pape où l'Europe se confondait encore, probablement parce qu'il était encore une fois polonais,
02:44
l'Europe se confondait avec la chrétienté et qui se confondait avec l'Europe.
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Dans le cas de la Pologne, c'était très incarné, ne l'oublions pas.
02:51
Benoît XVI, pape qu'on a souvent dit de transition, mais qui ne l'était pas finalement.
02:55
Très injuste.
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En fait, c'est un pape absolument majeur.
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Alors, ce n'était pas un pape politique dans son cas, c'était vraiment un pape intellectuel,
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c'était un pape philosophe, un pape théologien.
03:03
Et l'originalité du moment Benoît XVI, c'est que voilà un homme qui constate
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que le catholicisme est désormais minoritaire en Europe,
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et il faut assumer, donc l'Europe n'est plus la chrétienté qui n'est plus l'Europe,
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il faut assumer le statut minoritaire en quelque sorte du catholicisme
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pour engager une nouvelle tâche d'évangélisation de l'Europe, nous disait Benoît XVI.
03:23
Benoît XVI qui s'inquiétait non seulement de la déchristianisation de l'Europe,
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mais aussi, je crois que c'est important, surtout en lien avec celui qui suivra,
03:33
de la désuropéanisation du catholicisme, de la désuropéanisation du christianisme.
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Qu'est-ce que j'entends par là ?
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On pourrait dire que le catholicisme, on me corrigera peut-être lorsque je dis ça,
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mais c'est la conjugaison de la révélation chrétienne,
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mais aussi de la pensée grecque et du droit romain.
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Donc le catholicisme a pu émerger véritablement dans une civilisation
03:50
qui était prête à l'accueillir et déployer tout son potentiel philosophique, théologique, culturel.
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Et le fait est que Benoît XVI s'inquiétait avec d'autres
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de cette désuropéanisation possible du catholicisme.
04:02
Et c'est un pape philosophe, un pape intellectuel,
04:04
un pape qui aura cherché à faire de l'enjeu de la question de l'identité catholique de l'Europe,
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mais pas seulement, un enjeu de civilisation majeure.
04:12
Deux grands discours ont marqué son pontifiquat,
04:14
évidemment celui de Ratisbonne, en 2006, où il pose la question du rapport à l'islam.
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Donc, qu'on l'ait dit comme ça ou non, c'était le choc des civilisations
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traduit dans le langage d'une méditation sur la foi.
04:25
Et le discours des Bernardins, dans le rapport à la modernité,
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où il posait une question fondamentale.
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On dit souvent, mais même si on n'a plus la foi, on doit conserver la culture chrétienne.
04:34
Et Benoît XVI, d'un instant, vous croyez qu'on peut sauver une culture chrétienne
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sans avoir la foi qui l'érigue, ne vous faites pas d'illusions en la matière.
04:41
Et Benoît XVI avait cette idée que la raison est éclairée par les révélations,
04:45
et la révélation est éclairée par la raison.
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Donc, pape profondément européen sur le plan philosophique.
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Et là, le pape François arrive, premier pape non-européen,
04:54
bien qu'il était européen d'origine, ça vaut la peine de le dire,
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premier pape non-européen qui considère que l'avenir de la civilisation,
05:00
en fait du catholicisme, ne se joue plus en Europe.
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L'Europe était le berceau civilisationnel du catholicisme,
05:06
mais elle n'en représente plus l'avenir.
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Dès lors, il faut accepter que la question du catholicisme va se déployer de par le monde,
05:13
et je pense qu'on peut, ce n'est pas être injuste de dire
05:17
que le pape François n'avait pas de tendresse infinie pour l'Europe,
05:21
et que l'Europe n'avait pas nécessairement de tendresse infinie pour le pape François.
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Peut-être ne se sont-ils pas compris.
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Et ce que j'entends par là, c'est que le pape François avait une forme de conscience,
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on l'a vu, c'est le pape d'émigration,
05:32
c'est le pape mondialiste en quelque sorte,
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pas de manière péjorative, mais qui a une forme de conscience mondialisée
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qui se substitue à la conscience des civilisations,
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avec un leadership très charismatique,
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un leadership qui a emporté les masses,
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on doit le mentionner,
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mais cette idée que finalement, l'histoire de l'Église
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ne s'écrivait plus à l'encre de l'Europe.
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Il a ajouté, mais il y avait une grande adhésion populaire chez lui à l'extérieur,
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ajoutons, on en a beaucoup parlé aujourd'hui,
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son rôle dans la prise de conscience écologiste aujourd'hui,
06:00
il en a fait la question écologiste, une question de civilisation,
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une dénonciation des puissances d'argent,
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ce n'est pas une taille non plus,
06:06
quoi qu'il en soit, quand on voit ces trois papes,
06:08
on va dire pape des derniers temps de l'identité chrétienne de l'Europe,
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pape de la prise de conscience de la mise en minorité de l'Europe,
06:14
et pape qui consent finalement au divorce à tout le moins sociologique
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entre l'Église, le catholicisme et l'Europe aujourd'hui.
06:20
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