00:00Il est 19h14 sur Europe 1, vous vous souvenez de ce maître de conférence dont le cours avait été interrompu par un gros puscule de militants d'extrême gauche qui étaient intervenus dans son cours.
00:13Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que ce maître de conférence avait refusé tout simplement qu'on organise au sein de l'université un événement pour la rupture du jeune.
00:22Et il est axé à cet égard de sionistes, de racistes, d'islamophobes. Fabrice Balanche, bonsoir.
00:28Bonsoir.
00:28Vous êtes maître de conférence à l'université Lyon 2. Merci de répondre à Europe 1 ce soir.
00:34Fabrice Balanche, vous avez une présidente de Lyon 2 qui vous soutient du bout d'élèves.
00:42D'abord elle a mis deux semaines à réagir à ce qui vous était arrivé et ensuite elle tient ses propos.
00:47Et je voudrais que vous réagissiez, j'en prends quelques-uns des propos.
00:51Elle dit que vous avez tenu des paroles affligeantes, complotistes, délétères pour l'université.
00:57Elle dit qu'elle est en colère car il y a eu des usages de termes qui ont quand même été durs.
01:02Notamment quand vous dites, dit-elle, qu'on ne recrute des enseignants que sur des critères politiques.
01:07C'est grave et mensonger, dit-elle.
01:09Nous allons en discuter au cours du prochain conseil d'administration.
01:12Fabrice Balanche, vous avez évidemment, comme moi, lu, entendu ce qu'a dit la présidente.
01:19Comment vous réagissez ce soir ?
01:22Nous reviendrons, vous avez beaucoup de soutien derrière vous Fabrice Balanche.
01:24Mais je voudrais d'abord que vous réagissiez aux mots de la présidente de l'université.
01:28Oui, ce qu'elle dit qui est quand même beaucoup plus grave au début de son interview,
01:33c'est que ça ne l'étonne pas qu'il y ait eu une intrusion dans mon cours vu mes propos sur Gagin.
01:40Exact.
01:40Et ça, c'est quand même beaucoup plus grave que la suite.
01:45Parce que ça veut dire qu'elle justifie finalement, elle donne l'intrusion dans mon cours
01:48pour des propos supposés sur le conflit israélo-palestinien.
01:54J'aimerais bien qu'elle m'explique quels sont ses propos qui font polémique.
02:00Moi, je suis géopolitologue, je produis des analyses géopolitiques.
02:04J'explique les acteurs, leurs moyens, leurs alliances.
02:07Voilà.
02:08Ce n'est pas un avis personnel que je donne.
02:10C'est une analyse géopolitique.
02:12Donc, si elle confond analyse géopolitique avec avis personnel, il y a quand même un problème.
02:17Et comment après s'étonner que des étudiants fassent la confusion également ?
02:21Parce qu'en faisant ça, quand même, dans le contexte actuel, explosif, depuis le 7 octobre,
02:29elle me met une cible dans le dos.
02:30Il faut quand même en être clair.
02:31Mais pardon, Fabrice Ballange, pour que les auditeurs d'Europe 1 comprennent bien ce qui se passe.
02:36Cette intrusion, l'interruption de votre cours, c'était la conséquence de quoi ?
02:41D'une série de faits, de tensions depuis ce conflit, depuis le 7 octobre ?
02:48Alors, l'intrusion, c'est parce que ce groupe avait voulu, comme l'avait rappelé, organiser la rupture du jeune.
02:56Et bon, moi, je m'étais opposé au nom de la laïcité.
02:58Donc, ils n'ont pas apprécié.
02:59Après, ils ont regardé un petit peu mes écrits.
03:03Et donc, vu que je ne suis pas un soutien du Hamas, que je considère que le Hamas est un groupe terroriste et non pas un groupe de résistance,
03:11comme malheureusement beaucoup d'étudiants et beaucoup de collègues le pensent,
03:17eh bien, ils ont décidé de venir interrompre mon cours au cri de raciste, tioniste, c'est vous le terroriste.
03:23Il faut quand même rappeler ce qui s'est passé.
03:25Oui, c'est une violence inouïe.
03:27Une violence inouïe, bon, je m'en suis bien sorti, parce que, bon, après 15 ans,
03:34je ne travaille pas au Moyen-Orient, en Syrie, sur des terrains de guerre, je ne sais pas comment réagir dans ce genre de situation.
03:39Mais c'est quand même une violence inouïe.
03:40Et là, le fait que, deux semaines plus tard, la présidente de l'université, qui ne m'a jamais appelée...
03:44J'allais vous poser la question, vous n'avez pas eu d'échange direct avec elle ?
03:49Non, non, elle ne m'a jamais appelée.
03:51Elle m'a juste envoyé un mail pour me dire de déplacer mon cours sur le campus du centre-ville,
03:56qui serait mieux protégé que le campus de Bron, où j'exerce, pour désamorcer la crise.
04:04Alors, je dis qu'il n'était pas question de reculer, qu'il fallait toujours occuper ce campus et ne pas le laisser à l'extrême-gauche.
04:13C'est le seul contact que j'ai pu avoir avec elle.
04:15Et donc, deux semaines plus tard, elle se décide enfin à réagir officiellement dans les médias,
04:22en m'accablant, en fait, en me désignant comme responsable de ce qui arrive.
04:29Et puis ensuite...
04:30Et en vous menaçant, parce que, pardon, mais dans sa lettre, quand elle laisse entendre que c'est à vous de trouver votre place au sein des 660 enseignants,
04:39la polémique redescend, l'affaire n'est pas terminée, nous allons en discuter au cours du prochain conseil d'administration,
04:44pardon, mais ce sont des menaces à peine volées.
04:47Oui, tout à fait.
04:48Oui, c'est quoi ? C'est la commission discipline pour...
04:53Mais pour quel fait, en fait ? Voilà, c'est ça, la question.
04:56Ben, ça, je ne sais pas. Je ne sais pas. On peut toujours trouver un manquement au devoir de réserve mis en cause de l'institution.
05:03Vous savez, il y a d'autres collègues à Sciences Po Grenoble qui se sont retrouvés dans la même situation.
05:07Un collègue d'Allemands qui a été mis à pied, bon, avec salaire, heureusement.
05:12Mais les commissions discipline au sein des universités, il faut savoir quelles sont l'émanation du conseil d'administration.
05:18Le conseil d'administration de mon université est tenu, évidemment, par une liste gauche, extrême-gauche,
05:24qui fait passer des motions interdisant les relations avec Israël, entre les universités françaises et Israël.
05:33On ne peut pas s'attendre à beaucoup d'impartialités de leur part.
05:35Non, non, mais c'est très grave, c'est très grave.
05:36Vous avez un soutien, notamment, vous en avez plein,
05:38puisque il y a une tribune qui a été co-signée par 50 universitaires qui vous soutiennent,
05:45Fabrice Ballonge, qui demande la démission de la présidente de Lyon.
05:47Le maire de Brons était ce matin également sur CNews.
05:51Brons, c'est la ville où se situe l'université Lyon 2.
05:55Il réclame lui aussi cette démission. Écoutez ces mots.
05:58Avec le fait que l'enseignant Fabrice Ballonge a été lâché par la direction,
06:03clairement, je n'ai aucun doute, je le dis, il y a une complicité idéologique entre l'université,
06:09ou du moins certaines de ses composantes,
06:11et ses étudiants qui veulent piétiner à la fois la laïcité et les valeurs de la République.
06:14Donc, oui, je demande la démission de la présidente,
06:17mais au-delà de ça, si c'est pour la remplacer par un clone,
06:20cela ne va strictement rien changer.
06:22Il faut mettre un véritable coup de balai dans cette université,
06:25mais ce n'est pas qu'à Lyon 2.
06:26C'est dans la très grande majorité des universités françaises.
06:30C'est comme dans la très grande majorité des universités françaises.
06:34Fabrice Ballonge, vous êtes maître de conférence à l'université Lyon 2.
06:38Est-ce que ça fait écho chez vous, ce que dit le maire de Brons ?
06:41C'est surtout dans les universités où vous avez une domination des sciences humaines et sociales, en fait.
06:47Parce que dans les sciences dures, à Lyon 1, par exemple, en médecine ou en maths, physique, etc.,
06:53on n'a pas ces problèmes.
06:56C'est vraiment les sciences humaines et sociales où vous avez beaucoup de sujets qui peuvent être polémiques,
07:03où vous avez une domination de la gauche et de l'extrême gauche dans le corps enseignant,
07:10et par conséquent,
07:11dans les conseils d'administration de ces universités,
07:14qui aboutissent ensuite à ce qui est un recrutement.
07:21Vous savez, c'est comme un maire,
07:24il va chercher à favoriser son électorat.
07:26Donc là, c'est pareil,
07:28une présidente d'université va chercher à favoriser son électorat,
07:33qui sont les syndicats étudiants d'extrême gauche,
07:35Sud, l'UNEF, Solidaires,
07:36et puis des enseignants, évidemment,
07:39qui partagent sa philosophie.
07:41Et on se rend compte qu'il y a de moins en moins de pluralisme au sein des universités.
07:45Malheureusement, à cause de la loi de 2007,
07:49ça portait un bon sentiment.
07:51Et là, Marcel Gaucher,
07:52on avait déjà parlé dans un article de 2009 dans le débat,
07:55où il expliquait que ça allait aboutir à ce que nous avons aujourd'hui.
07:59Il faut vraiment réformer la gouvernance des universités.
08:01Fabrice Balanche,
08:02est-ce que vous êtes d'accord avec cette initiative
08:05demandée par Laurent Wauquiez,
08:06le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes,
08:08qui demande au ministère de l'Enseignement supérieur
08:10une mission d'inspection indépendante
08:12sur les dérives
08:13qu'il y a au sein de Lyon 2, là aussi ?
08:15Ça fait énormément réagir.
08:17Est-ce que c'est nécessaire, selon vous ?
08:19C'est indispensable.
08:20C'est indispensable.
08:21Il n'y a que comme ça qu'on pourra, à mon avis,
08:23se sortir de cette crise
08:24et retrouver confiance dans l'institution.
08:26Après qu'une inspection fera le bilan
08:31des dysfonctionnements,
08:32des dérives idéologiques
08:34et remettra la gouvernance sur les rails.
08:37Est-ce que le ministère,
08:38vous avez eu des contacts avec le ministère de l'Enseignement supérieur ?
08:42Oui, monsieur le ministre de l'Enseignement supérieur
08:44m'a appelé une semaine après l'introduction dans mon cours,
08:49mais depuis, je n'ai plus de contacts.
08:52Est-ce que vous allez continuer à enseigner dans cette université
08:55ou est-ce que vous envisagez de partir, tout simplement ?
08:58Je suis nommé à Lyon 2,
09:00donc je ne peux pas partir,
09:01ou alors il faudrait que je me présente sur un poste
09:03dans une autre université.
09:05Vous l'envisagez ?
09:05Vous l'acceptez ?
09:07Oui, je l'ai envisagé,
09:08mais encore faut-il pour cela qu'il y ait un poste
09:10et que je sois élu dans une autre université.
09:15Est-ce que vous avez été placé sous protection policière, notamment ?