Mardi 15 avril 2025, retrouvez Hervé Amourda (Économiste, ProBTP Finance), Damien Charlet (Directeur de la Gestion sous mandat, Mandarine Gestion) et Igor de Maack (Dirigeant - Associé, VitalEpargne) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Générique
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché
00:13Hervé Amourda est avec nous ce soir économiste chez Pro BTP Finance
00:16Bonsoir Hervé
00:17Bonsoir Jacques
00:18Merci d'être là, merci à Damien Charlet d'être avec nous également
00:20le directeur de la gestion sous mandat de Mandarine Gestion
00:22Bonsoir Damien
00:23Bonsoir Jacques
00:24Et merci à Igor Demac de nous accompagner
00:25Bonsoir Igor
00:26Vous êtes directeur associé chez Vital Epargne
00:29Je voulais bien qu'on commence avec un peu l'actualité des entreprises
00:33Ce sera très intéressant de voir la tonalité des résultats qui vont être publiés
00:38mais surtout des communications des grands patrons américains, européens et mondiaux
00:44Un mot quand même spécifique de LVMH
00:46Igor, je ne sais pas, il faut prendre un abonnement aux mauvaises surprises désormais pour LVMH
00:52On n'est pas habitué quand même
00:53Non, on n'est pas habitué mais le luxe est particulièrement LVMH
00:56C'est un peu le symbole de la globalisation du consommateur et aussi du consommateur chinois
01:01puisqu'on voit que dans les résultats par exemple le Japon est mauvais
01:04parce qu'il y a moins de consommateurs chinois offshore
01:07Et puis c'est un mastodonte qui subit les effets change
01:14C'est vraiment un animal assez macro et c'était un animal aussi très survalorisé
01:18Alors ce qu'il faut dire c'est qu'aujourd'hui, on est quand même revenu à des niveaux de valorisation quasiment 2010
01:22On a un PE de 18
01:24Moins de 500 euros, on vient de plus de 900 sur LVMH
01:27Je pense que le travail a été fait, après il risque d'y avoir encore plusieurs trimestres difficiles
01:31Et puis après le luxe, le sujet c'est l'expérientiel, c'est la vente par internet
01:38et des changements de consommation probablement même chez les très riches
01:41Donc c'est un secteur qui traverse un peu une crise de système, de structure
01:46mais heureusement ils sont très riches
01:48Ce qui a fait la force, les atouts de LVMH dans le monde d'avance sont moins des atouts aujourd'hui, c'est ça Igor ?
01:56Après il faut toujours engendrer de l'appétit pour consommer des produits dont on n'a pas besoin
02:02puisque c'est de la consommation ultra discrétionnaire
02:04La désirabilité
02:05Voilà, il faut toujours restreindre, créer en fait le manque
02:11Bon les marques sont là, elles sont superbes
02:13Mais c'est vrai que LVMH dépend beaucoup plus de la macroéconomie maintenant
02:17que c'était le cas il y a 10, 15, 20 ans peut-être
02:20Damien, qu'est-ce qu'on peut dire de LVMH ?
02:23Alors il y a le sujet LVMH spécifique, ce que ça implique pour l'ensemble du secteur
02:29et puis la question du marché effectivement
02:31après avoir baissé de 40% et plus par rapport à son dernier sommet
02:36est-ce que le marché a bien pris en compte l'idée que les marges d'LVMH étaient peut-être en risque aussi
02:42sur une année comme 2025 ?
02:44Aujourd'hui, ça paraît assez clair
02:46Pendant son conférence co, le groupe ne parle pas de ses marges
02:50Mais en revanche, tous les analystes ont bien conscience
02:54que ce sont des activités avec 80% de charges fixes
02:57donc quand le chiffre d'affaires commence à souffrir, les marges souffrent
03:00Donc les marges, elles vont être sous prévention, ça c'est clair
03:03Le deuxième élément, c'est que le luxe aussi a bénéficié ces dernières années
03:08d'effets prix absolument monstrueux
03:12Et il y a un moment, quand vous augmentez les prix beaucoup plus rapidement que les salaires sur longue période
03:16sachant que ce qu'ils ont bien dit aussi lors de la publication de leurs résultats
03:20c'est que la partie qu'ils appellent aspirationnelle
03:23J'ai regardé un peu parce que c'est toujours très clair ce que c'est que l'aspirationnelle
03:27mais l'aspirationnelle, c'est des consommateurs qui vont dépenser potentiellement entre 3 et 5 000 euros par an
03:33dans des produits de luxe type LVMH
03:34Donc c'est une clientèle qui n'est pas forcément suffisamment riche pour aller dépenser du luxe
03:41quelles que soient les conditions de marché
03:42Donc cette population-là, a priori, elle commence à souffrir un petit peu
03:46Alors ils évoquaient notamment la partie spirituelle, etc.
03:49Je pense qu'une des problématiques de ces groupes-là, c'est quand même qu'ils ont augmenté les prix beaucoup plus rapidement
03:53que les gains de pouvoir d'achat de leurs clients
03:57Donc il y a un moment, ça bloque
03:58Et aujourd'hui, je pense que ça bloque un peu plus
03:59Alors dans leur discours, ils disent que leur croissance ne dépend pas de l'augmentation des prix
04:06mais il ne leur reste pas moins qu'on est sur des augmentations de prix, a priori, sur le premier trimestre
04:10qui sont encore de l'ordre de 4-5%, donc ce n'est pas ridicule
04:12Et le risque, c'est qu'ils continuent à souffrir sur les trimestres prochains
04:18d'une absence ou en tout cas d'un manque de capacité à monter les prix
04:22Et c'est là où on se dit que la valorisation aujourd'hui, certes, elle est retombée
04:26Mais il y a beaucoup d'analyses qui attendent pratiquement pas de croissance sur les deux années qui viennent
04:31Donc est-ce qu'on va payer 18 fois ou 20 fois les résultats pour une société qui n'a pas de croissance
04:36même si c'est LVMH ? Je ne suis pas sûr
04:38Ça ne correspond pas au statut d'une entreprise qui ne fait pas de croissance pendant deux ans ?
04:43Absolument, ça correspond à...
04:45Le statut, il est arrivé finalement, il n'y a pas si longtemps que ça
04:50Disons que la revalorisation des valeurs du luxe, elle est arrivée à la fin des années 2010
04:56Donc ce n'est pas un statut historique perpétuel
05:00C'est arrivé à un moment où il y avait une incertitude sur la croissance économique
05:06et où les investisseurs aimaient bien la visibilité procurée par les segments du luxe
05:11Aujourd'hui, il n'y a plus cette visibilité
05:14donc il n'y a pas de raison de payer très très cher
05:17Maintenant, ce que ça nous dit sur le reste de l'économie
05:20c'est que, bon, je pense qu'on n'avait pas besoin d'LVMH pour se dire que la consommation
05:25allait ralentir potentiellement dans un certain nombre de pays
05:27Là, le mauvais chiffre de LVMH au premier trimestre
05:32il se fait pratiquement sans gros ralentissement américain
05:36potentiellement du mois d'avril
05:37Il arrive après les droits de douane
05:38Donc il peut encore y avoir des mauvaises surprises sur la croissance
05:42et notamment sur la croissance américaine
05:43sachant que, bon, les bases de comparaison sont à peu près les mêmes
05:46sur le premier trimestre et sur le deuxième trimestre
05:48donc il n'y aura pas d'effet mécanique, j'allais dire, sur les bases de comparaison
05:52En revanche, on en reparlera peut-être après
05:55mais les chiffres de confiance du consommateur US sont en train de plonger
05:58et il y a quand même historiquement une très grosse corrélation
06:02entre la confiance du consommateur et la consommation
06:04Donc il y a quand même des vrais risques que la consommation baisse aux US
06:08En Asie, est-ce qu'elle va rebondir ? C'est moins que sûr
06:13En Europe, ça tient, pour le coup je pense que ça peut tenir
06:16mais en revanche, on a quand même deux très grosses zones
06:18qui sont vraiment à risque au niveau consommation
06:20C'est parfait, on a un économiste pour répondre à cette question
06:23Hervé, vous avez planché là récemment encore
06:25sur la capacité de résilience du consommateur américain
06:30C'est vrai que le consommateur américain et le blues, comme vous dites
06:33ça paraît assez naturel
06:35Maintenant, quand on essaye d'affiner un petit peu le diagnostic
06:39qu'est-ce qu'on trouve ? Est-ce qu'il y a quand même encore une réserve de résilience
06:42pour le consommateur américain à ce stade ?
06:46Alors, on a l'impression que oui
06:47Effectivement, le consommateur américain aujourd'hui a le blues
06:51On a cité le Michigan, le Conference Board, c'est pareil
06:54Et c'est intéressant de voir que les deux, finalement, vont dans le même sens
06:58puisqu'il y en a un qui est très politisé, le Michigan
07:00alors que le Conference Board est relativement un peu plus neutre
07:03Donc, sur ce sujet-là, on comprend bien que ça ne va pas aller
07:07Et effectivement, historiquement, c'est très corrélé aussi avec le chômage
07:10Plus le chômage augmente, plus la confiance baisse
07:12Et donc, ça se voit, ça se répercute sur la consommation
07:14Cette fois-ci, l'histoire semble différente
07:17Je prends des pincettes
07:18Pourquoi ? Parce que quand on regarde l'enquête et dans le détail
07:21on a l'impression que ceux qui dépriment le plus les consommateurs
07:25ce sont les anticipations de prix, d'inflation
07:28Alors, dans l'enquête, c'est de l'inflation
07:29Nous, quand on va le retraduire, c'est plutôt des anticipations de prix
07:32parce qu'on comprend que ce sont les droits de douane
07:34Et quand on voit les anticipations d'inflation du marché, des entreprises
07:38on ne retrouve pas cette hausse
07:40Là, on est à des plus hauts historiques
07:41Depuis les années 80, on n'a pas vu ces anticipations d'inflation à un an, à cinq ans
07:45C'est vraiment stratosphérique
07:47Donc, si on part du principe
07:49Je prends la thèse de Powell
07:51que ce pic d'inflation est un peu transitoire
07:54et que, effectivement, ce sont les droits de douane
07:56donc ce sont des effets prix
07:57il n'y a pas d'effet d'entraînement derrière
07:59Eh bien, ces craintes, finalement, ne sont pas fondées
08:02Et donc, le consommateur pourrait être amené à réviser un petit peu sa consommation
08:06Je parle avec beaucoup de prudence
08:10parce que l'année 2024 nous a donné tort sur nos prévisions économiques aux Etats-Unis
08:15à cause du consommateur américain
08:16Il a été beaucoup plus résistant que ce que l'on pouvait anticiper
08:19Alors que les enquêtes étaient déjà un peu... piquaient déjà un peu dînés
08:24Exactement, exactement
08:25Et nous, on s'est beaucoup laissé entraîner par ça
08:27les économistes, les stratégistes, dans les prévisions
08:30Et on s'est rendu compte que c'était plus fort qu'attendu
08:32Et quand on décortique, quand on essaie de comprendre, finalement, les sources d'erreurs
08:35de nos prévisions 2024
08:37Eh bien, on se rend compte qu'il y a le patrimoine financier des ménages
08:40qui avait très fortement progressé
08:43Alors, on a parlé de surépargne
08:44C'est vrai, mais cette surépargne, elle est investie sur les marchés financiers
08:47Et elle a pris la place, d'ailleurs, du marché actions
08:49Donc, il y a une grande position du marché actions dans le patrimoine financier américain
08:54Donc, ça, c'est une base solide
08:56Bien sûr, la volatilité actuelle, depuis une semaine
08:59remettrait éventuellement ça en question
09:02Et puis, il y a les salaires
09:03Il y a le marché de l'emploi qui, finalement, est resté robuste
09:05tout au long de l'année 2024
09:06Et les salaires ont été alimentés par tout ça
09:08Donc, on a quand même des fondamentaux qui restent très bons
09:11Le sentiment ne l'est pas
09:12Ça n'exclut pas qu'à court terme
09:14On a une petite faiblesse du consommateur américain
09:16Mais à moyen-long terme, on a de bonnes raisons d'être plutôt positifs
09:19Le revenu disponible réel reste positif
09:22On a encore quand même une forme de résilience du marché du travail américain aujourd'hui
09:28Sur la baisse des marchés, enfin, quel type de corrélation est-ce qu'on trouve ?
09:33Je ne sais pas, on a eu quasiment, oui, du pic au creux
09:35On a eu quasiment 20% de baisse sur le S&P 500
09:38C'est quoi le seuil de douleur du consommateur américain par rapport à la baisse des marchés, justement, Hervé ?
09:45C'est très compliqué
09:46Nous, on a essayé justement de modéliser un petit peu cet impact-là
09:50Et puis, on s'est rendu compte que c'était très difficile
09:52Parce que chaque période a été différente
09:54Et en fait, ces baisses-là, globalement, on est en train de modéliser 4 ou 5 points historiques
09:59Donc, ça n'avait pas vraiment de sens
10:00Donc, on s'est tourné vers la recherche académique
10:02Qui a davantage le temps de contrôler et d'affiner, finalement, ce genre de modèle
10:07Les relations sont relativement simples
10:09Vous parliez de 20% sur le marché à action du pic au creux
10:12Globalement, ça veut dire 80 BP sur la consommation, sur les dépenses réelles des ménages
10:16Aujourd'hui, les dépenses réelles des ménages sont plutôt autour de 4%
10:20On va dire entre 3,5 et 4,2
10:22Donc, on enlèverait 0,8 à ces 3,5 et 4,2
10:26Je ne dis pas que ce n'est pas un jeu
10:29Ça ne coûte rien
10:29Non, non, ça coûte quelque chose
10:30Ça coûte quelque chose
10:31Mais ça ne met pas tout à plat
10:32Mais ça ne nous envoie pas en récession
10:33Et pour le coup, ça ne ternit pas les perspectives, en tout cas à moyen terme
10:36J'entends
10:37Si je reviens aux entreprises, là, qu'est-ce qu'on attend d'une saison de publication comme ça ?
10:41Alors, les chiffres du T1 seront ce qu'ils sont
10:43Et le T1 était encore bon
10:44Pas encore trop marqué par la réalité des tarifs
10:47Mais le discours, moi, j'ai le sentiment que ça va être un moment de libération de la parole des chefs d'entreprise
10:54Oui, Libération Day
10:55Je me dis que, oui, on vit une époque quand même incroyable
10:59Et il y a bien des patrons qui vont prendre la parole pour expliquer aussi un peu ce que ça coûte, justement, cette incertitude
11:05Comme ça change un peu tous les jours, notamment sur le sujet de tarifs douaniers, je ne sais pas s'ils peuvent dire grand-chose
11:09Parce qu'ils ne changent pas, c'est l'incertitude par l'offense
11:11Mais ils peuvent dire qu'ils n'ont pas envie qu'il y ait des tarifs
11:14Mais je crois qu'on a bien compris qu'il y en aurait
11:16La base de 10, elle est là
11:18Est-ce que ça sera 20 ?
11:19Est-ce que ça sera différencié par type de produit ?
11:22Là, on commence à voir qu'à mon avis, il y a plus de lobbying aux Etats-Unis
11:26Parce qu'il y a un coût de production de beaucoup de produits technologiques
11:31Il dépend de la Chine
11:34Donc il y a vraiment un incrément direct
11:36On parle des iPhones, mais c'est vrai pour les micro-ondes, les ordinateurs, etc
11:41Donc, bon, oui, ils disent court
11:45Mais je crois qu'il faut que le sujet tarifaire soit un petit peu stabilisé
11:48Vraiment
11:49C'est-à-dire pas...
11:50Et ça, je pense qu'on va encore l'avoir pendant 2, 3, 4 mois
11:54Donc, les managers vont dire que c'est incertain
11:56Et puis de toute façon, ils n'ont pas intérêt à dire que ça ne l'est pas
11:59Oui, non, mais personne ne le comprendrait
12:00En plus, quand vous êtes un dirigeant et que vous avez des résultats annoncés
12:04Il vaut mieux sous-promettre et sur-délivrer
12:06En plus, l'incertitude, ça permet d'englober tous les problèmes
12:10Oui, oui, oui
12:11Enfin, on peut mettre aussi plein de choses sur les tarifs douaniers
12:13Il y a des entreprises qui ont des vrais sujets
12:15Puis il y a des entreprises que vous avez citées, publicistes
12:17Qui arrivent à vivre sans aussi
12:19Et puis...
12:20Il dit Arthur Sadoun
12:21La prévision de croissance organique pour 2025, c'est 4, 5%
12:24Il dit le bas de la fourchette, c'est rock solid
12:26Il peut se passer n'importe quoi, on fera 4%
12:31C'est quand même, je veux dire, dans le contexte actuel
12:33Oui, ça prouve
12:35Très exposé US, publicistes, d'ailleurs
12:38Mais, voilà, l'économie US n'est pas encore rentrée en récession
12:41Il y a une suspicion pré-récession, mais elle ne l'est pas encore
12:45Niveau de fragilité des dynamiques d'EPS, de bénéfices par action
12:50Là, on a déjà commencé à réviser un peu, beaucoup
12:52Ça révise très peu pour l'instant
12:55Ça révise très peu
12:56D'accord
12:56Bon, de toute façon, ce qui risque de se passer, c'est qu'on risque d'avoir des chiffres du premier trimestre
13:00Qui seront très corrects
13:01Oui
13:01Parce que, bon, au premier trimestre, il n'y avait pas l'incertitude qu'on a aujourd'hui
13:05Et puis en plus, quand l'incertitude s'est approchée, les gens ont stocké
13:08Donc, potentiellement, il y a eu des ventes qui s'est enregistrées à l'avance
13:12Mais, effectivement, aujourd'hui, je pense que la plupart des investisseurs s'attendent à des discours très prudents, voire des warnings
13:21Parce qu'on a vu pas mal de commentaires d'économistes ou de stratégistes qui disaient que
13:27Alors, la libération de la parole, ça sera peut-être justement profiter de l'ambiance actuelle
13:31Et du fait que les marchés ont déjà baissé
13:32L'occasion de faire passer un certain nombre de mauvaises nouvelles
13:34Oui, exactement
13:35Donc, on ne s'attend pas à ce que les résultats du premier trimestre permettent de faire rebondir les marchés
13:40Et en ce qui concerne les consensus
13:42Aujourd'hui, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, les chiffres de croissance sont encore assez élevés
13:47C'est-à-dire qu'aux Etats-Unis, on a commencé l'année avec des anticipations de croissance de 13, 14, 15% des BPA
13:55Là, maintenant, on est à 9, bon, ça a baissé, mais on est quand même à 9 encore
13:57C'est beaucoup trop élevé
13:58Alors, on est à 9 sur le consensus, après, si vous regardez
14:00Sur un PE de 18, c'est ça, aux Etats-Unis ?
14:02Sur un PE de 19, oui
14:0419, oui
14:05Donc, ça veut dire que si on se met à 4, on est peut-être plus cher, exactement
14:08Et en Europe, on était à 7, 8 et on est tombé à 4, quoi
14:15Donc, ça baisse un peu, c'est encore trop haut
14:18Alors, après, c'est du chiffre de consensus
14:21Quand on regarde certaines banques et les prévisions de certaines banques
14:26Il y en a déjà qui évoquent de la croissance négative, par exemple
14:29Pour le luxe ?
14:30Pour le luxe, j'ai vu qu'effectivement, certaines banques annoncent des croissances négatives, 10 pièces
14:35Pour un secteur spécifique, comme le luxe, pas pour l'ensemble du marché
14:39Je ne suis pas sûr que ce soit un très, très gros changement
14:42Je ne pense pas que le secteur du luxe, d'une manière générale, n'attendait pas grand-chose
14:44Non, mais il y a un secteur, c'est les banques, quand on regarde les futurs sur les dividendes
14:51Ils ont chuté après
14:52Ah, on s'attend à ce que les banques aient un problème pour passer les dividendes ?
14:56Non, mais 2025, c'est acté, c'est en AG, ça va être payé, il y a le cash
15:00Mais les forwards sur les dividendes 2025, les banques, elles sont écroulées
15:03Ce qui veut quand même dire, comme la banque est quand même très pro-cyclique
15:07Bien sûr
15:07Donc ça, c'est quand même des indicateurs de stress que Damien a mentionné
15:11Oui, mais de toute façon, je pense que le sens de l'histoire, c'est quand même que les bénéfices ont toutes les chances de continuer à baisser dans les semaines qui viennent
15:19La question qui sera la question d'après, c'est quels sont les moteurs d'éventuels rebonds des marchés financiers
15:27Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis
15:29Bon, en Europe, on voit que ça tient extrêmement bien
15:32Il y a une grosse décorrélation à tous les niveaux entre l'Europe et les Etats-Unis
15:36Aussi bien au niveau taux d'intérêt qu'au niveau actions
15:38Bon, on connaît les raisons
15:42L'Europe est moins chère
15:43Les révisions à la baisse économique potentielle en Europe sont beaucoup moins élevées
15:47Donc la croissance américaine est en train de rejoindre la croissance européenne, etc.
15:50Mais aux Etats-Unis, pour dire les choses clairement
15:55Nous, on ne voit pas trop ce qui pourrait faire rebondir le marché à court terme
15:58Il y aura de la volatilité
16:00Mais globalement, le vrai problème des Etats-Unis aujourd'hui
16:05Outre le manque de confiance, l'instabilité, le manque de visibilité
16:10Qui va sans doute peser sur l'investissement et la croissance, etc.
16:15C'est quand même les taux d'intérêt
16:16Et on se demande en fait
16:17Quelle recette magique va permettre à Trump de faire baisser les taux d'intérêt
16:22Et c'est là où on n'a pas trop de réponses
16:25En fait, il y a deux réponses possibles à notre avis
16:27C'est soit il fait rentrer sciemment le pays en récession
16:30Ce qui nous paraît quand même un peu dangereux
16:31Soit il trouve un budget où il y a moins de dépenses
16:35Ce qui n'est pas évident pour l'instant
16:37Et donc il ne remplit pas ses promesses électorales
16:40Moins de dépenses, ça peut aussi affaiblir encore un peu plus l'économie américaine
16:46Oui, mais bon
16:48La courte à en tout cas
16:48Oui, absolument
16:49Mais donc aujourd'hui, on a bien vu que le pout de Trump en bourse
16:55C'était les taux d'intérêt
16:55Et il faudrait que les taux d'intérêt baissent
16:59Et pour l'instant, entre les flux et les fondamentaux
17:03On ne sait pas trop ce qui pourrait faire vraiment baisser les taux d'intérêt aux Etats-Unis
17:06Et vu le niveau d'incertitude encore une fois généré par Trump lui-même
17:09Ce n'est pas évident qu'on ait une baisse facile des taux longs à ce stade
17:13Qu'est-ce qu'on a appris depuis le 2 avril, Hervé ?
17:17Que Donald Trump pouvait mettre des tarifs
17:19Ça, il n'y a pas de doute
17:20Qu'il pouvait aussi reculer assez vite quand même
17:22Alors jusqu'où peut-il reculer ?
17:25Ça, ça reste une question ouverte
17:27Égo a évoqué la perspective, l'idée qu'il fallait à un moment avoir un point d'atterrissage
17:32Et qu'on n'y était pas encore
17:34Et puis il y a toujours la question des objectifs
17:37Je veux dire, l'objectif final ou les objectifs finaux derrière cette grande partie de poker tarifaire
17:43Quels sont-ils ?
17:44Si derrière c'est une coercition monétaire qui ne dit pas son nom ou qui dira son nom demain
17:48C'est un sujet aussi compliqué j'imagine pour les marchés
17:51Et puis il y a aussi la question assez immédiate des dégâts qui ont déjà été infligés
17:56Par cette incertitude d'une certaine manière
17:59Pour ne pas dire une conduite erratique de la politique américaine
18:03Oui, oui
18:04Alors c'est compliqué d'y voir clair dans la politique de Donald Trump
18:07Là je ne vais pas, je vais enfoncer des portes ouvertes
18:10Mais très clairement on a l'impression qu'il y a vraiment deux stratégies
18:13Une stratégie avec la Chine, enfin contre la Chine pardon
18:17Où c'est vraiment une guerre commerciale, une escalade avec des droits de douane
18:20Et le but c'est d'aller gagner, d'aller chercher des parts de marché
18:24De rediriger un petit peu des productions, des exportations
18:26Et donc là-dessus la Chine montre aussi les muscles, les Etats-Unis répondent
18:31Peut-être que la Chine a marginalement un peu plus de poids d'ailleurs
18:34Et de meilleures perspectives aussi par rapport aux Etats-Unis sur ce sujet-là
18:39Parce qu'on l'a vu dans la réponse chinoise
18:41Certes on est repassé à 125% et donc j'allais dire 125% de chaque côté balle au centre
18:47Mais en réalité la Chine restreint les exportations de terres rares
18:52Elle a empêché ce matin les...
18:54Les livraisons de Boeing
18:55Voilà, tout ce qui concerne Boeing ou l'aviation en tout cas d'aller acheter des parts et des composants américains
19:00Et ça, ça va commencer à peser
19:02Et sur quoi joue la Chine ?
19:05Sur les lobbies politiques qu'il y a aux Etats-Unis
19:07Qui sont quand même très forts et qui ont soutenu Donald Trump dans son accession
19:11Donc elle a vraiment les moyens
19:12Alors que côté chinois, les Américains...
19:15Oui, côté américain, c'est ça
19:17Voilà, on a moins de marge de marge
19:18Le levier est moins puissant côté américain vis-à-vis de la Chine
19:21Exactement
19:21Donc ça c'est, je dirais, la première bataille, la première guerre
19:25Mais qui pourrait par effet vraiment ricocher, entre guillemets, revenir vers nous
19:30Puisque ça va faire baisser le commerce mondial
19:32Ça va faire baisser aussi le commerce des pays partenaires en Chine
19:35Ça va jouer également sur le dollar
19:37Aujourd'hui le dollar baisse, ce qui est assez surprenant d'un point de vue macroéconomique
19:41Quand on impose des droits de douane, on s'attend à ce que le dollar absorbe une partie de ces droits de douane
19:45Je crois que le FMI disait en moyenne 30% de la hausse des droits de douane est absorbée par une hausse du dollar
19:51Aujourd'hui c'est pas vrai parce que justement on a à la fois des craintes sur l'économie américaine
19:56Aussi bien sur l'économie que sur sa politique commerciale
20:00Donc là-dessus ça va jouer
20:02Et je pense que côté européen, on n'est pas tellement dans une guerre tarifaire où on veut monter et crescendo sur les produits
20:08Parce que finalement, voilà, ils sont en déficit sur les biens, ils sont en excédent sur les services
20:13Donc on sait que quelque part, si on se fait trop taper sur les doigts côté biens, on pourra répliquer sur la tech
20:21Donc voilà, ce jeu-là finalement ne mènerait à rien
20:25En revanche, ce que cherche Trump avec l'Europe, c'est ce qu'on appelle les barrières non tarifaires
20:30Et là pour le coup, effectivement, il a raison qu'on a beaucoup de labels, on a beaucoup de choses qui protègent vraiment nos économies
20:37La cathédrale normative, la réglementaire qui veut un peu abattre
20:42Exactement, et là pour le coup, je pense qu'il est en train de gagner
20:46Puisqu'on commence à avoir des politiques qui remettent en question justement la réglementation financière, bancaire
20:50Ça paraissait impossible, je dirais en 2012, en 2013, c'était des sujets où au contraire c'était des acquis
20:57Des moyens de préserver finalement la finance, de lui redonner quelque part une crédibilité auprès des ménages
21:04Et là on est prêt à revenir dessus
21:06Et quand on dit que Trump a certains bons côtés pour l'Europe, ça, ça en fait partie ?
21:11Enfin sur le plan strictement macroéconomique
21:13Une réglementation un peu allégée partant des niveaux qu'on a pu atteindre en Europe
21:18Ça libère du potentiel de croissance ?
21:20Pour la compétitivité, oui
21:21Pour les banques et le financement, très probablement
21:24D'ailleurs ce matin on a eu l'enquête de la BCE, la Bank Landing Survey
21:28Et on voit que finalement les taux d'intérêt de la BCE n'ont eu qu'un très faible impact
21:33A la fois sur la demande de crédit ou sur les conditions de crédit
21:35Donc c'est vraiment quelque chose de très structurel sur la demande de crédit et d'investissement en Europe
21:40Et donc là-dessus ça peut libérer moins de réglementation, ça va libérer plus d'investissement
21:43Il y a aussi le plan allemand évidemment
21:45C'est vraiment le mammouth dans tous ces vents favorables
21:50Et donc là-dessus, oui, on peut être un petit peu plus positif
21:53Et tout ça, ça a été déclenché par Trump
21:55Donc indirectement, je suis d'accord sur le fait qu'on avait le rapport Draghi
21:59Qui était un peu la sonnette d'alarme
22:00Et puis on a l'élément déclencheur qui est la politique agressive de Donald Trump
22:04Igor, qu'est-ce que vous retenez, enfin qu'est-ce qu'on a appris depuis le 2 avril encore une fois ?
22:08Moi vous savez que j'aime bien revenir un petit peu à l'histoire
22:11Et puis je me suis amusé à regarder le nombre de lois, de tarifs aux Etats-Unis
22:16Bon ça a commencé je crois en 1790 avec quelqu'un qui s'appelait Alexander Hamilton
22:20Et là la liste, alors 1890, tarifs McKinley, 94, Wilson Gorman, Dingley en 97, 1909, Payne Average, Underwood, 1913, 1922
22:29Bon, j'en passe, mais donc c'est une histoire classique
22:33Et sachant qu'au démarrage des Etats-Unis, en fait les droits de douane représentaient 50% du budget fédéral
22:38Aujourd'hui, il n'y avait pas d'impôt
22:39Je ne sais plus le chiffre, mais peut-être qu'il y en avait là 2
22:43C'est minime en fait, les droits de douane par rapport
22:45Donc c'est en fait une grande tradition
22:49Trump n'est pas forcément quelqu'un qui est très innovant
22:52Dans l'isolationnisme américain et dans la protection, les années 30
22:56Bon, on a vu ce que ça avait malheureusement causé
22:58C'est sa méthode et son personnage et l'outrance qui va avec
23:02Qui évidemment est très très nouvelle
23:04Et encore plus pour des Européens qui sont plutôt des gens qui communiquent de manière assez politiquement correcte
23:09Donc ce qui est difficile, c'est pour lui d'avoir un bon constat
23:15C'est le déclin de l'Empire américain
23:18Puisqu'ils sont en déficit extérieur, déficit budgétaire depuis 40 ans ou 30 ans
23:24Parce que le monde veut du dollar et que les Américains veulent les produits fabriqués par le reste du monde
23:30Et que le capitalisme mondialisé a changé
23:32C'est-à-dire qu'à partir de 1995, à l'OMC, c'est la Chine qui est la plateforme de production mondialisée
23:38Les Allemands avec une énergie pas chère fournie par les Russes
23:42Qui sont machines, outils, véhicules thermiques
23:44Et de l'autre côté, un dollar qui est beaucoup trop coûteux pour être compétitif
23:49Donc tous les actifs américains sont survalorisés
23:51Vous regardez déjà la prime du MSCI US sur le MMCI World
23:55Il y avait une espèce de...
23:58Ils ont toujours été un peu plus valorisés
24:01Il y a eu des pics, mais ça fait 15 ans que la tendance est très très nettement à la hausse
24:07On est à 1,6 je crois, et là il y a une correction
24:10Et donc il y a un message qui est de dire que les actifs américains sont peut-être plus aussi sûrs
24:14Mais le constat est bon
24:15L'Amérique emprunte trop, dépense trop, consomme trop
24:19D'ailleurs nous on épargne aussi trop en Europe
24:22Donc nous c'est un peu le miroir si on mobilisait cette épargne
24:25Mais encore faut-il avoir confiance dans nos dirigeants
24:27Ce qui est aussi une vraie question dans la gouvernance européenne
24:30Donc le constat c'est que les Etats-Unis ils ont besoin de conserver leur hégémonie
24:34Et tel qu'aujourd'hui c'est en train de déraper
24:38C'est pas possible de garder cet équilibre économique avec la Chine
24:41Qui, elle, je suis d'accord, a une position centrale
24:44Puisqu'ils ont les actifs américains financiers
24:47Et en fait on peut pas se passer d'eux pour produire dans le monde
24:50Enfin on s'entend entre nous
24:52Mais c'est impossible de contourner la Chine aujourd'hui
24:55C'est impossible
24:55Vous achetez le grand plan quoi
24:58Vous achetez la perspective du golden age
25:00Et d'ailleurs c'est intéressant sur l'automobile
25:03Trump tout de suite dit ah bah oui
25:05Alors j'ai compris pour relocaliser ça va prendre un peu de temps
25:08Donc peut-être qu'il y aura un sursis sur les tarifs
25:10Le temps que les entreprises se mettent en ordre de demain
25:12Mais c'est bien ça le but ultime
25:14Mais c'est très important ces mesures
25:16Et d'ailleurs la norme en Europe
25:18On l'a vu on s'est auto-flagellé
25:20Justement avec les véhicules électriques
25:23Puisqu'on a mis des normes qui favorisaient des véhicules électriques
25:25Que les autres savaient produire et que nous n'en avons pas produit
25:28Donc c'est une question de timing
25:29Comme vous dites justement
25:30C'est qu'on ne peut pas appliquer des tarifs comme ça
25:33Sans avoir
25:35Et on ne pourra pas tout substituer
25:36Je veux dire
25:37Il ne va pas tout reproduire localement
25:40Il ne va pas se remettre à produire des grippins
25:41C'est l'exemple du grippin qui n'est plus produit aux Etats-Unis
25:43Oui
25:44Des t-shirts
25:45Ça n'a pas beaucoup d'intérêt peut-être de le reproduire le grippin
25:48Je crois que c'est optimal de répliquer des chaînes de production
25:51Ou des chaînes de valeur qui existent déjà
25:52Et qui fonctionnent très bien
25:53Le constat c'est qu'il veut éviter le déclin
25:55Je ne parle même pas d'autres données sociodémographiques
25:58Mais il veut éviter le déclin
25:58Est-ce que c'est la bonne méthode ?
26:00Bon méthode de négociation qui a l'air très brutale
26:03L'Europe a été plutôt assez intelligente
26:06Et la Chine je crois qu'ils attendent
26:07Mais ils ont intérêt à faire un arrangement à moins un autre
26:11Mais quel est le niveau ?
26:12C'est 10, 20, 30, 40 ?
26:15Là on est un petit peu dans l'incertitude
26:16D'où la difficulté pour nous conseiller aux gens de revenir massivement
26:19En tout cas les actifs américains
26:20Je pense que les gens ont compris qu'il y avait quand même
26:22Un trouble
26:23Un trouble
26:24Et peut-être que les actifs européens
26:26Mais enrayer le déclin
26:28Enrayer le déclin ça peut passer par effectivement
26:31Une crise de confiance vis-à-vis des actifs américains
26:34Que ce soit les actions ou les traderies ou le dollar
26:37Parce que lui son objectif technique c'était
26:41On fait baisser le dollar
26:42On peut faire baisser un peu la bourse
26:44D'ailleurs pour faire un bon coup de trade
26:46Et puis on fait baisser les taux d'intérêt
26:50Sauf que quand les taux d'intérêt ils ont commencé à remonter
26:53Parce que là on attaque vraiment le système
26:56Donc je pense que les investisseurs même américains se méfient un peu
27:03Oui oui
27:03On pouvait imaginer quand même
27:05Qu'en bousculant aussi brutalement les choses
27:08Le marché obligataire quand même soit un peu vigilant
27:11Par rapport à la situation
27:12Donc les marchés financiers font leur travail de contre-pouvoir
27:15C'est juste un gros delivery
27:17Ou c'est un mal plus profond quand même
27:21Derrière même la question de confiance qu'on peut avoir dans le dollar
27:25Pour dire les choses clairement
27:27Non je pense que la confiance elle reviendra
27:29Parce que la croissance elle reste aux Etats-Unis
27:31Quand on s'apercevra que les Etats-Unis continuent d'avoir de l'innovation
27:35De la croissance etc
27:36Même si on révise à la baisse la croissance américaine
27:39D'abord on n'est plus dans un scénario de récession US
27:44Alors ça change un peu tous les jours
27:45Mais depuis qu'il y a un moratoire sur 90 jours
27:51Donc on n'est pas dans un scénario de récession
27:54La croissance américaine sera sans doute encore supérieure à la croissance européenne cette année
27:59Puis structurellement elle est supérieure
28:00Maintenant il y a une défiance
28:03Oui comme Igor l'a mentionné on le voit sur les taux d'intérêt
28:06On le voit sur le dollar
28:07On le voit sur un certain nombre d'actifs
28:08Mais je pense que ce qui a été intéressant cette semaine
28:10C'est que Trump a montré là où était sa faiblesse
28:16Donc pour les négo à venir ça va être plus compliqué
28:19Parce que
28:20Il a perdu son grand levier de négociation là
28:23Il s'est un peu affaibli
28:24Je pense oui
28:25A partir du moment où dans une négo vous montrez votre faiblesse
28:29Et que votre faiblesse est attaquable
28:30Ça devient plus compliqué
28:31Et en fait
28:33Alors évidemment
28:34On ne sait pas exactement pourquoi
28:37Les taux d'intérêt sont bien montés à toute vitesse
28:39Est-ce que c'est juste des investisseurs qui jouent un ralentissement économique
28:42Ou est-ce que c'est des grosses mains qui vendent des trajuries américaines
28:46On ne sait pas trop
28:47En attendant
28:49Quand on voit que le dollar baisse
28:51Et que les taux montent
28:52Déjà ça nous donne une petite indication parce que la logique n'est pas complètement respectée
28:57C'est un schéma qui est généralement réservé à des pays émergents dits fragiles
29:01Oui on a lu ça quelques fois
29:03Mais je trouve ça un peu exagéré
29:05Mais effectivement ça peut traduire une vente d'obligation d'Etat américaine
29:10Par les Chinois
29:11Par les Chinois
29:13Alors après la grosse question c'est
29:14Le 30 ans a bougé
29:15Ils n'ont pas de 30 ans les Chinois
29:16Alors
29:17On a vu pas mal de chiffres circuler
29:19Sur combien est-ce que les Chinois ont des dettes américaines
29:21Les derniers chiffres qu'on a essayé de trouver
29:26De regarder et d'analyser
29:27Si on regarde juste de manière bête et méchante
29:29C'est 2-3% de la dette américaine
29:31Donc on se dit que c'est pas exact
29:32Après il y en a qui disent que les 4% détenus par la Belgique
29:35C'est des Chinois
29:36Imaginons qu'ils soient à 6%
29:38Apparemment ce qu'ils détiennent
29:41C'est surtout de la dette longue
29:42Donc c'est du plus de 10 ans
29:43Ah bon ?
29:44Ouais
29:44Alors moi j'ai
29:45D'accord ok
29:46Ça c'est ce qu'on a
29:47Moi j'ai vu plutôt que le portefeuille n'a cessé de baisser ces dernières années
29:51Que la détention de trésorerie par la Chine
29:53Mais je parle sous le contrôle d'Hervé
29:54Est tombée selon les chiffres du Trésor en janvier à 700 milliards
29:57Donc ça prend peut-être pas en compte le déposite via la Belgique
30:00Qui rajoute peut-être quelques centaines de milliards
30:03Mais moi j'ai compris qu'au contraire
30:04La duration du portefeuille chinois
30:06Elle avait plutôt baissé ces dernières années
30:08Et qu'aujourd'hui c'est pas évident
30:10Qu'ils aient de la dette très longue américaine
30:12En tout cas en masse encore aujourd'hui
30:14C'est possible
30:14On a tout lu
30:16Le dernier contact qu'on a eu avec un spécialiste obligataire
30:19C'était plutôt de la dette longue
30:21Et que la dette longue
30:22Il n'y avait pas beaucoup de liquidités dessus
30:24Bon d'abord
30:25Il n'y en a pas beaucoup
30:27On ne traite pas toujours du 30 ans
30:29Et puis les américains sont redettés à court terme
30:31Donc quand vous vendez du long
30:32Et qu'en plus il n'y a plus des entreprises en face qui achètent
30:34Parce que les règles ont changé
30:35Vous pouvez avec très peu de moyens
30:38Faire bouger les taux assez rapidement
30:39Bon ça peut être ça
30:40On verra
30:41De toute façon on aura des chiffres
30:43Alors c'est compliqué
30:43Les chiffres chinois sont quand même un secret d'Etat bien gardé
30:46Mais il y a quand même des chiffres qui doivent arriver dans les prochaines semaines
30:49Qui permettront peut-être d'éclairer un peu ces mouvements de marché
30:51Hervé
30:52Est-ce que les risques extrêmes économiques ont baissé quand même depuis le 9 avril
30:57Et quand je parle du 9 avril
30:58Je parle pas de l'implémentation des tarifs dits réciproques
31:01Mais de leur suspension 14 heures après leur implémentation
31:05Et sur cette crise de confiance entre le marché et les trésuries américains
31:10Ou le dollar même
31:10Est-ce que c'est un sujet qui peut être un sujet lourd devant nous ?
31:15Oui alors je ne suis pas sûr que les risques aient vraiment baissé
31:18Par contre ça rend Donald Trump un peu plus rationnel
31:21On a l'impression qu'il est ouvert à la discussion
31:23Alors que c'est vrai qu'après l'annonce du 2 avril
31:25Ça semblait tellement les chiffres sortaient un peu de nulle part
31:28On voyait son tableau, on ne les comprenait pas
31:30Et moi je suis assez d'accord avec ce qui a été dit
31:33Il y avait les 10% qui avaient été présentés
31:35Et ensuite les droits de douane réciproques
31:37Et on a vraiment l'impression qu'on va repartir de tout ça avec les 10%
31:40Donc on était à 2,5 avant
31:41On fait quand même une belle opération côté américain
31:45Donc ça il va falloir l'intégrer
31:46Mais maintenant sur les risques
31:48Pour moi le risque le plus important c'est vraiment sur la Chine
31:51Sur les réserves justement chinoises
31:54Alors je pense qu'ils n'ont pas intérêt à véritablement les vendre
31:58Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'ils fassent attention aussi à leurs devises
32:00Et aujourd'hui tous les pays partenaires de la Chine régionalement
32:04Sont plus ou moins pégés, on va dire ancrés
32:06Parce que pégés c'est un terme un petit peu propre
32:10Fort, oui, oui, spécifique
32:11Mais quand on regarde vraiment les devises qui sont ancrées de près ou de loin
32:15Avec des marges de fluctuation etc
32:16C'est vraiment toute la zone Asie du Sud-Est
32:18Et c'est tous les partenaires principaux
32:20Donc si on ne veut pas rentrer dans une guerre de dévaluation régionale
32:24Et ça la Chine ne veut pas
32:25Parce que pour le coup elle a besoin de ce commerce régional
32:27Je pense que ça va être compliqué de trop jouer sur la devise
32:30Donc pour moi c'est un peu l'arme de destruction massive
32:32Mais elle aurait tort de l'agiter aujourd'hui en drapeau
32:38Et elle aurait tort de s'en servir même à long terme
32:41Aujourd'hui, on a vu peut-être que des petits messages sont envoyés
32:46A travers le fixing du Han quotidien etc
32:48Mais la Chine n'a pas dévalué activement sa monnaie aujourd'hui
32:53Et c'est un rempart qu'elle ne veut pas franchir
32:56C'est ce qu'il faut comprendre
32:57Ou en tout cas si elle devait le franchir
32:59C'est que Pékin aurait à l'esprit
33:01Qu'il n'y a plus d'espoir de négociation avec Donald Trump
33:04Et puis surtout à moyen terme
33:06Ça la mettra d'une très mauvaise situation
33:08Parce qu'elle a vraiment fait beaucoup d'efforts
33:11Pour être considérée comme une devise de réserve au niveau mondial
33:14Par rapport au FMI notamment
33:16Pour intégrer finalement les SDF
33:18Les droits de tirage spéciaux
33:19En français
33:20Et là on reviendra en arrière
33:23Parce que c'est une volatilité que le FMI n'accepterait pas
33:25Que le monde, que les banques centrales n'accepteraient pas
33:28Alors même où on se pose la question d'un substitut au dollar
33:31Alors on s'est toujours posé la question je pense dans toutes les crises américaines
33:34De savoir qu'est-ce qu'on ferait après le dollar
33:36Parce que ça semble instable évidemment
33:38Mais aujourd'hui je pense que la meilleure solution
33:41Si vraiment un jour on devait sortir de ce système monétaire
33:44C'est un panier de devises
33:45Et la Chine a envie de faire partie de ce panier de devises
33:48Donc vraiment pour moi elle n'aurait aucun intérêt
33:50Mais ça reste quand même le risque le plus important
33:53C'est ce qui pourrait tout mettre par terre
33:56Bon, qu'est-ce qu'on fait dans ces marchés ?
33:58Je ne sais pas Hervé si vous voulez garder la parole sur l'aspect un peu marché
34:01Qu'est-ce que vous en dites en tant qu'économiste
34:04Chez ProBTP Finance Hervé ?
34:07Écoutez, nous on est toujours à l'écoute
34:09Je dirais des banques centrales
34:11Et des bonnes surprises côté banque centrale
34:13Parce que c'est vrai qu'on les sent beaucoup plus timides
34:15Beaucoup plus réservées maintenant
34:16Et c'est logique, ce n'est pas du tout leur terrain
34:18Alors on est sur de l'incertitude
34:20On est sur de la dépense budgétaire
34:22Elle, la BCE, elle arrive près de son taux neutre
34:25La Fed en est un peu éloignée
34:27Mais une pause semble être le meilleur moment aussi pour la prolonger
34:30Mais néanmoins, moi je pense qu'on va avoir du côté de la Fed
34:34Des sujets importants à traiter
34:36Notamment sur l'inflation
34:38On a parlé de ce sujet transitoire
34:39C'est difficile d'évoquer ne serait-ce que le mot transitoire
34:42Dans une conférence de Poel aujourd'hui, en 2025
34:45Et on le voit, dès la première occurrence
34:48Il a été tout de suite très critiqué
34:50Il perd en crédibilité
34:51Donc est-ce qu'il va pouvoir tenir sur ce sujet-là ?
34:54Est-ce que si l'inflation progresse trop, il ne va pas devoir agir ?
34:58Et puis on voit déjà
34:58Alors on parlait d'un marché de l'emploi très robuste
35:01Mais quand on regarde les ISM
35:02Les sous-composantes des ISM sur l'emploi
35:04Et bien on voit une dégradation
35:05C'est juste qu'elle n'est pas très forte
35:07Et on ne voit pas de chiffre majeur sur le 4,2% de chômage
35:11Mais on voit quand même une tendance qui commence à être inquiétante
35:14Qui n'est probablement pas liée au droit de douane
35:16Qui n'est probablement pas liée à Donald Trump
35:18C'est un essoufflement d'une économie qui a été en surchauffe pendant de nombreuses années
35:21Mais ça semble inévitable aussi
35:23Donc il va falloir jongler avec plusieurs facteurs
35:25Et pour moi, les surprises côté marché
35:28Pourraient venir peut-être un peu plus des banques centrales
35:30Que l'on a mis de côté et que l'on a un peu oublié
35:32Donc la Fed pourrait trouver des arguments quand même
35:34Pour sortir de sa pause à un moment donné, c'est ça ?
35:37C'est ce qu'on espère nous au S2
35:38Mais peut-être plutôt si la conjoncture le dit
35:41Sur le plan des marchés, qu'est-ce que les recommandations du moment ?
35:44C'est une phase où c'est très volatile, où ça change
35:47Donc par expérience, d'abord, il faut attendre d'avoir plusieurs éléments
35:51C'est vrai qu'au cours de la semaine, on avait vraiment un sentiment d'impuissance
35:55Et de non-compréhension de quelconque élément
35:59Qui puisse faire remonter les bourses mondiales
36:01Alors je pense que pour ceux qui avaient fait beaucoup d'États-Unis
36:04Là, il est un peu temps de revenir sur les actifs européens
36:07Nous, on a fait un peu de convertibles
36:08On a trouvé que ça s'était bien comporté
36:11Étonnamment, pour une petite classe d'actifs un peu illiquide
36:14Ça s'était bien comporté
36:16Donc avoir une forme de convexité en prévision des futurs
36:19Des intermoiements et aller-retour
36:23Ce qu'on peut dire, c'est que la méthode Trump
36:25Là, maintenant, on sait qu'elle est incertaine
36:28On sait qu'elle montre sa faiblesse
36:30Par rapport à ses adversaires
36:33C'est-à-dire économiquement la Chine, militairement la Russie
36:36Puisqu'on voit bien que ça n'avance pas
36:37Quand on déclenche des guerres, il faut aussi avoir des plans B, des plans C, des plans D
36:40Et donc là, il faut plutôt espérer
36:42Pour les marchés qui aient des dirigeants chinois
36:46Et que la guerre en Ukraine aussi connaisse une issue moins malheureuse
36:51Parce que Trump, on sait qu'il peut nous sauver
36:53Mais on sait qu'il peut aussi nous envoyer de l'incertitude
36:56Donc les actifs européens, un peu plus
36:59Bon, pas non plus la folie
37:02Mais un peu plus via les convertibles
37:03Damien ?
37:04En très bref, je pense qu'il faut continuer à être surpondéré sur les actifs européens
37:08Parce que c'est là qu'il y a le moins de risques
37:10Le moins de révision à la baisse
37:11Et que malgré tout, on voit des choses positives sur l'économie européenne
37:14Les plans de relance
37:16Une unité un peu meilleure, etc.
37:18Une bonne résistance
37:19Donc les actions européennes
37:21Et sur la partie obligataire, peut-être faire un peu plus attention
37:23Qu'auparavant au rendement
37:25Alors on élimine les obligations américaines
37:27Ça c'est à notre avis trop dangereux aujourd'hui
37:28D'accord
37:29Et sur l'Europe
37:31En échange d'une exposition actions européenne un peu plus élevée
37:35Peut-être un peu moins d'obligations au rendement
37:38Merci beaucoup messieurs
37:40Merci d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir
37:42Damien Charlet, Mandarine Gestion, Igor Demac, Vital Épargne et Hervé Amourda
37:46Pro BTP Finance