Brut.Cannes : Augustin Trapenard a rencontré Matt Damon

Brut

Comment il choisit ses films, pourquoi parfois on joue faux, ce qu'il aime dans le cinéma français… Matt Damon discute avec Augustin Trapenard pour Brut, à l'occasion de la projection de Stillwater au Festival de Cannes.

Transcript

00:00Je pense que c'était très utile, tôt dans ma carrière,

00:03d'être connu comme un réalisateur,

00:04parce que j'ai été invité dans ce genre de cercle créatif

00:09avec les directeurs que j'étais en train de travailler avec.

00:11Et souvent, les acteurs étaient très connus pour être un peu vain,

00:17et pour, vous savez, les notes qu'on donne sur un script sont un peu, vous savez...

00:21Je pense que mes notes ont été pris un peu plus sérieusement,

00:24parce que les directeurs et les réalisateurs que j'étais en train de travailler avec

00:28savaient que j'étais un réalisateur aussi.

00:29Est-ce que je peux garder les verres, est-ce que c'est ok?

00:31Je pense que tu peux, définitivement.

00:32Je ne veux pas ressembler à un putain de Hollywood.

00:34À quel point envisages-tu ton travail comme celui d'un réalisateur?

00:39Oui, je pense que c'est à 100% ça.

00:41Je pense que ça vient de ce même impuls qu'on a eu, vous savez...

00:46J'étais en Australie et j'ai vu de l'art aborigénais qui avait 20 000 ans.

00:50Et je me dis que c'est ce que nous faisons.

00:52Nous écrivons les choses, nous racontons notre histoire, vous savez,

00:56de toute façon que nous pouvons.

00:57Et c'est le meilleur moyen que nous avons trouvé pour raconter des histoires, à mon avis.

01:01Dans le film, j'ai remarqué qu'Amie Cotin est une actrice

01:03et qu'elle demande à ton personnage ce qu'il pense de l'opéra.

01:06Et il lui dit qu'il n'y a rien de vrai à ce sujet,

01:09qu'il n'a pas l'air vrai.

01:11Qu'est-ce qui fait, à ton avis, une vraie performance, Matt?

01:16Je pense que c'est tout à fait, vous savez,

01:19la crédibilité, vous savez.

01:20Il doit être intéressant suffisamment pour attirer votre attention,

01:23mais il doit être crédible.

01:24Et il y a des milliers de façons différentes

01:27que vous pouvez détruire en tant qu'acteur.

01:31Et c'est des petites choses que les gens,

01:32je pense que les gens sont observants

01:34dans des manières qu'ils ne comprennent même pas.

01:35Et ils comprennent inconsciemment

01:38s'ils croient en quelque chose ou non,

01:40en basant sur les petites cues qu'ils reçoivent.

01:43La langue du corps et, vous savez, ce qui se passe,

01:45quand ils regardent dans vos yeux,

01:46croient-ils ce que vous dites?

01:48Tout ça fait quelque chose de vrai.

01:51Qu'est-ce qui fait un bon héros?

01:52C'est intéressant.

01:53Avec un film comme celui-ci, par exemple,

01:56le protagoniste est quelqu'un

02:01dont on peut avoir des jugements

02:03et je pense que le film a beaucoup d'empathie pour lui.

02:09Je me dis toujours que ce qui nous connecte

02:12est tellement plus important que ce qui nous divise.

02:13Et ce n'était pas différent.

02:16Donc je pense que c'est intéressant.

02:18Je ne sais pas si vous l'appelez un héros ou un anti-héros,

02:20mais je me sens certainement enrichi

02:25après avoir passé quelques heures avec lui.

02:27Il me semble aussi que vous avez souvent joué des personnages séparés.

02:31Nous parlions de la complexité des personnages,

02:33du talentueux Mr. Ripley à The Departed

02:35ou même dans mon film préféré, Interstellar,

02:38des gens qui ne sont pas ce qu'ils semblent être.

02:40À quel point c'est quelque chose que vous cherchez

02:42et quelque chose que vous composez aussi?

02:44C'est toujours moi qui réponds au directeur.

02:48Qui est le directeur?

02:50Ce sont tous des directeurs incroyables

02:53de ces films que vous avez nommés.

02:55Anthony Minghella, Martin Scorsese et Chris Nolan.

02:58Trois des meilleurs.

03:00Donc je suis moins stratégique sur les rôles que je choisis

03:04et plus intéressé par le directeur.

03:06Parce que si un directeur me dit qu'il veut que je fasse son travail,

03:09si c'est un directeur qui est si bon,

03:11chances sont qu'ils voient un moyen pour que je le fasse.

03:13Et je n'ai pas vraiment besoin de lire le script.

03:17J'ai suffisamment confiance en eux pour savoir

03:19que si ils me voient dans le rôle, je peux le faire.

03:21Tu sais ce que j'aime dans ce film,

03:23c'est qu'il s'intéresse aux cinémas américains et français.

03:25Qu'est-ce que tu aimes, comme acteur,

03:27mais aussi comme scénariste,

03:29qu'est-ce que tu cherches dans les cinémas français?

03:31Je pensais que le script était génial

03:33et je pense que c'était exactement ça.

03:35C'était l'un de nos meilleurs scénaristes,

03:37Tom McCarthy, avec Thomas Noé,

03:40deux incroyables...

03:42Et deux incroyables scénaristes françaises.

03:44Et il y avait cette partenariat

03:46qui a fait ce film

03:48qui n'est pas vraiment américain

03:50et qui n'est pas vraiment français,

03:52mais un beau mélange.

03:54Qu'est-ce qu'ils apportent à la histoire,

03:56à ton avis?

03:58Je pense que...

04:00Le film est vraiment imprédictable.

04:02Et il va à des endroits

04:04où tu ne peux pas prévoir

04:06où ça va aller.

04:08Et je pense que c'est ce qui le rend français.

04:10Et c'est ce qui le rend...

04:12Parce que ça a l'air d'être

04:14très américain,

04:16un peu Hollywood.

04:18Et tu penses que le film va aller...

04:20Tu penses que sur la page 20,

04:22ça va être révélé que j'étais dans les Forces Spéciales

04:24et que j'avais des compétences spéciales.

04:26Comme on l'attend.

04:28Mais non, c'est un film

04:30qui parle d'un homme qui a fait

04:32des dégâts à sa relation

04:34avec sa fille

04:36et qu'il essaie de le réparer.

04:38Il a tout ce malheur et tout ce malheur.

04:40Tu es maintenant français?

04:42Je ne parle toujours pas le français,

04:44mais je pense qu'on a été adopté

04:46par la ville de Marseille.

04:48J'ai grandi en regardant les films de Luc Besson.

04:50J'aimerais si il m'appelait.

04:52Et dans le premier film de Bourne,

04:54on a utilisé la femme Nikita

04:56comme des images de référence.

04:58Et tu peux sentir que Doug Liman,

05:00qui a réalisé le film de Bourne,

05:02a regardé beaucoup de son travail

05:04en ce moment.

05:06Merci beaucoup, Matt.

05:08C'était un plaisir.

05:12Sous-titrage Société Radio-Canada

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